14.10.2024 – Chronique du lundi
14 octobre 2024 § Poster un commentaire
C’est dans la purée que parlera la poudre (ou non !)
Il en va de mes Chroniques du lundi comme de ces bonnes résolutions des semaines précédentes que l’on ne tiendra pas encore ou presque. Nous sommes lundi 14 octobre 2024 et il ne doit pas être loin de 7h30 à l’heure où je rédige les premières lignes de ce présent éditorial du temps qui passe sous mes yeux. Je vous y souhaite d’ailleurs une appuyée bienvenue, chères et chers ami·es qui venez de plus en plus nombreuses autant que nombreux me lire ou m’écouter.
Alors avant toute considération, laissez-moi vous annoncer que la chronique d’aujourd’hui appuiera bien plus sur le côté sonore de ces billets que je vous délivre semaine après semaine. Précisément, vous qui m’écoutez par l’intermédiaire des ondes et des électrons sur la Radio FMR [+], c’est à vous que s’adressera plus particulièrement cet épisode du jour. Néanmoins, j’espère évidemment que cela intéressera toutes et tous les autres. En effet des informations brûlantes liées à la présentation du budget 2025 par un gouvernement tout aussi scélérat qu’usurpateur viennent de tomber sur les télescripteurs de notre actualité et m’obligent à changer le plan de cette chronique du jour dans laquelle je comptais vous parler d’art et de son actualité en Occitanie, de luttes pour la justice sociale en France et écologique du côté du Tarn plus particulièrement, de l’horreur indescriptible des guerres aux relents coloniaux au Moyen-Orient et de l’incroyable arrogance du clan présidentiel français soutenu par son allié indéfectible qu’est le parti fasciste, un parti qui sera toujours du côté des riches et des forts malgré l’arnaque permanente de son discours.
Or donc, même si tout se tient, je ne vous parlerai presque que de survie radiophonique.
Et pour l’urgente bonne cause me voilà donc aujourd’hui bien obligé de narrer au monde qui m’entoure la belle forfaiture qui s’annonce et qui met en grave danger l’existence même des radios associatives et libres en France. Radios qui pourtant n’avaient plus besoin de prouver leurs utilités sociales autant qu’artistiques dans le paysage dévasté de notre société du spectacle et de la consommation. Ces radios font partie des derniers bastions des libertés loin des lois du marché délétère. Des espaces de paroles ouverts sur une vie qui orchestre les liens de nos citoyennetés sur les territoires de la République. Combien d’associations culturelles, sociales et même sportives qui sont le tissus de notre appétence à vivre ensemble doivent leurs visibilités respectives grâce à ces petite fenêtres ouvertes sur les ondes de la FM depuis plus de 40 ans et maintenant souvent sur les électrons de l’Internet. Toutes ces radios sont à l’image de ma très chère Radio FMR [+], celle là même qui propulse aussi vaillamment mes Chroniques du lundi. Je ne reviendrai pas sur l’histoire de ces petits joyaux méconnus, souvent brouillon, parfois même grotesque ou confus, mais toujours touchants dans l’implication à créer du lien depuis tant de temps.
Certaines ont plus d’aura que d’autres et je sais que Radio FMR [+] occupe pour les toulousaines et les toulousains, à travers beaucoup, une place à part tellement dans les années 80 nous avons été le moteur de toute une contre-culture qui a fait briller la capitale occitane un peu partout à travers le monde. Tout cela n’aurait pas été possible de pérenniser sans les financements que nous avons obtenus de haute lutte et à grand combat face au capital qui ne voyait en ces radios qu’un manque à gagner dans l’industrie du divertissement. Ces financements se basent sur ce que l’on appelle le FSER, acronyme pour : Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique.
