04.10.2021 – Chronique du lundi
4 octobre 2021 § Poster un commentaire
Ma journée en mode pêle-mêle
Aujourd’hui c’est un peu en vrac que je débute ma chronique. Nous étions déjà revenus à Toulouse lundi dernier, mais à travers un étrange rêve je suis presque de retour au sources de la Drôme au réveil. Hélas j’ai posé mon pied sur le parquet d’un appartement bien toulousain dès mon lever et je poserai le dernier point du texte d’aujourd’hui dans la cité comtale aux briques rouges. En attendant c’est dans l’ombre des senteurs de bois alpins à travers ces magnifiques couleurs de l’automne à flancs de montagne qui trottent dans mon esprit encore envahi de sommeil, autour de cinq heures du matin, que je vous souhaite la bienvenue très embrumée dans ma 51e chronique hebdomadaire de rang en ce lundi 4 octobre 2021.
Une chronique qui sera peut-être plus légère que celle de la semaine dernière, car l’impérieuse nécessité de bosser dans mon atelier pour une prochaine expo d’un côté et pour mes activités d’aide à la production artistique de l’autre à travers Combustible [+], pour finir ce ce soir par une importante réunion de rentrée de notre cher Atelier TA [+], m’obligera à m’étaler bien moins qu’à l’habitude.
Il y a des mois je vous avais expliqué que d’un lundi à l’autre je passais du temps à prendre des notes pour pouvoir vous livrer en temps et en heure une chronique hebdomadaire un tant soit peu construite. Mais voilà depuis plusieurs semaines, dès la fin de cet été très déréglé que nous venons de vivre, j’ai accumulé des notes que je passe d’une chronique à une autre. À la fin des fins, je trouve cela assez intéressant dans le sens où cette méthode me permet de prendre du recul vis à vis de l’actualité du temps qui passe. Je m’aperçois avec grande satisfaction que je ne rentre plus dans ces états réactifs qui ne mènent qu’à des impasses intellectuelles.
Bref, sans être le joyeux neuneu de service il est temps d’avoir un peu d’optimisme dans la réflexion. À cette heure très matinale plein de doutes envahissent mon esprit, vu que Thérèse [+] et moi à cause de nos travaux artistiques en cours et aussi de la famille surtout en ces temps derniers douloureux naviguons régulièrement entre Die et Toulouse, je me pose la question du transport ainsi que de la mobilité et bien évidemment de ses coûts pour la planète. Nous usons plus qu’il ne faudrait du transport automobile, son atout comme son défaut est sa commodité d’usage. En fait, je déteste conduire et les trucs testiculaires liés aux moteurs à explosion que l’on a entre les jambes ou sous le pied m’ont toujours fait chier, désolé pour ce langage. Et de plus comme l’aurait dit un très cher disparu : je n’ai pas de rêves chromés !
Pour ma part, je suis assez amoureux du train, j’adore contempler les paysages défiler à grande ou petite vitesse sans n’avoir rien d’autre à penser que cette observation. Mon imaginaire y vagabonde et se développe. Je me sens plus libre dans un train qu’au volant ou au guidon d’un véhicule à forte (ou non !) puissance, n’en déplaise à des générations de publicistes thuriféraire de l’ordo libéralisme. Petite aparté pour préciser que, comme vous l’aurez remarqué : j’adore utiliser ces deux derniers termes depuis plusieurs chroniques. Sauf que l’ordo libéralisme est à l’origine d’un coût exorbitant du transport ferroviaire pour rétribuer aux mieux le capital et il soutient sans faille un transport automobile financé par le travail des classes laborieuses et les moins fortunées.
Hors donc revenons au sujet et plaçons la chronique de ce jour sous les hospices de l’espoir d’un monde plus vert et des hommes comme les femmes qui seraient plus respectueux de la planète sur laquelle ils sont obligés de vivre quoiqu’il arrive, n’en déplaise non plus aux milliardaires de la Silicon Valley [+].
