21.04.2025 – Chronique du lundi

21 avril 2025 § Poster un commentaire

Coma poiriam arribar al cap d’un camin que n’acabèt pas ?

Lundi, diluns en langue d’oc, en occitan si l’on préfère, c’est d’ailleurs ainsi que je le préfère. Diluns donc, e es forçadament aquel jorn que vos desliuri aquela Cronica novèla del diluns. E me vaquí a parlar la lenga de mos ancessors per vos desirar la benvenguda dans cette Chronique du lundi 21 avril 2025, pour être plus précis del vint e un d’abril de dos mila vint cinc, diluns de Pascas, lundi de Pâques… Peut-être ai-je perdu la tête à vous parler dans cette langue dont je suis sûr que pas un pourcent de mes legidoras e legidors, e quitament de mos auditors o auditrises ne connaissent un traitre mot, alors que pour la plupart ils et elles vivent dins lo país d’aquela lenga ! Que l’on soit sur les bords de la Drôme ou de la Garonne, en haut du Puy en Velais ou en bas du glacier de la Meije, du côté du cirque de Gavarnie, ou sur les hauteurs de Nice surplombant le bleu de la Méditerranée, ou encore les pieds dans les eaux salées du Bassin d’Arcachon. Quoiqu’il en soit je ne sais pas pourquoi mais ça me fait du bien, alors oui bienvenue à travers ces mots et ces linhas !

Pas que je veuille faire à la manière de ce formidable poète du présent qu’est l’ami Jacme Gaudas [+], ce passeur de mots et d’idées qui jongle entre langue d’oc et langue du oui. Entre occitan et français, pour mieux nous signifier à quel point cette langue que l’on désigne à grand tort de régionale ne l’est pas plus que le français qui lui aussi est tout autant vulgaire que régional dans le monde en mouvement. Et là à cet instant même de mon billet du jour, vous vous demandez où je veux en venir. Je vous répondrais que la patience est comme la fin de ce chemin qui n’en finit pas, ainsi que je vous l’ai signifié dans son titre.
Car de fait je ne veux rien vous exprimer d’autre que mon attachement à la culture qui m’a façonné, pourtant toute enfouie dans des recoins de ma mémoire personnelle comme des mémoires collectives, tel un élément tellement exotique pourtant si domestique. Dans des discussions animées depuis toujours, j’aime narrer que, par relation de cause à effet, cette culture et cette langue ont aiguisé ma curiosité à explorer toutes les autres cultures du monde sans vouloir y mettre une hiérarchie quelconque, car, à l’inverse du français, la langue et la culture d’òc sont par essence non-coloniales.

Alors chères et chers français autant que françaises sachez que si « grand remplacement » il y a, c’est bien cette France centraliste qui l’a mis en œuvre depuis longtemps au détriment de la beauté plurielle d’ici et d’ailleurs.
Il y a plusieurs semaines à la fin des vacances d’hiver, à me balader claudicant avec un ménisque fendu, entre grande dune et chalets de bord de bassin à l’ombre des pins de cette côte landaise, sous un radieux soleil de février, je regardais les panneaux indiquant noms de lieux et de rues et j’essayais de plonger dans l’étymologie, donc l’histoire des endroits traversés. C’est une pratique dans mes promenades qui me connecte à mes origines et nourrit quelques bouts de dessins dans mes carnets. Il me semble l’avoir souvent abordé dans mes éditoriaux du temps qui passe sous mes yeux. Ici, sur les bords de la Drôme et de ses affluents, à la poursuite de l’eau et des humains qui la canalisent, je scrute les patronymes des lieux-dits et localités pour y puiser leurs étymologies d’òc, avec la même curiosité.
L’autre nuit, totalement insomniaque, je parcourais le web quand je suis tombé sur une info de France 3 Région Auvergne – Rhône-Alpes en provenance du Cantal [+], j’ai pleuré, car j’ai perdu ma langue. Mais ce n’est pas uniquement d’idiome dont il s’agit ici, c’est de toute une humanité qui s’évapore. Alors je ne peux que me réjouir de voir reparaître une revue qui fut le fer de lance de l’anti-centralisation des esprits en France et qui je l’espère le redeviendra dans sa nouvelle formule, malgré toutes ses imperfections. La nouvelle Linha Imaginòt est parue et compte déjà plusieurs numéros, vous pouvez vous y abonner sur : https://www.linhaimaginot.com [+].

