16.12.2024 – Chronique du lundi

16 décembre 2024 § Poster un commentaire

Voilà bien longtemps que le ridicule ne tue plus

Mes chères amies lectrices ou auditrices, mes chers amis auditeurs ou lecteur et toutes ainsi que tous les autres, qui suivez de près comme de loin mes Chroniques du lundi, que soit la première ou la deux cent dix-septième fois, je vous remercie d’aborder avec moi ces nouvelles lignes d’une chronique rédigée ce lundi 16 décembre 2024.
Nouvelle semaine dans les frimas d’un des derniers jours les plus courts de l’année. Il n’est pas si tôt à l’heure où j’aborde la rédaction du présent édito. Mais la nuit étend encore ses mystères sur les synapses qui ont du mal à connecter mes neurones engourdis.

Dehors la ville s’éveille lentement dans un froid qui, malgré tout, est loin d’être polaire ou sibérien. Il fait froid mais cela reste supportable quand on dispose d’un gîte et d’un couvert. Ce qui est loin d’être le cas pour bien trop de mes congénères.
Je regarde à travers la large fenêtre devant moi au dessus de mon bureau. Dans le clair obscur de l’aube, la lune au plus haut de sa plénitude fait briller de mille feux les tuiles et les briques des maisons ainsi que des murets qui entourent les arrières cours typiquement toulousaines de notre quartier des chalets au centre de la Cité Mondine.
Louison l’espiègle petite chatte de la famille me fait du gringue pour avoir sa dose de pâté.
Et si la ville s’éveille, j’avoue que j’ai du mal à faire de même. Au bout du couloir de notre douillet nid familial, en direction des chambres, j’entends ma chère et tendre Thérèse [+] et les enfants s’activer pour faire face aux activités de la nouvelle semaine qui arrive.

Dans ma tête quelques tourbillons de pensées mal structurées tournent à me dire que ce matin j’aurai du mal à vous narrer le temps qui passe sous mes yeux. Tout se mélange dans une bouillasse bien sale, mais propre au monde des sapiens dans lequel nous vivons.
À commencer par la nomination d’un nouveau baltringue [+] à Matignon. Dans cette comédie qui se joue en France au cœur d’un pouvoir qui s’accroche contre toute l’attente d’une population excédée, il y aurait eu du rififi à Pipoland. Petite aparté pour paraphraser une expression issue d’une des géniales BD de la fin des années 70 ou du début de la décennie suivante, du côté de la non moins géniale revue Métal Hurlant [+].
Je reviens à mes moutons et en effet il paraît que le nouveau chef de gouvernement qui n’a encore personne à mettre dans son équipe mais qui ne cache pas son amitié séculaire quoique mystique pour le bon roi Henri et ses poules au pot, a quasiment pratiqué un coup d’état dans le coup d’état permanent qui se déroule sous nos yeux incrédules depuis six mois. Un coup de force tout du moins pour avoir les clés du gouvernement, ainsi que vous pourrez le lire dans un article du média indépendant « Contre-Attaque » [+] sous le titre « Bayrou et la marche sur Rome de l’extrême-centre » [+]. Scénario incroyable d’une mauvaise série dystopique en plein vendredi 13.
Je ne sais pas pourquoi mais notre béarnais de service me fait penser à « It » – « Ça » en français -, le fameux clown imaginé par Stephen King. Je vous jure j’en ai rêvé la nuit passée !
Mais en fait, il y en a bien marre effectivement de parler de la politique en mode « people », il faudrait vraiment s’inquiéter des vrai causes de la crise démocratique qui ne fait que suivre la crise du capitalisme, et arrêter avec ce spectacle affligeant.

