19.08.2024 – Chronique du lundi

19 août 2024 § Poster un commentaire

Il faut savoir s’arrêter un jour…

Amies et amis que vous soyez auditrices, auditeurs, lectrices ou lecteurs, internautes de tous poils ou adeptes de la vieille technologie radiophonique, que vous m’écoutiez sur les ondes de Radio FMR [+] à Toulouse et ailleurs sur la bande FM, en DAB+ ou bien en streaming ou encore que vous me lisiez sur le blog de mon site web philippepitet.com, bien le bonjour dans cette Chronique du lundi 19 août 2024.

C’est avec un fort bourdon que je compose ici et maintenant, en cette matinée aussi douce que venteuse, ma dernière chronique dioise de l’été 2024. Dernier billet rédigé et exprimé depuis les bords de la Drôme avant de longues semaines. Après une magnifique journée à arpenter avec ma chère et tendre compagne Thérèse Pitte [+], les flancs de montagne au-dessus du Chaos minéral de ce fameux Claps [+] et du Saut de la Drôme, à la recherche du ciel, des cimes, de la brume et de l’eau qui coule jusque dans des zones humides préservées, des nuages qui s’accrochent aux sommets comme de la dentelle divine si bien captée par l’objectif de cette merveilleuse photographe qu’est Thérèse.
Thérèse est une enfant du pays, et même si elle a su rendre de fantastiques tirages du ciel, des montagnes et des nuages depuis bien d’autres endroits de la planète Terre, personne ne sait mieux qu’elle rendre grâce à cette nature qu’elle arpente depuis toujours comme le ferait une chasseresse-cueilleuse céleste.
J’aurais tant aimé prolonger ces moments de nature bienveillante, mais le devoir nous appelle dans la grande ville. Nous échouerons donc à nouveau dans la fournaise toulousaine cette semaine. En attendant aujourd’hui il me reste une poignée d’heures pour vous narrer quelques impressions dioises loin du tumulte du temps qui passe sous mes yeux.

Du temps il en a passé sous mes yeux autant que sous les votre j’imagine. Nous voici donc plus d’une semaine après la clôture de Jeux Olympiques parisiens dont une majorité de citoyennes françaises et citoyens français n’en avait strictement rien à fiche, malgré tout ce narratif d’autosatisfaction [+] d’une presse en boucle sur son nombril franco-franchoullard. Malgré aussi et surtout tout ce qu’a pu et peut encore nous en dire l’exécutif démissionnaire français et le président de la république du haut de sa tour d’ivoire. Il paraît, selon ce dernier, que la vrai vie est dans le fantasme d’un monde qui n’existe pas. Comment ne pas prendre peur à l’énoncé de ce nouvel élément de langage macroniste. Juste histoire de masquer ces acrobaties politiques qui font passer des mesures de restrictions budgétaires et des décrets d’application à la limite de la légalité vu le statut d’un gouvernement dit démissionnaire. Des mesures bien symboliques d’un acharnement imbécile comme la suppression [+] de plus de 500 postes essentiels dans le domaine de la Protection Judiciaire de la Jeunesse,

De fait aujourd’hui on a vraiment l’impression, ou plutôt la confirmation que des forcené·es tente de s’installer définitivement à la tête de l’état français. On dit que quand l’extrême-droite s’empare du pouvoir, elle ne le rend jamais. Là, nous n’avons pas cette extrême tant redoutée au pouvoir, même si elle a connue une forte poussée lors des dernières élections, celle-ci a été battue dans les urnes, même si elle est forte et sait pratiquer tous les langages de l’ignominie humaine elle n’arrive pas à crever le mur de la raison, visiblement au grand désespoir du bloc bourgeois qui voit en elle son dernier refuge de légitimité et de profit mortifère. Ce n’est donc pas ici le fascisme qui veut conserver coûte que coûte le pouvoir, c’est bien les tenant·es de l’idéologie capitaliste dans sa variante jusqu’au-boutiste ultra-libérale, consumériste et extractiviste. Depuis plusieurs semaines nous sommes en présence d’un coup d’état feutré qui ne veut pas dire son nom. Un coup d’état aux allures de permanence, instauré par des centristes bon chic bon genre et une droite qui se dit républicaine, des hommes et des femmes soi-disant modéré·es qui étaient sensé·es faire barrage au fascisme rampant. Les masques tombent tristement et ces tentatives désespérées de nuisibles manipulateurs autant que manipulatrices qui s’accrochent à un pouvoir illégitime dans une soi-disant démocratie est pitoyable. Et dans tout les cas on ne peut que soutenir les député·es de La France Insoumise quand ils brandissent le spectre de l’article 68 [+] de la constitution de cette bien insoutenable Ve République, si le président ne finit pas par nommer la proposition de première ministre issue des rangs du Nouveau Front Populaire. Même si on sait qu’à défaut de nommer cette personne le chef suprême de la république des dénis et des mensonges finira par nommer un premier ministre proche de l’extrême-droite, tant il regrette de n’avoir pu le faire directement avec un chef de file fascisant autant que « tik-tokeur » à l’issue du dernier scrutin législatif.

Et pour la blague, car des fois il vaut mieux en rire qu’en pleurer, car le rire est la seule chose qui reste au fond du désespoir, on pourrait presque parier qu’après toutes les raisons futiles et dilatoires autant que variées, on imagine que notre bon président pourrait bien suspendre une nouvelle fois le processus de nomination d’une première ou d’un premier ministre pour deuil national en raison de la mort d’un acteur français bien connu… Nous n’en serions pas à ça près !

