12.06.2023 – Chronique du lundi

12 juin 2023 § Poster un commentaire

Le prix Nobel d’économie n’a jamais existé…

Chères et chers ami·e·s, nous sommes aujourd’hui le 12 juin 2023. Enfin je ne sais pas pour vous, mais en tout cas je commence l’assemblage et la rédaction finale de la présente Chronique du lundi ce 12 juin de l’an de grâce 2023 vers 5h dans la douce fraîcheur d’une fin de printemps qui aura vu de la pluie dans les régions où j’ai vécu ce laps de temps depuis avril, mais toujours pas assez pour rassasier notre Terre exsangue. C’est sur cette triste constatation que je vous souhaite une bienveillante bienvenue dans ces mots.

Aujourd’hui ne serai pas long, ayant une journée bien occupée à essayer de distiller mon savoir d’artiste à des jeunes gens qui se destinent à des carrières dans l’audiovisuel créatif ou dans la musique. Me voilà donc face à cinq derniers jours de vastes sujets à traiter avant de repartir dans ma résidence de création quasi agricole dans ces belles collines qui surplombent la vallée de la Garonne dans le Sud Muretain à l’ombre de la chaîne de nos majestueuses Pyrénées.
Je vais donc être bref, et vous entretenir des deux ou trois trucs qui me passent dans la tête ce matin.
Seulement deux ou trois, ce qui tombe très bien car je ne suis absolument pas inspiré par quoique ce soit en ce moment. Mon cerveau étant totalement mobilisé dans mes créations du moment. Et puis il y a un peu de cette mascarade politique qui se joue sous nos yeux en France qui va finir par me rendre presque atonal dans mes billets hebdomadaires.

Au moins il y a quelques rares bonnes nouvelles qui nous arrivent sur nos téléscripteurs comme on dit. En effet après avoir bombé inutilement le torse en essayant de criminaliser à outrance les résistances légitimes de militants écologistes qui luttent pour la survie de toutes et tous. Et après avoir placé en garde à vue quelques uns de ces militants lors d’un soi-disant coup de filet contre de dangereuses et dangereux terroristes vert·e·s, l’état à la solde de la société de consommation opère un beau rétropédalage, ainsi qu’on peut le lire ici en lien [+] sur « Reporterre ».
Pendant ce temps là l’extrême-droite continue à pérorer sans limite de violence ainsi qu’on a pu le voir en Loire-Atlantique du côté de Saint-Brevin les pins [+]. Et en parallèle on aime bien instrumentaliser les faits divers comme ces horribles agressions perpétrées à Annecy par un désaxé que toute la droite aurait trop voulu qu’il fusse musulman, hélas pour ce petit monde sans vergogne le Syrien était un chrétien [+].

Tout cela alors que notre maison brûle où se noie. Tout cela alors qu’hier même, tout proche de moi, à ma porte, des quartiers entiers de Toulouse se sont vus plongés dans un climat quasi tropical sous la tempête et les trombes d’eau, notre atelier les pieds dans l’eau en est témoin, peut-on encore dire cette phrase stupide : « qui aurait pu prévoir… » ? Le monde s’enfonce dans les pires des incertitudes, les points de bascules sont franchies et bousculent nos quotidiens ainsi que nous le rappelle « Bon pote » [+]. On construit des murs au lieu de trouver les moyens de ne point en avoir à édifier. Et on remet le couvert de l’ignominie jour après jour en créant toute sorte de diversions sociales, guerrières et politiques ajoutant au problème.

Comme le disait une vieille paysanne rencontrée lors de mes pérégrinations autour de mon labeur « Aiga – la cartographie sensible de l’eau » : « Degun ni cap de restanca a pas jamai sauput retenir l’aigat millenari ! » (Personne ni aucune digue n’a jamais su retenir la crue millénaire)…
J’arrête là mes commentaires sur cette gouvernance effroyable des affaires publiques car il me semble bien rien ne change sous ce sale soleil français. C’est bien triste pour ce gouvernement qui nous envoie droit dans le mur juste pour assouvir l’avidité des plus aisé·e·s de nos congénères.

