24.03.2025 – Chronique du lundi
24 mars 2025 § Poster un commentaire
De bien belles images et des histoires à dormir debout…
Mes très chères et chers ami·es que vous soyez derrière vos oreilles en écoute de cette Chronique du lundi 24 mars 2025 sur un des systèmes de diffusion de la Radio FMR [+], sur la FM en 89.1Mhz à Toulouse par exemple, peut-être aussi en DAB+ canal 7c dans cette même Ville rose ou encore sur l’Internet du www.radio-fmr.net [+], ou alors que vous soyez à me lire de vos yeux sur mon site web philippepitet.com, soyez les bienvenu·es à travers ces mots. Le vent d’Autan vient enfin de desserrer son emprise dans cette partie de l’Occitanie qu’est le Midi toulousain. La pluie et les giboulées, voire la triste grisaille entremêlée d’apparitions furtives de l’astre jour ou de celui de nos nuits, l’ont remplacé sûrement pour un temps marquant ainsi le début d’un printemps que l’on pressent bien tumultueux.
Des tumultes le monde de Sapiens en regorge dirait-on. De toute part sur Terre on observe, souvent sidéré·es, les exactions de dirigeants et de puissances publiques aux relents d’autoritarismes capitalistes poussées par leurs oligarchies respectives.
Mais en fait, contre toute attente, de ces exactions des puissants et des puissantes de la Terre je n’ai point envie de vous entretenir cette semaine. Très égoïstement, parce que notre passage sur Terre est trop court pour perdre du temps, je préfère ce matin prendre le temps avec ma chère et tendre Thérèse [+]. Mais bien évidemment je ne délaisserai pas pour autant ce billet d’aujourd’hui. J’avoue que depuis la mort de notre cher ami et artiste Hervé Laplace [+], alias Herbôt [+], alias René Apallec [+], comme je vous l’annonçait tristement dans ma chronique écourtée à l’occasion de lundi dernier, le cœur n’est pas trop à la réflexion. Je ne serai pas trop prolixe ce jour.
En fait, depuis le début du weekend qui vient de passer, depuis ma participation de samedi à la marche contre le racisme et le fascisme [+], au cœur de sa manifestation toulousaine et après tout ce que j’y ai pu entendre, je ressens évidemment l’envie que de vous parler d’images dans cette chronique, d’images et surtout du traitements de celles-ci. Un sujet sur lequel il me semble distinguer énormités et imbécilités outrancières.
Cela dit les imbécilités comme à l’habitude courent les ruelles ruisselantes de l’ignominie du monde, avant de me lancer dans la critique de l’image courante je peux bien faire un détour à travers trois ou quatre notes dans mon cerveau et me marrer que l’âge de la retraite ne pourra jamais revenir à 62 ans à cause de la guerre que nous préparerons à grand frais, ou de voir que dans ce même temps de confusion et des inversions des valeurs où des milices d’extrême-droite terrorisent les territoires de notre République, un état colonialiste entre Jourdain et Méditerranée invite ceux et celles là même qui pilotent ces violences. Voilà bien des images qui ne sont jamais vraiment présentes sur les médias du divertissement de masse.
La guerre et la violence sont partout dans le discours officiel du bloc bourgeois instillant ses idées nauséabondes pour mieux assoir son pouvoir et sa rapacité. Bref tout est bon pour détourner nos yeux et nos actions de la justice sociale et environnementale.
Dans cette guerre des idées : l’image dans toutes ses dimensions est bien évidemment au centre.
Dès lors comment ne pas évoquer cette polémique autour de la fameuse affiche de La France Insoumise [+] sensée promouvoir les manifestations contre l’extrême-droite de samedi dernier. Tout d’abord il faut encore et toujours rappeler que ce parti du paysage politique français n’a rien d’un parti d’extrême-gauche tel qu’il est présenté à longueur d’éditocratie. C’est un parti de gauche d’une veine plutôt social-démocrate qui est loin de prôner la lutte des classes et encore moins la révolution. Bref loin de l’image qu’en donne à longueur du temps les médias dominant du bloc bourgeois. Évidemment comme il n’y a rien à redire sur la qualité programmatique et les propositions politiques de ce parti, il faut bien lui trouver toutes les pires des tares, puisque il y a dans ces fameuses propositions une meilleure répartition sociale des profits, une sortie de l’économie de marché ultra-libérale, une diffusion populaire de la connaissance et un arrêt programmé du pillage des ressources de notre bonne vieille Terre. Pour finir ce parti est totalement contre la guerre en général. On comprendra que les capitaines d’industrie en Europe n’aiment pas vraiment ce genre d’empêcheurs et d’empêcheuses tourner en rond. Une oligarchies qui de toute façon a fait le choix de l’extrême-droite bien plus compatible avec leur idéologie du capitaliste consumériste et extractiviste. Et on comprendra évidemment aussi que tout sera bon pour disqualifier le moindre discours, la moindre action de cette formation. Aujourd’hui une grande tarte à la crème de l’actualité reste le combat contre l’antisémitisme, alors que oui, l’antisémitisme est bien réel, voire structurel, mais bien loin de là où on veut nous le positionner. Dans la tête de ces sinistres qui font feu de tout bois c’est un peu comme la lutte contre la violence faite aux femmes : ce ne sont que des mots dont on se sert quand il s’agit de détourner l’attention.