Alors certes, nous pouvons nous lamenter sur l’imbécilité humaine avec cette triste histoire de cimetière de locomotives en Normandie. Une histoire que l’on peut lire sur Reporterre [+]. Mais en restant sur les bons rails, nous pouvons tout aussi bien nous réjouir de cette belle initiative qui tend à remettre en place les lignes secondaires de train que la puissance capitaliste mortifère avait vouées au gémonies de la rentabilité croissante, avec ce projet Railcoop, pionnier du ferroviaire citoyen [+].
Alors, oui, je sais que beaucoup usent de services de covoiturages, moi y compris parfois, mais laissez-moi tout de même penser que malgré la facilité d’accès à ce type de mobilité cela va à l’encontre du bien public. Et de penser encore que, comme tout autre véhicule individuel, la voiture individuelle restera toujours la voiture individuelle, même à quatre ou six dedans, elle sera éternellement une aberration autant écologique qu’humaine qui brosse le poil dans le sens de nos plus bas instincts nombrilistes exacerbés par des ambitieux publicistes qui aiment porter montre de luxe à cinquante ans et costards de luxes portés sur le teint légèrement halé d’un bronzage parfait
Trêve de considérations peu amènes pour l’engeance à catogans et chaînes en or qui brillent, ou plutôt maintenant aux tempes bien dégagées autour des oreilles, à la barbe bien taillée et aux pantalons bien serrés qui ont le feu au plancher laissant voir un joli tatouage sur une cheville nue dans de belle chaussures chics mais décontractées, il me faut me dépêcher de bouger.
Car le petit déjeuner avalé, je dois me presser d’aller gaiement rejoindre carnets et crayons. À pied évidemment, là point d’empreinte carbone si ce n’est celle de ma respiration de mammifère. Je continuerai cette chronique au long de ma journée de travail sur le coin d’une planche à dessins ou d’un clavier d’ordinateur. Du coup je me dis d’ores et déjà qu’il vaudra mieux que je vous entretienne d’art, ce qui est plus intéressant que mes considérations de bar du commerce sur l’avenir de la planète.
Ainsi pour faire suite au propos de fin de petit déjeuner, dans cette matinée au Soleil hésitant, parler d’art oui, mais tout de même en restant encore un peu sur son versant politique. Ou plutôt de l’organisation de notre culture artistique nationale via les ruissellements ministériels. Ce qui me permet ici d’aborder la vacuité d’une énième ministre potiche qui dirige un ministère malheureusement non moins potiche.
Voilà plusieurs semaines que je voulais en parler, l’attitude de cette ministre à l’encontre des artistes-auteur·e·s a du mal à passer, Bachelot déteste les artistes quand ils ne s’appellent pas Michel Sardou, si tant est que l’on puisse nommer artiste ce dernier, vous pourrez lire les turpitudes de la ministre chouchoute du PAF sur cet article du quotidien en ligne Actualitté.com [+].
Il est évident que par effet domino ces artistes qui sont auteur·e·s et qui œuvrent dans les arts plastiques et visuels, dans les bas fonds de ce prolétariat en haillons, sont encore moins entendus par cette grande bourgeoise qui parle de peintres et autres sculpteurs comme si nous étions encore au XIXe siècle. Après l’affairisme numérique de droite, voici l’inculture et la bêtise à la tête du ministère fantôme. Ce ne sont pas les 4 milliards d’euros annoncés (il faut bien lire : annoncés !) pour le budget de sortie de crise sanitaire en 2022 [+], mais qui intègre des sommes déjà engagées (suivez l’arnaque qui risque bien de se préciser !), qui vont nous sortir de la panique.
