26.05.2025 – Chronique du lundi
26 Mai 2025 § Poster un commentaire
Vu à la télé !
Le mois de mai tire vers sa fin. J’entends au dehors l’effervescence explosive et humide du printemps qui lui aussi entame ses dernières semaines avant de faire place aux lourdes chaleurs assommantes de l’été. C’est toujours d’ici, entre les rives de la Garonne et les berges du Canal du Midi, d’où je vous écris ami·es lectrices et lecteurs et vous parle chères auditrices et chers auditeurs. Bienvenue une nouvelle fois, sur les lignes de mon blog philippepitet.com ou sur les ondes et les électrons de la Radio FMR [+] de Toulouse.
Je me suis levé tard et je vous avoue être totalement hors-service aujourd’hui. Les allergies, la fatigue de trop d’activités dans tous les sens, l’âge qui commence à se faire bien sentir quand on se prend pour un jeune homme avec trois décennies de moins au compteur et le monde de Sapiens qui commence à me paraitre de plus en plus irrespirable. Alors tout de même, bienvenue sur ce billet de mauvaise humeur en ce lundi 26 mai 2025, un nouvel éditorial du temps qui passe sous mes yeux où je parle du monde depuis le continuum espace-temps de l’écriture de mes Chroniques du lundi. Un espace et une parole souvent énervée et souvent engagée face aux turpitudes du monde. Désolé, car même si à force d’écrire et de dire à l’antenne ces mots et ces paroles, on pourrait me croire éditorialiste, voire journaliste, je ne suis qu’un artiste. Je n’ai donc pas tous les codes du monde des médias qui nous racontent ces « storytelling » de la post-vérité sans jamais prendre un quelconque recul sur leurs effets délétères, et c’est une liberté que je revendique fort. Tout comme je revendique fort de ne pas trop m’étaler aujourd’hui dans ma prose hebdomadaire en restant évasif sur tout sauf sur ce qui m’énerve dans le moment en deux ou trois mots sur le monde de l’information et des médias. Ça tombe bien comme je vous le dis et redis souvent, je reste tout de même coprésident d’un média radiophonique indépendant.
Il faut que je sois très clair à ce point de ma chronique, je suis loin de vouloir véhiculer cette notion bien facile d’un plan machiavélique où l’on nous cacherait tout et on nous dirait rien. Bien au contraire nous avons assez de moyens d’informations sous nos mains, dans nos yeux et dans nos oreilles que ce serait stupide de prétendre cela. Pas non plus que j’essaye d’insinuer que les médias et surtout les journalistes qui les font vivre de leurs plumes comme on dit, participent à la grande désinformation du monde à travers un complot généralisé, il y a bien trop de divergences d’opinions qui s’y étalent au grand jour pour affirmer aussi cela.
Le soucis ne réside pas dans la censure, même s’il en existe et que le pouvoir coercitif du bloc bourgeois paraît être à son zénith toute voile dehors pour défendre les intérêts mortifères du capitalisme consumériste, extractiviste et belliqueux, s’attaquant avec violence à toute opposition partout dans le monde et plus précisément dans les sociétés dites démocratiques. Non c’est plutôt la proportion effrayante de médias, de journalistes et d’éditorialistes, bien au-delà des opinions conservatrices mais d’extrême-droite [+] qui tiennent le haut du pavé. Et même au sein du service public de l’information. C’est ainsi que par exemple on voit apparaître les différents services après-ventes de la réaction conservatrice mis en œuvre par les matinales de France Culture. Plages énormes d’informations qui sous prétexte de pluralisme, lance ad-nauseam des attaque à charge contre les nouvelles féministes, les anti colonialistes, les hommes déconstruits, le wokisme et j’en passe. Il y a peu, par le biais de cette triste histoire d’un rapport à tendance islamophobe [+] mis en avant dans toute l’éditocratie française, l’animateur des matins de France Culture ne fut pas en reste pour hurler avec les loups. À l’écouter attentivement étant coincé connement dans des embouteillages, je n’avais jamais encore remarqué à quel point il y avait ce vieux relent d’anticommunisme primaire d’un autre âge dans ses propos, comme une docte morale de classe… La classe des dominant·es évidemment !
