05.08.2024 – Chronique du lundi
5 août 2024 § Poster un commentaire
Voir tourner le monde tel qu’il ne devrait pas exister
Mon grand-père me disait que le mois d’août entamé, on entrait déjà dans la fin de l’été, il était temps de préparer correctement sa rentrée. Nous sommes le lundi 5 août 2024, le mois d’août est bien entamé et vous comme moi pénétrons dans la chronique de ce jour. Vous du point de vue du récepteur, moi dans la situation de l’émetteur. Alors permettez-moi de vous y souhaiter bienvenue, que vous soyez auditrices, auditeur, lecteur, lectrice, sur les ondes ou dans la toile, de passage ou habitué·es de ces lignes. Et malgré la sagesse des paroles d’un regretté grand-père, je me laisse encore du temps en complète oisiveté et dilettante au cœur de cet été 2024 qui pour moi est loin d’être fini.
Cette chronique du jour sera donc courte et sans trop d’objet voire un peu vide, flemme caniculaire sur bords de Drôme oblige. Même si je dois dès ce matin déployer une énergie folle à me débattre à travers des affres administratives dues à mon statut d’artiste-auteur désargenté vis à vis d’une hypothétique retraite que je ne veux point encore prendre. Affres dont je tairai la teneur totale car celle-ci n’a aucun intérêt si ce n’est que de montrer par ces quelques mots l’inadéquation de nos systèmes formatés face à des situations bien singulières.
Un billet du jour vraiment approximatif comme à l’habitude quand l’inspiration se porte pâle. Un exercice éditorial dans lequel je ne reviendrai pas sur ces Jeux Olympiques des bords de Seine, qui occupent l’actualité pour mieux masquer le reste. Des JO qui ont enflammé un public enthousiaste de tant d’exploits imbéciles, mais surtout parsemés de polémiques aussi diverses que stériles, entre transphobie des dégénéré·es en tous genres de la fachosphère mondiale et drapeaux en berne ou indépendantiste coupés au montage, sans compter toutes les autres turpitudes d’une vacuité accablante comme les soupçons de sabotages d’une ultra-gauche wokiste fantasmée alors qu’il ne s’agissaient que de simples fouines [+]. Aussi réussis qu’elle soit en images cette manifestation reste une réelle aberration. Je vous renvoie vers ma précédente chronique où je mobilisais l’œuvre de Guy Debord [+] pour illustrer ce parangon de la débilité humaine.
En parlant de spectacle dans la chaleur de l’été, comment ne pas prendre du recul et évoquer toutes les bouffonneries de l’actualité mondiale qui pourraient être comiques si elles n’étaient pas si tragiques tant leurs conséquences sont mortifères pour notre humanité. Tout compte fait ce n’est pas vraiment drôle de voir dans le rétroviseur, les semaines passées emplies d’une effervescence en France, aux USA, tout comme sur les fronts de la guerre dans un monde en surchauffe totale.
Tout de même, je m’aperçois que dans les précédents éditoriaux du temps qui passe sous mes yeux je n’avais pas mentionné dans cette nouvelle Assemblée Nationale Française, la honte d’une réélection à sa présidence de la plus crispante personne qui soit. Une réélection qui résulte de tractations sans scrupules et d’alliances à droite et à l’extrême. Fort heureusement la majorité des postes du bureau de cette assemblée sensée être la représentation du peuple français est passée sous la bannière du Nouveau Front Populaire et je me réjouis de l’élection d’une vice-présidente née à Brazaville, malgré toutes les magouilles dont ont pu faire preuve le camp dit présidentiel, la droite dure et l’extrême-droite, tous et toutes à la botte des intérêts du bloc bourgeois qui a du mal à céder le pouvoir.
Cette caste dominante a d’ailleurs tellement du mal à céder le pouvoir qu’il est question de porter à la charge de 1er ministre, le président des Hauts de France. Solution dramatique que cette alliance qui se met en place pour gouverner la France, puisque c’est celle la même qui a été rejetée aux dernières élections. Alors qu’enfin la coalition à gauche s’était mise d’accord sur le nom d’une première ministrable qui pourrait porter le programme de rupture tant attendu. Hélas la presse du capital unanime s’en est prise à cette jeune et prometteuse personne. Laissant ainsi voie-libre à de nouveaux éléments de langages macroniste aussi moches que forcenés. Tout cela avec le joker imparable pour le grand capital que constitue une extrême-droite décomplexée qui reste encore et toujours prête à prendre le pouvoir, tel que cela fut le cas ailleurs en Europe.
