19.06.2023 – Chronique du lundi

19 juin 2023 § Poster un commentaire

Un air chaud et humide…

Mes bien chères et chers ami·e·s j’écris cette nouvelle Chronique du lundi ce matin un peu tard, vers les 9h de ce lundi 17 juin 2023. Dernière chronique de printemps avant d’entrer dans le vif de l’été. Je vous y souhaite une très sincère bienvenue.

Voilà donc que l’été arrive et il flotte comme un air de dilettante en short autour de moi. Peut-être parcequ’il a fait très orageux et pesant ces dernières journées et au matin la fraîcheur humide de la nuit finit par devenir agréable. Le solstice n’est pas encore passé et ce n’est pas encore la canicule sur les bords de la Garonne, c’est juste lourd très lourd !
En fait, un été que j’en arrive à souhaiter un peu maussade et pluvieux tellement cette eau qui tombe du ciel est agréable quand on travaille en plein champs…

Et en effet, après quelques jours d’un intense travail dans la peau d’un professeur qui essaye d’amener une vision décalée de ce que peut être la narration dans l’art en général et comment l’appliquer dans une industrie dite créative, me voilà de retour depuis vendredi sur ce site de Bordanova [+] à Lahage [+] aux limites du Muretain, du Savès et du Volvestre, à deux pas de Toulouse, afin de mener à bien mon labeur du moment dans le cadre de cette résidence Utoparc #2 [+] dont je vous ai mainte fois entretenu ces dernières semaines.

Alors vous comprendrez qu’aujourd’hui je ne vous retiendrai pas bien longtemps. Je me laisse un peu de temps à moi pour bosser sur mon installation du moment. J’avais peut-être une ou deux choses à vous dire. Mais sûrement je remettrai cela à plus tard. Car je vais partir sur les chemins de la création, non sans avoir embrassé ma chère et tendre Thérèse [+] comme on dit… Je repars à la recherche de mes récipients métalliques ou en verre !

Que dire ? Si ce n’est que pendant longtemps, à travers des formes complexes d’images animées, de films, de photos, de dessins, d’installations, de sons, j’essayais d’interroger la mémoire et nos cerveaux qui la fabriquent. Et puis il y a eu cette eau qui disparaît de la surface de nos campagnes aux accents d’Òc. Une question qui est devenue centrale dans mes investigations, mes interrogations et dans ma pratique plastique, à travers cette grande aventure qu’est « Aiga – la cartographie sensible de l’eau », mais aussi à travers ce dernier travail d’installation, en remontant la Garonne, faite d’une constellation de récipients qui scintilleront (ou non !) en plein champs.

Et avant de vous quitter je vais un peu vous parler de ce labeur qui est le mien,. Car pour cette édition 2023 de la résidence Utoparc, à l’invitation de l’artiste Carl Hurtin [+] qui anime si brillamment PAHLM [+], j’ai donc voulu une nouvelle fois questionner les conditions qui font émerger la vie à travers l’eau. Sous la forme d’une installation mettant en œuvre le processus bricologique [+] qui accompagne ma pratique plastique. Un processus fait de superpositions de matériaux de seconde main ou plus. Une pièce en plein champ à propos de cette eau si précieuse à nos existences et qui nous fait défaut dès que l’on oublie d’en prendre soin. Dans un monde qui voit s’évaporer ce liquide, pourrons-nous encore longtemps boire à notre soif ? L’eau a vu naître tous les ADN qui ont fini par constituer les cellules de nos cerveaux. Nous lui devons tout, nous lui devons la vie, il est question ici du rapport que Sapiens entretient avec son liquide nourricier primordial.
Un réseau de « microbassines » qui s’inscrit dans mon labeur entamé il y a déjà près de 15 ans autour d’une cartographie sensible de l’eau dans les territoires du Sud de la France aux accents occitans.
À Lahage, sur ce site de Bordanova, une installation rigoureuse (ou non !) de récipients en zinc, en inox, en cuivre, en verre, en métal émaillé ou emboutit, constituera un tableau de points inscrit dans un carré à flanc de colline. Des « pixels » travers lesquels les promeneur·euses pourront ad fine contempler de loin le dessin d’un mot formé par ces points d’eau se remplissant et se vidant au gré des intempéries et s’écoulant en plein champs à travers un bout de prairie naturelle parsemées d’essences sauvages, parcours d’eau stagnante des micros retenus formées par ces bassines domestiques.
Ce projet à l’intérieur de cette utopie du réel qu’est Utoparc me permet ainsi d’investir les espaces naturels qui cheminent vers les champs afin d’en faire un lieu d’où la vie s’écoule… Comme un ultime et poétique détournement, une métaphore emplie d’espoir dans la capacité de résilience de l’espèce humaine.

Voilà sur ces poétiques pensées, je vais me diriger dans mon champs aux allures tropicales, pelle et pioche à la main, des outils vénérables qui ont appartenu à mon grand-père et dont je me servais déjà dans les champs de mon enfance il y a plus d’un demi-siècle. Je vous souhaite une belle semaine et vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle Chronique du lundi. Addisiatz !

"Autoportrait à la pioche" dessin au crayon sur paier de l'artiste plasticien Philippe Pitet, fait à Lahage en juin 2023 dans le cadre d'Utoparc
« Autoportrait à la pioche » dessin au crayon HB sur papier. Lahage – 2023

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

Voir les autres chroniques du lundi

Tagué :,

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Qu’est-ce que ceci ?

Vous lisez actuellement 19.06.2023 – Chronique du lundi à Philippe Pitet.

Méta