Et là je vous parle d’une chaîne « modérée » du service public audiovisuel, mais lorsque l’on écoute les mêmes tranches d’heures sur France-Inter ou France-Info, ou quand on s’aventure à regarder la télévision de ce service dit public, on ne peut qu’être effaré par la propagande au service de l’ordre bourgeois qui y règne en maîtresse.
Un peu d’acuité intellectuelle suffit à se rendre compte de cette grotesque supercherie qui voudrait nous faire gober que ces médias du service public de l’audiovisuel auraient une ligne de gauche, voire très à gauche. Non, ils ne promeuvent pas une parole de « gauche », loin s’en faut on est bien loin du compte, même si la presse aux mains des milliardaires essaye de nous le faire croire, études orientées et partisanes à la manœuvre.
Le service public de l’information n’a même plus le goût du progrès social et environnemental. À l’écoute ou au visionnage de ces chaînes de télé et de radio ainsi que leurs fils sur le web, nous sommes plutôt ensevelis par un forcing de droite conservatrice et libérale. C’est bien triste pour nous, mais surtout pour elles et eux, car nous avons vraiment le sentiment que plus personne n’ose s’y rebeller de l’intérieur.
En fait, il faut aussi être clair sur le fait que tout est une affaire systémique, aujourd’hui le soucis vient structurellement des cursus de formations des journalistes et puis de leurs arrivées sur le marché de l’emploi des pigistes qui est détenu dans une écrasante majorité par des magnats de l’industrie et de la finance dans nos pays occidentaux, à part quelques ilots de services publics de l’information. On ne doit donc pas tellement s’étonner du traitement actuel de l’info et de la propagande qui y prospère. Ce n’est pas nouveau, je me souviens de ce que disais Ignacio Ramonet [+], ancien directeur du Monde Diplomatique [+], il y a presque 30 ans sur la possible « fin du journalisme », communication que l’on peut encore trouver dans un article de 1999 sur le site web d’Acrimed, intitulé justement : « La fin du journalisme » [+].
Grâce à Radio FMR, j’observe les convergences d’intérêts financiers et la paupérisation de la pensée dans les médias, depuis plus de 4 décennies, du haut de nos près de 45 ans d’existence radiophonique. Notre côté anarcho-punk nous a protégé de ces volontés qui nous auraient amenées vers la mise en œuvre à tout prix d’un média d’information avec une rédaction d’actualités centralisée, même si cela avait dû concerner uniquement les actualités artistiques. Nous opérons notre mission de communication sociale de proximité, tel que nous l’assigne notre autorisation d’émettre, en accompagnant les militances sur le terrain et en laissant le micro ouvert à toutes ces actrices et tous ces acteurs du monde social et culturel. Mais vous vous doutez que depuis le temps nous avons croisé beaucoup de journalistes. Nous en avons même eu parfois dans nos rangs, souvent pour des stages dans le cadre de leurs formations au journalisme.
À part quelque exceptions notables, à chaque fois nous avons constaté un large déficit de connaissance culturelle et surtout un formatage à l’aune de la presse du capital. Dans tout les cas il est rare de voir une remise en cause des enjeux de dominations bourgeoises. Et quand ça se conjugue avec la volonté de trouver la gloire à travers un scoop juteux, on ne peut que constater les prémices de graves dérives. Bref la situation actuelle n’est pas arrivée ex-nihilo elle est le résultat d’un manque d’éducation aux médias, voire d’une éducation nuisible autant que malsaine pour la conduite de ces dits médias. Un général manque d’esprit critique qui reste bien commode pour les tenant·es de la domination. L’acharnement contre le parti de gauche sociale démocrate porteur de quelques points de ruptures et en position d’arriver au pouvoir à travers un programme relativement clair et assez cohérent qui verrait la domination changer de camp est un exemple flagrant de tout ce que je viens de vous narrer ainsi que nous le dit l’article « Ce que nous dit l’acharnement médiatique contre LFI » [+] sur le site de l’Observatoire des médias Acrimed [+]. Un journalisme qui emprunte plus à une éditocratie flagorneuse du bloc bourgeois dominant et thuriféraire du capitalisme en place qu’à un contre-pouvoir.