À l’étranger la presse rapporte de plus en plus cette dérive quasi napoléonienne du pouvoir français et cela en inquiète plus d’un·e à l’instar de ce papier du journal de centre-droit allemand « Die Zeit » [+] qui nous dit que le Président de la République Française « se comporte comme s’il avait remporté les élections ». Une telle affirmation en France aurait été traitée d’ultra-gauchiste. Je vous renvoie sur « Contre-Attaque » un média au fort engagement à gauche, pour une analyse complète de cette presse étrangère qui s’étonne de la dérive autoritaire [+] en France.
Outre-Atlantique on n’a pu que se réjouir de voir le désistement du président en exercice à la course pour l’investiture dans son camp afin de faire face au rouleau compresseur fascisant à l’oreille cassée. Mais cela dit, ça ne changera pas grand chose aux affaires calamiteuses du monde, car jamais le modèle capitaliste ne sera remis en question dans ce grand pays fédéral à la bannière étoilée.
Et pour finir le tableau de la politique mondiale déchaînée, dans un contexte génocidaire plus que dramatique on n’a pu aussi que se réjouir de voir la Cour Internationale de Justice finir par statuer que l’occupation des territoires palestiniens par Israël depuis 1967 était illégale [+].
Bon j’arrête là mes considérations politiques pour aller vers des considérations artistiques, enfin presque car cette triste nouvelle pourrait être considéré à cheval entre les deux. Une bien triste nouvelle en effet car on ne peut que regretter la disparition d’Annie Le Brun [+] écrivaine et critique d’art qui a théorisé sur la marchandisation de l’art. Évidemment on peut ne pas être d’accord – en tout cas je ne le suis pas – avec ses prises de positions contre ce qu’elle avait appelé « néo-féminisme » dans le courant des années 70. En attendant, très engagée, elle n’a jamais reculé quand il s’agissait de prendre position. Elle a puissamment milité pour les droits imprescriptibles de l’imagination et contre toute forme de censure, soutenant sans exclusion la liberté des écrivain·es et des artistes. Et surtout ces derniers temps elle a décrit avec acuité quasiment marxiste les rapports entre l’art et le capitalisme [+].
Bon je vais arrêter là pour aujourd’hui, je pars rejoindre ma chère Thérèse [+] et les enfants sur les bords de la Drôme ou à la piscine pour me divertir de quelques agréables et aqueux moments. Mais avant de vous quitter juste un petit mot de satisfaction personnelle, car je suis bien content d’avoir participé à « Olympe » [+] une pièce de théâtre dont on peut voir quelques infos sur une vidéo [+] que vous trouverez en lien sur mon site web philippepitet.com à moins que vous y soyez déjà, participation à la hauteur des éléments scénographiques et de la création des décors (peints à la main !). Une pièce de théâtre qui a reçu un franc succès et quelques prix dans le Off du dernier festival d’Avignon [+]. Cette pièce on la doit à la Compagnie du Grand Carbet [+], une compagnie de théâtre guadeloupéenne, sur des textes et une mise en scène du formidable Franck Salin [+], interprétée par la superbe comédienne Firmine Richard [+], ainsi que les non moins formidables musien·nes en live Eugénie Ursch [+] et Edmony Krater [+], Edmony qui en a composé la musique originale.
Voilà, je vous souhaite une belle semaine d’été loin des JO et de leurs turpitudes. Pour les curieuses et les curieux qui se rendrons sur mon site web ou pour celles et ceux qui s’y trouvent déjà, je vous laisse avec un dessin de ma série « Slow Gangs », dont je pense prévoir rapidement une édition complète, je vous en tiendrai rapidement au courant. En ce qui concerne nos rencontres hebdomadaires du lundi, je vous donne rendez-vous dès lundi prochain dans le même esprit dilettante mais appliqué. Addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 5 août 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP

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