18.10.2021 – Chronique du lundi
18 octobre 2021 § Poster un commentaire
Des fois, je dis ça, je dis rien !
Amies et amis internautes, chères auditrice, chers auditeurs, à l’heure où j’écris ces lignes que vous lisez à présent ou que vous entendez à travers ma voix, il est 5h39 ce matin du 18 octobre 2021, nous entamons ensemble cette 53e chronique du lundi et dans cette relativité du continuum espace-temps, je vous y souhaite donc la bienvenue.
Petit matin dans la pénombre d’un lundi d’octobre pour une chronique placée, une fois encore, sous le kaléidoscope de mes pensées vagabondes qui observent un temps qui passe sous mes yeux. Un peu comme quand on réfléchit à voix haute, j’écris aujourd’hui en picorant de-ci, de-là, dans l’actualité autant que dans la mémoire. Tout en essayant de faire sens autant que perspectives, voilà qui n’est pas gagné mais je m’y lance…
Je dois vous avouer qu’au moment de prendre des notes dans l’ultime but de vous délivrer cette présente missive à temps avant minuit ce soir, je ne savais pas trop par où commencer. Alors je me suis souvenu que je vous ai déjà dit maintes fois que mon travail plastique repose principalement sur des interrogations autour de la mémoire. Et d’un autre côté, dans ces chroniques du lundi, j’essaye de moins coller aux diktats de l’émotion qu’imposent la brûlante actualité.
Pour rester dans cette implacable logique, pourquoi ne pas commencer par un sujet qui paraissait totalement brûlant il y a à peine quelques semaines et qui est déjà tombé dans les oubliettes de la presse ? Pour tout avouer, j’aime bien rouvrir ces dossiers oubliés qui paraissaient aussi majeurs qu’incontournables au moment de leur apparition dans les médias, il est ainsi temps de revenir sur une certaine affaire des sous-marins, dont vous pourrez trouver un résumé dans cet article du Monde qui date d’un mois [+].
Une histoire portée aux faites de l’actualité pendant plusieurs semaines et que le journal Libération nommait il y a à peine deux semaines encore : « l’affaire et la débâcle du siècle » pour la France. Une France qui on se souvient avait même rappelé ses ambassadeurs aux USA et en Australie [+], fait sans trop de précédents dans notre histoire contemporaine.
Je ne dis pas qu’il faudrait taire l’exposition de ces faits, mais son traitement journalistique ressemble par trop souvent à mon goût à une communication narrative, comme une dramaturgie bien rodée qui permettrait d’occuper un terrain incroyablement trop important dans l’espace réflexif de nos quotidiens.
Alors à l’instant même de ce récit balbutiant, que vous pouvez trouver un peu roboratif j’en conviens, je ne voudrais pas faire preuve de débilité profonde ou de manque de vision toute aussi stratégique que pragmatique, mais je me demande toujours en quoi cette histoire de vente d’armes à l’Australie, avortée de manière certes peu sympathique, pourrait être un sujet essentiel face à tous les défis que notre espèce doit affronter pour sa survie. Je dois à coup sûr me tromper car le problème est sérieux de toute façon comme nous l’explique le Diplo dans un article de son blog [+], mais ces vanités nationales, tout compte fait très nationalistes, me fatiguent de leurs vacuités. On ne n’empêchera pas de penser que cette « storytelling » n’est en fait qu’un concours de zizis nationaux, d’une Australie à la dérive sur sa politique nucléaire et un front anglo-saxon néocolonialiste face à une Chine non moins colonialiste qui attaque sur tous les fronts [+], histoire de se faire une place au Soleil factice de la compétition des nationalismes préfabriqués pour écraser les individus.
Pour ma part j’oserais dire que c’est bien fait pour la France qui n’oublions pas vend des avions de combat et des navires de guerre à tour de bras, alors que la seule position de notre pays pour renouer avec ses idéaux universalistes serait de s’opposer à tout néocolonialisme et de mettre son énergie industrielle au service d’une décroissance salutaire pour la planète entière. Du coup nous pouvons bien nous ficher de la perte de cette vente, merci Frustration Magazine [+] de nous le rappeler avec brio.
Et je finirais par dire que je trouve cette affaire bien hallucinante. En effet, comment peut-on encore gérer le monde comme si nous étions en 1910, 1930, 1950 ou 1970 ? C’est comme si on passait notre énergie à parler du sexe des anges alors que l’on devrait biner la terre pour planter les graines d’un potager sensé être notre seule chance de survie… Le monde se prépare aux changements climatiques en préparant la guerre [+]. Et jusqu’à l’élimination de notre espèce par elle même, jamais n’apprendrons-nous rien de l’histoire ? Je ne suis pas vraiment fan du « média alternatif » QG mais sans vouloir faire mon collapsologue de base : la Terre brûle là, maintenant, sous nos yeux, pour de bon, même plus au figuré, et c’est à lire dans cette chronique sur ce web médias écrite par le sociologue Alain Accardo en lien ici [+].
