10.02.2025 – Chronique du lundi

10 février 2025 § Poster un commentaire

Descendre enfin de la montagne

Chères et chers ami·es nous sommes lundi, et comme tous les lundis plongé dans mes chroniques, laissez moi vous souhaiter une très chaleureuse bienvenue sur ma Chronique du lundi 10 février 2025, même si vous me lisez ou m’écoutez un autre jour que lundi, et même aussi si vous prenez connaissance de ce mots, quelque soit le média qui les propulsent, un autre temps que ce moment de février proche de l’instant où je les rédige.

Dans cette journée d’un lundi de février au tournant du premier quart de ce XXIe siècle, qui n’en finit pas de chanter le crépuscule des dieux, me voilà une nouvelle fois à vous narrer le temps qui passe sous mes yeux dans le chœur d’un hiver mollasson qui ressemble plutôt à un début de printemps un peu humide et frais, souvent ensoleillé, sur les bords de la Garonne. Un exercice auquel je m’adonne une grosse partie de mon temps chaque premier jour de la semaine depuis de longues années, à l’écrit et à l’oral, en vacances comme au beau milieu d’activités intenses, avec la régularité d’un métronome réglé sur une fréquence hebdomadaire sans faille. Cet exercice a commencé au temps d’une pandémie incroyable et depuis a traversé les pires moments d’une humanité prise dans les griffes d’un capitalisme consumériste, extractive et financier en totale roue libre. Un capitalisme totalitaire prêt à sacrifier dans sa folie mortifère toutes les femmes et tous les hommes de la planète qui pourtant le font vivre, entrainant la perte du vivant avec lui.

Alors, malgré les noirceurs désespérantes de mes congénères aux manettes de ces aberrations, toutes les semaines sans interruption depuis un certain lundi 19 octobre 2020, je livre au jugement public des billets d’humeur qui tentent de rendre compte, assez approximativement je l’avoue, ce que mes yeux voient et mes oreilles entendent à travers les turpitudes de sapiens de par le monde. Une sorte de narration du temps qui passe sous mes fenêtres de la rue vers l’infini, narration bien personnelle et subjective, voire outrancière parfois, je ne m’en cache pas. Au commencement de cette aventure éditoriale il y a l’écrit. Je rédige donc avant de livrer le texte en paroles sonores et souvent trébuchantes pour la Radio FMR. [+] de Toulouse. Cette très chère radio dont j’accompagne la destinée depuis maintenant 42 ans à ce jour. Et dont ces chroniques sont depuis le début de cette saison radiophonique 2024-2025 l’éditorial hebdomadaire régulier.

Or donc j’écris ! J’écris une partie de mes lundis ces quelques lignes qui finissent par ressembler au corpus d’un ouvrage. J’écris et je publie sur le blog de mon site web. Mais dès le début l’idée était de transformer ces lignes et ces mots en parole radiophonique de quelques minutes. Une dizaine de minutes en moyenne. C’est déjà très long quand il s’agit de capter l’attention d’une auditrice ou d’un auditeur abreuvé aux robinets à musiques qui coulent à flot sur la bande FM et les électrons des radios du web. Le défi est grand. Il n’est pas toujours très satisfaisant, ni pour les personnes qui m’écoutent, ni pour moi. Fort heureusement (ou non !) l’écrit reste, ainsi que l’on peut le lire chaque début de semaine, donc, sur mon site web philippepitet.com.

En fait je sais toutes mes Chroniques du lundi très inégales. Peut-être parce qu’il m’arrive de n’avoir rien à dire tellement les bras me tombent de ce qui se passe autour de moi. Peut-être suis-je démuni et point à la hauteur pour commenter toutes les stupidités qui s’y développent. Et puis souvent c’est l’envie qui me manque. Je vous le disais la semaine dernière il y a des fois où l’on ressent le besoin de suivre des chemins buissonniers et ne pas s’engager dans un travail fastidieux de réflexion et de questionnement, même s’il reste réjouissant lorsque je compose mes Chroniques du lundi. Ces éditoriaux du temps qui passe sous mes yeux font parfois parties de ces travaux répétitifs qui peuvent me lasser. Ainsi donc l’appétence à tenir ces chroniques me fuit. Aujourd’hui il me semble bien que je suis dans cette phase. C’est peut-être pour cela que je tourne en rond depuis le début de ce billet. Et c’est aussi pour cela que je vais abréger les souffrances de toutes et de tous à commencer par moi.

Car franchement, prendre connaissance des actualités et les commenter devient périlleux pour la santé morale, ne serait-ce que ce matin où j’apprends que l’agriculture française s’est enfoncée de plus belle dans les lisiers de l’imbécilité lors des élections pour les chambres d’agricultures départementales. Car même si l’infâme FNSEA, chantre de l’agriculture intensive autant qu’extensive, et ses acolytes des Jeunes Agriculteurs ont perdu leur hégémonie totale sur ces institutions qui donnent le ton de la politique agricole française, donc de l’alimentation ainsi que par relation de cause à effet de la santé publique, c’est une organisation encore plus infâme qui emporte la direction de 14 chambres d’agricultures départementales sur les 88 que compte la République Française. C’est un véritable tournant, comme l’explique le média indépendant « Reporterre » dans son article intitulé : « Percée historique de la Coordination rurale, la FNSEA vacille » [+], mais on n’oubliera pas que : « les logiques ultra-libérales et productivistes de la FNSEA restent majoritaires et la Coordination Rurale, néofasciste, gagne du terrain » ainsi que l’on peut lire en ligne sur cet autre média indépendant « Contre-attaque » dans un papier intitulé : « Élections agricoles : les agro-industriels de la FNSEA perdent du terrain, l’extrême droite progresse » [+]… Tout cela vient à contre-courant de la raison, soyons certaines autant que certains que nous vivons dans ce qui semble réellement devenir une course mortifère qui nous mène à grande vitesse droit dans le mur.