Du coup je me souviens qu’en rédigeant mon exercice éditorial de lundi dernier, je vous ai parlé d’Annie Erneaux [+] qui avait reçu le prix Nobel de littérature 2022. Et du coup aussi remonte à ma mémoire un souvenir très récent d’une écoute radiophonique roulant un matin dans cette voiture automobile que j’utilise au strict minimum dans la pratique de mes mobilités. Assis au volant de mon automobile utilitaire pour raison professionnelle, j’écoutais France Culture [+] tôt un matin il y a moins de deux semaines. J’avoue n’écouter la radio qu’en voiture ce qui veut dire que je n’écoute pratiquement jamais plus de radio vu l’usage que je fais de ce véhicule.
Bref me calant sur cette station du service public, un temps parangon de l’intelligence radiophonique en France mais qui a perdu de sa superbe sagacité lorsqu’il s’agit d’apporter des critiques constructives pour nos sociétés occidentales, j’ai écouté un dialogue de doctes économistes entre Edmund Phelps [+] prix Nobel d’économie en 2006 et Jean-Marc Daniel [+] économiste néo-libéral qui y étaient les invités. Je ne sais pas pourquoi mais cet entretien et échanges de près de 40 minutes m’ont laissé sur une impression d’un dialogue terriblement enfantin, voire puéril et même totalement stupide à plusieurs égards. Évidemment aucune réaction critique de la part du journaliste et présentateur de cette matinale qui les accueillait.
Ce qui m’a fait penser qu’une bonne fois pour toute il s’agirait de replacer la chose économique à sa juste valeur.
En effet malgré cet intense lobby capitaliste qui voudrait nous faire croire que l’économie est une discipline de science dite dure au même titre que la physique ou les mathématiques, alors que c’est une science humaine qui ne devrait s’inscrire que dans les vastes champs de la sociologie voire des sciences politiques, le prix Nobel d’économie n’a rien à voir avec… Un prix Nobel !
Permettez-moi en effet ici de vous expliquer le pourquoi de mon affirmation qui s’avère exacte en tout point, je vous le garantis.

Dans son testament de 1895 Alfred Nobel [+], chimiste, inventeur entre-autres de la dynamite mais aussi peu recommandable fabricant d’arme des temps passés, avait voulu que les prix portant son nom et attribués ensuite tous les ans depuis 1901, soient au nombre de cinq, des prix pour la chimie, la physique, la paix, la littérature et la médecine ainsi que vous pourrez l’apprendre en suivant ce lien [+]. On apprendra ainsi que ce qui est nommé abusivement « Prix Nobel d’économie » est le « Prix de la Banque centrale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel ». Une fumisterie inventée à la fin des années 60 du vingtième siècle où l’on voyait déjà la monté en puissance d’une pensée dominante pour l’organisation de la société qui est devenue celle de la consommation.
Heureusement certaines autant que certaines des chercheurs dans la réflexion autour de l’économie, comme les « Économistes Atterrés » [+], savent mener à mon sens de véritables recherches de fond qui posent les questions loin de la mécanique fallacieuse de l’économie délétère d’un capitalisme triomphant.

Bon après tout j’avoue que tout ceci est bien loin des mes préoccupations du moment, et qu’il se peut aussi que mes réflexions rudimentaires en la matière soient autant puériles que ce que j’ai dénoncer plus haut. Pour le coup je ne vais pas m’attarder sur le sujet. Même si les préoccupations qui me mobilisent sont souvent et évidemment de l’ordre de l’économie mais ceci dans l’étroite niche des arts visuels et de l’art contemporain.
D’ailleurs à Toulouse, comme dans d’autres territoires, nous sommes plongé·e·s dans une lutte primordiale en ce qui concerne le devenir des écoles d’art en France et ailleurs en Europe comme dans le monde. Ainsi donc particulièrement en ce qui concerne l’Isdat [+] qui est exsangue à force de mauvaise volonté politique et de défaut de bonne gestion. Une nouvelle péripétie du temps qui passe sous mes yeux, comme pour essayer de nous faire croire que l’art n’avait plus droit de « cité ».
Il ne reste que l’indignation pour nous opposer à ces soi-disant réalités de l’économie libérales de marché, en soutenant les enseignants et les élèves pour la survie de cette école essentielle en suivant ce lien [+]. Même si je l’ai déjà claironné mainte fois : ces pétitions en ligne n’ont aucune valeur légale. Mais cela permet tout de même d’indiquer la force d’une mobilisation aux décideurs comme aux décideuses qui tiennent l’avenir de ces écoles en leurs mains avides.

Ce qui me ramènera toujours à ce que je défends sans relâche pour la bonne santé mentale et maintenant la survie de notre espèce dans un monde harmonieux : « plus d’écoles d’art, moins d’écoles de commerce »… Nous en sommes définitivement malheureusement bien loin ! Et c’est avec grande tristesse que je regarde à chaque fois que j’y passe devant, un des grands portails de l’Université ToulouseI-Capitole donnant sur le canal de Brienne et qui se situe à deux pas de Saint Pierre des Cuisines dans cette vieille cité pluri-millénaire aux briques pourpres qui s’illuminent sous le soleil couchant. Sur ce portail est gravé « Toulouse School of Economics », comme une ultime stupidité menée par un autre prix « non Nobel » récent de l’économie. Un grand libéral décomplexé et malheureusement toulousain qui nous souhaite de beaux musée du rugby ou autre culture populaire de qualité à la mode néo-libérale et surtout avec fort retour sur investissement.
Attention, je tiens ici à dire à mon public que je n’ai rien contre le rugby, j’y ai assez joué, voire perdu quelques bouts de mon intégrité corporelle dans le temps jadis de ma jeunesse.