Il n’est pas loin de 14h dans le continuum espace temps de cette chronique du jour. Je ne sais pas si j’aurais le temps de parler d’art d’ici sa fin, car peu de temps ai-je aujourd’hui à y consacrer et tant de choses de la vie publique ai-je à dire, comme cet autre scandale absolu dont la presse qui soutient les puissant·e·s ne s’est fait écho que du bout des lèvres et des claviers que sont les fameux Pandora papers.
Hors donc, Pandora papers qu’est-ce que c’est ? Vous pourrez trouver une réponse dans cette synthèse d’Attac en un clic [+], ou sur BBC Afrique francophone [+], ou encore sur le journal 20mn [+] dont la couverture du sujet fait presque exception dans le paysage de l’information en France, cela y restant toutefois quasiment du domaine de l’entre filet.
En effet pendant ce temps là rien en une des journaux français sauf sur celle de l’humanité. Rien dans les médias audiovisuels non plus, si ce ne sont que quelques infos rapidement distillées en attendant que tout cela se tasse. On ne se demande plus qui détient la presse en France.
Il y a trois semaine à quinze jours, lorsque cette affaire des Pandora Papers devait battre son plein, résumons le sujet le plus intéressant du moment, selon ces médias: Zemour sera-t-il aux obsèques de B. Tapie ?
Alors que tout comme les Panama Papers et des dizaines d’autres scandales financiers depuis des décennies, l’affaire est vraiment extrêmement grave et implique plus de 30 chefs d’états ou de gouvernements ainsi que près de 130 multi-milliardaires dans le monde, comme nous l’explique bien La Relève et la Peste dans cet article en lien ici aussi [+].
C’est tout le capitaliste mondial qui montre encore une fois son visage dans cette nouvelle affaire, c’est à dire l’intérêt de peu au détriment de tous érigé en système dominant et incontournable. La promotion de ce système par une presse qui est sa meilleure agence de communication, Les affaires crapuleuses et toute la promotion des bourgeois voleurs sont bien décrites dans cet article de Frustration Magazine [+]. Petite aparté de mon cru : vous aurez compris que j’aime bien lire Frustration Magazine.
Comme toujours faire haïr les pauvres pour encenser les riches passe par la diabolisation d’une fraude sociale fantasmée qui gangrène la pensée du socle électoral du bloc bourgeois que sont les classes moyennes. Alors qu’il est clair que le montant de évasion fiscale par rapport au montant de ces fraudes sociales, dont une grosse partie est déjà due au patronat, correspond à un ratio de moins de un pour un million (et encore selon les chiffres officiels et connus).
Du coup des trains de réformes toutes aussi mortifères que délétères pour les citoyennes et les citoyens peuvent passer dans cette sédation sociale totale, un peu comme celle des nouvelles règles de l’assurance chômage mises en application au début du mois d’octobre en cours et qui écrase évidemment les plus précaires avec ses nouvelles règles d’indemnisations [+] qui n’ont rien d’anodines. Ou comme la loi sur l’usage des drones de surveillance par la police [+] qui avait pourtant été censurée par le Conseil constitutionnel en mai dernier [+].
Ainsi, sans l’avoir vu venir, nous voilà donc noyé·e·s par une cohorte d’imbéciles dopé·e·s à la haine de l’autre et qui préféreront fermer les frontières du monde riche, plutôt que de vacciner le monde entier. La mondialisation de la santé et de la protection, voilà par exemple une bonne gouvernance globale à réfléchir et à imaginer au lieu de gesticuler en vain. Un vrai sujet dont les éditorialistes de tous poils devraient s’emparer : donner envie aux gens de devenir foncièrement généreux. Ce que les classes moyennes de nos riches sociétés occidentales tout autant que celles des sociétés en fort développement ne savent plus être, toutes accrochées à leur argent et à leurs médias qu’elles sont.
Car pendant ce temps là, que fait un des vecteurs de la propagande capitaliste qu’est la télévision ? En France par exemple, elle fabrique son autre candidat au cas où le premier (celui qui ressemble à un mélange de Zorglub et de Nosferatu) ne suffirait pas à cacher la forêt. Il y a deux semaines, j’avais un peu évoqué le livre d’une certaine tâche excitée à la barbe du PAF co-écrit avec une autre tâche éditorialiste à l’écharpe rouge que l’on croise aussi dans ce même PAF. Soyons affligé·e·s ce bouquin est bien un ersatz de manifeste politique, et c’est tellement consternant, à prendre connaissance dans le Huffington Post [+]…
Bon bref pour résumer, le fabuleux système dans lequel nous adorons nous baigner nous fait admirer des tâches aux méthodes douteuses comme ce fameux présentateur de télévision aux ambitions politiques [+] au lieu de se pencher sur de vrais sujets dignes d’intérêt et de réflexion, du coup dans des démocraties comme celle de notre hexagone nous adulons les escrocs [+]… Quand on voit les images des obsèques quasi nationales d’un escroc adulé par le 2e ville de France en pleur je me dis que tout va bien dans le meilleur des mondes des imbéciles !