Et donc si on revient sur cette fameuse image représentant un présentateur ordurier du Paysage Audiovisuel Français dans une pose qui fait rapidement penser à une des affiches bien abjectes d’un film de propagande de l’Allemagne nazi en 1940 intitulé « Jud Süß », pour celles et ceux qui en ont la réf, comme on dit… En fait il faudrait peut-être revenir un jour sur la version originale du film réalisée par Michael Balcon [+], ainsi que du roman de l’écrivain allemand Lion Feuchtwanger [+] dont il est tiré et qui étaient une virulente critique de l’antisémitisme nazi, hélas rapidement retourné par les fascistes à la solde de Goebbels. Toute ressemblance dans la confusion et le retournement des valeurs ne sont pas imaginaires. Bref le lien et l’amalgame est vite fait !
Le pire dans tout cela est que la polémique sur l’affiche au présentateur menaçant, fut lancée par une extrême-droite que l’on sait experte sur le sujet, vite suivie par toute l’éditocratie du pays. Qui, comme je viens de le narrer est bien plus prompte à s’attaquer à LFI qu’à une quelconque exaction mortelle de cette extrême-droite, que l’on croirait déjà au pouvoir en France.
Du coup et pour prendre un peu de distance sur ce sujet il me semble que les mots de Denis Robert [+], formidable journaliste d’investigation et créateur du média Blast [+] sont les plus appropriés sur le sujet. Il les a posté sur les réseaux sociaux, ils ont pu faire le tour du Landerneau dans une approbation assez unanime. J’en cite donc ici un extrait : « […] J’ai vu ces affiches. Elles sont moches, font peur et le message n’est pas immédiat. C’est même contre intuitif. Un peu comme si on utilisait les codes de l’extrême droite pour la combattre. Niveau com, ce n’est donc pas terrible. Mais le procès qu’on fait à la France Insoumise est inique et une fois de plus malveillant. […] », vous pourrez retrouver la totalité de ce court texte en allant sur un flux d’un de ces réseaux comme sur celui au fameux pouce bleu [+].
En fait dans cette histoire ce n’est pas tant ces imbécilités que l’on peut entendre sur ce qu’est, ou doit être, la représentation visuelle de l’antisémitisme et sur les critères qui déterminent les images de l’antisémitisme, mais plutôt la façon dont elle a été faite, puis comment elle a été extraite de son contexte.
L’image comme d’autres dans le cadre de cette campagne visuelle qui se voulait percutante a été créée à travers une IA, elle a été générée de l’aveu même de ses concepteurs par « Grok ». Cette application dite « d’intelligence artificielle générative » est ce que l’on appelle un « agent conversationnel » [+] développé par les équipes de l’ineffable milliardaire états-uniens d’origine sud-africaine au bras baladeur, basé sur un grand modèle de langage [+]. D’après ses concepteurs qui l’ont connecté directement au réseau à dont l’emblème était un oiseau chantant transformé il y a peu en sigle pornographique, cet algorithme aurait un grand sens de l’humour. Une bien belle histoire stupide comme le monde des sapiens décérébré·es sait en produire. Et au fond, tout ce que nous raconte cette affaire est la mauvaise appellation des algorithmes qui génèrent automatiquement des travaux artistiques ou des œuvres de l’esprit.
En effet dans ces fameuses Intelligences Artificielles, on voit bien qu’il n’y a rien d’intelligent. Sur ce sujet du traitement et de la création des images grâce à ces fameuses IA génératives, comme je l’ai déjà fait il y a quelques années à travers mes Chroniques du lundi, je vous renvoie vers l’excellent travail du plasticien et théoricien Gregory Chatonsky en allant sur son site web : chatonsky.net [+]. Je ne pourrai jamais dire mieux que ce qu’il y exprime.
