25.08.2025 – Chronique du lundi

25 août 2025 § Poster un commentaire

La règle du jeu

Chères et chers ami·es, lectrices comme lecteurs sur mon site web philippepitet.com, auditrices comme auditeurs sur les ondes et les électrons de ma très chère Radio FMR [+], nous voilà donc au dernier épisode estival de mes éditoriaux du temps qui passe sous mes yeux pour cette 5e saison de mes Chroniques du lundi. Nous sommes lundi 25 août 2025 à peu près vers 6h du matin, pour ne pas être précis, l’heure où j’en commence la rédaction. Je vous y souhaite une sincère bienvenue.

La chaleur épouvantable d’une canicule hors norme du début de ce mois d’août a fini par s’évacuer sous d’autres cieux, comme le fut celle de la fin juin début juillet. La nature a durement été touchée. Ce n’est que le début de ce qui nous attend si nous ne reprenons pas le dessus sur le capitalisme consumériste, extractiviste et nationaliste qui gouverne le monde à travers ses oligarchies mortifères. Les températures de la nuit sont redevenues fort heureusement plus clémentes sur les bords de la Garonne et partout ailleurs dans les territoires où l’occitan fut la langue et où à présent le grand remplacement français a commis son œuvre destructrice sur nos racines, nous pauvresses et pauvres gens du Sud mâcheuses et mâcheurs d’ail autant que broyeuses et broyeurs d’oignons tel que la discrimination ordinaire française a toujours aimé colporter.

Ce fameux français qui porte une mythologie nationaliste autour d’une langue pure [+], ce fameux français vient de perdre son statut de langue officielle au Niger, au Mali et au Burkina-Fasso, ces dernières années [+]. Il me semble que cela a suscité peu de réaction dans la presse française, à part d’y voir une perte d’influence [+] de l’ancienne puissance coloniale au Sahel.

Il y a deux jours Thérèse [+] et moi avons remonté le cours de la Garonne à la recherche d’un peu de fraîcheur dans les hauteurs du Comminge. En fait nous avions repéré un petit musée qui parle d’eau aux abords de ce chouette village nommé Mauléon-Barousse [+], à la limite entre les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne. La montagne, les nuages, l’eau, la nature à sa frontière ténue entre celle qui reste à l’état sauvage et celle qui porte les empreintes de Sapiens, la mémoire de ces mêmes Sapiens, tous ces sujets qui façonnent nos travaux plastiques et visuels respectifs autant que communs. Pour tout cela, nous voulions visiter les captages de l’eau en moyenne montagne pyrénéenne, hélas malgré notre inscription nous n’étions que deux pour la courte randonnée-visite, le minimum d’inscriptions afin que cette dernière ait lieu étant cinq, le musée nous avait prévenu de son annulation très gentiment la veille. Nous sommes tout de même montés vers ces superbes espaces aux pieds des Pyrénées, nous avons découvert de délicieux endroits le long de l’Ourse [+], petite rivière tumultueuse de cette vallée. Hélas, malgré cette douce sérénité et quiétude, nous avons constaté une végétation marquée au fer rouge par la canicule il y a quelques jours. Même en moyenne montagne, même sur les versants nord du massif, les essences de saules, d’aulnes, d’hêtres, de chênes, de petits noisetiers ou autres genévriers, de frênes, tous ces arbres à feuillages caduques étaient aussi jaunes et rouges qu’à l’automne, même les conifères avaient cramés en partie. Tous avaient souffert des records de chaleurs récents. Évidemment ce ne sont que des stigmates, la montagne n’a pas encore péri, elle tient bon, mais jusqu’à quand ?

Pour revenir au propos du départ et de la langue que l’on dit de Molière et le rapport que j’entretiens avec elle malgré moi, soyons clair, j’étais parti pour vous en parler un peu, car cela avait à voir avec avec ce très attachant petit musée : La Maison des sources [+] de Mauléon-Barousse, éco-musée d’histoire locale et de l’eau. En effet sans faire la visite des captations de l’eau vers les sources, nous avons visité ses expositions permanentes et temporaires. Évidemment rien qui soit du domaine des arts plastiques ou visuels… Qu’ils soient contemporains ou autres !
Non juste des installations très pédagogiques de notre rapport avec la nature et notre histoire dans celle-ci, en passant par l’eau : source de vie. Des efforts qui sont très louables dans un monde où tout n’est que rapports mercantiles.
Mais ce qui me ramène à la langue, est qu’à l’accueil de ce très petit musée se trouvait une exposition de quelques panneaux autour de la langue occitane. En plein cœur d’un territoire qui est sensé avoir cette langue comme langue maternelle, nous voilà rendus à contempler des panneaux pédagogiques qui nous expliquent ce qu’elle est, presque pour s’excuser qu’elle existe et qu’elle eut existé un temps flamboyant de notre histoire. Tout ceci m’a fait penser à ce super documentaire réalisé il y a quelques années par l’Institut occitan de l’Aveyron [+] intitulé : « La lenga defenduda » [+], diffusé sur la chaine YouTube [+] de cet institut. Ainsi à travers cette langue perdue remontent à ma mémoire quelques élégies dans la douceur revenue l’été. Mais c’est peut-être cela la règle du jeu en histoire : juste la loi du plus fort et du plus brutal, tristesse !