En parlant de ce temps qui passe, s’il y a quelque chose qui ne passe pas c’est bien cette islamophobie récurrente dans nos sociétés occidentales. En particulier en France où la laïcité est convoquée à plus que mauvais escient pour libérer toutes ces haines racistes à l’encontre de cette religion.
Alors oui : je suis athée jusqu’au plus profond de mes entrailles, je n’ai jamais cru aux arrières-mondes, alors oui : je ne peux supporter une quelconque idolâtrie et tout type de superstition que l’on essayerai de me vendre comme colonne vertébrale d’un système de pensée.
Mais soyons sérieuse autant que sérieux, c’est quoi ce délire contre l’islam ?
Un délire qui ne fait que conforter cette impression du « deux poids, deux mesures » quand il s’agit d’exprimer ses sentiments à propos des croyances de mes congénères. Et surtout qui ne fait que confirmer cet hideux fond de l’air raciste qui règne sur nos contrées européennes. D’ailleurs en parlant de racisme, et pour déconstruire un système de pensée bien ancré dans nos sociétés aux racines blanches, je vous conseille de regarder les vidéos de cette excellente chaîne d’information indépendante et numérique qu’est « Histoire crépue » [+], autour de ces notions que sont justement le racisme et la xénophobie [+].

Depuis ce Pays Diois où je vous le disais il y a quelques semaines, on perçoit comment le discours du RN et autres fascismes à la française peut être stoppé et la tendance délétère d’une société à la dérive inversée, je vous conseille de lire un très bon article [+] de la journaliste Marie Astier sur le média indépendant reporterre.net, intitulé « De nos jardins, nous pouvons aussi combattre l’extrême droite ».

La semaine passée, j’ai peu suivi l’actualité tant occupé que j’étais à la contemplation et à mes carnets de croquis sur les rives de la Drôme et de ses affluents qui descendent le long de la rocaille montagneuse, mais j’ai appris avec tristesse la disparition de la formidable actrice Gena Rowlands [+], une des égérie du cinéma indépendant aux États-Unis d’Amérique. Au cœur de cette grande bouillie intellectuelle dans laquelle les industries culturelles du monde de Sapiens sont diluées, c’est toujours triste de savoir des résistances s’éteindre. En tout cas je trouve cela bien plus important de commémorer la mémoire d’un éclat de lumière à l’écran que de s’étendre sur la mort d’un acteur qui s’est autant acoquiné avec l’extrême droite, aussi doué et iconique qu’il fut du temps de sa gloire. Ces propos n’engagent que moi et le point de vue de ma pensée évidemment.

Certain·es pourront dire que l’Anti-France parle à travers ces mots. Que je ne suis qu’un sale wokiste et islamogauchiste qui crache dans la soupe de la douce France éternelle. Au même titre que pour le tableau pléthorique des médailles françaises lors des fameux derniers JO du bord de Seine et de la destruction des coraux polynésiens, j’avoue avec délectation ne rien en avoir à foutre. La France qui gagne tout comme celle de la conservation des valeurs patriarcales ne m’intéresse pas.

Celle du rejet de l’étrange étranger non plus, ce qui me fait penser aux ami·es que j’ai découvert·es lors de mes nombreuses résidences du côté de Die ces dernières années. Je vous ai parlé de super chouettes artistes dont j’apprécie fortement le travail. Parmi elles et eux, j’ai eu le plaisir de faire un nouveau tour d’atelier très récemment de cette formidable artiste Alina Cociere [+]. Alina est d‘origine moldave et s’est installée dans le Diois il y a quelques décennies. Formée au début des années 80 à l’école des Beaux-arts de Moscou, elle déploie une peinture dont l’abstraction accroche des fragments de lumière comme des fragments de mémoire qui nous plongent dans la grande histoire de l’art. Des fragments qui nous amènent aussi dans des univers parfois sombres, parfois éclatants à travers autant d’impacts brillant dans le noir que de points de réflexion dans le réseau des neurones de nos cerveaux. Dans sa dernière série en cours de recherche, elle nous embarque dans un réjouissant voyage vers les étoiles et la Voie Lactée. Il me tarde d’en voir le résultat en exposition.
Et j’avoue avoir été enchanté de visiter une nouvelle fois son atelier installé dans un ancien moulin au-dessus de Châtillon en Diois [+] sur la route du col de Menée [+]. Un atelier qui se niche au flanc d’une vieille bâtisse transformée en maison autonome à bas empreinte carbone par Max son super ingénieur de compagnon. De belles personnes ami·es de Thérèse de longue date et que j’apprécie beaucoup depuis des années.

Des belles rencontres rares et précieuses encore et toujours, c’est ce qui fait le sel de nos vies. Sur ces mots je vous laisse car je vais malheureusement ranger mes outils de dessins dans ma trousse et mes carnets dans la valise pour revenir vers la Ville rose. Si vous m’écoutez sur le 89.1Mhz des ondes FM de cette ville, des ondes qui y véhiculent les programmes de la Radio FMR, ma voix y aura précédé de quelques heures le reste de ma personne. Mais avant que je ne sois vraiment en chair et en os sur les rives de la Garonne, à moins que vous n’y soyez déjà, n’hésitez pas à vous rendre sur l’article de cette présente chronique dans mon site web philippepitet.com, je vous y laisse à nouveau avec dessins de carnet de bord de Drôme et de ses affluents. Cela dit vous pouvez vous retrouver sur ces lignes n’importe quand et n’importe où, c’est bien là la coûteuse richesse des technologies de l’Internet. Et comme on dit dans nos pays de langue occitane même à travers tous ces paradoxes du continuum de l’espace-temps : addisiatz amigas e amics, a diluns venent !

Photo d'un carnet de croquis de l'artiste plasticien Philippe Pitet - Croquis des bords de la Drôme et de ses affluents - 2024
Extrait d’un carnet de prises de notes dessinées des bords de la Drôme et de ses affluents – 2024

Audio diffusé la semaine du 19 août 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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