11.03.2024 – Chronique du lundi

11 mars 2024 § Poster un commentaire

Quelques vieilleries qui jaunissent au fond des tiroirs

Un nouveau lundi allume sa lumière dans mes yeux encore engourdis de sommeil. Il n’est pas si tôt ce matin du 11 mars 2024, peut-être six heures trois quarts à quelques chiffres près. Les enfants vont bientôt se lever. La minette du foyer miaule à tue-tête pour obtenir des câlins et un peu de son pâté en morceau qu’elle affectionne tant… L’ombre fait place à la pénombre, puis rapidement au travers de l’un de ces petits matins typiques de la dernière ligne droite d’un hiver qui n’a pratiquement jamais vécu, elle laissera son royaume de la nuit et s’adonnera à la lumière du jour. Je me réveille donc et me plonge dans la rédaction de la chronique du temps qui passe sous mes yeux d’aujourd’hui. Je vous y souhaite une bienvenue embrumée mais sincère.

Au dehors le temps n’est pas toujours si clément que ça, l’humidité envahi mes vieux os et ma pensée encore toute engourdie, mais cette dernière me dit que c’est tout de même très positif. Car ainsi nous pouvons espérer avoir moins soif lors de la saison estivale qui se profile dans deux mois. Et même s’il pleut un peu et que nos réserves se reconstituent entre berges du Canal du Midi et bords de Garonne la situation reste préoccupante en bien des endroits dans la France métropolitaine et particulièrement dans le Sud, en Occitanie ainsi que nous le dit le BRGM l’organisme officiel de l’état qui surveille quotidiennement nos réserves [+], sans compter la situation catastrophique en Catalogne, comme je vous le narrais dans un de mes précédents billets. La pluie est tombée averse en forme de giboulées et orages ces derniers jours et j’en vois plus d’un·e qui crient victoire a en oublier la catastrophe climatique qui se joue sous nos yeux, nous avons connu l’hiver le plus chaud [+] jamais enregistré par nos instruments de mesures modernes sur ce nid irremplaçable qu’est notre bonne vieille Terre.

J’aime bien commencer mes Chroniques du lundi en parlant du temps qu’il fait à mon réveil. De la pluie, du beau temps, de l’eau surtout, car si vous suivez mes élucubrations hebdomadaires, ce précieux liquide est resté au cœur de mon labeur plastique pendant plus de dix ans. Et puis parler de tout cela me permet de faire le point sur l’état de notre monde. Je viens de le dire la Terre est le seul et unique nid dans lequel notre espèce de Sapiens sait et peut vivre. Le détruire pour le profit d’une petite caste d’exploiteuses et d’exploiteurs mortifères nous mène droit au mur. Tout le monde le sait, personne n’ose trop bouger tant le capitalisme libéral et consumériste brosse le poil dans le bon sens des humain·e·s. Heureusement il m’arrive d’avoir le temps de regarder ou d’entendre des paroles salutaires loin des autoroutes de l’information, dans des chaines d’infos disponibles sur le web et qui laisse s’exprimer leurs invité·e·s à la hauteur de leurs idées comme entre-autres ici sur ce lien [+] qui pointe vers une vidéo de « Élucid » et qui nous parle de médias de méritocratie et de dérive autoritaire dans cet entretien d’Olivier Berruyer [+] avec François Bégaudeau [+].

À ce point de mon billet du jour vous venez de vous rendre compte dans mes mots de l’instant, mais aussi à force de suivre mes Chroniques du lundi, quelles sont mes opinions sur la conduite du monde des femmes et des hommes dans lequel nous vivons. Je ne m’en cache pas, d’ailleurs je ne vois pas pourquoi un·e artiste plasticien·ne devrait pas exprimer ses opinions. Surtout, il me semble, quand elles de situent dans le camp du progressisme comme on dit. Évidemment lorsque celles-ci ont des relents de camps de concentrations ce n’est pas la même histoire. Quoiqu’il en soit, il me semble aussi que notre réflexion et nos interrogations ne se situent pas en dehors [+] du monde, même quand on essaye de le faire croire. Alors pour revenir au fond de ma pensée ce matin, il est vrai me dis-je que la société des Sapiens tournerait mieux si toutes et tous ses individu·e·s étaient rompu·e·s à la pratique d’une organisation sociale [+] qui exclurait tout pouvoir vertical. Une organisation de société qui serait décentralisée jusqu’à l’individu conscient que « sa liberté s’arrête à celle des autres », une organisation des humain·e·s égalitaire, coopérative, une organisation dans la perspective du bien commun et du bonheur, sans dieu ni maître. Qui aurait comme seules boussoles la raison, l’empathie, la compréhension, l’entre aide, la joie. Laissez-moi rêver… Laissez moi rêver de ce fol espoir qu’une anarchie [+] bienveillante régirait l’organisation générale de l’humanité dans son ensemble !