Fort heureusement, dans cette guerre culturelle qui bat son plein au grand jour, je le répète il y a de quoi s’informer et prendre son avis sereinement sans être sous la coupe réglée du totalitarisme de la pensée d’extrême-droite qui domine les médias. Éteignez donc vos télé, tournez le bouton de vos tuner, changez d’URL et prenez les chemins de traverse. Une autre presse existe, sans tomber dans les écueils du complotisme, les griffes des platiste ou l’arbitraire des religions. Tiens rien que pour l’exemple et à rester sur le thème du journalisme et de la critique des médias, je vous donne deux pistes pour voir les choses autrement. La première est l’éditorial du 24 mai dernier d’Alizée Vincent dans « Arrêt sur images » [+], intitulé « Macron en colère : quand les médias adorent le courroux présidentiel » [+]. La seconde est le dernier épisode du magazine vidéo Rhinocéros d’Usul et Lumi intitulé : « Le Figaro, journal d’une bourgeoisie qui se radicalise » [+] sur la chaine Youtube de l’excellent média « Blast » [+].
Et puis s’il y a une jeune journaliste dont on peut apprécier le travail, c’est bien Salomé Saqué [+] que je vous laisse découvrir, si vous ne la connaissez pas déjà, dans cet entretien en Suisse sur cette autre chaine Youtube, du journal le Temps celle-ci, vidéo intitulée : « Résister au néofascisme, mode d’emploi avec Salomé Saqué » [+]. Un chouette moment a visionner quand il s’agit de définir ce qu’est la déontologie et l’honnêteté journalistique.
Aujourd’hui, j’aurais pu vous parler d’autres choses qui fâchent comme cette guerre génocidaire immonde au Levant menée par une équipe de bouchers sanguinaires. C’est tellement monstrueux que je n’ai pas plus à dire que la semaine dernière.
J’aurais aussi pu vous parler d’art et d’art contemporain. Il y avait beaucoup à dire sur le sujet. Mais comme je suis très énervé je préfère passer mon tour. J’y reviendrai la semaine prochaine avec un peu de recul salutaire. Je préfère partir boire une boisson rafraîchissante ou quelque chose approchant avec ma chère et tendre Thérèse [+] avant de partir enregistrer ces mots dans un micros afin que vous puissiez les écouter sur les ondes. En parlant d’écoute et d’enregistrement je vous prie de bien vouloir excuser la qualité de l’enregistrement de la semaine dernière. Mais quelques intempéries m’avait fait passer par un téléphone pour un enregistrement pas très stable. Il sera mieux aujourd’hui… Enfin je l’espère !
Comme je me suis lâché sur les médias et le journalisme, pour celles et ceux qui sont en fin de lecture de ce billet du jour sur mon site philippepitet.com, je ne pouvais faire autrement que de l’illustrer d’un de mes travaux graphiques fort à propos, que vous avez déjà vu dans une ancienne Chronique du lundi. Il s’agit encore d’un extrait de tout ce travail qui me voyait interroger les utopies graphiques tout au long de l’année 2018 à raison d’un dessin et d’un slogan par semaine, série sortie sous le titre : « Slow Gangs die Symphonie der relativen Utopien ». Belle dernière semaine de mai, a diluns venent, addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 25 mai 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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