16.10.2023 – Chronique du lundi

16 octobre 2023 § Poster un commentaire

Trois ans dans la toile…

Amies et amis internautes lectrices autant que lecteurs de mes chroniques, parfois auditrices et auditeurs de la Radio FMR – Toulouse [+], et pendant un très court temps de Radio Cave Po [+], je vous envoie un bonjour plein de ce sourire satisfait qui fête, par ce billet du lundi 16 octobre 2023, les trois ans d’existence de mes Chroniques du lundi…

Si je retourne 3 années en arrière, sur ma première chronique qui inaugurait une régularité métronomique sur la base d’un battement hebdomadaire publié le premier jour laborieux de la semaine, je vous parlais d’un road-trip intérieur et de sa projection dans le monde du réel. Il y avait peu de mots et plusieurs images qui ponctuaient le trajet que nous avions avec fait avec ma chère Thérèse [+] et ses enfants entre Toulouse et Die en passant par Sète, pour fuir la ville à l’aube d’un nouvel enfermement conditionnel qui pointait son nez.

Peut-être parce qu’à ce moment précis de notre histoire humaine les décisions politiques n’étaient pas à la hauteur des enjeux de la protection de notre propre espèce, ces trois années de chroniques m’ont souvent vu m’emporter sur la vie que nous autres Sapiens de la Terre entière nous imposons alors que nous aurions tout pour y être heureuses autant qu’heureux.
La stupidité l’emporte toujours dans un mouvement systémique incroyable qui défie toute attente, mettant à mal toute raison. Je me dis que notre cerveau doit être ainsi fait [+]. Peut-être sont-ce toujours les idées les plus stupides et faciles d’accès qu’il va choisir dès que l’occasion se présente. Au-delà de ce que la science a observé sur cet organe à la matière grise, je me dis que nous sommes à coup sûr une espèce de fainéantise intellectuelle.

À travers tout ce que l’humanité s’inflige actuellement comme douleurs pour le plus grand plaisir d’une caste de fous et de folles furieux·ses qui n’a que pouvoir obscurantiste et empilage de richesse à sa tête, aujourd’hui en guise d’anniversaire je ne pense pas avoir autre choix que de me taire. Ne rien dire que ce soit sur ce conflit effroyable qui déchire cette bande de terre où il est vraisemblable que Sapiens rencontra [+] Néandertal pour la première fois il y a vraisemblablement plus de 50 millénaires, ou que ce soit sur toutes les autres guerres de par le monde qui écrase tant d’innocent·e·s sous les bombes et rend les êtres humains fous [+] à lier. Aujourd’hui je sais qu’à travers cette espèce d’hystérie collective on ne peut plus demander à calmer le jeu [+] sans être traité des pires noms d’oiseaux.

Alors oui je me tais et je ne me ferai finalement pas long pour fêter ces trois ans de mon expérience éditoriale hebdomadaire en cours. Je resterait quasi muet malgré des élections à l’Est [+] où les enjeux entre fascisme rampant et capitalisme triomphant n’augure que de fausses bonnes nouvelles. Je tais mon énervement malgré aussi la malhonnêteté d’une certaine gauche française qui, dans une perspective bien ironique et surtout confuse de l’histoire, se dit communiste ou socialiste mais qui est juste compatible avec le bloc bourgeois en France et sa presse d’opinion [+] et surtout ne remettra jamais en cause l’ordre établi du capitalisme financier, consumériste, extractiviste et compulsif. Je ne vous entretiendrai donc en rien de tout ce qui secoue les marigots politiques nauséabonds de nos démocraties. Et malgré les horribles faits divers qui explosent en fait de société et deviennent par la force des enchainements des actes de terrorisme [+], parce qu’à aucun moment on n’a su faire baisser la pression d’un monde qui s’emballe à travers des politiques sociales délétères et des médias qu’ils soient d’opinions ou sociaux et qui brossent le poil dans le sens de l’irraison. Vous l’aurez compris : je ne vais point m’appesantir plus que cela à narrer aujourd’hui le temps qui passe sous mes yeux comme dans les vôtres.

Peut-être juste vais-je encore une nouvelle fois soutenir en quelques mots l’action formidable que mènent au péril de leurs vies celles et ceux qui luttent contre ce fameux projet de l’autoroute 69 dans le bon vieux Tarn de ma jeunesse. Les espoirs mais surtout les déceptions [+] s’y enchaînent, mais nous savons toutes autant que tous que ce projet est non seulement inutile mais criminel pour les générations futures. Seul l’entêtement de la caste mortifère qui en fait la promotion en finira l’ouvrage délétère contre tout ce que le vivant a d’essentiel, il se regardera dans la glace d’un monde en ruine satisfait des boursoufflures de sa stupidité… Tristesse !

Comme un signe supplémentaire à cette actualité désespérée des infamies humaines qui nous tirent vers les abîmes, il y a ces disparitions inévitables de personnages tutélaires [+] d’une pensée rationnelle tout autant qu’humaniste et empathique, sans qu’une relève ne vienne réellement prendre place. Un peu comme si le tableau voulait désespérément se noircir de lui-même, heureusement il reste un peu d’optimisme qui flotte dans l’air [+], à travers toute cette grisaille.

