22.07.2024 – Chronique du lundi

22 juillet 2024 § 1 commentaire

Prenez-nous pour des quiches

Chères et chers auditrices, lecteurs, auditeurs ou lectrices, chères et chers tous et toutes qui suivez mes Chroniques du lundi depuis des semaines, des mois ou même des années, ainsi que celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases énumérées précédemment quelles qu’en soient les raisons multiples autant que variées, laissez moi vous souhaiter une bienvenue sincère et chaleureuse dans cette chronique du lundi 22 juillet 2024.

Un épisode de ces éditoriaux du temps qui passe sous mes yeux avec le chant des merles et des rossignols dans mes oreilles. C’est dans un cadre tout bucolique où je me suis installé pour un temps que je vous avoue composer ce matin ces mots, ces lignes et ces paroles du jour. Un havre de paix sur les bords de la Drôme au cœur de notre petit paradis Diois [+], où je me suis mis au frais, à la suite de quelques jours d’intense travail, à travers dessins et ateliers dans différents quartiers de Toulouse avec mes ami·e·s de Combustible Numérique [+], quelques temps aussi à boucler la fin de saison de notre chère Radio FMR [+] et en préparer une nouvelle, sans compter enfin la gestion de la partie propre à notre cher Atelier TA [+] au cœur du prochain épisode de « La saison d’expérimentations culturelle à Bonnefoy ».

Nous avons pris nos cliques et nos claques Thérèse [+], les enfants et moi-même pour rejoindre notre bien-aimée petite ville que les romains nommaient Dea Augusta et qui répond aujourd’hui au doux nom de Die [+].

C’est assez comique d’imaginer la prononciation de ce déplacement que nous venons d’effectuer en prenant le point de vue d’une prononciation en langue anglaise : Toulouse to Die ! C’est l’été permettez-moi d’être taquin et moqueur, après les horribles épisodes de politique que nous venons de traverser ces dernières semaines et même mois, en France et ailleurs.

En étant ici sous le chant des oiseaux et un doux soleil d’été, après un dimanche d’orages tonitruants propres à la montagne, je me dis la chance d’être souvent dans ce paradis de la nature et des gens. Des gens qui ne l’oublions pas, malgré la ruralité et le faible pouvoir d’achat des citoyennes et citoyens de ce territoire, ont voté dans ces communes à plus de 70% en faveur du NFP à ces dernières élections françaises. Comme quoi il n’y a aucune inéluctabilité, aucune fatalité, à voir toutes ces zones dites périphériques tomber dans l’escarcelle d’une extrême-droite très opportuniste, poussée par le bloc bourgeois et sa force de propagande.

Mais voilà, ici à Die il y a la formidable librairie indépendante Mosaïque[+], qui a tenu contre vents et marées depuis toujours. Il y a un génial cinéma d’art et d’essai Le Pestel [+] qui sait programmer des films intelligents et sensibles appréciés par le plus grand nombre. Il y a un magnifique Musée [+] suranné d’archéologie et de traditions populaires qui sait s’ouvrir aux formes contemporaine, même maladroitement. Il y a le théâtre des Aires [+], scène conventionnée avec une programmation plus qu’honnête et intéressante, jouant souvent sur la gratuité malgré les subventions en berne. Il y a des ateliers d’artistes, même si là aussi il y a à boire et à manger, mais il faut bien laisser fleurir la pluralité des expressions. Il y a même un grand cirque [+] contemporain qui y tient siège. Il y a des formidables initiatives de l’art contemporain ouvert à toutes et tous comme celles menées par DIEresidenz [+] et sa formidable directrice artistique et curatrice Conny Becker en lien avec le studio Lichtenberg [+] de Berlin, des actions, des échanges et des résidences qui donnent la part belle aux artistes femmes dont je vous parle souvent dans mes Chroniques du lundi.
Ici dans la rue principale de Die vous pourrez entrer dans un endroit que l’on trouve nulle part ailleurs, une boutique d’artisanat et d’art foutraque dont je vous ai aussi narré mainte fois l’excellence de ses convictions, cette petite boutique c’est l’Entre-pÔt [+], un espace animé par cet autre formidable artiste et ami qu’est François Lagrange qui parfois ouvre ses portes sur sa collection privée pour des expos ou des performances toujours aussi géniales que décalées. Je devrais continuer des heures pour arriver vous faire une liste à la Prévert exhaustive de ces petits miracles culturels au quotidien d’une vallée des Alpes et des montagnes qui l’environnent quand on remonte vers les sources de la Drôme. Avant de me transformer en syndicat d’initiative, je vais m’arrêter là.

