08.12.2025 – Chronique du lundi
8 décembre 2025 § Poster un commentaire
Lendemain de fête !
Amies et amis de mes Chroniques du lundi, une fois n’est pas coutume j’ai commencé la rédaction de cette présent Chronique du lundi 8 décembre 2025 la vieille de sa publication, c’est à dire le 7 décembre. Mais quoiqu’il en soit je la terminerai le jour dit c’est à dire ce lundi, petit miracles du continuum espace temps dans lequel s’inscrivent ces dites chroniques. Et dans tous les cas ce qui ne m’empêche pas de vous y souhaiter la bienvenue.
Si j’ai commencé à rédiger ce weekend passé les lignes de ces mots que vous lisez sur le blog de mon site web philippepitet.com ou que vous écoutez sur les ondes ou les électrons de la Radio FMR [+] de Toulouse, c’est parce que je sais que ce 2e lundi de ce mois de décembre 2025, j’aurais peu de temps à consacrer à ce présent opus des éditoriaux du temps qui passe sous mes yeux. Une chronique qui sera très courte, surtout par rapport à la précédente où je fus assez prolixe, je l’avoue.
Du coup j’ai profité d’un dimanche après-midi qui me laissa quelque peu de temps de réflexion derrière le stand de l’Atelier TA [+] à Lieu-Commun – artist run space [+] qui nous a accueilli pendant deux jours pour diffuser les productions de quelques artistes résident·es et associé·es de TA, lors du grand marché de Noël des lieux d’artistes de Bonnefoy à Toulouse. Alors que l’atelier lui même s’était transformé en grande fête foraine avec la complicité de nos voisin·es du Collectif IPN [+], pour marquer le coup de la 7e édition de cette formidable manifestation annuelle.
Une édition qui sera sûrement la dernière, tout du moins sous cette forme, car bien tristement, ce formidable espace d’art qu’est Lieu-Commun et qui a animé la création contemporaine toulousaine pendant deux décennies fermera ses portes à la fin de l’année 2026. De nouvelles aventures vont peut-être animer l’équipe de cet artist run space ailleurs, dans d’autres lieux, avec d’autres moyens, surtout avec d’autres compagnons de route, un nouveau départ que je leur souhaite plus que sincèrement joyeux et constructif.
D’ailleurs, voilà plusieurs mois un projet extrêmement intéressant pour l’écosystème vacillant des arts visuels et plastiques toulousain, à vu le jour. Un projet qui est piloté par plusieurs structures, dont Lieu-Commun, sous le nom de FLIRT [+], acronyme de Fabrique du Lieu Idéal Rencontres du Territoire. FLIRT se propose de réfléchir aux modalités de création d’un lieu culturel, une fabrique d’un Lieu Idéal à facettes multiples sur la métropole toulousaine. Outre Lieu-Commun, artist run space trois autres structures pilotent donc actuellement cette réflexion : Air de Midi, réseau art contemporain en Occitanie [+], la Maison de l’Architecture Occitanie – Pyrénées [+] et le Nouveaux Printemps – Festival de création contemporaine [+] . C’est une belle volonté de ne pas baisser les bras face au manque de répondant des collectivités locales, de l’état et de leurs élu·es. Même si malheureusement l’art est sorti du champs du débat public et n’intéresse plus celles et ceux qui sont sensées représenter notre pauvre République Française en train de pourrir par sa tête et obnubilée par les questions sécuritaires ou migratoires, dont tout le monde se fiche face à la dureté actuelle de la vie pour beaucoup de citoyennes et citoyens de nos sociétés trop longtemps shootées à la consommation.
Hélas pour nous, les élu·es qui ont tendance à représenter bien plus les classes dominantes que les autres, l’art, loin du divertissement de masse, est dangereux car il fait réfléchir et ouvre les consciences. Ce qui, vous vous en doutez, est loin d’être l’intérêt des oligarchies et des blocs bourgeois s’ils veulent continuer à diriger le monde à travers son personnel politique, dont l’ultime et actuelle lubie est de nous mener à la guerre, dernière et imparable condition mortifère pour sauver le capitalisme et le profit de quelques happy few sur la planète. Comme l’avait dit en son temps Anatole France [+] dans l’Humanité [+] du 18 juillet 1922 : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels » [+].
