24.07.2023 – Chronique du lundi

24 juillet 2023 § 2 Commentaires

Sous la plage le désert

Nous y voilà ! Le moment du départ approche, quelques minutes nous sépare, Thérèse et moi, de ce moment tant attendu où nous allons enfin pouvoir partir un petit temps de l’été dans nos montagnes aux sources de la Drôme. À ce moment même où je compose les premières lignes de cette Chronique du lundi 24 juillet 2023 il est à peu près 5h30 d’un matin qui se lève et nous devrions partir pas plus tard que 7h30. Alors je me presse à présent de vous souhaiter une très cordiale bienvenue dans cette présente chronique.

Et à l’aune des premiers mots de ce billet du jour, vous aurez compris que je ne vais pas m’éterniser ici, ni m’étaler dans ma prose. Il me faudra vous quitter avant même que je ne développe quoi que ce soit ici, n’ayant aujourd’hui que peu de temps à consacrer à cet épisode mes éditos hebdomadaires.

Un fil du temps que je commence aux aurores de ce lundi pour vous y accueillir et qui se finira peut-être au crépuscule pour sa publication. Mais pourtant je n’y consacrerai que quelques minutes, le temps du voyage occupant la majeure partie de cette journée orageuse d’été. Après tout cela tombe bien car nous sommes effectivement en pleine saison estivale et pendant cette dernière mes Chroniques du lundi sont comme la nuit, elles raccourcissent pour mieux laisser la lumière réfléchir seule. Comprenne qui pourra. Et d’ailleurs spéciale dédicace à une de mes lectrices que j’ai rencontrée en chair et en os samedi soir pour lors du dernier Salon Reçoit [+] à Toulouse. Cette fidèle internaute me disait ne pas toujours comprendre mes délires narratifs, mais adorait les lire. Je l’en remercie plus et encore.

Une belle rencontre comme toutes les autres lors de cette soirée où l’artiste Nataly Nato [+] était la cheffe d’un orchestre placé sous le signe de danses virevoltantes puisées au cœur des eighties dans la joie des amitiés retrouvées du soir. Chouettes moments de partage et de découverte comme à l’habitude dans ce lieu magique niché dans un Toulouse populaire. Un lieu d’art habité, dans tous les sens du terme, par ce merveilleux couple d’artistes et hôtes du Salon Reçoit que forment Anouck Durand-Gasselin [+] et Laurent Redoulès [+].

Un été qui a beau afficher dans notre Midi des températures moins difficiles à supporter sur le long que l’été dernier, tout cela reste en surface et les pics enregistrés sont pires qu’il y a 12 mois. Ce n’est pas fini. Partout dans le sud de l’Europe les thermomètres explosent et les organismes suffoquent. Les épisodes extrêmes s’enchaînent violemment et nos gouvernants continuent à s’enfoncer dans le déni [+] organisé par un capitalisme qui pérore sur les ruines [+] de l’humanité… Tristesse !

Et là dans un concert inconscient de publicités, une classe bourgeoise, égoïste et occidentale s’adonne sans remord ni vergogne et même à cœur joie à l’étourdissement de vacances lointaines et prédatrices, qui aux Seychelles, qui à Bali, qui à Essaouira, qui à Saint-Martin et ailleurs sous les tropiques, à grand coup d’ailes d’une mobilité aérienne devenue insoutenable [+]… Autre tristesse !

Nos perspectives de survies à moyen terme sont exsangues, qu’à cela ne tienne : l’aréopage de la gouvernance capitaliste mondiale oublie de mettre au pas les entreprises les plus polluantes et évidemment leurs dirigeant·e·s [+] qui se croient tout permis, ces gestionnaires de l’apocalypse préfèrent porter leurs frappes sur les individus les plus précaires, à grands coups d’injonctions culpabilisantes, pour finir par brosser leurs instincts les plus stupides… Ainsi j’ai vu passer cette information aberrante qui indiquait qu’en République Tchèque et dans la péninsule italienne la vitesse autorisée sur les autoroutes allait être relevée à 150 km/h. Un journal imbécile thuriféraire du moteur à explosion et des plaisirs ego-centrés sur le nombril automobiliste en faisait même sa une dans sa storytelling sur réseaux sociaux, avec ce titre délétère : « Bonne nouvelle pour les automobilistes »… Extrême tristesse !

Je vous dis cela car je m’apprête à prendre l’autoroute à ma grande détresse car j’aurais préféré bien évidemment faire usage du chemin de fer dans mes imminents déplacements avec ma chère et tendre Thérèse, sauf qu’évidemment tout est fait pour que ce génial moyen de transport soit un maximum inaccessible dès lors que l’on aura un minimum de besoins hors des sentiers battus.
Bref du coup nous voilà rabattus sur notre voiture automobile, dont au demeurant je vous ai déjà conté que je ne m’en servait justement pratiquement jamais sauf pour les cas qui comme aujourd’hui nous font prendre des chemins à multiples contraintes dans le temps et dans l’espace.

