05.06.2023 – Chronique du lundi

5 juin 2023 § 2 Commentaires

Tout cela sans boire la tasse !

Amies et amis internautes assidu·e·s ou non de mes Chroniques du lundi, vous qui me suivez sans en laisser une miette, ou alors parfois souvent ou tout simplement souvent parfois, voire seulement épisodiquement… Qu’importe cela ne changera rien au fait qu’il est à peu près 5h25 du matin du 5 juin 2023 à l’instant où je commence à composer ce nouvel épisode de mes billets hebdomadaires. Et pour tout vous dire j’ai grand plaisir à vous retrouver entre mes mots. Je reprends aujourd’hui mon traditionnel rythme d’écriture qui veut que je commence ma narration tôt au réveil pour la faire courir le long du lundi avant de vous la livrer dans la soirée de ce même jour. Sûrement celle-ci sera construite ainsi, et quoiqu’il en advienne je vous souhaite une cordiale bienvenue dans cette première chronique de juin 2023.

Alors vous aurez vu que la précédente chronique n’en était pas une, tellement elle fut embryonnaire. Quelques faibles lignes pour vous dire que je n’avais point le temps de m’entretenir avec vous. Mes activités de voyageur à ce moment précis de mon temps passé entraient trop fortement en conflit avec mes activités éditoriales. Il en a résulté la plus courte Chronique du lundi de l’histoire de ces dernières.
Je pensais avoir battu le record de brièveté voilà quelques semaines. Je me suis surpassé la semaine dernière. Ce qui après tout ne veut pas dire que je serai plus prolixe cette semaine… Ce qui aussi ne doit pas vous rassurer quant aux moments des continuums espaces-temps respectifs que nous allons passer ensemble, je le sens bien.

Quoique, je discutais jeudi dernier de vive voix de cette brièveté de mes dernières chroniques avec un fidèle lecteur qui suit tous les lundis ces observations du temps qui passe sous mes yeux. Nous étions à Saint-Aubin loin des prémices des mondanités qui étaient de mise ce soir là vers le quartier Saint Cyprien de Toulouse dans le cadre du festival de la création contemporaine « le Nouveau Printemps » [+]. Nous étions à l’ombre de cette bizarre église inachevée du 19e siècle toulousain et consacrée à un saint normand promoteur, peu de temps après à la chute de l’empire d’Occident, des conciles francs d’Orléans… Petite hérésie en terre wisigothe il me semble !
Nous étions là à l’occasion de la présentation dans un lieu atypique de cette place Saint Aubin à Toulouse, d’un travail photographique formidable que cet assidu lecteur des mes billets hebdomadaires mène actuellement. Un travail photographique qui parle de cette singulière poésie de la vie des objets tout autant que des objets de la vie au fond des bacs de marchés aux puces. Jacques Barbier [+], puisque c’est le nom dudit fidèle lecteur, trouvait que j’avais fort raison de lâcher prise et parfois d’opérer des breaks faits de sessions courtes dans ces Chroniques du lundi.

Comme Jacques est quelqu’un que je trouve merveilleux autant que formidable et génial et que cela m’est allé droit au cœur de le savoir être un de mes assidus lecteurs, peut-être aujourd’hui encore resterai-je dans le léger et le court… Je vais donc partir petit-déjeuner et vaquer à quelques occupations distractives ou même studieuses, réfléchir à tout cela avant de revenir vous rejoindre entre mes lignes.

De retour au clavier, puisque je rédige ainsi ayant cédé aux chant des sirènes numériques, il me semble tout de même que j’ai un peu de temps ce lundi, et je vous y entretiendrai de deux ou trois choses qui trottent dans mon cerveau perturbé par tant de crétinerie ambiante. Et de cette hypocrisie du pouvoir en France qui nous interroge et face à laquelle on se demande jusqu’où pourront-ils aller [+] ?

Surtout des forfaitures et de l’arrogance élyséennes appuyées par son gouvernement et sa majorité de droite quant il s’agit de s’attaquer à tous les droits des travailleuses et des travailleurs. Quand il s’agit en fait de saccager toutes les protections sociales en France, de la retraite et de l’emploi, puis de taper à outrance sur la couenne des plus démuni·e·s qui finissent justement par ne plus en avoir sur les os.

À travers ce grand feuilleton qui continue en plein délire autour de la contre-réforme des retraites de ce pays. Contre-réforme des plus injuste et des plus inutiles sauf pour le profit du bloc bourgeois, il faut encore le rappeler [+], n’en déplaise aux économistes foireux.
À travers toutes ces turpitudes à tendance anti-démocratique, Il y a eu un vote à l’Assemblée Nationale la semaine dernière bien symptomatique de cette volonté d’écraser les plus précaires sur une proposition qui a reconnu une plus que très large majorité dans l’hémicycle où se votent les lois françaises, puisqu’il s’avère que toute la droite, des macronistes jusqu’au fascistes, s’est liguée pour voter l’augmentation [+] de 3,5 % des loyers locatifs commerciaux en pleine crise du pouvoir d’achat
Or donc, on remarquera une nouvelle fois ici que le FN/RN reste ce qu’il est : une option de gouvernance pour le bloc bourgeois et les plus riches.