Cette utopie du réveil me ramène à certaines de mes récentes découvertes sur le web. Il me faut vous recontextualiser l’affaire qui m’y fait penser… Jeudi dernier lors du dîner que nous dégustions ma chère et tendre Thérèse [+], ses enfants et moi, notre discussion portait sur la difficulté accrue d’accompagner nos progénitures dans l’acquisition de la culture nécessaire à une vision critique et personnelle du monde. Un monde qui devient de plus en plus soumis au règne de l’immédiateté des réseaux dits sociaux. Et du coup nous avons essayé, non sans mal, de dialoguer à propos des fameuses et fameux « Tik-Tokeur·e·s » et autres « Youtubeur·e·s » qui tiennent le haut du pavé de la tendance planétaire. Et puis donc, et surtout afin d’éviter de se focaliser sur la vacuité de ces influenceurs et influenceuses de ce monde de pacotille qui s’expatrient tels des lemmings décérébrés vers Dubaï, nous avons réussi à énumérer tous les bons côtés de ces nouveaux réseaux de l’information où, malgré tout, la bêtise crasse côtoie de lumineux canaux de la connaissance. Dérivant, comme toujours, dans ce genre de discussion j’en suis arrivé à parler de ce génial essayiste et vidéaste qu’est Pacôme Thiellement [+] remarquable sur la chaîne YouTube de « Blast » [+], dans tous les épisodes en cours de production de cette saga d’un roman national qui n’existe pas à suivre ici en lien [+]. Je n’aurais jamais assez de mots pour vous enjoindre de visionner ces heures de pure intelligence au sujet des « Sans rois ». Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir sans modération. Il me tarde le futur épisode dans lequel il qui nous parlera de la fameuse « hérésie cathare » dont il a été dit tout et n’importe quoi, surtout quand elle se fond dans une identité occitane [+] qui n’a pourtant pas besoin de cela pour affirmer sa culture et son histoire.

Et pour revenir dans le fil du jour avant cette digression « youtubesque », où je vous entretenais de mes rêves anarchistes, nous en sommes à l’évidence bien loin… Il est surtout vrai que l’environnement politique mondial porté par la gouvernance d’un capitalisme totalitaire, magnifiant compétition et loi du plus fort, la concupiscence, l’envie et la jalousie est loin de nous mener en ce sens. Tout les outils du capitalisme sont bien évidemment vent debout contre toute forme d’émancipation. En particulier l’outil principal du bloc bourgeois qui est la grosse majorité de la presse, en France comme ailleurs. Une presse qui façonne les opinions de nos sociétés gavées au consumérisme. Pour exemple, combien de temps a-t-il fallu pour que cette presse aux mains des milliardaires et de l’état lui même gangrené par le bloc bourgeois, ne convienne enfin qu’un désastre dramatique se jouait à Gaza [+]. Combien de temps encore devrons-nous supporter les fanfaronnades de ces bourgeois·e·s radicalisé·e·s [+] qui appellent au massacre de leurs prochain·e·s sur des médias en roue libre et sans contradiction? Ainsi que le disait un célèbre chanson [+] : « The answer, my friend, is blowin’ in the wind! »…

Heureusement à propos de ce point chaud du monde, il existe des initiatives salutaires.
Je vous ai parlé la semaine dernière de l’exposition en cours de Nawras Shalhoub et Alex Less dans les locaux de la radio Canal Sud au cœur du quartier Saint Michel de la capitale occitane, intitulée « Cessez le feu » [+]. Et bien justement dans la perspective de celle-ci Alex [+] est en train d’organiser une nouvelle et prochaine exposition suivie d’une vente aux enchères d’œuvres pour apporter un soutien à la population de Gaza qui agonise sous les bombes. Une formidable action de ce formidable artiste à suivre vite, qui a déjà le soutien d’organisations non gouvernementales connues et dont je me ferai écho plus qu’à mon tour, soyez-en sûr·e·s.

À vous parler d’utopie et de rêve, je terminerai presque ce présent éditorial du temps qui passe sous mes yeux par la narration d’un songe qui occupa mes neurones lors de ma dernière phase de sommeil paradoxal… En effet, cette nuit j’ai rêvé que je recevais le pape dans un no man’s land construit de fermes et d’équipements agricoles abandonnés. Le pape était une femme. Elle était venue avec une voiture frigorifique à moitié déglinguée. Une voiture frigorifique proche du corbillard sur laquelle je devais faire quelques réparations pour qu’elle puisse repartir. Ses assistants étaient des sortes de bras cassés incapables de la moindre initiative bricoleuse. Rapidement le scénario de mon rêve mettait en lumière que la pontife, qui n’était autre que la réincarnation moderne de la papesse Jeanne [+], ou quelque chose d’approchant, ne venait pas vraiment pour mes beaux yeux. Une pontife charmante par ailleurs qui ne me tenais absolument pas rigueur de n’être catholique en aucun point. Elle venait en fait rencontrer Georges Marchais [+] qui lui était venu par une étonnante amitié pour moi que je découvrais sur l’instant, alors que j’ai toujours tenu en horreur une quelconque accointance Stalinienne. Un entretien furtif s’ensuivit entre ces deux forces morales du vingtième siècle, l’une totalement virtuelle, l’autre personnifiée à outrance. Cet entretien tourna court puisque éclipsé par une grande discussion que je me mettais à animer avec fougue à propos du génial auteur qu’était Armand Gatti [+]. Peu se souviennent que Gatti avait un temps posé ses valises à Toulouse pour y créer au début des années 80 du XXe siècle « l’Archéoptéryx » [+], un atelier de création populaire dans une ville qui est loin de prendre part à cette année hommage pour les 100 ans [+] de cet écrivain et artiste exceptionnel [+]. Mais il me semble vous avoir déjà exprimé ma forte désapprobation voire mon désarroi à propos de ce manque de mémoire dans une de mes chroniques il y a quelques mois, on aurait pu rêver mieux pour le coup…