Toute cette actualité stupide dans laquelle nous baignons pourrait nous faire rire à gorges déployées s’il n’y avait pas ces catastrophes naturelles et ces guerres qui nous à montrent à quel point les humain·es sont fragiles. À Mayotte la catastrophe [+] s’est abattue sur un bout de territoire de la République faisant à coup sûr plusieurs dizaines de morts, peut-être même plus d’une centaine, ou pire [+] si on arrive à se sortir du centralisme à la française, loin de Paris.
Mayotte est un territoire qui est un département et une région française de pleins droits, mais qui fonctionne encore avec des réflexes coloniaux plongeant la population locale dans une misère monstre [+] et où 77 % de cette population vit en-dessous du seuil de pauvreté national, alors que la métropole en compte près de 15 %, ce qui est déjà énorme pour un pays qui recense 147 milliardaires et 3 millions de millionnaires.
Dans ce département dit d’outre-mer, on découvre à quel point les activités prédatrices de l’économie capitaliste basées sur l’exploitation sans limite des populations affamées et du pillage des ressources limités de la planète, emporte toute humanité dans son règne stupide.
Et ce ne sont pas quelques ministres démissionnaires ou autre président qui s’accrochent au pouvoir, venus en toute hâte sur le terrain pour piloter un cellule de crise qui renverseront la situation. En écoutant ces nouvelles, je revois ma grand-mère dire : « ils vont encore coller un emplâtre sur une jambe de bois ! ».

À travers cette exploitation mortifère de notre seule maison qui est la Terre, pour tout vous dire, il ne me tarde pas d’entendre encore et toujours celles et ceux qui déroulent ce sempiternel discours autour des catastrophes naturelles. Des catastrophes qui auraient existé de tout temps. Bien évidemment depuis leur apparition dans le monde du vivant, Sapiens et ses ancêtres ont toujours été confronté·es à des catastrophes.
Mais nous étions moins nombreux·ses, moins agglutiné·es et n’impactions pas notre environnement au point de le modifier à cause de nos activités industrieuses sans limites. Plus l’accumulation de richesses nous monte à la tête, plus la stupidité nous possède.
Pour exemple la triste pantomime d’une justice incapable de tenir tête au pouvoir de l’argent malgré toutes les évidences, donne le champs libre encore et toujours à l’œuvre prédatrice des instigateurs et instigatrices de la fameuse autoroute A69 entre Castres et Toulouse. Contre toute attente, on sait même que ce scandale devient l’émanation d’un état et des collectivités qui poussent au crime écologique et social en se mettant du côté de la promotion de cet ouvrage de BTP. Tout cela paraît normal tellement ces turpitudes son ancrés dans notre société, ainsi que nous pouvons le lire dans un article intitulé : « Poursuite du chantier de l’A69 : C’est un nouveau passage en force de l’État » [+], sur le média indépendant « Reporterre » [+].
Média dans lequel vous trouverez une multitude d’excellents articles au sujet de ce projet débile d’autoroute venant tout droit d’une époque révolue.
Ça nous change de la soupe habituelle servie par la triste Détresse du Midi, image parfaite de l’imbécile dérive d’un socialisme cassoulet servi par une chef de l’exécutif régional aux ambitions nationales. Ceci dit avec la stupide docilité d’un PS français aux ordres du bloc bourgeois, elle n’est pas loin d’arriver à placer sa tête en haut de l’affiche.

Alors même que ces administrations de notre République se doivent d’être les protectrices de toutes les citoyennes et de tous les citoyens qu’elles administrent, plus le temps passe plus on voit à quel point toute l’organisation dite démocratique de nos sociétés occidentales sont l’émanation d’un bloc bourgeois qui ne supporte aucune résistance à son capitalisme consumériste et extractiviste.
À nous non seulement d’y résister mais aussi de rabattre les cartes. Car comme le rappelait si bien le jeune et brillant économiste de la décroissance Timothée Parrique [+], en citant le philosophe et psychanalyste slovène Slavoj Žižek [+] : « – Nous savons mieux imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ! ».

Aux USA, l’assassinat du PDG d’une caisse d’assurance sociale privée, parangon de l’exploitation libérale des travailleuses et des travailleurs dans ce monde, est un marqueur notable de la situation. L’empathie qui s’est propagée en peu de temps pour celui qui fait figure de justicier à présent, au regard de ce monstre que représente la victime, est un tournant clair dans l’opinion. Tant il est évident que les pratiques mafieuses et monstrueuses face à la souffrance humaine opérées par ce genre d’organisme sont criminelles. Du coup le crime n’apparaît plus là où la « story telling » médiatique du capitalisme essaye de le placer.
Sur le sujet je vous conseille l’excellent article à lire sur « Blast » [+] intitulé : « États-Unis : Luigi Mangione, nouveau héros d’une Amérique révoltée » [+].
Nous n’en sommes pas là en France, mais les coups de boutoir que le profit assène à la solidarité pourraient nous amener en droite ligne vers ces sombres troubles de justices imminente à la sauce « œil pour œil dent pour dent ».
En effet au cœur de cette guerre culturelle que mènent avec insistance délétère les médias dits « mainstream », l’éditocratie nous assène toujours le même discours qui ne fait que renforcer les frustrations de populations à bout de souffle, et nous amène droit au mur en passant par la case du fascisme, ultime rempart du capitalisme mortifère.

