09.12.2024 – Chronique du lundi

9 décembre 2024 § Poster un commentaire

Après l’orage est-ce encore la tempête ?

chères et chers ami·es qui me suivez dans les lignes de mon blog sur mon site web ou sur les ondes diverses de la Radio FMR [+], permettez-moi de vous souhaiter une bienvenue appuyée dans cette nouvelle Chronique du lundi 9 décembre 2024.

Mes chroniques se suivent toutes les semaines, mais ne se ressemblent pas. Tout du moins dans la forme qu’elles prennent, mais au fond je vous écris toujours un peu le même discours, billets après billets quand il s’agit de narrer les turpitudes journalières de notre société humaine. Je sais que j’aimerais embrasser l’actualité du monde dans son exhaustive contenance, mais je sais aussi que je ne peux en quelques mots assumer ces velléités. Et il est sûr que tous les lundis je ne vous délivre que quelques bribes du temps qui passe sous mes yeux, toujours sous le même angle, puisqu’il s’agit justement de mes yeux. La semaine dernière ma chronique n’avait pas encore eu connaissance de la chute du gouvernement français par un vote de censure, ni du discours hallucinant d’un président qui ne saura jamais assumer son forfait permanent. Mais surtout et encore de tout le cirque médiatique qui a suivi cette séquence mémorable en bien des égards. Tout ceci renforce mes idées, que je ne voudrais pas si noire, sur la stupidité qui nous entoure, je repense à ce bouquin du philosophe italien et historien de l’économie Carlo M. Cipolla [+] qui écrivit au siècle dernier ce petit et remarquable fascicule « Les lois fondamentales de la stupidité humaine » [+], dont je vous ai déjà parlé il y a plusieurs années à présent, dans une ancienne chronique, et que je vous recommande encore et toujours sans modération.

Quand je relis ou écoute ce que j’ai écris depuis plus de quatre ans, alors que je m’étais fixé objectif de vous parler d’art, je m’aperçois à quel point j’ai beaucoup parlé des situations politiques que traversaient notre Terre.
Peut-être suis-je dans l’erreur ? Peut-être n’est-ce pas le rôle d’un artiste, qui pratique par ailleurs les voix sensible de la plasticité visuelle et auditive, d’exprimer tout cela avec les mots directs d’une chronique outrageusement descriptive ?
Mais quoi qu’il en soit, il m’a semblé rapidement essentiel de donner mon point de vue sur la planète dans son ensemble, et surtout dans les territoires qui constituent la République Française, là où je vis pour le meilleur et trop souvent le pire…
République Française, en remontant le temps je m’étonne de ce que représente pour moi à présent ces deux mots accolés formant cet équipage qui avaient des accents merveilleux dans la mythologie de ma jeunesse assez crédule. Il y avait dans ce terme « République Française » et dans le slogan « Liberté, égalité, fraternité » qui l’accompagnait, comme une promesse, comme un appel à un monde meilleur. Aujourd’hui après plus de 62 ans de vie, je n’y vois plus rien. Rien d’autre que des mots creux brandis par un ordre bourgeois boursouflé pour mieux contraindre notre société à ses lois scélérates et la maintenir dans les lourdes chaînes de sa cupidité.

En France donc avec ces mots issus d’une révolution qui après tout n’est plus que fantasme tant l’émancipation promise a tourné à l’aliénation et que l’inversion des valeurs n’a jamais été aussi flagrante, mais aussi partout ailleurs où le besoin de démocratie populaire avait émergé au cours des trois siècles qui ont précédé le temps présent à l’heure où je rédige ce billet. Des coups d’états, même déjoués comme en Corée du Sud, se mettent en œuvre dès qu’il s’agit de ne plus suivre les lignes de l’orthodoxie capitaliste. Pas la peine de se gausser de la situation au pays du matin calme, ici en France métropolitaine d’où je vous parle, le déni constant du forcené occupant à ce jour l’Élysée et de ses sbires en dit long sur l’état de fébrilité du bloc bourgeois dès qu’il voit ses privilèges menacés par des votes populaires aspirant à un avenir meilleur pour toutes et tous. La captation de ces votes par une extrême-droite à sa botte ne suffisant pas, malgré la guerre culturelle qu’il mène à longueur d’ondes médiatiques, il finit toujours par faire parler la poudre. Ou alors, parce que cette poudre effraie fort justement beaucoup d’entre-nous, il finit par convaincre certaines forces qui se croyaient progressistes de se rallier à son discours mortifère. C’est ainsi que l’on s’étonne depuis des décennies des trahisons récurrentes d’un Parti Socialiste qui font honte à la mémoire des Jaurès et des Blum à chacune de ses forfaitures.