Une dérive mortifère pour la planète où l’on ne devrait financer que des formatages de jeunes cerveaux dans l’économie de la consommation et de la compétition. Alors que l’on sait que l’École des Beaux Arts de Toulouse, fondée en 1680 et « consacrée » au rang d’institution « nationale » par acte royal en 1750 et première académie en dehors de Paris dans ce domaine qui accueillit entre-autres Ingres comme élève, est vouée à disparaitre dans les méandres de certains cerveaux aussi malades que le sont ceux de certain·e·s économistes. Ce qui somme toute n’est pas étonnant dans un pays comme la France qui détruit en Bretagne des alignements de dolmens de plus de cinq millénaires, non encore étudiés par une quelconque recherche archéologique, au profit de la construction d’un magasin d’une célèbre enseigne française de bricolage [+].

Sur ces réflexions je vais vous quitter afin d’aller petit déjeuner avec ma chère et tendre Thérèse [+]. Puis j’irai rejoindre mes étudiantes et étudiants pour la journée. Mais avant de vous laisser je me permets de vous annoncer une performance, loin de Toulouse, dans notre cher pays Diois, une performance présentée par « DIEresidenz » [+] dont je vous ai déjà parlé mainte fois et porté par la formidable curatrice et critique d’art berlinoise Conny Becker [+] installée à Die il y a déjà plusieurs années. Elle y mène un travail de résidences et d’échanges Franco-Allemands fort appréciable. Cet événement, performance intitulée « Femme hiéroglyphes » [+] aura lieu cette semaine mercredi 14 juin à 17h. Il vous suffit de suivre le lien [+] pour en savoir plus. Cette performance qui sera l’œuvre des artistes Victoria Donnet [+] et Alice Cathelineau [+], deux artistes pluridisciplinaires qui sont actuellement en résidence à « DIEresidenz » et qui constituera la sortie de cette dite résidence.

En parlant de résidence, après ce léger break des quatre prochains jours consacrés à l’enseignement épisodique lié à mon activité d’artiste multidisciplinaire, je repartirai creuser mes désormais « Microbassines » dans cette résidence de création Utoparc #2 [+], que je partage avec de mes compères à l’Atelier TA [+] et du Collectif IPN [+], c’est à dire les excellents artistes : Thomas Deudé [+], Stéphane Castet [+] et Nicolas Jaoul [+], mais aussi en compagnie de plusieurs groupes d’élèves de la section design de l’Isdat avec ce super enseignant qu’est Michel Gary [+]. Je vous tiendrai évidemment au courant tout au long de l’avancée des boulots, évidemment aussi avant la restitution de la résidence dans le cadre du festival Agitaterre [+] les 30 juin, 1er et 2 juillet prochains.

En attendant, je réitère mes appels lancés les semaines précédentes : pour mener à bien mon travail d’installation d’un « réseau de microbassine » dans le cadre de cette résidence de création, je suis toujours à la recherche de bassines métalliques, cuivre, zinc, alu, inox, et même tout type de récipients en métal, comme des pots de peintures métalliques vides, qui auraient un diamètre compris entre 30 cm et 40 cm et que je pourrais transformer en « microbassine »… N’hésitez pas à me contacter en passant par des canaux que vous trouverez sur ma page contacts de mon présent site web… Mille mercis à celles et ceux qui m’ont déjà fourni ces précieux matériaux.

Il est temp de vous quitter pour de bon aujourd’hui pour de bon. Je vous quitte avec, en avant première, une déclinaison d’un boulot graphique que je suis en train de finaliser en compagnie de super jeunes gens d’un programme de QPV, dans le cadre d’une campagne de prévention menée par la FFPE [+] et le LIJ-Toulouse [+] contre les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes en milieu festif.
Je vous souhaite une chouette semaine et vous donne rendez-vous la semaine prochaine… Addisiatz amigas e amics !

Affiche créée par le plasticien Philippe Pitet dans le cadre d'atelier de jeunes en QPV pour une campagne de prévention de violences sexuelles et sexistes faites aux femmes en milieu festif
Déclinaison d’un visuel et affiche créés dans le cadre de travail d’atelier avec des jeunes adultes pour une campagne de prévention et de lutte contre les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes en milieu festif – Juin 2023

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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