07.04.2025 – Chronique du lundi
7 avril 2025 § Poster un commentaire
Les honneurs de la délinquance
Amies et amis de derrière les écrans, ou plongé·es dans les ondes, à travers le vaste monde, voire tout simplement prenant le soleil entre canal du Midi et Garonne, dans le continuum espace-temps au cœur duquel j’écris ces mots : nous sommes lundi et c’est évidemment le temps de ma Chronique du lundi 7 avril 2025, bienvenue donc à toutes et tous.
Vous le savez j’aime bien manipuler l’écriture et la parole inclusive, mais parfois je me heurte à quelques objections de mon interprétation esthétique subjective des choses, alors pour celles et ceux, plutôt que « celleux », qui me suivez dans mes approximations hebdomadaires, je vous gratifie de toutes et tous plutôt que « toustes ».
Désolé malgré des pans de déconstruction à peu près réussies, du moins je l’espère, pour un mâle blanc cisgenre dominant de plus de 60 ans, il y a des termes qui sont loin de m’être naturel. Je vous entretiens de cela car il m’en a été fait reproche il y a peu. Sur cette introduction aux allures de « ouin-ouinage » bien raccord avec l’air du temps, même si je vous assure être à l’opposé d’une revendication quelconque des camps de la fausse victimisation du monde moderne, je vous avoue aussi que cet éditorial du temps qui passe sous mes yeux sera plus qu’écourté, obligation de survie de ma très chère Radio FMR [+] oblige.
En effet vous devez savoir qu’il y a près de 750 radios dites associatives en France qui ont une autorisation d’émettre en Modulation de Fréquence , trivialement appelé FM. Dispositif qui date de l’été 1981, à l’époque où quelques temps après son arrivée au pouvoir un gouvernement français marqué à gauche octroyait un peu de liberté sur les ondes médiatiques.
Dans ce fameux Paysage Audiovisuel Français, Radio FMR fut une des premières radios à émettre sur la FM, notre première saison radiophonique fut donc celle de 1981-1982, ça ne nous rajeunit pas. 44 ans plus tard après moultes péripéties contre vents et marées nous sommes toujours fidèles au poste. À travers ce ton anarcho-punk qui nous est bien connu et reconnu, nous avons accompagné des milliers d’artistes de toutes les scènes artistiques, de toutes les pratiques, du local à l’international, dans leurs fameuses émergences (ou non ! ), tout au long de ces 45 campagnes radiophoniques.
C’est avec émois que j’avoue y avoir rencontré beaucoup de mes plus belles amitiés, et même l’amour.
Mais pour revenir aux ondes du choc, sachez qu’il a bien fallu résister toutes ces années, et trouver les moyens d’une subsistance financière. Car mettre en œuvre les outils d’une diffusion radiophonique a toujours été coûteux, du temps humain bénévole passé pour piloter contenu de programme au déploiement de l’environnement technique pour produire et diffuser ce contenu. Bref tout cela se compte en centaines de milliers d’euros, ou même en millions si l’on cumule les efforts tout au long de ces décennies.
À la fondation de la radio notre modèle économique fut participatif. En d’autre termes chacun nous mettions la main au portefeuille individuels à la hauteur de nos possibilités personnelles, souvent indigentes pour la majorité d’artistes et/ou d’étudiant·es que nous étions. Puis nous avons organisé des concerts et des événements de soutiens auto-financés ou des éditions, pas toujours bénéficiaires on peut le dire. Nous n’avons jamais voulu nous soumettre aux lois du capital en optant pour un fonctionnement tout autant contraignant que délétère à travers des recettes publicitaires.
Enfin nous avons réussi à obtenir des subsides sous formes de subventions de la part de l’état et des collectivités. Dans le temps et à force de combats, un Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique [+] fut créé en France. Tout d’abord sous forme d’un fonds abondé par un très minime pourcentage des recettes publicitaires engrangées par les médias commerciaux. Puis suite à une forte opposition du capitalisme consumériste, ce fonds s’est retrouvé être uniquement constitué par une partie du budget du Ministère de la Culture. Autant dire sous le diktat partisan des politiques culturelles qui nous dépassent. Nous l’avons vu il y a à peine quelques mois, quand nous avons failli perdre ce fonds, déjà perdu lui-même dans les coupes budgétaires de l’état. Il fut sauvé à la suite d’une forte mobilisation. Dans tous les cas c’est actuellement ce qui finance essentiellement les radios de catégorie A, et donc la Radio FMR.
Pour revenir au faits qui intéressent mon emploi du temps ce jour, sachez qu’il nous faut chaque années à la même époque, c’est à dire début avril, monter de gros dossiers afin d’obtenir ces financements. Des dossiers bien prenants sur lesquels je suis un peu à fond avec d’autres membres de la radio au sein d’une petite équipe motivée, mais pas toujours très bien organisée, je le concède. Pour le coup dès que j’aurai fini d’écrire les mots de ce billet du jour, je me propulserai à la rédaction bien plus austère des annexes de ces dossiers de financements. Je ne vais donc pas être bien long avec vous aujourd’hui.
