31.05.2021 – Chronique du lundi
31 mai 2021 § Poster un commentaire
We are (not) the robots!
Aujourd’hui c’est un peu relâche, j’ai bien peur qu’avec ce petit air d’été ma prolixe pensée ne soit en ce moment que très peu féconde, mais juste vagabonde… Amies et amis internautes je vous souhaite bonjour sur cette nouvelle Chronique du lundi de ce 31 mai 2021.
Alors oui l’été arrive à grand coup de degrés proche ou au-dessus de 30 sur l’échelle de Celsius, petit calcul fait : 86 degrés sur l’échelle Fahrenheit pour mes ami·e·s Outre-Atlantique que je remercie de me lire toutes les semaines.
Quatre vingt six ça pose son homme ou sa femme, ou les deux, ou aucun. Bref, loin de considérations d’écriture LGBT+++, 86 est un nombre qui ramène à mon souvenir l’année de la toute première exposition prestigieuse dans laquelle j’ai eu la chance d’exposer mon travail plastique naissant… Juste après avoir obtenu (difficilement) mon diplôme.
86 du 20e siècle fut pour moi une année assez remarquable. Cette même année où, juste après le premier de mes retours à Toulouse dans ma vie active, j’ai aussi eu la chance de faire le commissariat ou co-commissariat de pas loin de cinq expositions à côté de mon travail plastique tout aussi acharné qu’approximatif en ces temps reculés.
J’abandonnais aussi totalement l’idée de faire de la musique et du rock’n’roll quittant en catimini le groupe Josef et les Philles sur un air de Dinintel [+] !
Année encore où je récupérais quasiment l’usage presque total de ma jambe gauche terriblement mutilée lors d’un terrible accident deux ans plus tôt qui faillit me l’emporter.
Toujours cette année là avec des potes dans une ambiance générale d’entreprenariat triomphant, nous créions les prémices d’une agence de communication graphique dont le support était le numérique naissant.
Cette entreprise naissait dans la lignée d’une expérience commencée 4 ans auparavant, la nouvelle boîte s’appelait l’Agence Image (devenue plus tard Agimage) et l’expérience précédente dont cette agence était issue s’appelait l’Agence Mystère !
Ainsi, en plus d’une pratique artistique et de mon engagement pour une large diffusion de l’art, sans le savoir à l’époque, je m’engageais dans ce long chemin de réflexions qui questionne la place du numérique dans l’art et la culture. Bref une bien belle année que fut 1986.
À ce moment de ma chronique du jour vous devez vous demander où je veux en venir à parler de cette année 1986. Un jour une de mes lectrices m’a dit que rien n’était anodin dans la progression de l’écriture de ces Chroniques du lundi. Un autre lecteur m’a aussi fait remarquer qu’il y avait une progression chaotique vers des chutes construites quoiqu’il advienne.
Aujourd’hui je ne sais pas vraiment, je laisse un peu mes souvenirs vacillants guider ma frappe.
Enfin pas forcément, car peut-être que ces souvenirs vacillants autour de 1986 se concentrent pour remonter à la surface des choses autres que la béate admiration de ma personne… En effet en dissertant sur les événements me concernant au cours de cette année des mid-eighties, certains et certaines esprits chafouins autant que chafouines auront l’heur de me faire remarquer : « – Mais dans cette année 1986, que fais-tu de Tchernobyl ? »
Vous aurez bien raison…
Et quand bien même d’autres moins chafouin·e·s pourraient faire remarquer que grâce à l’excellente technologie française pas un becquerel n’avait traversé nos frontières, et que grâce à ce beau déploiement de ce que l’on n’appelait pas encore « élément de langage », nous avons pu maintenir notre si belle avance dans l’industrie nucléaire… Cette catastrophe a terriblement marqué les esprits et les consciences écologiques balbutiantes. Mais à voir ce qui se passe aujourd’hui ça n’a pas vraiment marqué tout le monde.
Ou encore pour finir cette année 1986, qu’importe si les idées d’extrême-droite droite ne contaminaient pas trop encore la télévision et les médias, un certain Malik Oussekine trouvait la mort dans la nuit du 5 au 6 décembre sous les coups d’une police déjà aux ordres d’un déjà très puissant bloc bourgeois.
Alors oui 1986 fut loin d’être une si belle année pour tout le monde, je le concède.
