28.06.2021 – Chronique du lundi
28 juin 2021 § Poster un commentaire
Mon grand-père lisait-il Merleau-Ponty (Maurice pas Jacques) ?
Merleau-Ponty n’était pas marxiste. Tout comme mon grand-père ne l’a sûrement jamais été. Je parle de mon grand-père maternel : l’aviateur. Qui n’est pas mon grand-père militaire pour les gens de ma famille qui s’aventureraient à me lire !
Chères amies et chers amis internautes je vous souhaite bien le bonjour dans cette nouvelle chronique du lundi 28 juin 2021.
Première vrai chronique de la saison estivale où je continuerai de vous narrer la vie qui passe sous mes yeux et dans mes oreilles, voire mon nez, sans oublier mes mains dans cette histoire sensible…
Alors aujourd’hui je n’ai pas perdu mes notes et puisque nous venons de passer un épisode super démocratique je vais donc vous parler, de mon grand-père maternel, histoire de détendre l’atmosphère dans les chaumières. Et surtout parce que j’en avais envie. Je vous entretiendrai de mes réflexions sur Maurice Merleau-Ponty cet été peut-être, mais je vous indiquerai tout de même un peu pourquoi ce cher Maurice à la fin de cette chronique.
Sinon peut-être que cet été mes chroniques du lundi seront un peu plus légères, vous savez, comme dans ces magazines féminins peuplés de super pépettes qui narguent la fameuse ménagère de 50 ans du haut de leurs 16 ans maquillés en maillot de bain parées de leur ventre plat et où l’on apprend tout l’été à manger selon le fameux régime crétois. Nan je rigole !
Pour revenir au chapeau de la chronique du jour : même s’il n’était pas marxiste, mon grand-père l’aviateur était tout de même peut-être un peu communiste. Là c’est moi qui l’affirme à la lumière de ce qu’il me disait lors de ses confidences de fin de vie à travers le récit de ses aventures d’aviateur du temps jadis. Il me disait avoir la plus grande admiration pour le parti qui était contre la guerre, lui qui avait perdu son père en 1916 lors de la campagne des Dardanelles alors qu’il avait à peine 7 ans. Ce parti communiste et la CGT, son bras syndical, qui défendaient les travailleuses et les travailleurs alors que sa mère veuve de guerre dut élever ses deux jeunes enfants en lavant nuits et jours, dans le froid comme dans la « canha » (cagnard en français) le linge sale d’une bourgeoisie boursouflée et bien peu compatissante, qui l’avait tout bonnement spoliée. « Et oui, c’est le seul parti contre la guerre ! », finissait-il toujours par dire dans ces discussions.
Il y a fort à parier que la peur du rouge distillée en permanence par les médias dominants et bien pensants de province, à l’époque comme aujourd’hui réfrénait ses choix politiques lorsque qu’il s’agissait de glisser son bulletin de vote dans l’urne. Et puis il y avait l’admiration pour De Gaulle comme pour une grande partie des gens qui avaient résisté pendant l’occupation nazi.
Bref, autant m’avait-il fait quelques confidences de gauche avant les 1e élections de ma vie auxquelles j’ai pu participer : les présidentielles de 1981, autant je n’ai jamais su pour qui il votait… Dans tous les cas, même si j’étais déjà persuadé de l’iniquité de ce type de vote majoritaire à deux tours, et du vote en général, j’avais voté Laguiller (et pourtant je n’aimais pas les trotskos !) au premier tour et Mitterrand au second. Un vote comme une bravade face à l’establishment bourgeois, tel que me l’avait à moitié soufflé ce super grand-père que j’adorais.
À l’époque l’abstention était faible et on pouvait tout de même trouver les élues et les élus un minimum légitimes. À présent, avec une abstention des deux tiers du corps électoral, même le bloc bourgeois devrait comprendre que cette légitimité de façade s’est effondrée. Un peu de logique et surtout de raison nous feraient explorer d’autres modes de représentations comme le vote par pondération [+], le vote par approbation [+], ou même et encore le vote méthode Borda [+], que sais-je ? Je reste persuadé qu’il faut nous éloigner de ces systèmes de votes majoritaire, même pondérés par des calculs proportionnels, ils ne représentent rien de légitime.
Et comme le disait je ne sais plus qui : à 1/3 du corps électoral on s’approche du vote censitaire en usage avant le suffrage universel. Alors oui il y a ces trucs style tirage au sort, comme quand on désigne les juré·e·s d’assises, là je ne suis pas persuadé de la pertinence d’imposer un rôle à quelqu’un qui n’en voudra pas forcément.
Tout ça pour dire qu’il faudrait surtout que les élu·e·s du 2e tour d’hier ne nous la jouent pas trop fières et fiers à bras, avoir été choisi·e par quelque chose entre dix ou douze pour cent de la population, ce n’est pas un exploit et ce n’est surtout pas trop représentatif des opinions.