Comme à l’habitude la part du lion est servie à l’audiovisuel, au cinéma, à la musique, au spectacle vivant, aux opérateurs, aux institutions locales, aux gros diffuseurs, et l’on cherche toujours dans tout ce fameux ruissellement où se trouve ce qui reviendrait aux artistes-auteur·e·s, nulle part sûrement car dans toutes les discussions ministérielles leurs syndicats représentatifs sont rarement invités, voire jamais. Toujours cette vieille antienne qui voudrait que l’artiste qui dessine, peint, sculpte, manipule de l’image, fait des volumes pour s’exprimer soit un être solitaire qui vit d’amour, d’eau fraiche et de l’air qui l’entoure, tout en ayant le temps de se couper parfois une oreille tellement il ou elle est original·e ou tout simplement autant folle que fou. Ou alors il ou elle est adulé·e par son public et passe son temps dans des avions d’une biennale à l’autre, et là c’est cool pour le ministère, ça correspond à un vrai marché et l’artiste n’a donc pas besoin de se syndiquer…
Alors je ne sais pas pourquoi, mais à l’approche du déjeuner de mi-journée à l’ombre de quelques nuages lourds d’un ciel toulousain qui s’éclaircit, mais sous l’éclairage de ce dont je viens de vous entretenir au sujet des artistes-auteur·e·s, il pourrait y avoir débat sur qui est ou non un ou une artiste. Débat que l’on aurait extrême difficulté à conclure. L’interprète est-elle ou est-il artiste autant que l’auteur·e, ou le vulgum pecus peut-il se déclarer artiste ? Autant de points de vues que d’interprétations, autant de nuances que de couleurs dans la palette, autant de tonalités que d’allitérations.
Pour le coup je me cantonne aux territoires explorés par les comparses qui sillonnent les chemins de mes pratiques. Ce qui n’avance personne sur la question, j’en conviens. Et en plus j’use et j’abuse de l’écriture inclusive, ce qui n’a rien à voir mais qui doit en énerver plus d’un·e de mes lectrices ou lecteurs, heureusement que les audit·rices·teurs peuvent s’en fiche !
En parlant d’artiste, de talent et de l’opportunité d’être artiste, ces créateurs et créatrices qui se trouvent tout à coup connues ou connus (et oui, je n’use pas toujours du point médian voyez-vous !) uniquement grâce au Net comme cette peintre irlandaise Genieve Figgis [+], que l’on encense de partout dans le Monde depuis que Richard Prince [+] l’a « boostée » sur la place mondiale des spéculations de l’art, me laissent sans voix à voir un boulot qui n’est pas tout à fait ma tasse de thé.
Elle vend, comme il est dit sur la Gazette Drouot [+], et ainsi le monde de la marchandise et du capital peut faire d’énormes dégâts dans l’art en hiérarchisant les boulots de telles ou tels par rapport au travaux tels ou telles autres, sous l’angle uniquement et trivialement pécuniaire de la marchandise proposée. C’est un peu comme quand une panne mondiale d’une plateforme de réseau social pendant plusieurs minutes peut faire baisser les transactions boursières jusqu’à mettre au chômage des milliers de travailleuses et travailleurs.
À travers ces processus proche de la théorie des jeux, l’artiste plasticien·ne est de fait réduit·e dans un statut de fabricant de produits matériels par le marché et la civilisation de la consommation capitaliste mondialisée, sans aucune considération pour sa production de valeurs contributives à la société comme les valeurs immatérielles que sont la connaissance et l’intelligence. Ou tout du moins ces considérations sont mises de côté voire caricaturées, voire caricaturales dans un certain monde de l’art contemporain, du street-art, de l’art outsider et j’en passe.
Mais il est évident que les confusions à propos du travail artistique entretenues par un manque flagrant de culture générale chez nos concitoyennes et concitoyens n’est pas fait pour arranger les choses. La société de consommation associée à la société du spectacle, dont il faudrait toujours voir l’éclairage de Baudrillard pour l’une [+] et de Debord pour l’autre [+], enferment le public comme un réceptacle de masse, non pas passif au sens de l’inactivité car la réactivité n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui, mais incapable de réfléchir en dehors des chocs émotionnels qu’il gobe à longueur d’informations. Informations, quelles soient verticales comme la télévision, ou horizontales comme les contenus interactifs du Web.
