15.07.2024 – Chronique du lundi
15 juillet 2024 § 2 Commentaires
Un fascisme larvé, une fête nationale, un coup d‘état permanent et de la propagande
Chères et chers ami·e·s de mes billets d’humeur hebdomadaires, je vous souhaite une sincère bienvenue dans cette chronique du lundi 15 juillet 2024. Un exercice approximatif et négligé éditorial du temps qui passe sous mes yeux composé tôt le matin d’un lendemain d’une bien morne fête nationale française.
En parlant de sincérité, il est clair que notre monde a réellement besoin de ce caractère, tant nous nous demandons où elle s’est cachée. En France, désolé de vous parler encore de ce pays mais après tout c’est celui où je vis actuellement, voilà une semaine que s’est terminée une séquence incroyable de crise politique pour aboutir à une nouvelle crise institutionnelle encore plus inextricable.
On ne voit que peu d’espoir pour s’en sortir, entre les atermoiements à gauche bloquée par son aile droite libérale dont la puissance de nuisance est toujours paroxystique, la déliquescence monstrueuse d’un centre forcené prêt à tout pour rester au pouvoir associé à une droite dure immonde prête, elle, à tout pour écraser le peu de solidarité qui nous reste et enfin cette extrême-droite certes un peu sonnée, tellement elle s’y croyait, mais qui même démasquée reste en embuscade pour mettre en œuvre son crapuleux et ignoble programme. Sous nos yeux hagards, nous constatons péniblement l’impossibilité [+] de cette constitution de la Ve république à représenter démocratiquement la société française actuelle.
Fort heureusement à côté de ces turpitudes, la société civile des citoyens et citoyennes a allumé la lumière [+] dans ce sombre univers du spectacle que nous propose le monde politique et médiatique. De nouveaux militantismes se mettent en œuvre pour accompagner un changement que beaucoup souhaitent. Espérons en chœur que nous puissions y arriver. Il faut croire à la puissance des syndicats, à la vigueur des organisations non gouvernementales et à la force des médias indépendants. Et qu’à la fin de la séquence le Parti Socialiste français, qui a fini par perdre toute légitimité dans les rangs populaires, arrête son blocage contre-nature. Tout compte fait j’ai bien aimé les propos de son 1er secrétaire lors de la campagne pour les législatives, mais je vois bien qu’il profite de la situation, ainsi que ses petit·e·s camarades de jeu sociaux-démocrates, présidente de la région Occitanie en tête, pour essayer de tirer la couverture à elles et eux. Il ne faut pas oublier la trahison « hollandiste » du fameux : « l’ennemi c’est la finance »…
À travers ce petit monde endogamique du centralisme à la française, je vous entretenais la semaine dernière du rôle insensé qu’ont joué les médias du paysage audiovisuels français, de la presse et aussi du monde numérique, de toute cette éditocratie consanguine dans les élections législatives qui viennent de se tenir. Dans mes Chroniques du lundi, je vous parle depuis des mois et des années du rôle de ces médias de propagande dans la fabrique des opinions. J’aurais tout aussi bien pu rajouter le rôle des sondages d’opinions auto-réalisateurs. Dans tous les cas nous pouvons que nous réjouir de voir l’ARCOM infliger des amendes records contre les chaînes du groupe Bolloré, et surtout que ces sanctions ont été confirmées par le Conseil d’État, ainsi que l’atteste un communiqué [+] l’Agence France-Presse d’il y a quelques jours.
Ces élections ont enfin mis sous la lumière crue de la réalité leur funeste supercherie. Une analyse bien mieux documentée que mes propos imprécis est à voir et à écouter sur le média indépendant « Blast » [+] – que j’affectionne particulièrement pour ces enquêtes poussées et ses justes analyses – et sa super émission « Rhinocérose » que l’on retrouve sur leur chaine Youtube [+].
Nous savons que toute cette propagande n’avait pour objectif que de pousser un peuple à bout à se jeter dans les mains de fous furieux autant que furieuses fascisantes autant que fascisant, mais qui donnent toutes les garanties de la continuité des privilèges pour le bloc bourgeois, grâce à l’artifice du boucs émissaires étrangers de préférence bien bronzé.
