24.02.2025 – Chronique du lundi

24 février 2025 § Poster un commentaire

Où sont les « Philles » ?

Il y a des lundis qui ne semblent pas ressembler aux autres, c’est ce qui fait à coup sûr le charme de la vie. Aujourd’hui, – un lundi donc – dans le continuum espace-temps sur le fil où je rédige les lignes et les mots de cette Chronique du 24 février 2025, il a fallu que je me réveille tard !
Non que j’y ai été contraint, juste parce que la nuit fut douce et le sommeil avaient gagné la partie. On dit que l’avenir appartient à celles et ceux qui se lèvent tôt. Et bien aux prémices de cette journée que je chômerai à outrance, l’avenir semble fort échapper à la liste de mes possessions. Quoiqu’il en soit je vous souhaite bienvenue dans ce nouvel éditorial du temps qui passe sous mes yeux.
Nouveau au moment où je l’écris, nouveau pour celles et ceux qui en prennent connaissance sur mon site philippepitet.com et bien évidemment nouveau pour toutes et tous qui l’entendez pour la première fois sur les ondes et les électrons de ma très chère Radio FMR [+] de Toulouse. Et à l’instant présent où j’écris ces premiers mots, je sais qu’il faut que je m’active afin de vous livrer une chronique en texte publié, mais aussi un éditorial tout en paroles et en sonorités dûment mixées.

En effet, ainsi que je vous l’expliquais me semble-t-il il y a trois ou quatre semaines : il ne me suffit pas d’écrire des mots ordonnés dans un certain sens, il me faut aussi les enregistrer puis faire un peu de montage afin de les mettre en onde pour une diffusion radiophonique. Je tiens d’ailleurs à dire à toutes celles et tous ceux qui ont choisi de me suivre à travers les audiogrammes réalisés et produits pour une diffusion sur les ondes et les électrons de la radio [+], que les fonds musicaux de ces billets hebdomadaires sont toujours issus de mon cru. Des compositions anciennes puisque je ne pratique plus de musique ni d’enregistrement sonore depuis malheureusement des lustres. Parfois je me dis qu’il serait temps de m’y remettre afin de renouveler les notes qui m’accompagnent.
Aujourd’hui si vous abordez la présente Chronique du lundi à travers vos oreilles, la musique qui la propulse sera celle d’un groupe dans lequel j’ai un peu traîné mes guêtres au début des années 80. Un groupe qui s’appelait « Josef et les Philles » [+], parfois avec un s, parfois avec un z, comme parasite, petite private joke à qui sera la reconnaitre !
Un groupe de jeunes filles et gens modernes où j’ai usé mon souffle et pincé des cordes plus en dent de scie qu’en application, au grand dam des « Philles », mais pour lequel j’avais fini par réaliser un vidéo-clip. On peut toujours voir ces images sur YouTube [+] en version restaurée il y a quelques temps déjà.

Ce groupe était un petit Objet Musical Non Identifié de la scène toulousaine. À la suite de cette expérience, certaines des « Philles » ont continué à cheminer sur de chouettes lignes musicales, comme avec le projet One Arm [+] mené, entre-autres, de main de maîtresse par la super artiste qu’est Rose-Laure Daniel [+]. Dans tous les cas ces heureuses et joyeuses expériences artistiques, même éloignées de la production plastique (quoi que !) m’ont permis d’accorder mon arc sur plusieurs cordes. Voilà pourquoi, je me dis que l’on ne remercie jamais assez les compagnes, compagnons ou ami·es en création pour tous leurs apports positifs à la vie que l’on a vécue, que l’on continue et que nous continuerons à vivre.

Je vous le disais à l’entame de cette chronique : je me suis réveillé tard… J’ai déjeuné, joué avec Louison la petite chatte de notre doux foyer, discuté avec les enfants et surtout badiné dans la joie avec ma chère et tendre Thérèse [+]. Un moment de félicité qui m’a éloigné avec bonheur de la rédaction du présent éditorial. Et donc vous l’aurez compris, au cœur de ces vacances d’un hiver bien trop chaud, je vais plutôt prendre du temps sur les chemins de l’école buissonnière que de m’insurger face à une actualité des sapiens faite de tant de stupidité.