Le repas de midi est juste devant nous, je suis avec mes collègues de l’Atelier TA autour de la table et il me revient à l’esprit que je vous l’avais déjà narré il y a des mois dans plusieurs de mes anciennes chroniques : j’ai fait partie des initiatrices et initiateurs du collectif Art En Grève Occitanie [+]. Un de nos slogan répétait sans cesse « Nous ne voulons pas mourir sur scène », ce qui voulait signifier qu’en tant que plasticien·ne·s nous ne faisons pas du spectacle. Ce qui nous amène surtout à nous éloigner systématiquement de cet « art-spectacle » qui, comme je viens de vous le dire plus avant, mélange tout. Comment continuer à subir l’hyper vacuité narcissique d’un Jeff Koons ? Dont une rétrospective s’expose jusqu’au milieu de ce mois d’octobre au MUCEM [+] et qui pour moi continue à créer les conditions d’un terreau de « l’hyper-sensationalisation » délétère pour l’art actuel ou contemporain.
À tout dire, il n’existe pas tant de différence entre la production de cet ancien trader devenu artiste contemporain sur-médiatisé et un livre récent co-écrit entre Cyril Hannouna et Christophe Barbier qui explique ce que pensent les français·e·s [+]. Ou encore la mise en scène depuis des décennies de la vie et maintenant de la mort de Bernard Tapie que l’on a dit artiste un temps et un autre. Le cirque est permanent et contamine tous les domaines, cet homme qui fut un pot pourri archétypal de l’admiration fabriquée par une « Storytelling » médiatique et que tout un·e chacun·e peut porter à un homme qui réussit, l’archétype jusqu’à la caricature du capitalisme. Le monde de l’art n’en est évidemment pas à l’abri, les paradigmes des arts plastiques et visuels encore moins.
Du coup entre coups de fourchettes et crissements de couteaux l’on se demande toujours qui est artiste et qui ne l’est pas ?
Question à laquelle vient se rajouter cette autre question lancinante pour la majorité des citoyennes et citoyens : qu’est-ce que l’art ?
Et cette dernière qui me questionne depuis toujours : devrais-je me contenter de cette définition du dictionnaire ?
Comme par exemple celle qui est donnée par le Robert : « 1. L’art est un moyen d’obtenir un résultat par l’effet d’aptitudes naturelles ; – 2. Un ensemble de connaissances et de règles d’action, dans un domaine particulier ; Ex. Art vétérinaire ».
Ou devrais-je me contenter aussi de ce qui est dit dans une encyclopédie en ligne et régie par les règles de l’Active Common, je cite : « L’art est une activité, le produit de cette activité ou l’idée que l’on s’en fait, qui s’adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect. […] On considère le terme art par opposition à la nature conçue comme puissance produisant sans réflexion, et à la science conçue comme pure connaissance indépendante des applications. […] ».
Dans tous les cas, j’adore le Robert et la notion d’art vétérinaire ça remet bien les choses à leurs places.
Plusieurs pistes sont peut-être à trouver dans ces textes sur le site d’Art en Grève Occitanie (AEGO), comme cette tribune pour dire non à une société sans artistes [+] ou cet autre article à propos d’un impossible retour au métier [+]. Dans tout les cas : nous ne voulons pas être définis par nos manques [+]…
En parlant de AEGO, les réseaux Air de Midi [+] et Dacdoc [+] ont convié Victoria Klotz [+] artiste plasticienne et militante politique qui accompagne dans son territoire le collectif et Sergueï Wolkonsky (Alias Moderne) [+] artiste, enseignant, conseiller culturel et activiste au sein d’Art en Grève, à donner leurs points de vue dans une rencontre professionnelle intitulée « Vie d’artiste, voix d’artistes » [+] à l’isdaT [+] le vendredi qui arrive, le 8 octobre de 9h à 13h. Une rencontre qui sera diffusée en direct sur la chaine web de ces beaux arts de Toulouse [+]. Une rencontre à laquelle ni Thérèse, ni moi ne pourront participer malgré ce qui avait été annoncé sur les panneaux d’affichages comme on pourrait le dire dans une gare, car de tristes obligations familiales nous ramèneront dans nos montagnes du Diois aux sources de la Drôme.