Pour changer de sujet, de partout en cette fin de saison estivale, fleurissent les universités d’été des partis politiques en France en prémices de la rentrée sociale qui s’annonce ad minima chaude. Évidemment tel l’immuable marronnier depuis des années, nous avons eu droit à la polémique habituelle autour de l’université d’été des Insoumis, les fameuses AMFIS [+] du côté de Valence dans la Drôme. À commencer par la non accréditation – j’insiste sur le terme, car il n’a pas été exclu -, d’un journaliste de gauche molle, foncièrement anti LFI et qui a co-écrit un livre à charge [+] sur ce mouvement de gauche loin d’être si radical, mais qui porte en lui les germes salutaires de rupture avec le monde capitaliste qui nous mène droit dans le mur.
On oublie de se souvenir de tous ces journalistes qui furent exclus pour moins que cela des petits papiers de la droite allant de son extrême jusqu’à sa gauche. À commencer par ce meeting de campagne du Président de la République actuel en 2022 dont l’entrée fut interdite aux journaliste de « Reporterre » [+]. On se souvient aussi de tous ces partis politiques du fameux « arc républicain » qui entravaient le travail des journaliste en les molestant lors de meetings politiques [+]. Et je ne parle pas de la fameuse cheffe de file blonde décolorée d’extrême-droite et ses sbires qui se donnent le droit de choisir les journalistes [+] lors de leurs rencontres. N’oublions pas non plus la journaliste Zineb El Rhazaoui [+], à qui la présidente à tendance droite dure de la région Île-de-France avait retiré le prix Simone Veil [+] il y a peu et qui fut vilipendée par toutes et tous ses confrères pour des position en faveur de Gaza. Gaza où les journalistes palestiniens se font massacrer sans trop d’empathie de la part de leurs confrères occidentaux. Comme d’habitude dans le monde de l’éditocratie le fameux « deux poids, deux mesures » reste de mise.

Sinon j’ai regardé in-extenso le discours fleuve [+] et parfois roboratif de Jean-Luc Mélenchon qui clôturait ces journées pendant plus de deux heures. Il est évident que je suis loin d’être d’accord sur pas mal de ses points de vues, malgré ses analyses impeccables autant qu’implacables la plupart du temps. Ne serait-ce que sa vision assez nationaliste, un peu jacobine, et son aversion pour l’Outre-Rhin ne sont pas ma tasse de thé, loin s’en faut. Mais là aussi, et encore une fois c’est de la gauche de droite que viennent les Scuds, sur la base d’interprétations à propos du conflit qui fait rage en Ukraine. J’avoue que j’ai vu et revu ces passages, et rien, mais alors rien du tout, ne permet de dire que le tribun de gauche roule pour le dictateur russe, comme depuis toujours d’ailleurs.
Il semble évident que la stratégie autour de vrais propositions programmatiques font de plus en plus peur au bloc bourgeois français au fur et à mesure que cette force politique s’approche du pouvoir ainsi que l’analysait il y a peu Frédéric Lordon [+] dans l’émission « Le plan Bayrou, c’est le truc de trop et l’occasion ou jamais d’en finir », sur Blast [+], un entretien mené par l’excellent journaliste Sébastien Fontenelle [+], dont on peut en trouver un extrait sur le canal « À gauche » [+] toujours sur YouTube.

Voilà c’était mon petit moment politique, malgré mes vacances éditoriales. Comme je vous le disais en introduction, c’était d’ailleurs mon dernier billet de la saison 2024-2025. La semaine prochaine commencera une nouvelle saison avec un format un peu renouvelé, tout du moins je l’espère. En attendant la rentrée, on n’oubliera pas que le combat continue et je me dis vivement le 10 septembre qui arrive. Mais nous en reparlerons ensemble dès ma chronique de rentrée !

Et pour finir, il y a des matins où l’empathie prend le dessus, voici quelques jours déjà, nous avons reçu à Radio FMR [+] la lettre d’une mère d’une enfant en situation de handicap qui demandait de faire écho à ses difficultés rencontrées face à une administration sans moyens et en déshérence budgétaire :
« Nous sommes les parents d’enfants notifiés à l’école Angela Davis de Ramonville : Amélia et Ilyana Cathala, Aryann Bratières, Roqaya Hatchi et Jules Viala.
La maman qui vous écrit est la maman de Roqaya qui va avoir 7 ans et se trouve pour la rentrée sans AESH individuelle. 
Sans cela ma fille est dans l’incapacité d’aller à l’école et d’apprendre dans de bonnes conditions. 
Cela fait la 3e fois que je me retrouve à devoir me battre pour cela. 
Je travaille à temps partiel et en même temps je fais l’IEF à ma fille car elle va peu à l’école. 
Sur le reste du temps ma fille est en séance avec différents thérapeutes (orthophoniste, psychomotricienne, psycho éducatrice et équitherapie) . 
Sans l’aide des médias on passera encore sous silence. 
J’ai jusqu’à présent mené tant de combats silencieusement. 
Je suis épuisée par tous cela. Ma fille est loin d’être un cas unique dans son école malheureusement. 
Il y a également des jumelles mal voyantes qui se sont vu retiré l’une des seules AESH formé à la lecture du braille. »

Je vous laisse méditer sur ces mots d’un désespoir réel proche de nous, et que nous devons relayer en tant que média de communication sociale de proximité si je me place du point de vus de la radio où vous entendez ces dits mots. Si vous les lisez sur le blog de mon site web philippepitet.com, non seulement vous aurez tous les liens vers les sources de mes élucubrations éditoriales, mais je vous laisse aussi avec une dernière image (pour l’instant !) de mon carnet de dessins « Montagnes #1 ». Montanhas en occitan, vos desiri una darrièra polida setmana d’agost, vos balhi rendètz-vos tre diluns venent, addisiatz amigas e amics.

Photo du ciquième dessin du carnet de dessins "Montagnes" de l'artiste plasticien Philippe Pitet - Stylo bille sur papier à grain 180 grammes. Année 2025.
Photo du carnet de dessins « Montagnes #1 » (dessin n. 5). Stylo-bille noir sur papier à grain 180g – 2025

Audio diffusé la semaine du 25 août 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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