Il faut noter pour clore cette affaire d’image en elle-même, que LFI vient de perdre un procès, en référé j’imagine, lié à l’affiche incriminée, mais non pas sur le fond d’un antisémitisme présumé, mais sur le droit à l’image des personnes qui y sont représentées, bien que ce soient des personnages de notoriétés publiques. Et là, on le pressent bien : la cause de la condamnation ne sera jamais mise en avant, tant tout le monde de l’éditocratie parisienne et de ses suiveurs de journalistes de préfecture eussent voulu y voir un antisémitisme volontaire. Je pense qu c’est utile de rappeler tout cela.
Et évidemment depuis le début de la polémique, comme à l’habitude, aucune excuse de quiconque venant des rangs de la France Insoumise ne sera acceptée, À lire cet éditorial publié le 21 mars dernier dans les colonnes du journal Le Monde qui n’a aucune limite pour accabler LFI et son mentor. Il faudra rappeler à ce journal que Jean-Luc Mélenchon et son mouvement n’ont jamais, absolument jamais, été condamnés pour antisémitisme, à l’inverse de nombre de responsables de droite et d’extrême droite. Que ce mouvement, à l’inverse aussi du président actuel de la République Française, n’a jamais fait l’exégèse de Pétain et de son régime Vichyssois ! Et je dois avouer que je suis assez révolté de voir ce journal dit « de référence », mais qui prend malheureusement le chemin éditocratique de la propagande mensongère bourgeoise sans remord, faire des amalgames racistes et nauséeuses qui suintent dans cet extrait, je cite : « […] Jean-Luc Mélenchon […] ne cesse d’adresser des clins d’œil à la partie de la population, qui y compris dans les quartiers populaires, est sensible aux préjugés anti juifs […] ». Tout ceci suinte le racisme et la stigmatisation honteuse.
Malheureusement et pour couronner le tout on peut parier sans risque que l’affaire de l’agression d’un rabbin à Orléans samedi dernier envenimera encore et encore la polémique imbécile et détournera les attentions [+] comme toujours. Cet acharnement n’est pas nouveau quand on lit cet article sur Acrimed de septembre dernier, intitulé : « Radicaliser : retour sur la campagne du Monde contre LFI » [+].
Arrivé à ce point de cet écrit et parlé du jour, il serait bon que je réaffirme ici que La France Insoumise, n’est pas ma tasse de thé politique, je préfère nager dans les eaux bien moins vaseuses du socialisme libertaire [+]. D’ailleurs, j’ai bien aimé me réfugier sous le pavillon d’un mouvement anarchiste libertaire pendant la manif de samedi ! Mais tout de même l’injustice est flagrante et on a du mal à la passer sous silence, quand on a un minimum d’honnêteté intellectuelle. Ce qui n’est pas beaucoup le cas, ni à droite, ni au sein de la gauche de droite !
Bon il est plus tard que midi à l’heure du continuum espace temps au cœur duquel je termine la rédaction de cette Chronique du lundi 24 mars 2025. Il va me falloir me propulser en studio pour l’enregistrer et la diffuser sur les ondes et dans les câbles sous sa forme sonore.
J’en termine donc ici avec sa forme écrite. Une forme pour laquelle je rappelle qu’il vous suffit d’aller sur mon site web, dans le texte de ce présent éditorial du temps qui passe sous mes yeux afin de découvrir – au même titre que les lectrices et les lecteurs qui y sont déjà -, son illustration visuelle. Aujourd’hui c’est un petit apport graphique en perspective de tout le travail mené au sein des collectifs « Travailleur·euses de l’art »[+] et plus particulièrement celui de la Ville rose. Les collectifs « Travailleur·euses de l’art », un peu partout en France réfléchissent au statut et aux filières de l’artiste-auteur dans le domaine des arts visuels et plastiques. Ils ont pris la suite du mouvement Art En Grève dont je vous ai mainte fois entretenus il y a quelques années dans ces billets hebdomadaires. Ils s’inscrivent au cœur des mouvements de luttes pour la culture artistique si mal en point actuellement et dévastées par les politiques publiques à tous les niveaux. Je vous en reparlerai la semaine prochaine, mais je vous annonce déjà une future émission de radio sur les ondes de Radio FMR [+], et d’autres médias qui le voudront, sur le sujet et qui sera enregistrée en public le 4 avril qui arrive.
Sur cette bonne nouvelle, je vous souhaite une belle semaine, je vous donne rendez-vous dès lundi prochain. Addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 24 mars 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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