Alors que la sieste ne viendra pas et qu’il me reste un peu de temps et de place dans la chronique du jour, ce serait le moment de voir les choses autrement. Peut-être du point de vue de ce que je pourrais nommer l’activisme sensible, de la facilité déconcertante et si réjouissante qu’ont les artistes à adopter un point de vue qui les amène à acter tous les jours et à questionner le monde sous toutes ses coutures. Ce qui m’amène à vous narrer en quelques mots cette exposition super réjouissante, à Toulouse dans la galerie des éditions Kloug [+], intitulée « Opus Saint Sernin », expo de photographies prises sur le célèbre marché aux puces de la ville rose, des d’objets, des portraits de brocanteurs et d’habitués, par les photographes Maud Wallet, Elise Pic, Diego Fermin, et par le formidable artiste Jacques Barbier dont j’admire énormément le travail, l’inlassable créativité, comme l’incroyable énergie
La journée s’avance inexorablement, la lumière s’assombrit au-dessus des grandes baies vitrées du toit de l’atelier, En rangeant des cartons de dessins vieux comme avant que j’étais jeune con, je revois quelques boulots qu’il me reste de l’époque, à travers les trames les à plats d’encre noire, de dessins aux lignes géométriques entremêlées de texte, je me dis que ce n’est pas pour rien que depuis plusieurs jours je m’étais mis dans la tête qu’aujourd’hui il me fallait vous parler du groupe Bazooka [+] et de l’influence primordiale que ce collectif d’artistes a eu sur ma vision des arts visuels ainsi que de ma pratique.
Les artistes qui ont formé le groupe c’était rencontrés lors de leurs études d’art dans la 1e moitié des années 70. Olivia Clavel, Lulu Larsen, Kiki Picasso, Loulou Picasso, Philippe Bailly et Bernard Vidal étaient élèves des Beaux-Arts de Paris, ils sont rejoints par Jean Rouzaud. Ces jeunes gens modernes de l’époque, ont dynamité les pratiques graphiques entre collages, supports, la pratique de la peinture, du dessin, la narration graphique, par là même poussant vers les territoires de la BD. Ils ont inventé un concept d’attentats graphiques foisonnants, décalés et ambiguës, non dénués d’un humour noir qui ne plaisait pas forcément à tout le monde. Des travaux graphiques et plastiques dans lesquels le « regardeur » rentre à des degrés souvent élevés d’interprétations jalonnent le parcours du groupe. Ils ont accompagné le mouvement punk, ils étaient punk !
Durant toutes cette période, jusqu’à la fin des années 70 et au tout début des années 80, ils ont mené à bout leur boulot de subversion par la représentation visuelle jusqu’à établir un concept de dictature graphique. Le monde des graphzine et de la micro-édition actuel leur doit beaucoup, si ce n’est quasiment toute les trouvailles esthétiques du genre. Quelques années plus tard, au milieu de la décennie suivante, parce que Radio FMR [+] était assez proche du magazine Actuel, j’avais rencontré Jean Rouzaud et discuté avec lui au long de soirées bien agrémentées de tout ce qu’il faut pour parler sans fatigue avec enthousiasme.
En parlant de radio, on peu entendre un super petit documentaire de quelques minutes qui date de près de 20 ans en écoute sur Arte radio [+], et dant j’aurais bien voulu en être le réalisateur.