Pour rajouter au fiasco, si j’en reviens au 1e tour de ses dernières élections, je confirme car ça m’est arrivé, les documents électoraux (professions de fois et bulletins de vote) ne sont pas parvenus à bon port chez beaucoup d’électrices et d’électeurs, alors que tout cela était soigneusement sous-traité à une valeureuse société privée qui répond au doux nom d’Adrexo [+], un peu comme si notre service public n’était plus capable d’une quelconque activité. Pour le 2e tour les documents sont arrivés samedi matin, très juste pour se faire de véritables opinions.
Si tu rajoutes à cela, une non connaissance des enjeux, bonjour l’efficacité des cours d’éducations civiques à l’école, une manipulation « sondagiaire » permanente, en Occitanie par exemple les sondages donnaient le parti fasciste en large tête des intentions de votes, et puis la diabolisation ad nauseam du rouge voire du vert en politique générant des réflexes de votes utiles, la représentativité des élu·e·s n’est pas vraiment au top dans ces assemblées où l’on va avoir les mains libre pour décider de bétonner à outrance nos sols et notre littoral sous prétexte de réalisme économique, alors que nos espaces vitaux se meurent et que notre espèce suivra de près cette extinction.
Réjouissons-nous tout de même que les candidats du parti fasciste français n’aient pas avancé d’un pousse sur l’échiquier de la politique nationale, malgré l’appui de plus en plus visible de la grande majorité des médias nationaux. Malgré aussi la récupération et le recyclage de ces idées d’extrême-droite par la droite dite traditionnelle et qui ne se privera pas de les appliquer dans ses fiefs.
À ce propos, je trouve Denis Robert très en forme dans son dernier éditorial sur Blast [+]…
Bon bref je vais arrêter de m’étendre sur ce sujet électoral, mais je rappelle qu’une fois encore la culture et surtout l’art ont été les grands absents des (non) débats de cette course aux pouvoirs semi-locaux. Il faut être honnêtes et le dire : les seules propositions concrètes pour les artistes-auteur·e·s émanaient des Insoumises et des Insoumis en campagne. Pour le reste on restera sûrement sur un statu quo sans intérêt, ou plutôt dans le désintérêt des potentats locaux, sauf quand il s’agira d’appuyer les petits copains ou les petites copines. Nous n’avions tout de même que peu d’illusion sur le sujet. Et pour clore cette longue diatribe, vous aurez tout de même compris et vus où mon cœur et ma raison balanceront lors des prochaines échéances électorales, et surtout pourquoi.
J’arrive encore une fois en fin de chronique sans avoir parlé d’art, sauf sur le dernier point de mes hyperboles au sujet des élections départementales et régionales de notre bel hexagone que nous venons de vivre.
J’avais pourtant des notes.
J’avais en tête plein de sujets depuis longtemps agités dans mon esprit par Merleau-Ponty [+], (Maurice pas son cousin Jacques) et sa phénoménologie de la perception, à travers l’art moderne comme contemporain. Il s’avère que je viens de lire (et oui je ne l’avais jamais lu !) le petit ouvrage « Causerie » qui retranscrit les chroniques de ce philosophe l’antenne de la radio publique française en 1948, formidable support à l’agitation de mon cerveau. Promis j’y reviendrai bientôt, à moins que ce soit encore une de mes promesse de gascon.
Des notes j’en avais aussi autour de ces pratiques singulières de l’art outsider, que j’avais déjà effleurées il y a plusieurs rubriques, un peu comme une autre de mes fameuses promesses de gascon.
Je voulais vous parler de cette exposition pour les 20 ans du MAM (Musée des Art Modestes) de Sète sur le psychédélisme [+], bon là j’ai une excuse : je ne l’ai pas encore visitée.
Mais là où je n’aurais aucune excuse c’est si j’avais laissé sous silence la géniale exposition du non moins génial artiste Herbot dans son atelier toulousain, chez lui. Herbot pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas est cet Illustrateur emblématique de « Fritures, le magazine des possibles ». Herbot a surtout crée René Apallec, ce personnage d’un autre siècle qui découpe des revues et magazines du passé (certains, de véritables reliques, datant de plus de 150 ans) pour créer des portails de gueules cassées hors du temps. Pour visiter cette exposition qui durera encore quelques jours en juillet il vous faudra prendre contact et rendez-vous. Vous pouvez avoir toutes ses coordonnées et voir son travail en vous rendant sur son site [+], franchement n’hésitez pas.
Avant de partir pour de nouvelles aventures avec ma Thérèse [+] qui se remet sur pieds petit à petit, et vous laisser jusqu’à lundi prochain, sur un autre registre mais après tout toujours dans un paradigme hospitalier qui pourrait tuiler avec les gueules cassées précédentes, je vous laisse avec un lien vers l’univers de la plus que très talentueuse artiste plasticienne et vidéaste Élodie Lefèbvre [+]. À travers ce lien vous pourrez trouver le très beau travail « Si j’étais ton miroir » qu’elle a mené en 2019 au sein : d’une résidence artistique collaborative dans un EHPAD et son service des soins palliatifs. Elle a compilé tout ce labeur vidéographique dans un site sijetaistonmiroir.com [+], je vous en souhaite bon visionnage et vous dis à la semaine prochaine.

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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