Pour manipuler les consciences et l’opinion, le pouvoir bourgeois peut compter sur ses deux piliers : ses forces de l’ordre brutales et sa presse d’accompagnement. Le premier pilier est définitivement absout de tout soupçons par la justice de classe et peut tranquillement tabasser, mutiler et même tuer en toute impunité. Le traitement scandaleux de l’affaire autour de la répression [+] des manifestations de Sainte Soline est bien là pour nous le confirmer, entre manifestant·es pacifiques aussi lourdement blessé·es que condamné·es [+] et policiers enragés dégagés [+] de toute charges contre eux. Le second pilier, cette presse qui tente de convaincre les citoyen·nes du bien-fondé d’une société de classe dominée par un ordre fasciste à la botte d’une caste de milliardaires triomphantes autant que triomphants dans leur nullité intellectuelle crasse [+], cette presse d’accompagnement aboie ses injonctions à longueur d’ondes et de journées sans aucune réaction des instances de régulation, comme l’ARCOM [+]. Le pire, et je le dis assez souvent dans mes billets hebdomadaires est bien que le service public de l’information a rejoint cette presse d’accompagnement dans les poubelles de la propagande. Heureusement nous reste-t-il encore des médias libres et indépendants, grâce au net et au web, quelques bastions de la presse écrite et imprimée, ou aux encore pour quelques temps sur les ondes FM analogiques comme numériques. Mais leurs économies sont fragiles et bien souvent vacillantes. Elles ont du mal à résister au rouleau compresseur de la propagande
Pas plus tard que ces dernières semaines les différences de traitement à propos d’agressions physiques sur des hommes politiques connus sont un exemple de ce raz de marée d’informations tendancieuses. Entre un Aymeric Caron agressé violemment [+] par un crétin aux idées d’extrême-droite mais sans aucun écho dans la presse dominante, et un Bardella enfariné par un lycéen ou qui reçoit un œuf sur la tête lancé par un retraité, qui ont fait les choux gras de l’indignation journalistique [+]. Alors que pour le premier de ces faits divers politiques une vague d’indignation médiatique aurait dû s’élever et que pour l’affaire pâtissière tous les éditorialistes qui auraient un minimum de conscience et d’honnêteté devraient honorer ces deux personnes comme de véritables résistants face à l’horreur totalitaire fascisante qui monte, plutôt que d’applaudir à une rééducation pour l’un ou une punition pour l’autre.
Fort heureusement les faits sont têtus et le principe de réalité, à défaut de vérité, même justement dans ce monde de post-vérité, nous ramène à la vrai vie. Cela transparaît clairement à travers l’affaire de cette commission parlementaire [+] voulue par des crétins autant que crétines thuriféraire d’une droite française, obsédée par des fantasmes civilisationnels et mue par une islamophobie maladive qui pour finir a du mal à cacher son racisme systémique. Une commission parlementaire qui voulait prouver l’existence de liens entre les mouvances islamistes et les partis de l’extrême-gauche, pour ne pas citer LFI. Et là en deux secondes d’auditions qui virent au ridicule, la réalité explose à la figure de la fiction obsessionnelle d’un narratif maladif de droite extrême. Deux faits incontestables et incontournables nous ramènent les pieds sur Terre, premièrement on ne sait pas définir les contours de cette fameuse mouvance islamiste et deuxièmement La France Insoumise n’est pas un mouvement d’extrême-gauche et encore moins d’ultra-gauche. Deux interventions ont marquées cette commission. La première de ces auditions marquantes fut celle du directeur du DRPP (acronyme de Direction du Renseignement de la Préfecture de Police), qui a confirmé qu’il n’existait aucune relation entre les mouvements radicaux de l’islam politique et les mouvements d’extrême-gauche et encore moins avec LFI, mais que par-contre ces relations entre islamistes et extrême-droite existent bel et bien. Il faut lire le compte rendu de réunion numéro 16 [+] de cette commission parlementaire et surtout les deux dernières questions qui répondent clairement. Et puis il y a eu cette audition magistrale de Jean-Luc Mélenchon dont on peut trouver l’enregistrement complet sur la chaîne YouTube de l’Assemblée Nationale [+]. C’est, je l’avoue assez jouissif et de haut niveau. On pourra penser ce que l’on voudra de cet homme de conviction qui s’inscrit définitivement dans le lignée des grands tribuns de gauche tel Jean Jaurès , mais on aura bien vu à cette occasion à quel point il pouvait survoler les débats. Une intervention qui a mis toute la presse de la propagande majoritaire en PLS. Il défonce tout le monde crève les baudruches gonflées par l’éditocratie qui va avoir du mal à s’en remettre. Mais ne crions pas victoire, tout ce petit monde saura bien vite créer de nouveaux contrefeux afin d’embrouiller l’opinion.
