20.05.2024 – Chronique du lundi

20 Mai 2024 § Poster un commentaire

Cercar encara e totjorn de l’aiga

Chères et chers ami·e·s, tous et toutes les autres aussi d’ailleurs, je vous souhaite une chaleureuse bienvenue dans cette nouvelle Chronique du lundi. Du lundi 20 mai 2024 pour être plus précis.

Un nouveau billet sur le temps qui passe sous mes yeux, sur la planète des hommes et des femmes. Vous aurez remarqué, j’y reviens souvent, que jamais je ne me permets de convoquer l’homme sans y accoler la femme et vice-versa. Nos langues latines sont ainsi faites que nous ne pouvons même pas invoquer le neutre du genre. Bref, pour affirmer ainsi qu’en honnête homme que j’essaye d’être, je ne peux me permettre d’exclure de mes narrations la moitié de l’humanité. Vous l’aurez bien compris. C’était bien sûr une précision de début de chronique pour les esprits chagrins qui s’offusquent des formes inclusives que j’emploie souvent ou qui se demandent justement pourquoi je ne me contente pas de dire simplement « planète de hommes » sans y rajouter la femme systématiquement. D’autres me diront aussi qu’en utilisant ces formules j’en exclue les genres dit non-binaires. Là les gars (et les filles !), dites vous simplement que la langue que j’utilise n’est pas assez complexe pour contenter vos désirs !

Voilà une bien longue digression pour le début de cette tentative éditoriale de ce lundi. C’est à dire que je suis plutôt d’humeur taquine ce matin d’un jour qui suit une fête chrétienne et qui pour le coup se retrouve chômé par beaucoup de gens même par celles et ceux qui adhèrent à d’autres sectes, même aussi pour les autres qui sont d’horribles mécréant·e·s comme moi. Tel un profiteur qui nage dans la bonne soupe, c’est sûrement pour cela que je badine sans scrupule à propos des bases et des règles de la bienséance. Et puis il ne faudrait pas oublier qu’il y a déjà bien longtemps que ce jour d’aujourd’hui, celui dans lequel s’inscrit la rédaction de cette présente chronique, ce fameux lundi de Pentecôte, n’est pas forcément chômé, il est même travaillé pour beaucoup de mes concitoyen·ne·s depuis 2004, et qui plus est : travaillé à titre gratuit sous prétexte de solidarité. Une belle arnaque de plus et surtout une exploitation déguisée [+], mise en place par le bloc bourgeois et son capitalisme mortifère pris ici en flagrant-délit de rêve d’un travail sans coût voire d’esclavage profitable.

Je m’énerve déjà sur ce sujet somme toute classique de l’exploitation capitaliste des masses laborieuses comme le dirait une rhétorique surannée, alors qu’avant toute chose dans cette chronique du jour je voulais préciser un point soulevé dans celle de la semaine dernière. Une chronique de grève dont vous pouvez toujours prendre connaissance si ce n’est point encore fait en navigant sur ce site web. J’y faisais une allusion aux soubresauts qui agitent [+] le Palais de Tokyo [+] à Paris. Et je vous narrais que malgré ces tempêtes dans un verre d’eau ce temple d l’art contemporain n’était tout de même pas furieusement révolutionnaire. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain comme on dit. Pour le coup il est évident que je suis tout à fait content que cette institution s’empare avec force des thèmes qui traversent notre société, comme justement le genre, mais aussi la guerre et les violences en tous genres… Voilà pour la précision, d’ailleurs une lettre et pétition de soutien et pour la liberté de programmation lancée par le réseau DCA [+] est en ligne, vous pourrez toujours en prendre connaissance et la signer en suivant ce lien [+].

Or donc, après cette longue introduction en forme de mise au point générale qui vient de prendre bien plus que la moitié de mon exercice éditorial du jour, voire sa totalité, je vais essayer de reprendre brièvement le cours de mes billets qui vous narre le monde qui passe sous mes yeux voire dans mes yeux tellement l’actualité des hommes et des femmes de ce monde nous en met plein la tête.

