25.09.2023 – Chronique du lundi
25 septembre 2023 § Poster un commentaire
Qu’avons nous fait de nos jours heureux ?
Amies et amis, vous qui entrez dans cette nouvelle Chronique du lundi, sachez que la date et l’heure du continuum espace-temps à l’intérieur desquelles je commence à poser ses premiers mots indiquent 25 septembre 2023 – 5h18. Heure et date donc pour moi de vous y souhaiter comme toujours une chaleureuse bien que fiévreuse bienvenue.
Et pour plus de précision mon appareil numérique sophistiqué qui me permet de rédiger ces mots qui forment cette chronique du jour m’indique une situation géographique précise de 43°36′42″ Nord et 1°26′37″ Est, pour une altitude d’environ 146 m. Vous en déduirez donc la position de mon lit. Je ne cherche pas à vous y attirer rassurez-vous. C’est juste de là avec une belle bronchite qui m’y cloue depuis près de 48 heures, que je rédige mon exercice éditorial aujourd’hui, en essayant de ne point réveiller ma chère et tendre Thérèse [+] à cause mes quintes de toux qui accompagnent habituellement et sans surprise ces infections pulmonaires que la pollution urbaine aurait plutôt tendance à attiser tout comme le vent sur la braise attise le feu !
À cette heure, date, position et altitude nous venons de traverser l’équinoxe d’automne qui se trouvait être ce weekend passé, samedi pour être plus exact. Nous voilà donc bien en automne. Même si pour l’instant, à travers le chaud vent d’Autan qui balaye doucement nos vallées du cœur de l’Occitanie centrale, l’automne n’est qu’un nom abstrait. Nous sortons bel et bien d’un été qui fut moins visiblement caniculaire [+] que l’an passé mais insidieusement chaud et long dans nos contrées aux accents occitans. Et puis surtout la nouvelle essentielle sur le front du temps qui passe sous nos yeux est qu’il y a déjà 15 jours que la 6e limite planétaire, sur 9, a été dépassée. Une nouvelle essentielle pour notre survie qui n’a reçu qu’un écho modéré [+] dans les médias de notre monde trop occupé à se déchirer à grand coups de missiles.
Cette limite planétaire que nous venons donc de dépasser est celle du cycle de l’eau douce ainsi que nous le précise « Le Bon Pote » en suivant ce lien [+]. Cette eau dont je m’essaye à en faire une cartographie sensible depuis plus de 12 ans maintenant. Un peu dans le désert à l’époque je suis fort aise de voir cette thématique devenir centrale dans l’art contemporain. Pas tant que l’eau soit absente de l’histoire de l’art [+], bien au contraire c’est un symbole représenté sous toutes les coutures sauf que l’eau n’y était justement qu’une représentation symbolique [+]. Loin de tout terrain de recherche, seules quelques expositions de-ci de-là en faisaient écho [+], l’eau était très peu questionnée en tant que ressource puisqu’elle paraissait être inépuisable. On sait à présent que ce n’est plus le cas et il est normal de voir les artistes contemporain·ne·s questionner [+] à leur tour les enjeux liés à l’eau.
Sauf que voilà, ce n’est pas tant dans l’art que la question devrait être centrale, c’est surtout à travers les politiques publiques du monde entier que nous devrions préserver cette ressource essentielle à la vie sur Terre. Il y a heureusement des expériences individuelles comme celle menée dans la Drôme autour de l’hydrologie « régénérative » comme on peut le lire ici en lien [+] sur le média « La relève et la peste ». Hélas cela reste une goutte d’eau dans un océan de décisions politiques délétères comme l’autorisation renouvelée de l’usage de certains herbicides [+] reconnu extrêmement dangereux pour l’homme et l’environnement, ou du pompage [+] des nappes phréatiques à usage industriel, sans oublier ces aberrations de mégabassines [+] dont je vous ai entretenu assez souvent dans mes Chroniques du lundi ces derniers mois, et pour cause !