Voilà, sans me plaindre plus avant, je vais donc vous laisser ici et maintenant pour prendre ces chemins de traverses que j’affectionne tant. Je reviendrai vers vous en fin d’après-midi pour clore mes élucubrations chroniques et poster tout ceci aux vues et aux sus de la planète entière et surtout de vous qui me suivez de l’autre côté du miroir de ces mots.

Mais tout de même il me reste quelques minutes avant de prendre la route. Je vais profiter de ce sursis pour vous parler rapidement de ce qui me semble être la belle tartufferie de l’été. Vous l’aurez compris c’est du remaniement ministériel dans le gouvernement de notre pauvre République Française dont je voulais succinctement vous entretenir.
Je sais, on ne devrait pas tirer sur les ambulances, sauf qu’ici nous sombrons dans des abîmes de stupidités.
Surtout quand on voit toute là cacophonie grotesque qui a accompagné cette nouvelle turpitude de la macronie. Comment ne pas bondir quand on apprend le remplacement d’une ministre dont on ne peut que percevoir l’infinie stupidité par une autre qui est tout autant inepte, dans un poste ministériel qui gère la famille et la solidarité. Alors que 9 millions de françaises et de français, 14 % de la population métropolitaine (si on ajoute l’Outre-mer, le chiffre explose) se trouvent aujourd’hui en situation d’extrême précarité c’est à dire de privation [+] matérielle et sociale en 2022.
N’oublions pas que la nouvelle ministre de la solidarité, jusqu’à présent présidente du groupe macroniste à l’assemblée nationale, a voté pêle-mêle : contre l’augmentation du smic, contre la limitation des loyers locatifs afin de soulager les plus précaires, pour tous les durcissements des règles sociales dans le droit du travail, pour un chômage au rabais, pour la mise en œuvre d’un RSA corvéable sans contre-partie sociale, évidemment pour une retraite le plus tard possible faisant fi de toute pénibilité au travail. Bon bref elle a beau avoir soutenu le mariage homosexuel, aimer les licornes et le petits chats, elle n’en reste pas moins l’archétype de la bourgeoisie bornée et stupide, paternaliste autant que maternaliste 2.0 avec toutes ses outrances imbéciles… Comme nous le rappelle cette députée LFI-Nupes en suivant ce lien [+].
Dans l’hypocrisie terrible de ce remaniement ministériel, il est tout de même heureux que l’auteur de « La condition noire » [+] soit sorti de cette impasse où il s’était bien bizarrement fourré en acceptant la charge de ministre de l’Éducation Nationale l’an dernier. Le plus effrayant est qu’il a été remplacé par un arrogant forcené de la macronie qui n’a jamais posé ses fonds de culottes sur les bancs d’une école publique, comme on peut l’apprendre en lien [+]. Comme quoi on peut toujours aller toujours plus profond dans la fourberie.

Bon je ne vais pas m’attarder plus sur ces stupides gesticulations du pouvoir. Dans le continuum espace-temps de la rédaction de cette chronique du jour il est déjà 7h40 et nous sommes très en retard pour notre départ. Mais n’ayez crainte je reviens tout à l’heure pour moi et dans deux lignes pour vous…

Retour devant ces mots que je pose nonchalant sous un beau Soleil Diois. Pour ma part il est 16h30 quand je reprends le cours de cette chronique du jour.
Après tergiversations et conciliabules avec moi-même, syndrome de la feuille blanche surtout, je me dis que je ne vais pas en faire plus et juste publier ce présent opus de mes élucubrations du lundi. Et comme je suis ici de retour physiquement dans notre contrée de prédilection, je vais vous laisser avec une photo (mal cadrée !) d’une série de dessins dont chacun a été exécuté immédiatement après mon réveil pendant un an, chaque matin de notre présence sur les bords de la Drôme, sans exception, avant toute autre geste ou action. Je me donnais une minute de traits vif pour exprimer la première vue de la journée à travers la fenêtre de la chambre que Thérèse Pitte [+] et moi-même occupions lors de nos longs séjours à Die les années passées. Une première vue à chaque réveil volontairement furtive avant de m’installer sur la table de travail que j’avais organisé un temps dans ce nid douillet sur les toits de cette Cité voconces. Une petite fenêtre, ouverte au-dessus des toits du village, qui cadrait une magnifique vue de la montagne en face nommée Justin.
Cette vue, ce temps et cet espace n’existent plus pour moi. Alors, en arrivant ici dans ce paradis diois que je me suis construit avec bonheur tout au long d’une presque décennie, retrouvant les ami·e·s et une large famille par alliance, je me dis que ces dessins deviendront rapidement la matière d’une future installation qui interrogera elle aussi à nouveau une mémoire sensible.

Je vous ici souhaite une belle et douce semaine de juillet et vous donne rendez-vous dès lundi prochain selon le même protocole. Adissiatz !

Photo d'une série de 97 dessins au stylo à bille sur Post-it. Chaque dessin étant exécuté par Philippe Pitet à son réveil dans la chambre qu'il occupait à Die, pendant une année, à chaque jour de présence dans la Drôme.
« Justin 97 jours », série de dessins sur Post-it au stylo à bille – Die 2021-2022

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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