Car oui l’actualité est brûlante, entre un président religieux et sanguinaire qui s’écrase [+] en hélicoptère, une flamme d’un autre âge aux relents totalitaires [+] qui coûte [+] la peau du dos lors de son passage dans nos rues, ou encore un président israélien d’extrême-droite et ses acolytes mais aussi ses ennemis du même acabit obscurantiste enfin inculpés [+] pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Surtout dans ces turpitudes humaines, en dehors d’une guerre meurtrière sur le flan est de l’Europe et qui ne sert que les intérêts du capital et de ses ventes d’armes [+], nous voilà face à deux autres guerres, coloniales [+] celles-ci, au Moyen-Orient pour l’une et dans le Pacifique pour l’autre. Cette actualité est effrayante. Effrayante à plusieurs titre pour la première parce qu’elle est menée par un pays qui était considéré jusqu’à peu comme la seule démocratie au Moyen-Orient. Effrayante pour la seconde car elle est menée par un pays qui se glorifie d’être la patrie des droits de l’homme. Effrayante surtout parce que le pouvoir en place et ses supplétifs de l’information essayent de nous vendre à tout prix cette « story telling » [+] du méchant sauvage abreuvé de sang, qui ne date pas d’aujourd’hui [+].

À travers ce monde en feu, alors que nous devrions nous occuper de freiner face au mur dans lequel nous fonçons à la vitesse de la lumière, je vous conseille d’écouter et de voir Sophie Binet la très chouette secrétaire générale actuelle de la CGT dans cet entretien d’une heure sur Médiapart [+], je ne pourrais dire mieux.

C’est ainsi que je vais conclure le billet de ce jour, non sans vous narrer enfin et comme promis à plein de moments depuis près de 10 mois le destin de ces fameuses « microbassines » dont je vous ai tant rabâché les oreilles et les yeux. Tellement que l’on dirait que je n’ai œuvré que sur ce boulot depuis plus d’un an. Ce qui est évident loin d’être le compte. Mais trêve de digression, revenons-en à ces fameux récipients au cœur de cette installation en plein champs. Tout d’abord, en ce qui concerne le projet initial je vous renvoie vers mes argumentaires que vous trouverez sur ce site en suivant ce lien [+]. Ce pourrait être simple et sans histoire, si il n’y avait pas eu un événement que l’on peut qualifier d’improbable. Pour résumer, cette installation est composées de 100 récipients que l’on trouve plutôt dans les cuisines que dans les près, tous en matières non plastiques et dont la collecte fut assez laborieuse, récipients au départ enterrés à fleur du sol fort pentu à flanc d’une colline sur un bout de près que j’avais soigneusement débroussaillé auparavant, avec parcimonie pour lui laisser sa joyeuse diversité champêtre, j’avais ensuite semé ce champs de graines de plantes mellifères. Un travail fait lors d’une résidence de création à laquelle j’avais bien sûr associé les jeunes gens du tiers lieu de transition écologique Bordanova [+] qui accueille donc l’expérience Utoparc [+], dont deux qui étaient sur le site pour accomplir un service civique. Quelques jours après son inauguration début juillet cette installation était vandalisée, les 100 récipients étaient déterrés retournés et mis en vrac comme une mise à sac de mon travail. Nous aurions pu imaginer une action vengeresse de mouvances nauséeuses et anti-écologistes. Mais point de tout cela, car après explications diverses mes deux services civiques étaient passés aux aveux : sans concertation ils avaient détruit mon labeur sous le prétexte que ces récipients étaient devenus des pièges à petites bêtes, « un génocide d’insectes » dixit nos deux rastas blancs. Sur le moment j’avoue avoir été plongé dans une grande colère. Surtout quand l’équipe qui encadrait ces jeunes gens les a soutenus à la fin des fins, sous prétexte de la préservation de la biodiversité alors que ces « microbassines » avaient déjà commencé à créer leur propre écosystème.