Bref en Europe, que ce soit dans l’Union ou dans ses périphéries, de l’arrivée au pouvoir d’un faux parti des travailleurs au Royaume-Unis à un accord commercial dramatique entre l’Union Européenne et les états d’Amérique du Sud en passant par des parodies d’élections en France ou des coups d’états permanents à l’Est, nous avons la preuve formelle de cette main mise de la gouvernance du capitalisme consumériste et extractiviste sur notre monde. J’avoue que cela me met plus qu’en rogne. L’état de droit nous protège, mais jusqu’à quand ?
Alors oui dans cette actualité il y a quelques espoirs, comme le renversement d’une dynastie de féroces dictateurs en Syrie. Mais encore une fois celles et ceux des dirigeant·es qui se prétendent progressistes, que ce soit du côté des pays à l’économie émergente qui disputent le haut du pavé avec les pays aux économies occidentales toutes puissantes, ou du côté justement de ce monde dit libéral, on aura préféré soutenir des dictateurs ou des futures dictatures. Car sans être oiseau de mauvaise augure, je n’ai pas l’impression que le nouveau pouvoir Syrien sera plus clément que celui qui vient d’être renversé. Alors même que dans cette région du Moyen-Orient personne n’a soutenu l’espoir qui s’incarne dans les forces animant le Rojava [+]. Sûrement parce que celles-ci sont trop utopistes, voire anarchistes et libertaires pour que les démocraties libérale ou les dictatures affirmées aux mains d’oligarchies bourgeoises ne puissent faire autrement que d’y voir leurs vrais ennemis [+].

Tristesse insondable aussi grise que le ciel qui plombe ma matinée. Voilà pourquoi je ne vais pas être très long aujourd’hui.
Et puis, nous sommes sur la dernière ligne droite qui va voir (enfin !) le nouveau site de ma très chère Radio FMR [+] en ligne. Et donc beaucoup de travail, vu que je m’y suis collé… Ce sera chouette beau et efficace, sans vouloir me brosser dans le bon sens des mes poils !

Mais j’avoue aussi être assez crevé, car ce weekend passé nous venons de vivre avec Thérèse [+] ainsi que plein d’autres camarades de jeux artistes un fort intense marché de Noël [+] des Lieux d’Artistes de Bonnefoy, de Borderouge et de leurs périphéries au cœur de la capitale occitane. Une belle réussite qui nous permet de garder espoir dans un monde où la dépression gagne mais où l’énergie de l’art nous garde debout contre vents et marées.

Je vais donc clore ici l’éditorial du temps qui passe sous mes yeux de ce lundi aux accents de l’hiver qui approche. Il est très court, comme le sont les jours en décembre. D’ailleurs pour les prochaines semaines il est question que j’hiberne un peu du côté de ce front de mes élucubrations intellectuelles. Ainsi mes chroniques raccourciront pour un temps, ce qui ne sera pas si mal tout compte fait, je pourrai me consacrer à ma pratique plus aisément. Ces Chroniques du lundi occupent un espace tellement important au cœur du cortex frontal de mon cerveau [+] que parfois elle ne laissent pas assez de place à d’autres possibles pratiques intellectuelles. Et puis aussi une espèce de maladie toute aussi éruptive que réactive m’a pourri un peu ces dernières journées, ce qui est un fort indicateur en faveur d’un ralentissement du régime de mon moteur, car elle remonte en force à la surface aujourd’hui. Mais rassurez-vous je reste sur le pont et je reviendrai encore longtemps pour vous tenir la conversation à travers mes approximatives considérations de comptoir du commerce tous les lundis.

Ainsi après ce bref discours pour ne rien dire et totalement égocentré d’un lundi qui aura vu tomber toutes les feuilles des figuiers qui me font face à travers la fenêtre juste devant mon petit bureau dans mon douillet nid toulousain, je vous quitte et vais m’activer à enregistrer ces mots pour en faire un billet écoutable sur les ondes hertziennes et les électrons de l’Internet. En parlant d’Internet ou plutôt du web, si vous êtes ou si vous allez dans le texte de cette Chronique du jour sur mon site philippepitet.com, je vous laisse avec la photo d’une petite peinture de la série « Feu ! », série en cours de production dont la genèse puise ses origines justement dans le travail graphique que j’ai mené ces derniers temps pour la radio et qui ne saurait tarder à rencontrer un lieu d’exposition, pour le bonheur de toutes et tous, comme on dit. Bonne et douce semaine, restez bien au chaud, à lundi prochain, addisiatz amigas e amics !

Photo de la peinture "Feu mon consentement" du plasticien Philippe Pitet. Une série de peinture qui interroge les pochettes de disques mytiques des années 70 et 80 du 21 e siècle
« Consentement » – Peinture de la série « Feu ! » // Painting from the « Feu ! » series – Acrylique et feutre sur toile // Acrylic and felt pen on canvas – 30×40 cm – 2024

Audio diffusé la semaine du 9 décembre 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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