Alors nous connaissions les climatos-septiques et les complotistes [+] du climat, mais que disent de tout cela les technos solutionistes et climatos rassuristes [+] ? Vous savez celles et ceux qui sont quand même plus cool que ces cons d’écolos que l’on aura toujours de cesse de descendre [+]. Des militant·e·s qui sont affublé·e·s de radicalisme alors qu’ils et elles se battent à escient pour un avenir durable. En fait, la « beaufitude » ambiante favorise ces lynchages publics parce que ces militant·e·s renvoient au visage d’un bloc bourgeois, pétri de mensonges décomplexés et baignant sa base dans la bêtise crasse, l’image d’une incontestable réalité de l’état dramatique [+] dans lequel se trouve la planète humaine.
Si l’on y regarde bien, pour notre grande majorité nous nous rassurons derrière des solutions qui nous confortent dans notre société capitaliste de la consommation à coup de fausses rationalités [+] que l’on nous balance à la figure. Des retours en arrière comme celui qui voudrait nous faire passer le nucléaire pour l’incontournable énergie de l’avenir ainsi que nous le rappelle Greenpeace ici en lien [+].
Bien sûr quand on réfléchit un moment on ne peut que se demander ce qu’il faudrait faire. Tout le monde le sait aucune solution n’est simple sauf que la transition énergétique doit être singulièrement et rapidement amorcée. On peut voir Outre-Rhin, une Allemagne donnée souvent en exemple, qui à la suite de l’arrêt de sa production électrique nucléaire, laisse des paysages entiers se faire littéralement dévorer pour produire de l’énergie à base de lignite qui reste la solution la plus polluante possible [+].
Notre sortie de secours afin de nous échapper de ce cauchemar organisé par le bloc bourgeois où qu’il se trouve dans le monde est évidemment la fin définitive de la croissance, la mise en place d’un véritable plan de réduction de la consommation et la meilleure distribution des richesses entre toutes et tous les Sapiens que compte la Terre. C’est à dire tout simplement : sortir du modèle de gouvernance capitaliste génératrice de désordres, de bassesses humaines, d’exactions, de guerres et de terreurs. Hélas, alors qu’il y a urgence, le monde semble loin d’être prêt à sauter le pas, préférant le pain et les jeux.
Cela dit je ne veux pas être catastrophiste, mais tout de même si l’inconscient collectif le refuse, alarmés que nous sommes depuis des décennies par les rapport sur GIEC [+] devenus incontestables et de plus en plus incontestés, sur Terre la destruction du vivant et de son environnement dont nous sommes partie prenante est bien là et l’effondrement climatique en premier lieu a bien commencé ainsi que l’estime le Secrétaire Général [+] l’ONU qui n’est tout de même pas n’importe qui. Et ce au moment même où l’Agence Météorologique Australienne annonce le début d’une forte activité du fameux « El Niño » [+] dans le Pacifique. Ce qui n’augure rien de bon sur le front des phénomènes climatiques catastrophiques.
Il ne faut pas s’étonner parce qu’une partie de la jeunesse et même de la population de nos sociétés de l’abondance en trompe l’œil se radicalise. Il ne faut pas s’étonner que des actions désespérées voient le jour partout sur notre planète. Car quand on constate le refus d’écouter de la part des décideurs politiques élu·e·s de nos soit-disant démocraties qui n’ont pour seule réponse que l’usage de la répression [+] pour préserver les intérêts des oligarchies de leurs pays, on ne devrait pas s’en trouver troublé. Surtout si l’on conserve un minimum de connexions neuronales malgré les assauts cathodiques et les hordes de trolls sur la toile.
J’en profite d’ailleurs ici pour renouveler mon soutien aux combats que mènent pas loin de Toulouse les opposants [+] à l’autoroute A69, car artificialiser les sols et abattre des arbres centenaires dénotent d’une incroyable imbécilité , alors que l’on sait les arbres anciens traiter deux fois plus de carbone que ceux que l’on va planter, à lire ici en cliquant sur ce lien [+].
Dans cette histoire d’autoroute d’un autre âge, la Présidente de la région Occitanie serait bien avisée de se rappeler un jour qu’elle se réclame de l’héritage politique d’un certain Jean Jaurès !