Alors bien sûr pour celles et ceux qui voient clair où se situe cet avatar totalitaire de la grande bourgeoisie, cela se sait et se voit. Sauf qu’acculée dans les cordes par les réalités d’une planète finie qui ne peut pas donner plus que ce qu’elle donne et que l’on exploite jusqu’à notre mort programmée malgré nous, la gouvernance du capitalisme en France se verrait bien passer par les mains de la candidate peroxydée et de ses affidés bas du front aux prochaines élections. Ces derniers ne sont que des pions pour le bien-être de cette bourgeoisie triomphante, ils préfèreront écraser le bas peuple plutôt que de faire perdre les privilèges aux classes dirigeantes.
Surtout quand on sait que le pouvoir politique en place pourrait vaciller et se mettre en tête de faire des concessions à la transition écologique, heureusement pour cette classe fortunée, le pouvoir macroniste s’est repris en main et essaye de rétropédaler benoitement sur le sujet [+], tout en continuant de reprendre une à une toutes les idées de l’extrême-droite.

Ce qui est toujours inquiétant c’est bien le manque de clairvoyance populaire dans maintes de nos campagnes et zones dites périphérique engluées dans la peur du lendemain. Ainsi grâce à un discours démagogique et mensonger que le RN distille sur le terrain dans l’esprit des plus démuni·e·s les racines du mal sont bien solides à présent. Entre mes journées bien remplies la semaine dernière à donner des cours dans un institut de formation post bac dédié à la création audiovisuelle, j’écoutais la semaine dernière la série de reportage de l’émission « La Série Documentaire » [+] sur France-Culture à propos de la France de la ruralité, série intitulée « Le complexe rural », j’ai pris peur plus qu’à mon tour, même si cela ne m’a rien appris de plus que je ne savais, connaissant intiment le monde rural, en étant issu. Ce parti raciste, fasciste et totalitaire, occupe le terrain le plus souvent sans y rencontrer une quelconque opposition, il peut se permettre de mener d’ores et déjà le jeux des politiques publiques de plus en plus moisies dans l’Hexagone et les Outres-mers c’est à dire : lynchage de bouc-émissaires en offrande aux dieux du capitalisme, annihilation de toute pensée, exploitation de la planète à outrance, atomisation et neutralisation du peuple, totalitarisme consumériste, concentration des profits. Évidemment leurs alliés objectifs sont bien les faiseurs d’opinions que sont les médias dits « mainstream » qu’ils soient traditionnels et verticaux comme sociaux… heureusement la diversité permet de voir l’avenir autrement et bien moins sombre, peut-être nous reste-t-il l’Anarchie pour sauver la planète, ainsi qu’on peut le lire dans des chemins de traverses et buissonniers comme Frustration Magazine [+]

Comme je vous le disais en début de chronique, je viens et reviens entre les lignes de cette dernière. Un peu avant midi je me dis qu’il serait bien de parler d’art et plus de cette politique de comptoir à laquelle je m’adonne depuis ce matin. Mais après tout l’art est éminemment politique, que l’on écrive, que l’on compose, que l’on crée des formes ou de l’image. Quand on créée quoique l’on fasse, à condition que cela soit sérieux, il me semble qu’il y a toujours une dimension qui s’inscrit dans l’engagement. Même si l’on ne veut rester qu’au niveau de l’esthétique, l’étique est inéluctable. On peut le refuser, c’est un droit, mais toujours à mon sens : toute création de l’esprit s’inscrit dans le flux public des agoras de la cité. C’est pour cela que la palme d’or de l’hypocrisie revient à celle et ceux qui ont critiqué le maintenant fameux discours [+] de la cinéaste Justine Triet [+] palme d’or justement de cette année à Cannes pour son film « Anatomie d’une chute » [+]. Tout comme celles et ceux qui se sont lâché·e·s sans limite contre la Prix Nobel de littérature attribué à Annie Ernaux [+] l’an dernier, ou bien d’autres cas qui voudraient que l’artiste, le créateur autant que la créatrice la ferme quand il s’agit de donner une opinion, surtout à travers leur œuvre. Évidemment montrer des opinions bien consensuelles et limite conservatrices est relativement bien mieux vu et c’est plus souvent les « artistes » qui portent ces « valeurs » qui sont diffusés plutôt que les autres n’en déplaise au thuriféraires de la grande peur du « wokisme » et du grand remplacement !

Non, dans un pays qui se dit être un état de droit, la politique publique de l’art et de la création n’est pas une politique publique de la propagande en faveur du pouvoir en place. Dans ce cadre là, il n’existe pas d’artiste qui morde la main de celui ou celle qui le nourrit !
Les subsides publics distillés pour la création n’appartiennent pas à ce pouvoir du moment. Ils appartiennent à la nation et à la communauté. Ce sont des biens publics que seuls l’impôt finance. L’artiste ne doit rien si ce n’est que de créer selon sa pratique.