Je vous entretiens de ce fait d’actualité qui nous renvoi en pleine face la stupidité qui règne dans nos têtes dans ces instants crépusculaires, vous conviendrez que je n’ai pas envie d’en rajouter. Sauf qu’en parlant d’insondable stupidité, je peux tout aussi bien vous parler de cette autre incroyable affaire d’un humoriste qui s’est fait, permettez moi le raccourci, évincer de la télé de service public française par une ministre de la culture uniquement sur des ragots et surtout par ce qu’il était « arabe » [+]. Une affaire qui plonge ses racines dans le racisme systémique français et dont vous pourrez voir ainsi qu’écouter l’excellente analyse dans une vidéo intitulée : « Qui veut censurer Merwane Benlazar ? » [+] de la chaîne YouTube du média antiraciste indépendant « Histoire Crépue » [+]. Ça pourra ouvrir l’esprit de beaucoup sur l’affaire, il faudrait toujours préciser que réfléchir ne provoque pas la fracture du cerveau !

L’actualité politique et médiatique, nous le voyons bien, que ce soit en France, aux États-Unis d’Amérique ou ailleurs, reste un grand cirque dans lequel il n’y a que peu de choses intelligentes à tirer. Et les bras nous tombent encore et toujours tous les jours face à elle. Heureusement le positif reste de mise, l’art n’y est pas pour rien. Même si on sait qu’il ne sauvera pas le monde, il participe à la réflexion. À l’instar de l’action récente de cet artiste plasticien contemporain Joanie Lemercier [+], dont le labeur engagé à propos de la question environnementale s’appuie sur des médiums comme la programmation informatique et la projection. Joanie Lemercier en compagnie des membres du mouvement ATR, acronyme de Anti-Tech Resistance [+], ont projeté sur le Grand Palais à Paris dans la nuit du 27 janvier dernier plusieurs messages d’alerte comme « AI Kills », « Big Brother is watching you » ou encore « Anti-Tech Resistance », projetant aussi des images illustrant le salut nazi de l’ineffable milliardaire transhumaniste. Tout ceci afin de dénoncer le Sommet pour l’Action sur l’intelligence artificielle organisé en ces lieux aujourd’hui même et demain. Bien évidemment ce ne sont que des images furtives à faible portée populaire, mais ce type d’action se multiplient et c’est déjà une lueur d’espoir.

Je crois que je vais arrêter là cette chronique du jour, comme je vous le disais il y a quelques mots : je n’ai pas trop envie de me plonger plus avant dans une rédaction textuelle alors que le soleil refait surface derrière les nuages et que mes crayons, mes stylos billes, mes feutres et mes pinceaux n’attendent que mes mains pour coucher des dessins sur du papier à grain !

Et puis je vous avoue qu’avec ma chère et tendre Thérèse [+], nous revenons d’un super weekend dans la montagne, dans les Pyrénées ariégeoises pour être plus précis, en compagnie d’une joyeuse bande d’artistes aux affinités précieuses autant qu’électives. Alors mon labeur du jour sera bien plus plastique que littéraire. D’ailleurs à travers ces amitiés aussi artistiques que sincères, je me permets de faire la promo de la campagne d’adhésion au Salon Reçoit [+] pour 2025. Le Salon Reçoit, souvent appelé le 22 est cette formidable expérience inégalée dans le milieu de l’art contemporain et de l’art tout court dont je vous parle régulièrement. Une expérience menée depuis le 22 décembre 1993 dans l’atelier de ce formidable artiste et curateur qu’est Laurent Redoulès [+], rejoint depuis quelques années par sa compagne autre formidable artiste Anouck Durand-Gasselin [+]. Un atelier situé dans le quartier des Arènes à Toulouse où, sans aucune interruption depuis le premier 22, est présenté au public le 22 de chaque mois entre 19h et 22h, un travail monographique ou une exposition collective d’artistes contemporain·es. Vous trouverez toutes les infos pour cette adhésion sur la page Facebook du Salon Reçoit [+], et si vous adhérez vous recevrez une superbe carte signée Anthoniy Val, imprimée en risographie à l’atelier riso [+] de l’Université Toulouse Jean-Jaurès.

Voilà, ce fut court et concis, enfin je pense ! Je vous quitte ici. Si vous êtes sur le texte de cette Chronique du lundi 10 février 2025 dans mon site web, je vous laisse pour aujourd’hui, comme à mon habitude, au même titre que sur toutes mes précédentes chroniques, avec une image de ma production. Ce jour c’est un dessin au stylo bille tout récent, de mon carnet de montagnes que je vous donne à voir. Pour les auditrices et les auditeurs de la Radio FMR [+] de Toulouse, laissez vous porter par les vagues du web et surfez jusqu’à mon site web philippepitet.com pour voir l’image dont je parle ici. Je vous souhaite une belle semaine d’hiver et vous donne rendez-vous dès lundi prochain. Addisiatz amigas e amics !

Dessin au stylo bille du plasticien Philippe Pitet, extrait de son "Carnet de montagnes - Pyrénées" - 2025
Dessin au stylo bille sur papier à grain – « Carnet de montagnes • Pyrénées » – 2025

Audio diffusé la semaine du 10 février 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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