26.02.2024 – Chronique du lundi

26 février 2024 § Poster un commentaire

De la bouse, du mépris et de la sécheresse…

Nous voilà aujourd’hui le 26 février 2024 et à l’heure où je compose ces premiers mots de cette nouvelle Chronique du lundi, il est près de 5h30 dans un venteux et encore sombre matin d’hiver. Je vous souhaite un chaleureux bonjour chères et chers ami·e·s dans cet exercice éditorial du jour qui sera encore une fois court, comme tous ceux qui ont jalonné ce mois de février, mais tout de même un peu plus étoffée que les immédiats précédents. Je me permets de vous rassurer, je me porte mieux.

Un mois de février à peine finissant alors qu’au dehors on dirait des giboulées précoces qui rebattent les cartes d’un jeu maintenant prévisible du réchauffement climatique. Voilà quelque temps que je n’ai pas quitté cette vallée de la Garonne ou de ses affluents, enfin presque car il y a peu nous sommes monté·e·s avec Thérèse [+] et les enfants faire une balade dans les Pyrénées-Orientales chevauchant le fameux petit train jaune à travers les contrées catalanes du Conflent et de la Cerdanya. Permettez que je les nomment dans leur langue catalane. Ni Thérèse ni ses enfants ne connaissaient ce côté des montagnes pyrénéennes et ce plateau d’altitude qu’est la Cerdagne. Le spectacle d’hiver que nous avons croisé était désolant, un paysage sec sur un tapis d’herbe roussie digne d’une sortie d’été en plein mois de février. Pas un gramme de neige si ce n’étaient ces bandes de pistes maintenues artificiellement sur les pentes des remontées mécaniques. C’était d’ailleurs ces dernières langues blanches striant un paysage désertique qui étaient les plus désolantes, avec leurs petits lots d’imbéciles venu·e·s en gros SUV pour ce plaisir de la glisse [+]. Un plaisir égotique marqueur d’un âge de la consommation qui pourtant devrait être révolu et surtout marqueur bien imbécile de la bourgeoisie inconsciente autant qu’égoïste. Ce sont évidemment les mêmes qui s’insurgent contre les grèves de ces sales gauchistes à la SNCF lorsqu’il s’agit pour elles et eux de monter sur les pistes et de s’adonner sans complexe à un exercice de destruction du monde. L’eau manque dans toute la Catalogne, que se soit en France [+] comme en Espagne où l’urgence [+] est de rigueur. Du côté français il y a évidemment ces incommensurables crétin·e·s qui croient encore au progrès économique et qui s’arc-boutent à défendre la création d’un golf [+] du à Villeneuve de la Raho dans la plaine du Roussillon.

Peut-être me trouverez-vous sévère dans ces propos, mais je suis bien en dessous de tout ce que je pense et pourrais dire sur le sujet, tellement je suis furieux de voir de tels saccages s’opérer sous mes yeux. Tout ceci met évidemment en évidence la comédie que nous venons de vivre autour de la crise agricole [+] en France, en Europe et dans le monde [+], où les plus mauvaise solutions sont choisies et détruisent [+] la terre et les hommes qui la font vivre au profit des forces du capital prédateur, comme aurait pu le dire la rhétorique communiste d’antan mais qui reste d’une flagrante actualité. C’est d’autant plus navrant que l’organisation principale qui est sensée représenter le monde agricole est ouvertement à la solde [+] des pires travers du capitalisme entre soutien aux accords de libre-échange ainsi qu’aux multinationales financiarisées, écrasement des petites exploitations agricoles vertueuses et empoisonnement avec préméditation des travailleurs de la terre. Un syndicat [+] qui tout compte fait ne représente que le bloc bourgeois qu’il soutient dans ses œuvres prédatrices autant que mortifères pour l’humanité. Heureusement qu’il existe d’autres représentations [+] du monde paysan en France.
Dans cette séquence chaude de l’actualité française, le salon de l’agriculture et le chaos [+] suscité par la présence d’un président hors sol parait presque anecdotique, si ce n’est quelle fut surtout poussée par un autre syndicat agricole [+] apparemment encore plus réactionnaire que celui dont je parlais à l’instant. Tout ceci juste histoire de préparer la visite du chef de file des fachos aux prochaines élections européennes dans ce salon de la vitrine de l’agriculture française ce dimanche passé. Hier il se mettait en scène sous l’œil bienveillant des médias de masse, mais comme le rappelle la députée insoumise Clémence Guetté en le détaillant fort à propos dans un fil Instagram ici en lien [+], vu comme il vote à l’Assemblée Nationale ou au Parlement Européen, le RN est loin d’être l’ami des paysans. Enfin tout de même, il ne faut pas mettre tous les bonnets jaunes dans le même panier évidemment. Il semblerait que nous assistons à un même mouvement [+] que ne le fut le début des gilets jaunes. Gilets jaunes qui ont fini avec bonheur par évoluer vers des rivages loin de l’extrême-droite pour goûter aux idées de progrès humain. Tout du moins espérons la même chose pour les bonnets que pour les gilets !
En attendant l’instrumentalisation bat son plein, et évidemment elle se nourrit de l’incompréhension du monde qui nous entoure ainsi que de l’ignorance globale entretenue par le pouvoir pour mieux régner. Et surtout cette instrumentalisation se nourrit sur le dos de l’urgence écologique [+] au détriment de la survie de Sapiens et de bien d’autres espèces sur Terre.