Voilà pourquoi afin de revenir au bleu du ciel ou de l’eau que l’on couche avec délectation sur la toile, je préfère passer à autre chose et parler d’art et d’artistes, ce qui me permettra de finir furtivement et clore cette chronique qui sera bien plus courte que les précédentes depuis la fin des vacances estivales. Et puis même si je pense arriver à m’exprimer correctement à travers des mots dans ces billets toutes les semaines, il me faut être honnête : je préfère tout de même mettre ma pratique visuelle et plastique au service de cette expression.
Alors pour passer dans d’autres paradigmes bien plus réjouissants que cette actualité dramatique, parler d’art est un bel échappatoire. Et en effet dans notre microcosme artistique nous venons de vivre quelques chouettes mais épuisants moments ce weekend passé lors des JAA Occitanie [+], où un petit public curieux s’est déplacé pour venir voir les artistes laborieux que nous sommes dans nos ateliers ou sur nos lieux de pratiques.

Des moments intenses faits d’échanges et de rencontres. Des rencontres avec le public évidemment, mais aussi entre artistes plasticien·ne·s qui y participaient dans tant d’ateliers individuels comme collectifs sur tout le territoire de cette région Occitanie et qui parfois pour l’occasion ont pu partager au moins sur le web, à défaut de se rencontrer, vissé·e·s dans nos espaces physiques respectifs que nous étions. L’art vit par ses artistes on a tort de l’oublier !
Ce temps qui, rendons à César ce qui lui appartient, est une initiative depuis quelques années du Conseil Régional Occitanie [+], a plus que jamais montré la diversité, la vitalité et la force des pratiques de l’art sur nos territoires. Comme quoi cette institution fait mieux à soutenir la création qu’à détruire des arbres centenaires et bétonner le littoral… Je dis ça, je dis rien !

Pour revenir à l’art et à ses pratiques, vous le savez si vous suivez les Chroniques du lundi assidûment, j’ai la grande chance de pouvoir pratiquer ma discipline la majeure partie de mon temps d’artiste au sein d’un atelier en commun qu’est l’Atelier TA [+] à Toulouse. Malgré les difficultés inhérentes aux relations entre individu·e·s d’un groupe humain, fait de résident·e·s [+] permanent·e·s ou d’associé·e·s [+] à l’atelier, cela reste toujours une expérience formidable. D’autant que dans notre atelier nous avons des artistes qui ont une pratique contemporaine des arts visuels et plastiques évidemment, mais aussi des musicien·ne·s, des constructeurs qui fabriquent des objets entre design et décors spectaculaires, ainsi que des médiatrices et médiateurs dans le domaine de la fracture numérique qui est souvent subie par les artistes visuels dont la cause est le manque de moyens.
Même si encore une fois là aussi c’est extrêmement complexe voire compliqué de faire concordance de ce tout, cet atelier est un génial outil [+] qui permet aux un·e·s et aux autres de faire profiter de leurs expériences réciproques, et surtout de mutualiser nos moyens et nos compétences jusqu’à pouvoir accueillir et aider à la production d’autres créatrices ou créateurs contemporain·e·s comme il y a un temps avec les artistes Mark Jenkins [+] ou Anaïs Lelièvre [+] et plus récemment avec Élodie Lefebvre [+] ou Jeanne Lacombe [+] bien plus récemment, pour ne citer qu’elles ou lui.

Peut-être avez-vous l’impression que je fais de l’autosatisfaction élective voire sélective à travers cet exercice éditorial du jour ? C’est vrai ! Mais tout compte fait je me dis qu’en trois ans de mots approximatifs et souvent négligés, je n’ai que peu parlé de tout ce qui construit mon environnement de travail et des personnes formidables qui l’élèvent avec moi, à part quand je suis dans les collines tarnaises ou sur les bords de la Drôme. Alors pour cette chronique anniversaire du lundi 16 octobre 2023, voilà que cet oubli est en partie effacé.

Et comme lors de ces toutes chaudes Journées d’Ateliers d’Artistes en Occitanie, j’ai eu la chance d’avoir un don d’ubiquité virtuel et d’être à deux endroits différents, puisque mon super complice Stéphane Castet [+] – un des artistes associés à l’Atelier TA – ouvrait aussi son atelier situé à Montauban et diffusait un corpus de certaines de mes pièces d’expérimentation vidéographique, je vous laisse une fois encore comme depuis trois semaines avec une image extraite de l’une d’elles. Un travail ici qui date de peu d’années et qui interroge la narration dans le film documentaire. Peut-être un jour aurais-je le plaisir de montrer à nouveau ces travaux qui s’étendent sur près de trois décennies de labeurs.

Sur ces paroles pleine d’espoir, je vous souhaite une super chouette semaine d’un automne qui semble enfin vouloir pointer son nez et je vous donne rendez-vous virtuel dès lundi prochain…
Addisiatz e merce plan per vòstra indulgenta escota pendent aquelas tres annadas passadas !

Capture d'écran de la vidéo "Au fond de la mine" du plasticien Philippe Pitet - Vidéo du cycle "No Show" - 20120
Capture d’écran de la vidéo « Au fond de la mine » – Vidéo du cycle « No Show » – 2020

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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