Je n’ai pas pensé à cette année uniquement parce que j’avais commencé à me remémorer cette fameuse foire d’art contemporain que fut Art Jonction International à Nice, où avec toute une joyeuse équipe d’artistes de la ville rose issus pour beaucoup du monde « Éphémèrien » (de la glorieuse Radio FMR [+] qui fête ses 40 ans cette année) avions exposé nos boulots sous l’eau et sous le doux nom de « Mouillez-vous pour l’art ».
Non, il s’avère que ce dernier we, passé dans la vieille maison de famille tarnaise, j’ai juste ressorti quelques archives et me suis mis à lire mes notes écrites autant que dessinées de l’époque, plutôt que de me mettre à chercher les papiers administratifs dont j’avais besoin.
En fait j’ai surtout fait le rapport entre cette recherche dans ce grenier tarnais et l’actualité de l’art à travers mes recherches et connaissances sur la place de la création artistique dans le monde numérique.
D’autant que depuis plusieurs semaines avec quelques artistes de l’Atelier TA [+] nous nous interrogeons fortement sur l’engouement autour des NFT, acronyme pour désigner l’anglicisme « Non Fongible Token ». Il me semble vous en avoir entretenu il y a quelques chroniques.
Tout d’abord il faut préciser qu’il y a bien des différentes approches quand on parle de numérique et d’art.
Le numérique peut évidemment être un outil de création comme un autre. J’en use et en abuse grâce à tous les logiciels et les outils disponibles, que ce soit pour la création graphique, la vidéo et l’image animée ou encore les créations de volumes avec imprimante 3D ou découpes numériques. Bref un outil supplémentaire pour améliorer son labeur d’artiste.
Il y a aussi l’usage du numérique comme outil de médiation et de promotion du travail de l’artiste. On parlera ainsi de l’identité numérique de l’artiste sur le web. Des sites qui permettent de connaitre et de se faire connaitre ou de l’usage des plateformes de réseaux dits sociaux. Je pourrais aisément revenir sur tout cela étant donné qu’il m’arrive parfois d’enseigner ces pratiques à des jeunes artistes en tous genre…
Vous aurez remarqué que cet exercice éditorial hebdomadaire fait partie de ces pratiques d’identité numérique de l’artiste que je suis.
Les lectrices et lecteurs assidu·e·s savent que je vous ai parfois entretenu du fait numérique dans quelques précédentes chroniques.
Et puis, c’est là où je veux en venir, il y a la spéculation en tout genre ainsi que tout ce qui peut être détestable dans le monde ordo-capitaliste. Le monde de l’art est loin de pouvoir en échapper puisque il le pratique depuis des siècle IRL (In Real Life) !
En fait je dois vous avouer que j’ai regardé un récent Tracks [+], le fameux magazine des cultures undergrounds et parallèles de la non moins fameuse chaîne franco-allemande Arte [+]. Il traitait justement des NFT, de l’art et des artistes qui nagent dedans.
Je vous laisse le soin de le voir de vous même en suivant ce lien [+]… Je trouve cela assez glaçant pour rester dans un mot à la mode.
Nous voilà donc face à une révolution en marche bien de notre temps, sans conscience et sans réflexion. C’est assez terrifiant d’idiotie en l’état des choses, et j’ai du mal à y voir un quelconque progrès que ce soit pour les artistes comme pour la société tant que ces territoires ne seront pas réfléchis au-delà du nombril de la spéculation.
Sans vouloir jouer mon petit conservateur de base (nous avons toutes et tous en nous un côté conservation du bon vieux temps comme une élégie douce et permanente), je suis super content de savoir manier des outils comme le crayon, les huiles, les brosse, la caméra super 8, la ponceuse, le poste à souder ou la truelle… Je vous promets que ça me fait garder la tête sur terre.
La vigilance est donc de mise. Il serait totalement malheureux que la réflexion passe à côté de cette affaire qui va devenir centrale pour la diffusion artistique dans les années à venir.
Bon ceci dit d’autres sujet sont particulièrement intéressants, je pense que bientôt je vous entretiendrai aussi de cette multitude de courants qui nous font naviguer dans ce que l’on appelle l’Art Outsider. Mes « petites notes de grenier » n’y sont pas non plus pour rien.
Bon sur ces belles paroles, le soleil vient de se coucher au moment où je terminais ces lignes. Je vais regagner mes pénates avec Thérèse [+] et les enfants revenus de leur weekend, et vous souhaite une belle semaine qui je l’espère sera loin de toutes ces affres numériques, il fait trop bon de lézarder dans la douceur du printemps pour se manquer devant des écrans les ami·e·s…

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
Votre commentaire