Un peu difficile de gérer les contradictions auxquelles j’avais à faire face, surtout quand on se retrouve mis sur le banc des accusés du salaud d’artiste aux mains sales, sans aucun soutien du côté de la structure qui était censée accueillir et préserver mon boulot. Bref j’avoue avoir eu une bonne phase dépressive et l’envie de tout envoyer chier. Mais fort heureusement, je sais mettre de l’eau dans mon vin, j’avoue aussi avoir une bonne capacité pour la diplomatie et surtout savoir me remettre en question facilement. Après avoir précisé à des personnes un peu incrédules face à moi que la destruction d’œuvre d’art pouvait être passible de 100000 € d’amende et sanctionné de 7 ans de prison et que surtout la concertation aurait pu être mise en œuvre au préalable de la destruction de mon travail qui avait pris plusieurs pois de mon existence d’artiste, ce qui a été fort heureusement entendu avec respect, je me suis mis en quête d’une solution qui contenterait mes exigences et mon propos artistiques tout autant que les valeurs portées par ce tiers-lieu de transition écologique. Valeurs que je partage presque à 100 %, cela va sans dire.

Partant du principe qu’il n’y avait aucune raison que l’on ne puisse pas y parvenir. Ainsi après presque un an de tests, quelques pertes et remplacements d’éléments aussi, j’ai fait sortir ces « microbassines » de terre. En relation évidemment avec le formidable artiste qu’est Carl Hurtin [+] et qui gère PAHLM Pratiques Artistiques Hors Les Murs [+] avec toutes les difficultés que cela entraine. Et tout compte fait le résultat est autant intéressant que satisfaisant. En complément de tout mon travail plastique que je mène autour de l’eau depuis près de 15 ans avec « Aiga, la cartographie sensible de l’eau » [+], je me dis avec plaisir que cette installation qui interroge la relation que sapiens entretient avec l’eau dans notre monde moderne, une installation implantée au cœur d’Utoparc , vient de faire peau neuve pour une nouvelle et heureuse lecture. C’est chouette !

La restitution de la 3e édition des résidences Utoparc aura lieu le 22 juin prochain. Vous y trouverez tous le travail des artistes qui sont intervenu·e·s cette année ainsi évidemment que les œuvres encore visibles créées lors des deux précédentes éditions. On ne peut que remercier PAHLM [+] et 3PA Formation [+], structure initiatrice de Bordanova, pour ces très belles initiatives.

Voilà tout est dit, ou presque. Car c’est vrai que j’aurais pu insister sur la difficulté de faire comprendre le travail des artistes plasticien·ne·s à des acteurs de la vie sociale qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est ce travail et qui souvent ne le considère à sa juste valeur qu’une fois présenté. il est tard en ce lundi de Pentecôte, je vais rejoindre Thérèse [+] et les enfants pour un souper avant de rentrer dans une semaine écourtée de printemps. Je vous laisse avec des images de dessins préparatoires de mes « microbassines », c’est la moindre des choses. Juste avant de vous laisser je voulais vous dire que cette semaine a lieu à Toulouse la 4e édition du festival Figuré.e [+] dont deux des événement auront lieu du côté du Faubourg Bonnefoy, un à Trois‿a sous le titre de « Zines of the Zone » [+] et l’autre « Sonovision ep.2 » à Lieu-Commun, Artist run space [+].

Je vous souhaite une très bonne semaine et vous donne rendez-vous dès lundi prochain. Addisiatz amigas e amics !

Photos de peintures à la gouache du plasticien Philippe Pitet, pour la série de dessins de préfiguration du travail de Microbassines - 2023
Petites peintures à la gouache, format 15×15 cm. Dans le cadre de la série de dessins de préfiguration du travail pour l’installation « Microbassines » dans le cadre de l’Utoparc à Lahage (31) – 2023/2024

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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