C’est pareil et pire quand il s’agit de subsides artistiques venant des collectivités locales, je vais un peu tirer deux ou trois coup de cannons à propos de la ville rose et à peu de frais… Vu qu’évidemment les conseilleurs ne sont pas les payeurs comme on dit trivialement.
En effet si vous êtes toulousain·e vous n’êtes pas sans avoir vu le bas du faubourg Bonnefoy, ce quartier central et rare vestige ouvrier de la Cité Mondine se faire défoncer à coup de bulldozers.
Un temps mémoire d’un passé prolétaire de la ville, entre entrepôts, petites unités de productions diverses, connectés au canal du midi par le quai des minimes, ce quartier aurait pu être réaménagé sans la rapacité de la promotion immobilière, avec un vrai projet d’urbanisme populaire.

Hélas rien n’est fait comme il devrait du point de vue de la raison. Évidemment la spéculation capitaliste a pris le pas sur le bien commun. Plongeant toute la population locale dans un légitime mécontentement. Cerise sur le gâteau des expérimentations sociales ont été mises en place à la va vite comme dans un mauvais scénario qui n’aurait pour objet que le blanchiment d’une sale opération. Autre cerise sur le gâteau, les structures d’artistes implantées depuis des décennies dans le quartier, comme l’Atelier TA [+] dans lequel je travaille ma pratique depuis des années, ont été mises à « contribution » dans un premier temps totalement à notre insu. Nous n’avions jamais été consultés pour mettre en place une quelconque procédure ou un plan qui permettrait d’intégrer nos activités réelles dans un processus local de réorientation du quartier. Nous avons été obligé de monter au créneau et de faire valoir notre point de vue. Fort heureusement nous avons pu nous en sortir sans être les grosses dindes ou les gros dindons de la farce… Évidemment en souquant ferme à contre-courant, mais aussi grâce à l’écoute de personnes encore intègres dans l’administration métropolitaine, et enfin avant tout à faire valoir avec force que les subsides publics ne pouvait servir qu’à un seul et unique objectif : pratiquer nos pratiques !
Bref cela nous a permis à la fin des fins de mettre en œuvre une expérimentation culturelle à forte dimension sociale dans le quartier sans passer par les fourches caudines de la spéculation immobilière qui est en train de tuer ce quartier populaire de Toulouse. Comme quoi la résistance et le combat artistique même à faible bruit et à niveau honnête peuvent parfois gagner sur le terrain.

Ce matin je suis revenu plusieurs fois dans la rédaction de l’exercice éditorial du jour. J’y reviens après 13h et je peux vous avouer que je ne continuerai point plus longtemps. Des occupations artistiques évidemment m’appellent. Et puis passer un peu de temps avec ma chère et tendre Thérèse [+] à boire au moins un café dans la douce quiétude de notre foyer toulousain.
En début de cette chronique du jour, j’ai parlé du « Nouveau Printemps » [+] festival de la création contemporaine au cœur de la Ville rose. Ce festival est en cours, et le weekend prochain dans son cadre, comme une poupée russe aura lieu une autre manifestation appelée « Sono Vision Festival » [+] au Théâtre Garonne [+] organisée par Lieu-Commun [+], Je me permets de faire un copié/collé pour vous présenter ce festival dans le festival : « Le Sono Vision Festival est un instantané subjectif d’une scène musicale toulousaine où les musicien·nes sont aussi artistes plasticiens·nes ». Je l’avais à peine effleuré la semaine dernière en vous montrant une vieille affiche du temps où j’essayais de faire un peu de musique amplifiée à la fin des seventies et au début des eighties, il y sera montré deux ou trois affiches que j’avais composées il y a 40 ans à présent !

Sinon cette semaine je vais repartir travailler à mes microbassine [+] dans ma résidence de création Utoparc [+] à Lahage. Vous l’aurez compris cette installation en plein champ questionne plus qu’un peu ces autres bassines agricole, que sont les aberrantes mégabassines[+], il sera bientôt temps que je vous en fasse la réclame des micros, pas des mégas !
Mais en attendant je cherche des bassines et récipients métalliques de récupération pour compléter mon installation, si vous avez cela en réserve n’hésitez pas à m’en faire part… Voilà, je vous laisse, je ne publie cette chronique que maintenant alors qu’il est 17h passées de quelques minutes ce lundi 5 juin 2023. Je vous souhaite une belle semaine de fin de printemps et vous donne rendez-vous dans une semaine, même endroit, même temporalité… Addisiatz.

Photo d'un t-shirt avec slogan décalé "Imagerie de Combat" créé lors d'un workshop de Philippe Pitet plasticien en compganie de Combustible Numérique, avec des enfants de 9 à 12 ans
T-Shirt Slogan « Imagerie de combat » imprimé dans le cadre d’ateliers de création avec des enfants de 9 à 12 ans avec Combustible Numérique – Avril 2023

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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