Certains des membres du collectif ont continué respectivement de belles carrières artistiques. On peut retrouver leur site sur la toile, comme celui de Bernard Vidal [+].
Pour conclure cette séquence à coup de Bazooka, il me fallait préciser que Lulu Larsen de son vrai nom Philippe Renault est mort en 2016, à l’époque c’était un peu mon préféré à travers son trait un peu « organique » proche du bad painting, si tant est que j’ai pu préférer le travail d’un ou d’une de ces artistes plutôt que d’une ou d’un autre…
Cette histoire me fait penser, à mes goûts musicaux de ces temps là qui interpénétrait sans complexe mes goûts visuels, à l’image de mon écoute immodérée de groupes de l’époque comme Throbbing Gristle [+]. Il faut noter que Lulu Larsen vécu un temps chez chez Genesis P-Orridge, chanteur de ce groupe, après la fin de Bazooka. Dans ces goût musicaux qui parsemaient ma discothèque faite de K7 enregistrées il y avait aussi Cabaret Voltaire [+] dont le chanteur Richard H. Kirk est mort le mois dernier. Grande tristesse, qui donne envie de se repasser ce titre, Silent Command [+] que j’ai écouté en boucle pendant des mois…
Cabaret Voltaire venait de Shiefield. Il y a un peu plus de 10 ans, de manière assez impromptue, j’en avais longuement parlé avec Tim Etchells [+] de Forced Entertainment [+] qui est originaire de cette même ville et dont la formation est contemporaine de Cabaret Voltaire. Il était très étonné que je puisse connaitre ce groupe et sa musique. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte cette anecdote qui vient de me surgir du fin de ma mémoire, la nostalgie d’un après-midi qui touche à sa fin, peut-être.
La fin de l’après-midi, en effet et toujours que de l’art dans cette chronique du lundi, presque pas de politique, peut-être pour finir vais-je m’y mettre !
D’autant que j’avais commencé ce matin avec des considérations autour de l’écologie. Permettez-moi pour le coup de faire une perfide saillie par rapport à la coutre victoire de Jadot sur Rousseau aux primaires de EELV en préparation des prochaines élections présidentielles.
Une perfide saillie quasiment gratuite tellement je trouve ces séquence de politiques politiciennes aberrantes et obscènes tant nous sommes proche du précipice.
Enfin donc : on constatera dans cette porn politique que le bloc bourgeois a eu chaud… Ouf ! L’écolo pragmatique pro-croissance et CAC 40 compatible est passé, pas de spectre d’alliance entre les Insoumis et les Verts par exemple. De toute façon Sandrine Rousseau n’avais vraiment pas la presse dans les mass-médias, à lire dans Acrimed [+].
Du coup je vais clore mon laïus du jour, avant l’apéro, par une petite revue de presses ou clics comme j’aime bien faire.
Tout d’abord sur la fameuse Affaire du siècle, l’histoire d’une grande action généreuse et militante pour lutter contre le réchauffement le climatique et… Les choses se retournent contre ceux qui veulent sauver la Terre. Vous en saurez plus en lisant cette tribune d’un certain Pierre Sassier sur Médiapart [+]
Ensuite et tout compte fait dans la perspective du précédent clic, tant le Web est devenu un outil permanent de combat. On pourra lire les réflexions de Guillaume Pitron sur le coût écologique d’un like [+].
Nous poursuivons sur les chemins de la technologie et surtout sur celui de la non croissance technologique à outrance pour s’apercevoir comment une « low tech » salutaire se retrouve systématiquement vouée au silence par le dogme ordo libéral, à lire dans Reporterre [+].
Reporterre, dont je vous assure que je ne possède aucune action et qui je le sens risque de soutenir contre le gré d’une partie de ses lectrice et lecteurs un candidat compatible Medef, nous informe à propos de la Liga des boues intrusives sur le littoral au Pays Basque [+].