À noter aussi que du côté des arts plastiques et visuels, les racines occitanes sont loin d’être arrachées, grâce à des actions que même si je les suis de loin j’aime à relayer, même aussi si la peur du folklorisme nauséeux n’est pas loin. Ainsi par exemple La Pèl [+], un mouvement lancé par les artiste Joan-Carles Codèrc [+] et Mélissande Artus [+] qui depuis plus de deux ans proposent de redonner un peu de vigueur aux couleurs de l’òc, justement loin des folklores attendus quand il s’agit de régionalisme ou des crétineries fascisantes d’un nationalisme rance. Et puis, plus concrètement, cette semaine dans la Ville rose ce mardi 22 avril vous pourrez retrouver le travail de René Duran [+], décédé il y a déjà cinq ans. Artiste souvent foutraque mais évidemment incontournable dans le paysage culturel de l’Occitanie moderne et auquel le formidable Salon Reçoit [+] d’avril 2025 rend hommage.

Bon en fait, je vais vous quitter prématurément après toutes ces considérations autour d’une culture qui ne veut pas mourir malgré les coups de boutoirs et le rouleau compresseur français. Car il fait beau et je vous avoue que j’ai décidé de profiter du temps qui passe sous mes crayons. Et puis je profite du temps avec ma merveilleuse Thérèse [+]. Elle a verni avec grand succès, c’est le moins que l’on puisse dire, son installation photographique samedi dernier ici à Die, où nous séjournons en villégiature bien méritée quelques jours de bonheur simple. C’est donc d’ici, sur les bords de Drôme autre Pays d’òc que je vous entretiens, même si vous m’entendez du côté de la Garonne sur les ondes FM de la Radio FMR [+]. Alors je ne vais pas vous retenir plus longtemps, malgré toute les ignobles actualités du monde. J’y reviendrai dès lundi prochain, car la réaction déchaînée envahit les espaces médiatiques et à travers ce vecteur les temps de cerveaux disponibles. Il sera temps de repartir au turbin. Et puis il parait qu’un pape vient de mourir !

Ah si tout de même ! Juste un dernier mot en parlant de territoires occitans et de terroirs. Je ne voulais pas trop en parler mais j’ai fait l’objet de quelques attaques frontales de la part d’une certaine « intelligentsia industrieuse » à propos de mon billet d’il y a quelques semaines dans lequel je narrais ma joie de voir le chantier de la fameuse et inutile A69 enfin arrêté par une justice tout de même indépendante d’un pouvoir politique en totale roue libre à tous les niveaux. Joie et bonheur de mon point de vue de tarnais du sud une de mes autres appartenance occitane. Je n’ai pas envie d’en rajouter sur le sujet si ce n’est à dire aux furieuses et furieux fâcheuses autant que fâcheux que je me fiche de leurs vindictes imbéciles et rageuses. Et je n’en rajouterai point, car il n’y a aucune polémique à lancer quand il s’agit de mon opinion qui est celle du citoyen que je suis, inscrit depuis son enfance dans le territoire en question, à bon entendeur salut les choupinous du monde de la promotion du capitalisme consumériste et extractivistes, peut-être serait-il bon pour vous que l’on ouvre des écoles d’art du côté de Castres ? Ça vous décontracterait un peu !

Rien n’entamera ma félicité d’être où je suis à dessiner mon point de vue et discuter avec de supers ami·es artistes aux pieds de Justin et du Glandasse, comme le formidable Yves Bergeret [+] qui réside à Die, dont je vous ai déjà parlé dans d’anciennes chroniques et dont je vous reparlerai très bientôt à coup sûr, mais que vous pourrez retrouver régulièrement sur son blog WordPress: « Carnet de la langue-espace » [+].

Pour celles et ceux qui sont sur mon site web philippepitet.com vous retrouverez en illustration de cette Chronique du lundi 21 avril 2025, qui voit le chemin de nos vie continuer leurs cours, un extrait de mes nombreux carnets de dessins de la Drôme et de ses affluents. A diluns venent, addisiatz amigas e amics !

Photo de deux pages d'un carnet de dessin du bord de Dôme et de ses affluents, du plasticien Philippe Pitet - Carnet à spirale et petits carreaux dessins au stylo bille. Dans le cadre de travail "Aiga - La cartographie sensible de l'eau"
Dessins extraits d’un carnet des bords de Drôme et de ses affluents, dans le cadre de « Aiga – La cartographie sensible de l’eau ». Dessins au stylo bille dans carnet à spirale et petits carreaux – 2025

Audio diffusé la semaine du 21 avril 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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