04.03.2024 – Chronique du lundi
4 mars 2024 § Poster un commentaire
La sympathique et terrible symphonie d’un printemps qui vient…
Chères et chers ami·e·s, l’hiver des bords de la Garonne jusqu’aux confins de la Drôme n’aura donc pas existé cette année. C’est dans la pénombre d’un petit matin, certes humide, mais incroyablement doux pour ce premier lundi de mars. Plus exactement le 4 mars 2024 que je vous accueille dans cette nouvelle chronique hebdomadaire du temps qui passe sous mes yeux et mes oreilles. Je vous y souhaite bienvenue et vais essayer d’y maintenir ce cap de la précision et de la concision pris après quelques temps de dilettantisme qui sied peu au propos que j’essaye de tenir, souvent très mal, depuis des années de Chroniques du lundi à présent.
L’exercice n’est pas si facile. Tant il y a de choses à dire sur les turpitudes du monde dans lequel je vis, au même titre que vous d’ailleurs, c’est à dire sous l’auguste titre d’homme. D’humain devrais-je dire. Et pour être précis d’humain·e inclusif autant qu’inclusive. Et donc je ne m’attarderai point trop dans des circonvolutions dilatoires. Et donc je vous promets de rester sobre sans longueurs aujourd’hui, même si je ne suis plus débordé de travail et que j’ai retrouvé ma santé de fer (ou presque !)…
Ainsi pour commencer, il y a des turpitudes certes, mais il existe aussi de belles choses du point de vue de la vie collective des Sapiens dans notre monde. Et je suis très fort aise de pouvoir m’en faire parfois écho. Car dans ces belles choses il y a évidemment la grande victoire de la raison avec cette avancée formidable en vue d’inscrire le droit des femmes à l’IVG dans la Constitution Française [+]. C’est un grand succès qui a été obtenu au Sénat de la République Française, malgré le conservatisme et la misogynie traditionnelle de cette graisseuse assemblée. Je n’aurais pas cru cela possible. Sauf que si l’on regarde de près il n’y a fort heureusement que trois sénateurs du FN, pardon RN, au Palais du Luxembourg. Le plus étonnant dans l’affaire est que sur les 50 sénateurs qui ont voté [+] contre l’inscription de l’IVG dans la loi fondamentale de la République Française, 23 étaient des femmes.
Alors qu’au loin les bombes et les balles écrasent ou déchiquettes des vies innocentes d’enfants de femmes et d’hommes affamé·e·s, toute une population qui se retrouve dans l’enfer d’un génocide, je ne peux que saluer ici, entre Canal du Midi et berges de la Garonne non loin de la confluence de l’Ariège où je me trouve aujourd’hui, une expérience plastique entre exposition et actions performatives participatives en cours jusqu’au 30 mars prochain dans les locaux de la radio toulousaine Canal Sud [+]. Cette expérience sous le titre de « Cessez le feu » [+] est une exposition ainsi que des ateliers publics avec le très grand artiste palestinien en exil Nawras Shalhoub [+] et Alex Less [+] cet autre formidable artiste dont je vous ai souvent narré tout le bien dont je pense et avec qui j’ai l’honneur d’animer quelque fois des actions du groupe Imagerie de Combat [+]. Canal Sud est une radio historique des bords de Garonne, ses locaux et donc l’exposition dont je vous parle se trouvent dans le quartier Saint-Michel de la Cité Mondine au 40 de la Rue Alfred Dumeril, tous les mercredis vous pourrez venir rencontrer les artistes à travers divers ateliers.
Celles et ceux qui suivent depuis longtemps mes Chroniques du lundi, savent que Nawras Shalhoub fut aussi à l’origine, en compagnie d’une autre artiste – Annlor Codina [+] -, d’un superbe programme d’échanges entre artistes palestinien·ne·s et français·es que nous avions présenté dans le cadre de l’édition 2019 de Bricodrama [+], les autres viennent donc d’apprendre l’existence passée de ce « Projet Line » [+].