Je vais laisser les journalistes sérieuses autant que sérieux rendre compte des nouvelles d’un monde qui ne se porte pas très bien. Car les fascistes sont à leur zénith un peu partout sur Terre ils prennent possession de ce monde en compagnie du bloc bourgeois dont nous nous apercevons que les milliardaires qui le dirigent et la masse qui le compose adhèrent avec enthousiasme à cette nauséeuse idéologie. L’opposition de pacotille pseudo-centriste, voire de gauche soi-disant modérée, sensée s’y opposer a fait et continue de faire le lit à cette peste brune que ce soit aux Amériques, en Europe et partout ailleurs. En favorisant l’argent spéculatif sur le dos des travailleur·euses et en promouvant un capitalisme consumériste, extractiviste autant qu’outrancier, en détruisant surtout les biens communs, ils mènent un futur concentrationnaires et mortifère au pouvoir. En France l’épisode de connivence entre une équipe gouvernementale en pleine décomposition et un courant social-démocrate hors-sol outrageusement droitisé, en est un bel exemple. Et c’est ainsi qu’Outre-Rhin, c’est sans surprise que l’extrême-droite a pris possession des esprits en engrangeant plus de 20 % des voix aux élections législatives devenant la 2e force politique représentée au sein du Bundestag, tiefe Traurigkeit!

Tout ceci percute nos faces trop souvent incrédules, comme dans un mauvais roman dystopique emplis de prophéties auto réalisatrices propres aux scénaristes hollywoodiens depuis des décennies. Il me semble d’ailleurs que c’est de ce point de vue de la « monoforme » [+], formidablement décrite par Peter Watkins [+] dans « Media crisis » [+], qu’est partie la guerre culturelle qui a mené à ce désastre du moment dans les imaginaires de la planète. Comme le faisait remarquer je ne me souviens plus qui : « – On met en scène tous les scénarios possibles de fin du monde, on ne sait pas mettre en image et encore moins imaginer ceux qui narreraient la fin du capitalisme ! ». Je ne reviendrai pas sur Peter Watkins et son excellent travail à propos de la critique de l’image. Il vous suffira de remonter le fil de mes Chroniques du lundi de quelque mois ou peut-être années sur mon site philippepitet.com pour retrouver mes considérations à ce sujet. Et puis d’ailleurs pour finir dans ce délire apocalyptique, ne sommes nous pas exhorté·es à nous unir toutes et tous dans un nouvel effort de guerre [+] par un président de la république française en plein délire ?

Je sens qu’il nous faut remettre les pieds sur Terre. Il nous faut encore et toujours sortir de ces sidérations, prendre les mesures de l’urgence, revenir à la raison. À commencer par réfléchir, s’extirper des canaux creusés par une information délétère et une propagande décomplexée. Et aussi par rallier la lecture de journalistes qui font du vrai et bon travail d’investigation autant que d’information objective loin des médias du pouvoir et des milliardaires. Des journalistes qui n’irriguent pas les consciences avec les ferments de la haine, je vous conseille de prendre des nouvelles du monde à travers le portail des médias libres sur le lien https://portail.basta.media, mis en œuvre par l’excellent média en ligne « Basta mag! » [+]. C’est une initiative simple mais efficace qui liste une bonne centaine de médias réellement indépendants et auxquels on peut faire confiance sans tomber dans le piège de la promotion de l’extrême-droite ultra majoritaire dans les médias actuels qui vont du service public à la presse dans les mains peu scrupuleuses du bloc bourgeois. D’ailleurs, il me semble là aussi vous en avoir déjà parlé il y a quelque temps. Pour continuer sur la lancée je vous renvoie enfin à la lecture d’un article dont j’apprécie la teneur bien qu’elle soit un tantinet incantatoire. Cet article écrit par Thomas Wagner fondateur du média « Bon Pote » intitulé : « Sortir de la sidération : 20 actions pour passer à l’action » [+], sur ce média qui traite avec sérieux des problèmes écologiques de la planète.

En parlant de journaux sérieux celles et ceux qui me suivent, ou plutôt qui suivent mes billets hebdomadaires, savent mes références. Et dans ces temps où nous allons devoir faire face de plus en plus fréquemment aux pires catastrophes naturelles parce que le bloc bourgeois a décidé du suicide collectif des humaines et des humains, quelques lectures peuvent donner du baume au cœur pour résister à ce totalitarisme. Pour le coup, je vous conseille aussi un sujet sur « Reporterre » [+] qui a pour objet l’afforestation et la reforestation. Un article qui nous narre le besoin de stabilité de la nature. Sous le titre :« Planter des arbres n’est pas forcément bon pour la biodiversité » [+], cet article nous explique pourquoi il est donc essentiel de préserver les écosystèmes existants plutôt que d’en créer. Planter des arbres en échange d’arbres arrachés est souvent contre-productif. À dire avec force à nos édiles locaux qui font n’importe quoi avec notre patrimoine naturel.

