02.12.2024 – Chronique du lundi

2 décembre 2024 § Poster un commentaire

Comme ce silence ouaté des collines sous la neige

Chères et chers ami·es qui me rejoignez dans les continuums de l’espace-temps selon le moyen pour lequel vous avez opté afin d’opérer cette rencontre verbale avec mon billet du jour, je vous souhaite bienvenue sur ma première Chronique du lundi du dernier mois de cette année 2024 finissante. Ici et à présent à l’intérieur de ces lignes nous somme donc le 2 décembre 2024, et la morte saison a bien du mal à nous arriver si vous vous trouvez comme moi dans ce laps de temps sur les bords de la Garonne. Mais après ces jours estivaux, paraît-il que la semaine qui vient, ou peut-être la suivante seront les bonnes pour enfin se frotter aux frimas de cette fameuse morte saison.

En tout cas je l’espère, car j’avoue que l’adaptation qui se pointe à l’horizon avec tout ce que le vivant va devoir s’enquiller méchamment, me saoule un tantinet. Pour l’anecdote, je me suis battu toute la nuit passée contre un moustique bien énervé comme au plus profond des nuits d’été. D’ailleurs en parlant d’anecdote dans ce registre de l’adaptation, il n’y a pas que l’adaptation au changement climatique auquel nous devons faire face, il y a aussi notre acclimatation aux déni général qui s’y réfère. Il paraît que bien plus de pontes de la science que l’on ne pourrait le croire aiment remettre en cause la réalité des évolutions du climat et les extinctions qui l’accompagnent.
Un bien triste signal pour l’avenir de notre bonne vieille Terre qui subit les coups de boutoir de nos imbéciles commerces. En effet, grâce à ma chère et tendre Thérèse [+], j’ai lu une enquête assez inquiétante il y a peu dans le journal « Le Monde » [+], un journal que l’on ne pourra tout de même pas trop taxer d’éco-terrorisme. Cette enquête [+] nous indiquait avec force arguments idoines que nos chouettes académies bien françaises, dont le docte Institut de géographie [+], se plaisaient à contredire les rapports du GIEC [+]. Ou tout du moins face aux évidences, s’activaient à en minimiser les conclusions. On croit rêver, mais je finis par ne plus m’étonner de rien tant la stupidité a embrassé le monde. Le déni est bien le mot qui caractérise l’époque que nous traversons. Il est en tout cas partagé en masse par l’ensemble de celles et ceux qui sont en charge de l’avenir de notre humanité.

Particulièrement en France, où l’on sent bien que le gouvernement va tout essayer pour faire passer un budget de l’état pour 2025 des plus écocides et antisocial depuis des lustres, juste histoire de protéger la richesse des plus privilégié·es. Un gouvernement dont les sbires élu·es de droite du centre à l’extrême-droite ont tout fait pour ne pas abroger la loi sur la retraite à 64 ans, jusqu’à en venir aux mains [+] la semaine dernière. Cette triste mafia au service du capital consumériste et extractiviste va donc mettre en œuvre un budget inique qui va taper sur les plus précaires, la nature qui nous accueille et la culture qui nous fait réfléchir au monde.
Évidemment l’extrême-droite, malgré ses vociférations à l’encontre du 1er ministre sur la sellette, pourra faire encore pire puisque que les député·es qui la compose sur les bancs de l’Assemblée Nationale auront eu l’assurance que leurs exigences mortifères seront bien appliquées, même si le gouvernement actuel chute pour un autre qui sera pire. Il y a même fort à parier que leur cheffe de file blonde peroxydée sera relaxée d’ici peu de toutes les accusations qui pourraient la rendre inéligible, accusations pour des faits avérés, ne l’oublions pas. À moins qu’une frange de la droite de gauche, comme à l’habitude idiote utile du capital, finisse par sauver un cabinet à l’agonie, laissant ainsi sauf l’honneur de façade des extrémistes forcenés du centre, de droite dure, comme de son extrême. Ce séparatisme du bloc bourgeois reste un grave péril pour notre monde et il ne faut pas être grand clerc pour décrypter et comprendre les tractations de ce bloc bourgeois et les enjeux en cours.

Bref je ne vais ni m’attarder ni m’énerver plus que cela sur la vie politique du monde des Sapiens, car elle n’est pas très jolie jolie. Une vie politique hors-sol alors que nous vivons au quotidien des actes racistes en toute impunité [+] au pays qui se dit celui des droits de l’homme. Des actes racistes qui se multiplient jours après jours sous nos yeux, sans que l’on ne bronche trop. Fort heureusement, en ce triste jour d’anniversaire de la mort d’une femme à sa fenêtre victime sans aucune raison d’exaction d’un pouvoir en roue libre depuis des années, la justice des hommes et des femmes avance à petits pas, ainsi qu’on peut le lire dans un article du média militant et indépendant « Contre-Attaque », sous le titre « Meurtre de Zineb Redouane : 6 ans après, ni oubli, ni pardon » [+]. Et même si on ne connaîtra réellement pas les responsabilités d’une telle bavure, on pourra remettre cette tragique histoire hors des contextes mensongers dans lesquels elle semblait baigner. Dans un autre domaine cette justice a l’air aussi de rétropédaler et de donner raison au bien-fondé des arguments d’une opposition légitime à la construction de la si fameuse, si couteuse et si inutile autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Nous verrons peut-être l’issue de cette affaire avant Noël [+].