Le rêve incongru que je viens de vous narrer pourrait être étudié d’un point de vue gravement psychanalytique, mais il a l’heur de me ramener aux turpitudes de la politique hexagonale du moment.
Car je ne pouvais point faire une Chronique du lundi sans m’attarder sur les bassesses politiques ordinaires, entre la dramatique mauvaise foi d’une présidente de l’Assemblée Nationale de la République Française comme nous le rappelle « Le Stagirite » dans « Le Média » ici en lien [+]. Ou encore dans les pratiques d’une non-majorité présidentielle qui use de toutes les tricheries ordinaires du pouvoir, ainsi que nous le rappelle la très chouette députée Insoumise Clémence Guetté dans cet extrait vidéo [+]. Ou enfin avec la Ministre de l’égalité homme-femme qui se vautre dans cette mauvaise foi la plus crasse avec ses soi-disant organisation féministes financées par la République Française et qui auraient fait l’apologie de la violence et du terrorisme après l’attaque meurtrier du Hamas le 7 octobre dernier. Évidemment après enquête ces sales écolos-bobos-wokistes bolchéviques et racistes anti gaulois fantasmées dans la tête d’une ministre en roue libre, n’existaient pas comme le souligne, ici en suivant cet autre lien [+], Clément Viktorovitch dans une de ses chronique.
Bref ce n’est pas très joli-joli tout cela, mais nous en avons plus que trop l’habitude depuis longtemps… Tristesse récurrente, j’arrête là l’observation des dégâts. Et puis vous le savez depuis quelques semaines, je ne vais pas m’attarder sur la stupidité d’attardé·e·s, qu’ils et elles aient les rênes du pouvoir ou non. Les faits parlent d’eux-même.

Juste avant de vous quitter pour aujourd’hui je vais revenir à l’art et sur cette exposition qui inaugure la série des évènements jalonnant les 30 ans du Centre d’Art « Le BBB » à Toulouse et dont je vous ai parlé la semaine dernière. Alors déjà il faut que je vous précise une chose que m’a fait remarquer fort justement une amie après qu’elle ait lu ma chronique de lundi, et je la remercie fortement d’être aussi attentive à mes propos, « Le BBB » [+] n’est pas un Centre d’Art d’Intérêt National. Ce qui n’enlève rien à son formidable travail en ce qui concerne la structuration des territoires de l’art dans la Ville rose. Il est sur la liste des Centre d’Arts du réseau DCA [+] et même sur la liste mise en ligne par le Ministère de la Culture [+], mais n’a pas pour le moment le label CAICN [+], affaire à suivre donc, pour une labellisation prochaine ?
Et puis tant que j’y suis à parler du BBB, dont le nom originel est « Le Bond de la Baleine à Bosse », je serais couvert de honte si je ne rendais pas hommage à celles qui ont œuvré au rayonnement de cette si précieuse structure, dont les deux personnes formidables que sont Elena Arnal [+] et Brigitte Bosch [+]. Sans compter bien entendu, plus récemment Cécile Poblon [+] avec qui il y a déjà plus d’une décennie j’avais le grand plaisir de pratiquer de super exercices de médiation artistique à travers la radio – Radio FMR [+] évidemment !

Sur ces paroles bien nostalgiques, me voilà à la fin de la Chronique de ce lundi 11 mars 2024. Je vous laisse avec une image retrouvée au fond de mes archives, une peinture qui date de près de 28 ans extraite d’une série qui interrogeait le rapport que l’histoire de la peinture masculine entretenait avec le corps féminin. J’avais présentée cette série de 15 toiles dans une expo intitulée « Von Körpern und Bühnenbildern » Outre-Rhin, sur les bords de la Ruhr à deux pas du « Baldeneysee » , dans des circuits bien underground à la fin des années 90 du siècle dernier et dont je n’arrive pas à trouver d’autres traces que quelques photos jaunies. Dans la nostalgie de ce trépidant lointain passé, je vous donne rendez-vous dès la semaine prochaine, un lundi par exemple… Addisiatz amigas e amics !

Photo de peintures de Philippe Pitet Plasticien, présentées dans le cadre de l'exposition "Von Körpern und Bühnenbildern"...
Quatre peintures « Des corps et des décors » – Exposition « Von Körpern und Bühnenbildern » – Septembre 1996

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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