Mais est-ce étonnant dans ce monde de la fameuse « post-vérité » [+] ?
Un monde où les fachos d’aujourd’hui célèbrent éhontément l’entrée au Panthéon des dépouilles du couple Manouchian [+] pour mieux salir les idées qu’elle et il, avec toutes et tous leurs camarades, ont défendues au sacrifice de leur vie. Cet hommage en trompe l’œil des bourreaux à leurs victimes est évidemment glorifié par la presse aux ordres de l’ordre de classe établi. Les fachos d’aujourd’hui, comme ceux d’hier et comme ceux de demain, restent et resteront les pions du capital et du bloc bourgeois.
Il reste tout de même des actions où le mouvement écologique et social rejoint le mouvement paysan ainsi qu’on peut le voir [+] avec la suite des aventures du combat contre le fameux chantier de l’A69 [+] dans le Tarn. J’ai toujours préféré l’optimisme au désespoir. Même si un président à la limite de la psychopathie a exprimé encore une fois un mépris de classe habituel en insinuant que les pauvres préfèrent un abonnement Netflix à de la nourriture saine, lors d’une rencontre avec les représentant d’encore un autre syndicat agricole [+]. Ça me fait penser à la phrase attribuée à Marie-Antoinette mais qui en fait était d’une des filles de Louis XV : « Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! », dont Jean-Jacques Rousseau [+] s’en était fait écho dans « Les Confessions » [+].

Dans mon billet de ce lundi, je bloque un peu sur le monde agricole et paysan alors que le monde brûle ailleurs entre guerre d’éradication en terre dite sainte [+] et guerre à l’Est de deux ans qui n’en finit plus de finir menée par un dictateur inamovible [+] autant que cruel [+] et qui fait le jeux des marchands d’armes de par le monde.
Je bloque sur le monde rural parce que j’y ai vécu une grande partie de mon enfance et de ma jeunesse, sur les collines lauragaises et tarnaises, dans ce Pays de cocagne au moment où l’agriculture basculait du mode vivrier au mode industriel, provocant son lot de douleurs et de souffrances paysannes. Mon labeur plastique s’en est fait parfois écho comme ici en lien, et mon travail récent sur l’eau qui s’étale tout au long d’une décennie avec « Aiga – La cartographie sensible de l’eau » en est la conséquence directe.
Et ainsi arrivé enfin à vous parler d’art aujourd’hui je suis fort aise de voir que le Musée des Abattoirs [+] à Toulouse proposera dès cette semaine du 1er mars jusqu’au 25 août 2024 une exposition qui explore les relations entre artistes et paysans. l’exposition s’appelle « Artistes et paysans. Battre la campagne » [+]. Première exposition sous l’égide de Lauriane Gricourt qui en a assumé une partie du commissariat et qui est la nouvelle directrice des Abattoirs Musée – Frac Occitanie Toulouse.

Ces parcours autour de l’organique et de la nature font aussi écho au prochain évènement organisé par le centre d’art albigeois Le Lait [+] autour d’une rétrospective du feu et regretté artiste Thierry Boyer [+]. Un artiste lui aussi tarnais, qui avait développé une œuvre « bio-poétique », et surtout de supers installations intitulées « Germinoscopes » que j’espère bien revoir lors de cette rétrospective. Une exposition hommage intitulée : « Traces, racines, empreintes » [+], mise en œuvre donc par Le Lait à Albi en collaboration avec Le Frigo [+] et La Cheminée [+] dans plusieurs espaces de monstrations à Albi, visible aussi du 2 au 24 mars 2024.

Voilà je vous laisse aujourd’hui car je vais rejoindre une dernière fois un travail de scénographie et de création de décor théâtral dans le cadre d’une création dont je vous ai parlé plusieurs fois lors des dernières Chroniques du lundi. Un (presque !) seul en scène de la comédienne Firmine Richard [+] accompagnée de musiciens menés par Edmony Krater [+], écrit et mise en scène par Franck Salin [+] et sa compagnie du Grand Carbet [+]. Un brillant auteur et une non moins brillante compagnie venue de Guadeloupe qui revisite avec brio des textes d’Olympe de Gouges [+], avec qui j’ai eu le plaisir de collaborer sur la création d’une scénographie et d’un décor avec tous les défis techniques qui sont liés aux transports, encore à améliorer mais qui est bien sur les rails !
Un boulot que j’ai fait en janvier et février passé – entre deux soucis de santé, je l’avoue -, à travers les outils de l’aide à la production artistique de l’Atelier TA [+], accompagné par mon vieux complice et génial artiste Stéphane Castet [+], ainsi que du jeune et brillant Nikita Suaud [+] tout aussi complice de mes aventures artistiques récentes. Pour en revenir à la pièce, elle s’appelle « Olympe » [+], elle ne sera jouée qu’une fois à Montauban en sortie de résidence ce mardi 27 février 2024, mais sera programmée en juin prochain pour le Festival d’Avignon.

Je vous souhaite une bonne dernière semaine en février pour vous retrouver en mars dès lundi prochain. Addisiatz amigas e amics !

Photo des éléments de décors créés par le plasticien Philippe Pitet pour la pièce de théâtre "Olympe" de Franck Salin (dit Frankito)
Éléments de décors créés pour la pièce de théâtre « Olympe » – Février 2024

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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