Le FSER [+] est un fonds qui propose des aides financières aux radios hertziennes françaises qui ont la forme associative et qui accomplissent ce que l’on appelle une mission de communication sociale de proximité. Les radios associatives sont éligibles à ce fonds lorsque leurs ressources commerciales sont inférieures à 20 % de leur chiffre d’affaires total. Il va sans dire que ce fonds garantit une indépendance éditoriale, loin des lois du marché. Pendant longtemps il était abondé par une taxe prélevée sur les revenus publicitaires de la radio et de la télévision, depuis début 2009 il s’est transformé en une dotation pris sur le budget de l’état. Ce qui le met malheureusement à la merci d’un ministère du budget français qui cherche par tous les moyens à financer les cadeaux fiscaux faits aux riches de ce monde. Ainsi donc nous venons d’apprendre que le FSER sera amputé de 35 % en 2025. Pour ainsi dire c’est l’arrêt de mort qui est signé pour des centaines de radios locales associatives. Ce sont des milliers d’emplois mis en péril, c’est un pas supplémentaire vers la précarisation de ce qui crée du lien sur les territoires de la République Française.
Dans cette chronique d’aujourd’hui laissez -moi vous laisser prendre connaissance du communiqué de presse qui vient d’être rédigé par les représentant des radios associatives en France, le SNRL [+] et la CNRA [+], sous le titre : « Qui veut la mort des radios associatives ? ». Le voici in-extenso…
« C’est avec sidération que l’association “Les Locales” et ses organisations représentatives SNRL [Syndicat National des Radios Libres] et CNRA [Confédération Nationale des Radios Associatives] découvrent la Proposition de Loi de Finances pour 2025. Malgré un budget de la Culture maintenu, le Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) subit une coupe drastique de 35%, soit plus de 10 millions d’euros !
Le Projet de Loi de Finances 2025, présenté par le Gouvernement, annonce une réduction de 35 % du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER). Cette baisse, inscrite dans le cadre du plan d’économies souhaité par le Premier Ministre et son Gouvernement, n’est pas une simple coupe budgétaire. Elle touche de plein fouet un secteur vital pour l’expression démocratique et culturelle de notre pays : les radios associatives.
Présentes sur tout le territoire, nos radios jouent pourtant un rôle fondamental. Elles assurent un lien de proximité avec les citoyens créant du lien social, elles favorisent la diversité des opinions, elles donnent la parole à ceux qui en sont souvent privés, elles ouvrent leurs micros aux acteurs et aux élus locaux pour informer les habitants d’une dynamique et du développement de leur territoire… Les radios associatives ne doivent pas porter le poids des économies imposées à la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles (DGMIC).
Sur les 12 millions d’euros d’économies demandées, 10,4 millions d’euros seront entièrement supportés par les radios locales associatives, alors que ces dernières ne représentent que 4 % de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la Mission Médias, Livre et Industries Culturelles. Ce choix interroge sur la priorité accordée à nos radios, qui sont pourtant des piliers essentiels de notre démocratie. Les radios associatives sont un outil d’inclusion sociale et culturelle, un vecteur de cohésion, qui a toujours su évoluer avec peu de moyens. Pourtant, aujourd’hui, c’est l’ensemble de notre modèle qui est mis en péril.
Les conséquences de ce couperet net dans le fonctionnement économique des radios associatives seront sans appel : impact direct sur l’emploi, alors même que nous sommes le deuxième employeur du secteur radiophonique. Plus largement, c’est l’existence même de nos radios qui est menacée. Les médias de proximité, garants de la diversité et du pluralisme du paysage radiophonique, risquent purement et simplement de disparaître. Ce serait une perte irréparable pour la vie culturelle locale, pour l’accès à une information libre et pluraliste, et pour des milliers de citoyens qui trouvent dans nos radios une voix différente, alternative, et enracinée dans leur quotidien. Elles représentent les médias de proximité par excellence,
souvent surnommés les « médias du dernier kilomètre ». Grâce au soutien du FSER, elles offrent une diversité inégalée de programmes produits à la fois par des professionnels de l’animation, des journalistes et par des bénévoles passionnés.
Comment comprendre une telle décision, qui risque d’étouffer les voix et les diversités locales sur nos territoires ?
Il est d’autant plus paradoxal que ce soit notre secteur, le plus vertueux, qui soit la cible de cette réduction. Depuis 2002, nous avons dû faire face à une augmentation sans précédent des charges d’exploitation, tout en subissant la disparition progressive des emplois aidés. Malgré cela, nous n’avons jamais renoncé à notre mission de service public, ni bénéficié d’une augmentation de l’aide individuelle à l’exploitation de nos radios. En s’attaquant à l’un des secteurs les plus vulnérables et économiquement modestes, le Gouvernement semble renier ses propres engagements en faveur de la diversité et de la proximité. Nos radios, qui sont un pilier indispensable de la démocratie locale et de la vie culturelle, se retrouvent aujourd’hui gravement menacées par cette décision, dans un contexte déjà difficile.