Je ne sais pas pourquoi je vous parle d’arbres alors que je m’étais levé ce matin en murmurant à mes propres oreilles que partant de mes expériences d’échanges artistiques j’aurais bien parlé d’histoire de l’art. Je me disais aussi qu’à me lire ou m’écouter vous connaissiez mon obsession à tenter de rétablir l’équité femme/homme dans cette fameuse histoire. Surtout dans ses lignes européennes à travers les figures de la représentation depuis la renaissance. Je ne sais pas si je suis convainquant, ni même crédible à le faire. C’est loin d’être mon expertise et je suis un mâle blanc cisgenre occidental de plus de 60 ans. Bref voilà beaucoup de tares qu’il me faut surmonter pour vous parler de la chose. Sauf que je m’y risque souvent.

Pour ce billet je voulais parler d’une certaine Judith Jan Leijster [+] une peintre effacée comme tant d’autres de nos tablettes bien masculinistes et machistes. Judith Leijster était une peintre néerlandaise du 17e siècle, elle a créé un univers assez singulier dans son travail qui avait pour sujet des scènes domestiques et profanes. Des images du quotidien qui deviendront grâce à elle des sujets d’expression picturale. Elle a exploré les scènes de vie dans la société de son temps à travers les représentations de taverne, de fêtes, de paysages et autres portraits. Elle était bien cotée et prisée de son vivant, elle arrêta sa pratique pour s’occuper de ses enfants et de la carrière de son mari, un autre peintre de la scène artistique hollandaise du moment. Elle ne tarda pas à être oubliée après sa mort comme pour la totalité des femmes qui s’aventurèrent dans les vertes prairies de l’art dominées par des chefs de meutes aux mâles attributs qui comparaient la qualité de leurs traits de pinceaux à l’aune de leurs pénis, on peut noter qu’à travers ces considérations phalliques certains prétendent être des génies et avoir du talent. Le pire est que l’on attribua des pièces de l’œuvre de Judith Leijster à d’autres, et surtout ces autres ont usurpé son regard et sa pratique. Au delà de ces histoires horribles qui ont fait de l’histoire de l’art une histoire masculine. Au delà de la disparition de cette artistes aux yeux de la postérité, il reste le fond. Il reste son travail, ses boulots, ces toiles, dans lesquelles l’humanité se reflète pour une éternité dans d’étranges et immenses sourires radieux qui détonnent sur des fond sombres et monochromes emplis d’ombres dissimulées, mais rehaussées par des touches de flambées éparses d’un éclairage faisant éclater le sujet central. Les sourires peints autant que dépeints, presque obligés, me font l’impression de masques sur des mystères cachés, peut-être peu avouables. Des personnages dont le naturel est qu’on leur perçoit un naturel qui n’existe pas, comme des monstres qui n’en sont pas, ou peut-être si !
À regarder de près, la peinture de Judith Jan Leijster ouvre la porte vers un monde étrange et inquiétant enrobé de douceur maitrisée. Si je mets tout ça dans les références de ma culture bien trop « pop » pour être sensée dans un exercice de critique d’art : on se croirait dans un épisode du Prisonnier, « Bonjour chez vous ! ».
C’est ce qui fait à mes yeux toute la force et la puissance de cette hollandaise. Des univers où la ligne entre force et fragilité est si ténue que l’on ne sait de quel côté tomber. Bref tout ce que j’aime dans l’art.
On peut retrouver l’histoire et l’œuvre de cette peintre oubliée en images comme en paroles sur la chaine YouTube de l’excellente Margaux Brugvin [+], qui travaille à sortir maintes artistes femmes de l’invisibilisation historique où elles sont volontairement et systémiquement plongées. Une vidéo que l’on peut chercher sous le titre : « Portrait – Judith Leyster, artiste effacée » [+]. Toujours sur la plateforme à la flèche blanche sur rouge vous pourrez trouver un autre court document vidéos assez synthétique et récent sous le titre : « Judith Leyster : l’étoile volée du Siècle d’or • FRANCE 24″ [+], vous pourrez faire ici rapidement connaissance avec cette artiste dont l’œuvre la plus connue est une toile qui se nomme : « La joyeuse compagnie ». Voilà sur ces doctes paroles, je vais vous quitter.

Sur le texte de ma Chronique du jour dans mon site web philippepitet.com je vous laisse, comme à chaque opus, avec une image issue de ma pratique. Aujourd’hui c’est un dessin extrait d’une des premières séries de mes centaines de dessins qui se sont regroupés sous ce titre générique « Aiga – la cartographie sensible de l’eau » et qui a pris près de 15 ans de mon labeur. Ce dessin a illustré un album du groupe One Arm [+] dont je vous ai parlé au début de cet édito du jour. Je vous souhaite une belle dernière semaine de février et je vous donne rendez-vous lundi prochain comme à l’habitude. Addisiatz amigas e amics !

« Aiga » v.0.1

Audio diffusé la semaine du 24 février 2025 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :


La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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