Et donc dans ce moment où cette 6e limite planétaire vient d’être explosée il est temps de voir les choses autrement, d’autres mobilités, comme d’autres approches de la technologie et des « pharmakons » [+]. D’ailleurs c’est un peu ce que propose depuis des années Combustible Numérique [+], une chouette structure dont je vous parle souvent et qui est installée elle aussi à l’Atelier TA [+]. Combustible Numérique propose de réfléchir à des outils de création éthiques et à user de technologies en la sortant du cercle vicieux de la surconsommation, voire tout simplement de la consommation. J’ai le plaisir de travailler à travers des ateliers avec toutes les médiatrices et tous les médiateurs numériques de cette petite structure afin de proposer des points de vues ou la lowtech encore efficiente n’est pas écrasée par une innovation hightech inutile, où réemploi est un mot fondamental et ou la coopération est essentielle.
Tout ceci me fait penser à l’exposition « Fait machine » [+] au MIAM [+] de Sète, une exposition que je n’ai malheureusement pas encore vue. Mais de loin forcément, où j’y perçois une interrogation, sinon écologique, en tout cas sur nos environnements humains. Parce que si elle reste dans cette approche sensible et souvent sensée de la technologie, il ne fait aucun doute au fond de moi que la « Bricologie » [+] est aussi une mine irremplaçable de questionnement sur nos relations à notre environnement et donc sur la fameuse transition écologique que le monde capitaliste essaye de retarder à outrance.
Alors il y a une place pour l’art dans tout cela, car cette transition écologique est loin d’être oppressive elle peut s’avérer devenir un formidable bouillon de culture ainsi qu’on peut le lire en suivant ce lien [+] sur « Mouton noir » qui nous parle d’écologie et de vie culturelle. Et pour finir ce billet du jour entre deux grosses quintes de toux je resterai sur l’art et l’écologie en vous envoyant sur ce lien [+] du média « Usbek et Rica » à propos du travail de l’association COAL[+] et de son prix qui récompense les artistes engagés pour l’écologie, dont l’exposition : « Le Chant des Forêts » [+] vient de s’achever en juillet dernier et qui tentait de montrer justement comment les artistes contemporain·ne·s à travers le monde s’emparaient de la question écologique.
Je tenais surtout à noter que cette exposition au MAIF Social Club [+] à Paris présentait, entre-autres, des dessins du formidable « Atlas Racinaire, Roots System Drawings » [+] conservé et publié par l’Université de Wageningen [+] au Pays-Bas. Un magnifique corpus de dessins composés pendant 40 ans par les Professeur·e·s de botaniques autrichiens Lore Kutschera [+] et Erwin Lichtenegger [+]. Comme quoi les processus de la création contemporaines ne sont parfois pas trop éloignés des process scientifiques, même si les finalités ne sont évidemment pas les mêmes.
Sinon et tout cela n’ayant rien avoir avec ceci puis-je trivialement dire, nous avons reçu par la poste samedi un super tirage de l’ouvrage « No Passa Nada » [+], du non moins super photographe et artiste Philippe Dollo [+], depuis un temps déjà madrilène. Je l’en remercie et je m’en régale tout en vous le recommandant plus que fortement…
Voilà ce sera tout pour aujourd’hui, je n’ai pas trop le courage d’en faire plus malgré tout ce qu’il y aurait à dire… Il ne me reste plus qu’à prendre congé de vous, puis prendre aussi mes cachets après vous avoir quitté·e·s. Mais avant comme toujours je vous laisse avec un de mes boulots passés d’artiste. Vous aurez compris qu’en ce moment je classe et j’archive en plein dans une recomposition un peu forcée des lieux où j’exerce ma pratique. Du coup je ressors pas mal de vieux et moins vieux travaux sur lesquels je tombe comme autant d’amis perdus de vue. La semaine dernière c’était un arbre, cette semaine sera un portrait pas forcément écologique mais assez bucolique… J’aimais bien forcer la saturation !
Je vous souhaite une belle semaine d’une belle arrière saison et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine même endroit, même modalité. Addisiatz amigas e amics…

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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