Vous devez vous demander comment je peux me consacrer à ma pratique d’artiste. C’est vrai que le temps me manque. Mais soyez sûres autant que sûrs que je n’oublie pas de toujours me faire accompagner par un carnet de croquis ou tout simplement de notes, un crayon et un stylo, parfois de l’encre et des pinceaux. Bref le dessin ne me quitte jamais, je ne pourrais faire autrement. Et à vous entretenir de pratique artistique, avant de vous quitter, je vais juste revenir sur plusieurs évènement marquants et réjouissants pour notre condition d’artistes-auteur·ices, surtout dans le domaine des arts visuels et plastiques dans lequel j’évolue là aussi depuis plus de quatre décennies professionnelles. Je vous en ai déjà parlé, voilà plusieurs mois, près d’un an [+], de nombreux collectifs de travailleuses et travailleurs de l’art partout en France se mettent en place.
À Toulouse un formidable mouvement qui porte le nom de « Travailleur·euses de l’Art 31 » [+] agite enfin les esprits et reprend avec force la petite flamme qu’avait été allumée il y a quelques années par le mouvement Art En Grève. On ne peut que s’en réjouir. Et j’aime participer à ces travaux essentiels qui visibilisent notre fameuse condition et toutes les formes de précarités quelle induit. D’ailleurs, nous avons organisé un premier plateau radio d’un peu plus d’une heure vendredi dernier avec la Radio FMR évidement. C’est en écoute sur les ondes pour quelques rediffusions et on pourra retrouver l’enregistrement sur le site de la station [+] dès ce jeudi 10 avril qui arrive.
Au cœur de cette mobilisation des artistes, samedi passé, dans la Ville rose eut même lieu une réjouissante démonstration de nos solidarités artistiques avec « Œuvres Manifestées » [+] que l’on peut retrouver sur le site web éponyme pour en connaître tenants et aboutissants. Dans tous les cas il s’agit de briser ces fatalités qui voudraient que celles et ceux qui créent la richesse culturelle, c’est à dire les auteurs et les autrices soient les laissé·es pour compte. Imaginez-vous qu’en France plus de 85 % des artistes plasticiennes et plasticiens ont un revenu artistique annuel inférieur à 6000 €. Une triste réalité qui pourrait voir sa fin si la proposition de loi sur la continuité de revenu des artistes auteur·ices [+] était enfin votée par le parlement français. Il faudrait bien aussi une fois pour toute que le public, comme tous les décideurs et décideuses politiques comprennent que les artistes-auteur·ices ne sont pas des intermitttent·es du spectacle et pire n’ont quasiment aucun droits sociaux auxquels ont droit toute travailleuse et tout travailleur. Si vous voulez vous renseigner sur le sujet n’hésitez pas à lire l’excellent essai du formidable artiste et chercheur qu’est Aurélien Catin [+], intitulé : « Notre condition » [+], paru chez Riot Éditions. Vous pouvez aussi lire le petit fascicule intitulé « Pour une continuité de revenus des artistes auteurices » que l’on retrouvera en suivant le lien du web : « continuite-revenus.fr » [+].
Bon voilà vous aurez remarqué que je n’ai pas parlé de notre vie politique de France ainsi que de cette fameuse inéligibilité de la blonde décolorée présidentiable d’extrême-droite. Je n’aurai que deux mots à dire : bien fait !
Et puis entre une pétition sûrement pipeautée [+] en faveur de la future non-candidate (ou non !) à l’élection présidentielle et un flop total [+] place Vauban à Paris ce dimanche passé, la supercherie commence à se ressentir. Nous ne pouvons que nous en réjouir comme nous le rappelle le toujours excellent Denis Robert [+] dans son dernier édito de Blast [+] intitulé : « Le Pen / Sarko : fallait pas piquer dans la caisse » [+]. On voit bien comment l’extrême-droite s’est hissée à ce niveau de notoriété grâce à la duplicité des médias de masse, en France comme partout ailleurs. Ce n’est pas l’inéligibilité de sa cheffe de file qui est choquante, car ça ne l’est clairement pas pour une délinquante jugée coupable avec ses complices, c’est bien tout ce qu’à pu produire d’inepties et de complaisance l’éditocratie du bloc bourgeois pour en arriver là.
Sauf que je ne sais pas pourquoi l’espoir est en train de changer de camp et de combattants, et les soldats de l’information commencent à ce rebeller contre les diktats de la stupidité généralisée. Pour clore le sujet et surtout pour le plaisir je vous envoie vers un article tout récent sur le site d’Acrimed – l’Observatoire des médias, intitulé : « Nathalie Saint-Cricq, un problème (communiqués) » [+], dans lequel l’on ressent bien ce léger revirement des paradigmes journalistiques. J’aime bien être optimiste ! Allez, je n’ai pas plus de temps que cela, je dois finir mon petit déjeuner avec ma chère et tendre Thérèse [+] ainsi que ses adorables enfants, puis partir rejoindre mes complices de radios pour me plonger un temps dans ce fameux dossier FSER.
Pour celles et ceux qui seraient déjà sur mon site web à lire cette Chronique du lundi 7 avril 2025, je vous laisse comme à l’habitude avec une de mes productions visuelles. Aujourd’hui comme les semaines précédentes ce sera à nouveau avec quelques pense-bêtes de « Postez-le sur vos frigos »… Je vous souhaite une belle semaine et vous donne rendez-vous dès la semaine prochaine. Addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 7 avril 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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