À un moment où :
· Les États généraux de l’information sont censés renforcer la liberté et le pluralisme de la presse ;
· L’ARCOM décide d’accélérer le déploiement du DAB+ dont les radios associatives sont un moteur essentiel ;
· La ruralité et les territoires sont au cœur des préoccupations ;
· L’éducation aux médias et à l’information est reconnue comme un enjeu sociétal majeur ;
· L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et le tissu associatif sont cruciaux pour la cohésion citoyenne.
Il ne s’agit pas, ici, d’un rabot économique, mais d’un vrai coup de guillotine. Cette exécution est-elle actée, décidée, voulue et assumée ?
Le SNRL et la CNRA sont déterminés à travailler ensemble pour trouver une issue à cette situation critique. Nous appelons dès maintenant l’ensemble des radios associatives à se mobiliser. Nous enjoignons également tout le secteur de la radio (privée et publique) ainsi que l’ensemble du monde de la culture à prendre conscience des répercussions désastreuses que cette mesure pourrait engendrer. Si cette proposition est confirmée, c’est une déstabilisation sans précédent de tout le secteur que nous devrons affronter collectivement.
Nous appelons l’ensemble des Parlementaires à prendre conscience de la dimension mortifère de cette proposition et à agir pour sauvegarder la diversité et la vitalité des radios associatives en France. Nous demandons également aux élus locaux de se mobiliser pour éviter la disparition de ces petites entreprises ancrées dans leurs territoires, ainsi que la perte
des emplois de leurs salariés, qui jouent un rôle clé dans la dynamique locale et la cohésion sociale.
Nous appelons le Gouvernement à revoir sa position et à rétablir un soutien digne de l’importance des radios associatives pour notre société. Nos radios, et à travers elles la voix de milliers de citoyens, méritent mieux que l’abandon auquel ce projet de loi les condamne.
Les radios associatives en France jouent un rôle significatif sur le plan social et culturel, elles remplissent une mission d’intérêt public et de cohésion sociale importante.
Elles occupent une place indispensable dans le paysage médiatique local :
1. Nombre de radios associatives : Près de 750 services radiophoniques en France, répartis sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones rurales, de montagne, urbaines et périurbaines. Ces radios fonctionnent sur un modèle à but non lucratif, leur principal objectif étant d’offrir un service de proximité, souvent éducatif ou culturel.
2. Emploi : Les radios associatives génèrent environ 3.000 emplois directs. Elles sont un réservoir important de nouveaux talents et s’appuient également sur le travail de nombreux bénévoles.
3. Impact indirect : Outre leur impact direct en termes d’emplois et de financement, les radios associatives ont un effet indirect important sur les territoires. Elles soutiennent les artistes locaux, encouragent le développement des initiatives territoriales, et offrent des formations aux bénévoles et salariés. »
Voilà pour ce long communiqué que je ne pouvais passer sous silence face à cette situation qui me touche particulièrement. Il est évident que nous ne pouvons pas laisser faire cela, il est évident qu’un nouveau front de combat s’ouvre, toujours aussi périlleux et épuisant tant on a l’impression d’être le pot de terre contre le marteau d’acier.
Alors évidemment le dépeçage du FSER n’est pas les 4000 postes d’enseignant·es supprimés, même s’il s’agit ici pour les radios associatives de plus de 3000 emplois. Ce n’est pas non plus les coupes budgétaires de plusieurs milliards dans le système de santé, qui met directement en péril la vie de milliers de nos concitoyen·nes. Mais comme le dit le communiqué c’est tout ce qui fait lien sur les territoires qui est visé.