En fait, les peuples – je déteste dire LE peuple – qui vivent sous la bannière de la République Française n’en peuvent juste plus de son président et de sa clique. Dans ces zones dites périphériques des rases campagnes de France qui fournissent le plus gros contingent du vote d’extrême-droite, la population est inquiète de voir les inégalités se creuser, elle a peur de se voir déclassée et appauvrie. Ce qu’elle est déjà dans la triste réalité contemporaine. La difficulté à vivre de son travail est flagrante. Tout ce monde des « petites gens » qui galèrent est au bord du gouffre et s’agrippent à toute idée facile d’accès pour éviter d’y tomber. Là intervient la « storytelling » de la presse du capital. Un discours bien huilé qui assène à ces populations à la dérive qu’ils vont sombrer non pas au profit des plus riches, mais bien à cause d’un ennemi imaginaire. Un ennemi imaginaire créé de toute pièce par la crapulerie d’une propagande fascisante portée par les médias dominants pour le compte d’un bloc bourgeois séparatiste qui en veut toujours plus et ne voudra jamais partager le magot.
Alors que comme le rappelle ce média d’opinion indépendant bien à gauche « Cerveaux non disponibles » [+] dans un post Instagram [+] : en 10 ans en France le nombre de personnes se privant faute de moyens a doublé ; le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a triplé ; le nombre de sans-abri a aussi été multiplié par deux ; la fortune des milliardaires à elle augmenté de 439 %. Et selon la Croix-Rouge il y a 7 millions de personnes en France qui n’ont pas les moyens de se nourrir à leur faim, on compte même plus de 9 millions de françaises et français qui vivent au dessous du seuil de pauvreté. Tous ces chiffres ne sont pas inventés ou issus de sites complotistes, tout le monde peut les consulter sur des sites bien officiels comme « Vie-publique » [+] ou le site web de l’INSEE [+].
Car en fait ce bloc bourgeois a la trouille bleue de voir appliquer le programme du Nouveau Front Populaire [+] qui est pourtant loin d’être révolutionnaire. Sauf que ce programme rogne sur des privilèges déjà exorbitants d’une classe qui n’en a rien à foutre [+] du futur immédiat de la planète et des pauvres êtres qui l’habitent. Pour les dominants autant que les dominantes il est hors de question de redistribuer et de mieux répartir les richesses du monde. Pendant ce temps là la Terre brûle [+] dans un brasier alimenté de leur souffle mortifère.
Ainsi, sans vouloir dramatiser à outrance nous savons à présent que le combat est une question de vie ou de mort pour l’humanité à moyen terme. Un engagement qui se joue sur le plan culturel, une lutte quotidienne contre l’idiocratie mondiale entretenue par la société du spectacle et de la consommation. Une idiocratie qui tient à présent son martyre [+] à travers cette autre élection du côté des Amériques. Tout ceci doit nous ramener à la raison et continuer à nous battre sur le terrain de chaque jour. J’avoue avec fierté avoir commencé dans mon bon vieux Tarn ces actions de dialogues avec celles et ceux que l’on pourrait croire perdu·e·s. Et quand on y regarde de près les fleurs de ces conversations parfois musclés peuvent éclore assez rapidement. C’est d’autant plus facile quand on convoque sa réflexion et ses processus de travail artistiques pour entrer dans ces discussions et accéder à une rhétorique efficace sans étaler un élitisme pédant propre à beaucoup de mes congénères du monde de l’art. Il suffit de rester à l’écoute du dialogue demandé, même si ça coûte des neurones parfois, il suffit juste de se comporter comme ce que doit être l’artiste dans la société : un ouvrier, ou une ouvrière, honnête… Je sais que fort heureusement toute une nouvelle génération d’artistes et de travailleurs·es de l’art ont compris la situation et savent y faire face sans convoquer un ego surdimensionné.
Voilà, je vous laisse pour aujourd’hui, je vais prendre un petit déjeuner d’été avec ma chère et tendre Thérèse [+] avant de partir en studio enregistrer ce que vous êtes en train d’écouter sur les ondes de la Radio FMR [+], si vous ne le lisez pas.
D’ailleurs pour celles et ceux qui sont déjà en lecture sur mon site web je vous laisse avec une autre image issue de ma série des « Slowgangs », qui semble appropriée à mon propos du jour, pour les auditrices et les auditeurs il vous suffit d’aller sur mon site web philippepitet.com, de vous rendre sur la rubrique « Journal|Diary » ou directement en cliquant sur « Chroniques du lundi » de la page d’accueil et de lire cette chronique du jour dans laquelle vous trouverez comme à l’habitude tous les liens dont je vous ai parlé tout au long de celle-ci. À lundi prochain, et comme je vous le dis traditionnellement en occitan : Addisiatz amigas e amics !

Audio diffusé la semaine du 15 juillet 2024 sur les ondes de Radio FMR -Toulouse :
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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Je partage complètement cette analyse.
Delga mémoire courte (ce doit être un profil commun des élites) à oublié que sans une campagne gauche unie dynamique, elle ne serait pas présidente de région.
Bonne semaine Philippe.
Merci Jean-Marc,
Bonne semaine à vous aussi !