Pour finir avec les faux nez du moment, on peu constater un bon exemple de « green washing » de derrière les fagots à travers la campagne Un Siècle Vert, qui se veut être un espace de débats et de discussions pour aider la planète. Campagne lancée par l’UIPP qui n’est autre que le consortium de 19 entreprises dont Syngenta, BASF et Bayer. Le monde des pesticides et autres produits mortels contrattaque pour mieux écraser cette vermine rêveuse qui pensait que le monde d’après la pandémie serait plus beau et plus solidaire. Et puis Jadot va pouvoir jouer à la négociation pragmatique, nos enfants sont sauvés… C’est bizarre comme un Siècle Vert prends un nom éponyme du dernier bouquin de Regis Debray, le roi du recyclage !
Sinon pour rester au vert et à Toulouse on purge façon Staline [+], fini donc l’action écologique réaliste qui était sensée faire respirer la ville en grand. Dramatique imbécilité qui prouve le grand intérêt que porte notre édile principal et sa garde rapprochée à la sauvegarde d’un environnement sain et à la santé de ses concitoyennes ou de ses concitoyens.
Ce qui, par d’audacieuses relations de cause à effet, me prouve bien que le dictateur russe du 20e siècle, sus-nommé en exemple purgatif, était bien de droite et que l’hypothèse communiste n’a jamais été appliquée comme le dit depuis quelques temps l’excellent Frédéric Lordon [+].
En tout cas, merci monsieur le maire pour cette révélation tardive…
Et en parlant de grosse buse décomplexée, je reste dans la région pour lorgner vers un autre beau spécimen et la personne du maire de la ville du bord de l’Orb, qui se prend pour seigneur et frappe ses francs biterrois avec des fleurs de lys ostentatoires sur les billets en plein cœur de l’Occitanie. Dans la ville qui fut massacrée par des français assoiffés de sang au slogan de « tuez-les tous dieu reconnaîtra les siens ! « .
Bravo le gars, des confins de la Garonne aux rivages de la Méditerranée il faudrait peut-être réintroduire le goudron et les plumes.
Tout compte fait, je ne sais pas si j’ai été vraiment positif dans cette présente chronique. Je l’espère, mais je sais que je reste toujours réactif, alors que je fustige tant cette réactivité qui broie notre capacité à réfléchir sereinement. Que voulez-vous tout être humain est autant paradoxal qu’ambivalent, je ne déroge pas à cette règle.
L’apéro et la réunion à TA sont terminés, j’en reviens à parler rapidement d’art, car en effet nous devions Thérèse et moi, ouvrir notre atelier au public dimanche 10 octobre prochain, à l’Atelier TA et dans le cadre des JAA 2021 [+], hélas une suite de tristes nouvelles que j’ai déjà évoquées plus tôt aujourd’hui nous ramènera du côté de Die cette semaine, nous ne pourrons pas ouvrir nos antres de créatrice et créateur… L’année prochaine sûrement.
Et pour terminer rapidement ce 51e texte éditorial car il faudra bien que je le publie avant minuit, comme je l’avais fait il y a trois semaines : je vous laisse en compagnie d’une vidéo. Avec des trains qui circulent à travers cet objet visuel expérimental, qui a nécessité des rushes en super 8 et des transcodages approximatifs en Hi8 et VHS, ainsi que des raccords avec un appareil photo numérique d’une génération quasi jurassique, le tout suivi d’un montage en numérique. Un travail que j’avais réalisée il y a déjà quelque temps. Elle fait partie de ma série « No Show ». Elle questionne la mémoire, sa fiction dans l’image et sa narration. Ce qui me permet de boucler avec le début de cette chronique.
Je finis d’écrire ces lignes après une multitude de péripéties à Toulouse, il est vingt-trois heures passées de plus de dix minutes, je vous souhaite une belle semaine et vous dis à la semaine prochaine.
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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