27.01.2025 – Chronique du lundi

27 janvier 2025 § Poster un commentaire

Autant faire court !

Chères et chers ami·es il y a sept jours je vous annonçais que j’étais extrêmement occupé ces deux semaines de fin janvier. Une occupation intense à animer un workshop avec quelques super étudiant·es d’une école aux multiples apprentissages de filières créatives. Une école qui fait parfois appel à moi pour donner à ces jeunes gens quelques notions d’occupations plastiques des espaces physiques, une pratique appelée scénographie. Et dans cette séquence présente, cerise sur le gâteau, nous abordons une mise en perspective dans les espaces numériques. Ce lundi 27 janvier 2025 je suis à pied d’œuvre avec mes étudiantes et étudiants afin de rendre une copie au mieux de sa perfection le jeudi qui vient. Je vous accueille donc dans une chronique bien chamboulée, voire totalement écourtée par manque flagrant de temps et d’énergie à commenter et annoter le monde qui passe sous mes yeux ainsi que je le fais depuis 223 semaines sans interruption. Après cette introduction aussi longue qu’un roboratif discours de vernissage, permettez moi de vous souhaiter une chaleureuse bienvenue dans ces lignes et à travers ces mots, que ce soit en lecture sur le blog de mon site philippepitet.com ou sur ma très chère Radio FMR [+] de Toulouse.

Comme vous l’avez compris, je n’aurai aujourd’hui que quelques minutes pour rédiger mon édito du jour, le poster sur mon site, puis l’enregistrer et pour finir par le monter pour créer un sonore diffusable à la radio.
Il sera donc très court alors que le monde se débat dans d’incroyables circonvolutions et que l’actualité de Sapiens se perd dans la tourmente. Aux USA, puissance mondiale phare, ce qui était promis arrive aussi vite que ce qui était promis !
Une absurde folie s’y étant emparée du pouvoir on ne pouvait pas espérer pire. La revanche des cloportes va battre son plein à la vitesse des électrons du web. Il paraît même que des célébrités qui incarnent l’âme profonde de ces États-Unis Amérique, comme Bruce Springsteen, avaient annoncé un temps fuir leur pays pour se réfugier dans un Canada à présent menacé d’annexion. Rien que ces mots que je viens de prononcer étaient impensables il y a à peine moins d’un an. Je ne sais pas si le compositeur de « The River » [+] à mis sa menace à exécution, mais après tout, même si j’adore l’œuvre musicale du Boss, ces célébrités comme lui auront toujours les moyens de se mettre à l’abri. Alors qu’il va falloir avoir beaucoup d’empathie et de compassion pour celles et ceux qui, sans moyens, devront faire face à la brutale politique mortifère du blond décoloré qui vient de s’installer à la Maison-Blanche de Washington. Sans compter que cela va éclabousser [+] à coup sûr notre côté de l’Atlantique C’est étrange comme le blond décoloré est une constante actuelle du fascisme mondial !

D’ailleurs la maintenant fameuse affiche de campagne du parti d’extrême-droite allemande l’AfD, où un papa et une maman aussi blond que blonde se faisant face lançant leurs bras dont les mains tendus aux bouts se rejoignent pour former un toit au-dessus de trois bambins tout aussi souriant·es et tout aussi blondes et blonds que les adultes avec ce slogan « Wir schützen eure Kinder », « Nous protégeons nos enfants » en dit long sur l’imaginaire déployé dans cette image [+]. Un imaginaire en droite ligne de la propagande qui avait cours dans les années 30 du siècle dernier. Si l’on regarde de près l’expression du regard et l’habillement des enfants on perçoit une réplique parfaite des codes iconographiques en usage dans les affiches de propagande nazies du 3e Reich. Mais peut-être, au même titre qu’un salut nazi qui n’en serait pas un, j’exagère sûrement et l’intention n’est que la douceur suggérée d’une belle famille aimante. Les signes du fascisme s’exposent à l’air libre sans retenue ni honte. En fait il n’y a plus de doutes à avoir : le salut de l’autre demeuré était bien un salut nazi [+], les pauvres connes autant que cons qui ont défendu ce geste sont des complices, ils sont souvent les mêmes qui diabolisent toutes les vrais politiques de gauche sur Terre avec acharnement. Quelle que soit l’oligarchie sur la planète, le monde forcené du capitalisme consumériste et extractiviste est en train d’engendrer un monde d’horreurs si nous baissons la garde. Et à celles ou ceux qui ne l’auraient pas encore compris, je répète encore et toujours plus que jamais la guerre bat son plein et la masse moutonneuse gavée par le paradis artificiel des produits consommables matériels ou immatériels, a bien du mal à appréhender la hauteur des enjeux.