Mais il reste aussi un autre paramètre non culturel qui fait qu’un territoire ne se sent pas abandonné, c’est la capacité de ses institutions à faire du lien humain à travers ses services. Ici, malgré les coups de boutoirs de l’état et de ses obsessions à vouloir détruire les services publics dont toutes celles et tous ceux qui vivent loin de la grande ville ont besoin. Il reste un hôpital et ses urgences, même si la maternité fut perdue. Il y a des guichets de l’administration avec des personnes vivantes qui évitent les embouteillages numériques. Il y a même une grande poste. Il y a une école publique, un collège et même un lycée. Tout ceci se gagne au quotidien par la lutte que mènent les personnes qui vivent sur ce territoire actif et dynamique pour garder ces services. Bref tout ce qui fait que les citoyennes et les citoyens ne se sentent pas abandonné·e·s et que les discours de haine des télévisions de la propagande du capitalisme extractiviste, consumériste et mortifère impactent moins les imaginaires. C’est ainsi, il me semble que l’on arrivera enfin à abattre cette gangrène que représente l’extrême-droite dans nos contrées.

Tout cela dit, j’aurais pu vous parler d’actualité à propos des situations politiques en France ou aux USA. J’aurais pu m’insurger à propos de l’arrestation d’un super défenseur de baleines. Tout de même à travers l’exégèse de comptoir que je viens de vous faire au sujet de cette géniale contrée Dioise où j’adore venir me ressourcer, je vous ai parlé d’art et de culture. Hélas pour vous j’ai bien la flemme aujourd’hui et je ne vais pas continuer à vous entretenir des mes pensées approximatives plus que cela, si ce n’est à vous dire ma joie d’avoir appris cette forte mobilisation anti-bassine de La Rochelle le weekend passé. Les violences débiles de la police qui a foutu le feu à un champs de chaume prouvent bien le jusqu’au boutisme d’un système qui préfère le profit à la vie. Au sujet de cette mobilisation, plutôt que d’en prendre des nouvelles sur les médias de propagande du capital qui vont de ceux du service soit-disant public à ceux aux mains des magnats du bloc bourgeois, allez lire le média indépendant Reporterre [+], en attendant la chute improbable de la Maison Bolloré !

Dans tous les cas quand j’entends le doux bruit des flots de la rivière, je me sens loin du bruit sourd d’une actualité délétère. Et je me dis qu’il serait temps que l’on arrête de nous prendre pour des quiches !

Voilà, je vous laisse ici. Si vous êtes sur mon site philippepitet.com, ce sera en compagnie d’un de mes croquis de carnet des cours d’eau affluents de la Drôme. Je vous souhaite une belle semaine, je vous donne rendez-vous lundi prochain. Et, puis qu’ici on parle aussi l’occitan : addisiatz amigas e amics !

Photo d'un carnet de croquis de l'artuste plasticien Philippe Pitet - Croquis des bords de la Meyrosse affluent de la Drôme - 2024
Extrait d’un carnet de notes en croquis des bords de la Meyrosse, et de la Drôme Die (Drôme) – 2024

Audio diffusé la semaine du 22 juillet 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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§ Une réponse à 22.07.2024 – Chronique du lundi

  • Avatar de Ancre Nomade Ancre Nomade dit :

    Bonjour Philippe. Die et la Drôme forment une sorte de territoire marginal ou innovant suivant d’où on se place. Si jamais vous y rencontrez un artiste « zinzin » (c’est le nom de son groupe) du collectif « la rue Z » se nommant Marc Morize, faites lui la bise de ma part. Bon séjour !

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