Mais bon, j’ai l’impression qu’aujourd’hui rien ne pourrait consoler l’être humain·e de bonne volonté à travers toutes les turpitudes de nos sociétés en proie à la folie de la possession et du pouvoir. Pas même l’art qui pourtant est parfois un supplément d’âme pour nos énergies en panne.
Et à parler d’art, d’énergie et d’âme et en étant échoué dans la ville rose pour un temps, je ne peux passer à côté de ce nouveau vitrail qui a pris place dans la grande rosace de la merveilleuse basilique Saint-Sernin [+]. Un travail qui a été donné à faire à l’artiste Jean-Michel Othoniel [+]. Un artiste dont je confesse ne pas trop connaître l’œuvre qui se situe souvent dans les territoires du monumental [+]. Dans tous les cas qui joue entre matériaux et lumière à ce que j’en ai approché. Certain·es trouveront son labeur assez creux et fort bourgeois. Je ne me suis pas assez penché sur le sujet pour donner une opinion. Je ne saurait donc point en faire une critique objective ou même subjective. En ce qui concerne son intervention plastique sur la rosace du joyaux roman méridional qu’est Saint-Sernin [+], j’avoue aussi ne pas en avoir vu grand chose encore, j’en ai raté l’inauguration samedi, pourtant à deux pas de chez nous. Mais il me semble aux vues des images et à mon furtif passage sur place hier soir que le travail exécuté a quelque chose d’aussi somptueux que réjouissant. À suivre donc.

Il est tard dans la matinée qui voit la rédaction de cette présente chronique et pour finir cet épisode de mes éditoriaux hebdomadaires du temps qui passe sous mes yeux, je vais rester accosté aux rivage des arts visuels et plastiques dans la capitale occitane, pour vous parler du prochain marché de Noël des lieux d’art de Bonnefoy et Borderouge et de ce quart Nord-Est de la cité Mondine. Nous voilà donc à la 6e édition de ce désormais traditionnel rendez-vous de décembre. Un rendez-vous au cœur de ces vieux faubourgs de la ville qui fédère les énergies des lieux de création, de diffusion et de formation, même, dans ce secteur de l’activité humaine que l’on nomme les arts visuels et plastiques contemporains. Un événement où, pendant un weekend, le public peut venir rencontrer des artistes, s’imaginer en collectionneur loin des spéculations du marché de l’art, voir ce qui se fait de mieux dans le domaine performatif, visiter les lieux où se créent les œuvres, voir des expositions hors des sentiers battus et respirer la convivialité de notre petit milieu si actif malgré les attaques qu’il subit au quotidien. Alors n’hésitez pas à vous propulser du côté du Faubourg Bonnefoy de Toulouse du vendredi soir 6 au dimanche 8 décembre, vous aurez toutes les infos quasi exhaustives sur les sites web entre autres de l’Atelier TA [+], ou sur celui de Lieu-Commun, artist run Space [+], Lieu-Commun où j’aurais le plaisir avec Thérèse de vous rencontrer autour de nos labeurs respectifs en compagnie d’une multitude d’autres artistes et d’éditions d’arts.

Sur cette promotion toute personnelle, mais furtive, je regarde au dehors. Il fait tout de même un avant goût de l’hiver ce matin pendant que je rédige ces mots avant de vous les livrer. Devant moi le ciel s’éclaircit du noir au gris sans trop vouloir devenir bleu, les feuilles du figuier qui me fait face à travers la fenêtre commencent à jaunir. Louison notre petite chatte a déjà fait son tour dehors, faisant un léger aller et retour sur le balcon. Elle préfère rentrer au chaud. Laissant le champ aux volatiles en recherche de nourriture. Un oiseau virevolte dans l’air bien frais de ce matin naissant. Toute cette ambiance bucolique me rappelle cette merveilleuse information au sujet du chant des oiseaux qui amplifie la croissance des végétaux, comme nous le rappelais un « threads instagram » [+], publié sur le compte du média indépendant « La Relève et La Peste » [+].

Dû coups je vous quitte pour aujourd’hui. Celles et ceux qui naviguent sur ces lignes dans mon site philippepitet.com peuvent voir une image de ma facture qui paraît faire un bel écho au titre de ce billet du jour. Bonne et douce semaine, à lundi prochain, addisiatz amigas e amics !

Photo de la série // Photo of the series – « Bed #1 » 2013

Audio diffusé la semaine du 2 décembre 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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