Attention, ne me jugez pas condescendant à vous dire cela. Je ne me mets pas au-dessus de la mêlée. Je cumule à coup sûr beaucoup des tares qu’un homme blanc de plus de 60 ans possède culturellement et structurellement en occident. Fort heureusement pas toutes, tout du moins je l’espère. Car là est bien le sujet, l’individu reste écrasé par un système qui ne conçoit rien d’autre que la force, la compétition, la hiérarchie, la consommation et l’accumulation. L’école qui devait être émancipatrice ne fait que répliquer les déficiences de la société du spectacle et de la consommation dans laquelle nous baignons. Les médias à la solde du bloc bourgeois comme la télévision accélèrent la décomposition de la raison. Pour l’exemple il n’y a qu’à voir le traitement de l’information qui y est fait au sujet du drame qui se joue sous nos yeux dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie. Ne serait-ce que ce dernier épisode hystérique au sujet du terme « otages palestiniens » [+] sur une chaîne d’information du service public et le limogeage d’un journaliste en est un bel exemple.

On le voit la folie qui s’est emparée de la Terre des humain·es, dirige toute notre gouvernance des plus puissants dirigeants aux locaux. Fort heureusement des résistances sur le terrain font leur travail, mais cette résistance suffit-elle ? Ainsi dans la capitale occitane une forte mobilisation a empêché un premier temps la tenue dans une salle municipale d’une réunion du groupuscule d’extrême-droite préféré du Ministre de l’intérieur de l’actuel gouvernement français, ainsi qu’on peut le lire dans l’excellent article du média indépendant Contre-attaque [+] intitulé « Bruno Retailleau : un ministre de l’intérieur néo-fasciste  » [+]. Loin du sinistre ministère, sur les rives de la Garonne on aurait pu croire que la partie était gagnée et que les fachos étaient bouté·es hors de la Cité Mondine, hélas la Mairie de Toulouse par l’intermédiaire du Chef du cabinet du maire a dans la foulée rapidement trouvé une salle privée dans laquelle ce mouvement fasciste a pu se réunir, ainsi qu’on peut l’apprendre en lisant l’article de cet autre excellent média indépendant en ligne Street Press [+], intitulé : « Le coup de pouce de la mairie de Toulouse au collectif d’extrême droite Némésis » [+].

Voilà depuis plusieurs jours on a vraiment l’impression que l’hideuse hydre de la haine est lâchée sur le monde, sans retenue, soutenue par les politiciens ainsi que les médias du bloc bourgeois, les professionnel·les du maintien de l’ordre et toute une cohorte de penseuses et de penseurs qui se font passer pour des défenseurs de la démocratie alors que tout ce petit monde n’est qu’une meute d’idiot·es utiles d’un capitalisme qui n’a d’autre choix que de faire émerger le fascisme au niveau global pour garder son pouvoir sur le monde. La lutte continue encore et toujours, soyons autant motivé·es que vigilant·es, car elle est loin d’être perdue. Sur ce point optimiste, il me semble que c’est dans la résistance culturelle que les idées de progrès pourront toujours battre en brèche la fétide force de la stupidité humaine.

En tout cas savoir interroger le monde autrement nous permet de trouver les armes de la lutte contre ces oppressions. C’est souvent à travers l’art que ces interrogations se forgent. Nous savons bien que l’art ne sauvera pas le monde, mais il contribue en permanence à répondre au besoin de transcendance de notre humanité. Et en parlant d’art ainsi que de transcendance, si vous avez quelques moments pour ouvrir les yeux, n’hésitez pas à vous rendre au Musée des Abattoirs [+] de Toulouse et plus précisément dans sa librairie [+] pour voir le travail de dessins et de peintures de ce super et formidable artiste qu’est Manuel Pomar [+]. Tout le monde de l’art contemporain en Occitanie connaît le travail engagé de Manuel en tant que curateur, commissaire d’expositions et surtout directeur artistique de Lieu-Commun [+], mais pour moi il est avant tout un des très grand artiste de la scène actuelle, dont je ne me lasse pas d’admirer le boulot au cœur duquel le foutraque méthodique prend un sens philosophique et puise l’énergie dans les méandres du Rock’n’Roll. N’hésitez pas à partir à la rencontre du travail pictural aussi exubérant que réjouissant de cet outsider céleste, c’est superbe !

Bon voilà le court billet du jour s’arrête là, vu que je dois vous quitter. La semaine dernière j’avais failli poster ma chronique sans citer ma chère et tendre Thérèse [+] comme à chaque billet depuis qu’ils existent. Je me suis fort heureusement repêché au rattrapage de l’oral, avant de corriger mon erreur à l’écrit. Aujourd’hui je ne me suis pas vautré dans la précipitation de la semaine passée et je peux à nouveau dire la géniale photographe plasticienne qu’elle est !
Comme d’habitude aussi je vous laisse avec une image tirée du corpus de mon travail visuel et plastique. La semaine dernière je vous ai narré ce formidable artiste qu’était David Lynch [+] et à quel point j’avais pu être touché par son œuvre multiple. Du coup je ressors l’extrait d’un travail en perspective de celui que je vous ai présenté lundi dernier qui s’inscrit dans mon travail intitulé « Cremadura » [+]. Pour celles et ceux qui lisent ces mots sur mon site c’est à voir juste après la dernière ligne de cet éditorial du jour, pour les auditrices et auditeurs il vous suffit d’aller sur mon site philippe pitet.com et le tour sera joué !

Je vous donne rendez-vous dès lundi prochain. Addisiatz amigas e amics !

Détail // Detail – Installation « Cremadura » 2003

Audio diffusé la semaine du 27 janvier 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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