De toute façon ce budget pour 2025 est bien pire que ce que l’on aurait pu prévoir et fait les poches des plus faibles directement et indirectement pour remplir celles des plus riches. Nous assistons à l’enterrement de tout ce qui est l’essence et le moteur de ce qui fait la cohésion entre citoyennes et citoyens de notre pays depuis le programme intitulé « Les jours heureux » [+] issus du Conseil National de la Résistance, faut-il encore le rappeler… Ce qui m’interroge, au vu des mobilisations de ces dernières semaines, c’est le peu de réaction de ces dit·es concitoyen·nes face à ces incroyables coups mortifères portés à notre vie du quotidien et à notre capacité à vivre le futur. Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’où cette servitude volontaire tiendra sans exploser ? Longtemps peut-être ? Pas trop je l’espère, car il suffirait d’une taxe exceptionnelle de 10 % sur les 500 plus grandes fortunes en France pour rapporter 100 milliards d’Euros, bien plus que ce dont on aurait besoin pour combler tout le « déficit » créé par la macronie, comme l’a rappelé dernièrement l’économiste Thomas Piketty [+].
Après vous avoir livré ce communiqué de presse, j’avoue qu’aujourd’hui je ne serai pas plus prolixe que cela. Il s’avère qu’il y a quelques temps j’avais accepté, en vieux vétéran, de revenir avec d’autres aux manettes de cette Radio à forte tendance « anarcho-punk ». Une Radio FMR qui finalement ne l’a pas tellement été après 43 ans et dont je suis un de ceux que l’on nomme « les historiques » ou « les fondateurs ». Il me semble vous l’avoir déjà narré dans de précédentes Chroniques du lundi, et m’en voilà à nouveau co président. Vous aurez donc compris après tout ce que je viens de vous dire que j’ai du pain sur la planche à y coordonner la riposte. Je vais donc bientôt vous quitter pour aujourd’hui.
Mais avant, je n’oublie pas mon labeur principal et mon état d’artiste-plasticien, et je n’oublie pas surtout qu’il reste quelques moments de bonheur dans la vie et que l’optimisme y continue à jouer son constant rôle de boussole. J’ai donc le plaisir sincère et la grande joie de vous convier dans mon espace de travail, au cœur de l’Atelier TA [+] à Toulouse, 32 rue des Jumeaux, du côté du Faubourg Bonnefoy, le weekend qui arrive les 19 et 20 octobre prochain entre 14h et 19h pour que je vous montre mon boulot du moment. J’y serai en compagnie de ma chère et tendre Thérèse Pitte [+], elle aussi pensionnaire de cet Atelier TA, elle vous y présentera ses merveilleuses photographies. Nous avons invité trois artistes que nous aimons beaucoup : Julie Garrido [+], jeune et talentueuse photographe, Pascale Herpe [+], formidable artiste plasticienne et Hervé Laplace [+] génial artiste collagiste.
Et bien sûr tous nos camarades de jeux de TA qui seront présents (ou non !) ces jours là. Pour finir avec une cerise sur cette belle pièce montée, j’aurais cet autre immense plaisir de présenter le clip vidéo que j’ai réalisé tout en peintures et en dessins. Un clip vidéo du musicien Théojasmine [+] intitulé « Ha Oui ! » et dont la version courte comme la longue seront présentées ce jour là en exclusivité mondiale en présence du musicien comme on dit. Vous êtes donc cordialement invité·es, dans la limite des places disponibles comme on dit aussi.
À noter que ces JAA Occitanie [+] se déroulent sur tout le territoire de la Région Occitanie Méditerranée-Pyrénées, si vous êtes le weekend prochain dans cette région du Sud entre Rhône et Adour, dans les montagne, au bord de la mer dans les vallées ou sur les collines, dans les villes et les campagnes vous trouverez, sûrement pas loin de là où vous serez, un atelier d’artiste à visiter [+]. C’est toujours bien aussi de comprendre et de soutenir les artistes en action.
Voilà je vous quitte pour de bon, je vous souhaite une jolie semaine dans cet été indien bien trop chaud pour être honnête. Sur mon site philippepitet.com, pour illustrer ce billet du jour je vous laisse avec une image presque sortie du fameux clip qui sera présenté lors de l’ouverture de mon atelier au public. Une image qui n’en fait pas partie mais qui fut un temps dans un des montages de travail. Je vous donne rendez-vous dès lundi prochain au même endroit et à l’heure que vous désirerez. Addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 14 octobre 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

Laisser un commentaire