J’ai commencé ce billet du jour en vous narrant des actions menées par des artistes de terrain. L’art est un monde complexe, pas plus tard qu’aujourd’hui je vais me réunir avec d’autres artistes-auteur·ices, ainsi que des travailleurs et travailleuses de l’art, dans le cadre d’une AG du large collectif Travailleureuses de l’art 31 [+], afin de continuer à réfléchir sur nos conditions de précarités multiples et de trouver des solutions pérennes à nos nombreuses problématiques de lumpenprolétariat du peuple de l’art. Et dans le même temps on sait à quel point la spéculation du marché de l’art est le parangon du pire capitalisme. Ainsi que nous l’explique le média en ligne indépendant « The Conversation » dans un article intitulé : « Les œuvres d’art, cibles de choix pour le crime organisé ? » [+], à propos du blanchiment d’argent sale à travers la spéculation autour des œuvres d’art.
D’ailleurs, loin de ces spéculations délétères organisées par le capital et toutes ses ramifications mafieuses autour des œuvres de l’esprit que sont les travaux artistiques, le weekend prochain, dimanche 14 décembre, à la Bourse du travail de Toulouse, il y aura la 3ᵉ édition du Marché de Créateurs et créatrice militant·es. Comme j’en suis sûr à plein d’autres endroits de la Ville rose, tout comme en France et de par le monde tout au long de ce mois de décembre 2025 d’autres marchés d’art se tiennent. Mais particulièrement ce jour là au cœur de cette Bourse du travail sise place Saint Sernin de la Cité mondine, ce marché engagé et chaleureux se déroulera dans le cadre d’un événement contre-culturel et populaire : musique, repas partagé, boissons chaudes et art, tout un programme organisé par les syndicats SNEAD_CGT [+] et SNAP-CGT [+], même si j’avoue être bien plus proche de cet autre formidable syndicat qu’est le STAA CNT-SO [+], dans tous les cas, j’y serai sûrement avec ma chère et tendre Thérèse [+], ainsi quelques ami·es de l’Atelier TA, pour présenter nos travaux que le public pourra acquérir contre de modestes sommes, adaptées à la crise qui nous submerge.
Ainsi malgré les infâmes turpitudes du monde, l’art reste un bel outil d’interrogation, d’intelligence et de réflexion de lutte contre toutes les formes de violences et de dominations, contre les oppressions et les oppresseurs tout comme contre toute forme de guerre mortifère, il est loin d’avoir dit son dernier mot.
Voilà je vous quitte pour aujourd’hui. Pour les auditrices et auditeurs de ma très chère Radio FMR [+] de Toulouse, je vous laisse avec quelques fonds de bruits de quelques installations de mon cru, pour celles et ceux qui me lisent sur mon site web philippepitet.com je vous laisse avec d’autres paysages de montagnes tout droit sortis de mes carnets de dessins au stylos billes autour de cette frontière sauvage que sont les cimes de moins en moins enneigées.
Je vous souhaite une belle semaine de décembre loin des sirènes de la consommation de masse et vous dis comme à l’habitude : a diluns venent, addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 8 décembre 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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