Vous le savez à force de suivre mes Chroniques du lundi, je prends beaucoup de mes sources dans le vivier qui se constitue au cœur de ce terreau des médias indépendants auxquels le web nous permet d’accéder à tout moment. Ces médias sont au cœur de ces batailles, j’espère voir aussi ma très chère Radio FMR [+] prendre sa place dans les rangs et soutenir l’effort face aux coups des médias aux mains du bloc bourgeois, tout comme au sein de la révolution qu’il faut mener pour renverser la vapeur.
Dans ces lignes et ces paroles indépendantes, il y a l’analyse de cette montée du racisme et du fascisme qui l’accompagne. Une analyse générale à laquelle l’excellent Clément Viktorovitch [+] participe avec sa dernière vidéo sur sa chaîne [+] YouTube intitulée « On a trouvé le record du racisme le plus décomplexé ! (Et c’est terrifiant) » [+] sur un intellectuel de droite au racisme froid autant qu’affirmé proche d’un nazisme des plus crapuleux. Une vidéo qui est à voir absolument, comme tant d’autres.

Bon, il est tard à présent dans la matinée, je dois finir ce billet du jour, même si je n’y ai pas parlé d’art à l’exception de mes références au fabuleux journal qu’était Métal Hurlant dans les années 70 et 80. Un journal qui vient de revoir le jour [+] il y a un peu plus de trois ans.
En fait si ! Je vais vous parler d’une prochaine exposition de la géniale artiste Nataly Nato [+], qui a mainte fois pris place dans mes chroniques. La plus québécoise des artistes plasticien·nes de la scène toulousaine, dont j’aime suivre le formidable travail depuis des années, et que je n’aurai de cesse de promouvoir.
Vous pourrez d’ailleurs lire un petit texte que j’avais écrit il y a quelques temps autour de son travail en allant sur la rubrique « À propos de Nataly Nato » [+] sur son blog WordPress.
Nouvelle aparté à destination des auditrices et auditeurs : il faut noter que si vous êtes ou si vous vous propulsez sur mon site philippepitet.com, vous pourrez accéder à ces informations ainsi qu’à d’autres grâce aux liens que je mets sur les textes en références et en général.
Pour en revenir à Nataly, elle nous proposera – de ce prochain vendredi 20 décembre 2024 au 23 février 2025 -, une série d’œuvres dans une exposition intitulée « Critique et tranchant ». Et ce sera dans les locaux de la Radio FMR [+], au 9 boulevard des Minimes à Toulouse, le vernissage aura lieu vendredi même, à partir de 18h. Vous comprenez ainsi pourquoi je ne pouvais passer sous silence cette exposition.

Voilà je vous laisse pour sortir sous un radieux Soleil d’hiver. Je vais rejoindre les studios qui mettrons ces mots dans une boite à paroles afin de les diffuser sur les ondes et les électrons de cette Radio FMR qui depuis 44 ans ne l’est pas tant que cela et dont il est tant question dans mes Chroniques du lundi, puisqu’elles en sont les éditoriaux hebdomadaires.
Si vous êtes sur mon site web philippepitet.com comme à l’habitude je vous laisse avec une image. Aujourd’hui pour changer par rapport aux semaines précédentes, c’est une image issue d’un nouveau carnet de montagne débuté en automne. Des dessins de ballades exécutés au stylo à bille dans ces merveilleuses montagnes au pied du Vercors, du côté de notre si chère petite ville de Die. Les flots tumultueux de la Drôme et de ses affluents me manquent ce matin, mais je sais que j’y tremperai mes crayons bien vite.
Coma a l’acostumat, vos desiri una setmana polida plena de solelh. A diluns venent, addisiatz amigas e amics !

Photo d'une page de carnet de dessisn de montagnes du plasticien Philippe Pitet - Au dessus de Valcroissant à côté de Die dans la Drôme - 2024
Carnet de Valcroissant – Die 2024

Audio diffusé la semaine du 16 décembre 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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