Pour continuer ce billet du jour à exprimer les horreurs de la guerre je pourrais m’insurger contre les propos d’un président pyromane qui se voit en grand chef de guerre, même lorsqu’il s’agit d’un simple virus. Un Napoléon de salon qui n’a même jamais fait son service militaire [+] et qui voudrait nous entrainer dans des guerres insensées alors que nous devrions juste penser à la désescalade. Mais cet énergumène détenteur du feu atomique aux allures psychopathiques est loin d’être le seul à vouloir nous amener sur les pentes de la guerre. J’entends depuis des semaines des émissions de radio à propos de relations internationales sur la radio culturelle de service public dont les invité·e·s nous annoncent que la confrontation avec l’ours russe est inévitable, sans aucun·e contradictrice ni contradicteur, comme une évidence, alors qu’il y a un an c’était la défaite russe qui était inévitable [+]. Il paraitrait que nous devrions aujourd’hui nous orienter vers une économie de guerre, c’est la doxa gouvernementale du moment [+]. Du coup je préfère vous renvoyer sur la consultation de cette vidéo en lien [+] sans vous en dire plus car j’en connais beaucoup d’entre vous qui détestent le conférencier. Mais franchement le discours qui y est tenu est imparable pour comprendre les enjeux de la situation dans cette guerre Ukraine/Russie. À mon humble avis, cette vidéo est a voir jusqu’au bout.
Et comme je suis à Toulouse depuis un certain temps sans trop en bouger si ce ne sont quelques excursions alentour, je me préoccupe parfois de la vie locale, surtout quand il s’agit de parler de l’art du point de vue de celles et ceux qui le font. Il n’aura échappé à personne que dans la Ville rose, les arts visuels et plastiques n’ont aucun écho dans les politiques publiques locales [+]. Bon il est vrai que pour l’aréopage comique des édiles du coin, la culture artistique en général n’est pas la chose la plus partagée. La 4e (et même il paraît la presque 3e) ville de France, ressemble à un vrai bled bien arriéré et caricatural à souhait.
Déjà du point de vue de la politique générale locale on est dans un vrai marigot fangeux et pas joli-joli qui est réglée par l’argent facile amené grâce à un immobilier inévitablement corruptif, car il n’existe pas de vrai contre-pouvoir local. La bourgeoisie de sa gauche à son extrême droite coopte sans vague toutes les compromissions. Déjà le jeu préféré de l’édile principal est la chasse au wokisme et aux islamo-gauchiste. C’est à dire tout ce qui est « vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur » (sic !). D’ailleurs son dernier exploit est l’expulsion à la rue de jeunes enfants qui avaient trouvé refuge dans un gymnase municipal, avec un discours déroulant tous les poncifs possibles de l’exclusion, du mépris de classe et du racisme ordinaire, comme on peut le lire dans son post sur Facebook, ici en lien [+], pas très classe le magistrat. Mais après tout que peut-on demander plus à des personnes de la bonne bourgeoisie catholique de province ? Des personnes qui fières de leur bon droit se nourrissent de toutes les pires ignominies conservatrices du monde en abondant à toutes les thèses en vogue du néofascisme, sans aucune contradiction. Nous sommes ici comme ailleurs dans un dramatique syndrome Balkany [+].
Et puis, pour revenir à l’art d’ici, jeudi dernier se tenait le vernissage d’une exposition qui marquait le coup d’envoi d’une suite d’événements visant à commémorer l’anniversaire des 30 ans du BBB [+]. Le BBB, que certain·e·s s’amusent à nommer de son nom original : « Le Bond de la Baleine à Bosse », est un centre d’art situé en plein cœur des quartiers du Nord et de l’Est toulousain. C’est d’ailleurs le seul Centre d’art [+] à Toulouse. Les autres lieux d’arts ont d’autres labels, mais n’ont pas celui-ci, et donc le BBB s’acquitte d’une mission [+] bien précise inhérente aux centres d’art. C’est bien là où le bât blesse, car la mission de maillage de territoire demandée est évidemment énorme par rapport aux moyens budgétaires mis en face. D’autant que le BBB est sensé déménager sous la pression de l’immobilier local, qu’il est même question d’un rapprochement avec Lieu-Commun, Artist run space [+], qui lui n’est pas labellisé centre d’art vu que c’est un Artist Run Space [+]. Les missions sont loin d’être les mêmes, même si elles convergent parfois. Bref une métropole, un département, une région et un état qui laissent bien pourrir une situation de l’art qu’ils n’arrivent pas à capter dans leur logiciel politique. Et d’ailleurs, on a l’impression que quoi que l’on fasse ils n’arriveront jamais à capter la fragilité de l’écosystème de l’art ailleurs que dans les lumières de la fashion week et de l’hyper capitalisme.
Les discours des politiques présents lors de cet événement au BBB en sont une flagrante démonstration : on saupoudre quelques subsides afin de faire vivoter ces lieux loin de leurs ambitions premières, on affecte des missions supplémentaires qui se substituent à l’animation sociale des politiques territoriales, on arrive même à faire ce grand remplacement de la mission d’enseignement [+] des arts et de l’histoire de l’art attribué à l’Éducation Nationale par des artistes sur le terrain qui n’ont rien demandé et qui partent au casse pipe afin de pouvoir manger un minimum. Vous me direz, dans la tête de la bonne bourgeoisie l’artiste n’est qu’un fainéant, sauf quand il peut rapporter gros sur le marché, et les lieux d’arts subventionnés sont des espaces ouverts pour la politique du grand remplacement wokiste mise en œuvre par tous ces bolchéviques qui gangrènent l’administration de notre si beau pays… Nous pouvons ainsi reboucler avec ces fameuses et fameux énergumènes vert·e·s à l’extérieur et rouges à l’intérieur quoi !
En attendant de voir des jours meilleurs, vous pourrez toujours aller voir de belles œuvres et de justes labeurs artistiques. Et en premier lieu cette semaine, toujours dans la capitale occitane, une exposition de Nadia Ehrmann [+] au Confort des Étranges. Nadia est une artiste précieuse et rare qui travaille avec bonheur cet imaginaire qui nous rapproche de la nature à travers ses œuvres plastiques. À ne pas louper, le vernissage aura lieu le demain mardi 5 mars 2024 à partir de 18h. L’exposition de Nadia sera visible tout au long de ce mois de mars, il me semble. Le Confort des étranges [+] est une des rares galeries d’art privées, peut-être la dernière de la ville. Elle se situe à deux pas du Capitole à Toulouse, 33 Rue des Polinaires.
Enfin heureusement que l’on commence à penser mieux à la création artistique comme moteur d’inclusion sociale [+] sans mettre le poids sur les épaules de l’artiste. Un peu comme quand Combustible Numérique [+] conçoit ses ateliers [+] en congestion avec les artistes qui travaillent avec cette chouette structure, sans mettre ces artistes dans le rôle de la médiatrice ou du médiateur social·e. Et puis aussi et surtout nous nous apercevons que les lieux de diffusion de l’art sont un des chaînons essentiels du bien être [+] de notre espèce de Sapiens.
Sur ces jolis mots pleins d’espoir en un monde meilleur, malgré les sombres perspectives que nous concocte l’histoire moderne, je vais vous laisser et rejoindre ma chère et tendre Thérèse [+] pour déjeuner et refaire le monde à deux. Je vous laisse avec l’ébauche d’un boulot qui boucle avec ce dont je vous entretenais à propos des politiques locales de l’art. Une bien chouette « private Joke » qui sera compris par certain·e·s de mes ami·e·s… Addisiatz e a diluns venent, totjorn al meteis endrech amigas e amics !

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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