Une nouvelle fois j’arrive à la fin d’une chronique de lundi où l’usage de transitions convenues font choux gras, où les effets digressifs sont nombreux et où la conjonction de coordination « mais » règne en maitresse, mais surtout en ayant mis mon écriture approximative au service de mes « râleries » contre ce manque flagrant de raison dans le monde qui nous entoure. Je n’ai toujours pas parlé d’art.
Je vous rassure, je vais vous en entretenir un minimum aujourd’hui dans ce qui va suivre, façon kaléidoscopique comme annoncé en début de chronique car tout de même il me tient à cœur de vous nourrir de trois ou quatre informations sur l’actualité artistique que j’aime.
Et je vais commencer pour faire style en tuilant un peu avec les sujets politiques et sociaux précédent par le sujet du statut de l’artiste européen que l’on pourra lire dans la revue Actualitté [+]. Un statut qui se cherche depuis longtemps et qui a du mal à émerger.
Si vous saviez tous les boulots et métiers que je dois endosser tout au long d’une journée, comme j’ai dû le faire tout au long de ma vie d’artiste, pour pouvoir me préserver un peu d’espace et de temps afin d’exercer un peu de ma pratique de plasticien, sans être obligé de vivre de minima sociaux, qui sont de toute façon impossibles à vivre. Il me faudrait bien plus d’une chronique pour vous expliquer comment tout cela fonctionne réellement pour les artistes plasticien·ne·s, cette extrême difficulté à exercer une pratique et non une « passion » comme voudrait le faire croire une mythologie moderne bien condescendante et bien ancrée dans les têtes contemporaines et vous dire pourquoi nous aspirons toutes et tous à obtenir un véritable statut plus proche de nos réalités de vie.
À parler de ce fameux statut de l’artiste, vous le savez, je vous l’ai narré bien souvent, j’ai milité et milite toujours (mais sûrement pas assez !) au sein d’Art En Grève Occitanie [+]. Dans ce collectif qui interroge la place de l’artiste plasticien·ne ainsi que des travailleurs et travailleuses de l’art dans la cité, nous avons la chance de côtoyer, parmi des dizaines d’autres artistes formidables, Sergueï Wolkonsky [+] dont je vous ai aussi parlé mainte fois. Sergueï porte des regards précieux sur notre milieu d’artistes et son histoire. Il acte aussi passionnément à travers son labeur d’artiste et de penseur de l’art comme avec ses chroniques radiophoniques « Rien ne va plus dans la culture » que vous pourrez retrouver et écouter sur la chaîne YouTube [+] du même nom, que je vous conseille vivement d’écouter.
Jacques Barbier est un autre artiste, dont j’adore le labeur, lui aussi longtemps travailleur de l’art quand il était galeriste. Dans son œuvre aux formes multiples on approche ses assemblages et son regard comme autant de mémoires qui font sens dans un ensemble où l’on perçoit toute l’empathie qu’il porte à ses semblables et au monde qui l’entoure. Je vous avais parlé de son expo à la nouvelle galerie toulousaine Kloug il y a quelques semaines. Il m’y avait offert son livre « Mikado Sabir » écrit sous le nom de René Charpail, je viens de le terminer, non sans mal tellement son exercice d’écriture est dense. Ce qui se dégage de ces phrases couchées et organisées à travers un surprenant processus est cette poésie géniale qui ouvre sans aucun doute une belle perspective dans son travail photographique. Bref j’adore et vous enjoints à vous procurer ce travail au plus vite, comme toutes les publications des Éditions Kloug [+] et à la galerie éponyme à Toulouse.
À poursuivre mes visions kaléidoscopiques du jour, un autre coup de cœur pour un travail habilement exposé dans l’espace public que nous avons découvert Thérèse [+] et moi samedi passé, totalement par hasard, et ici le hasard à très bien fait les choses. Il s’agit de dessins sur photographies sur des affiches, installées en extérieur, qui se déploient dans une réalité augmentée simple d’une grande épure graphique et extrêmement poétique à travers une application à télécharger sur smartphone. Ce boulot s’appelle « Faune » il est le travail des artistes Adrien M. et Claire B. dont vous pourrez connaître la démarche sur leur site web [+], un travail qu’ils ont développé avec l’agence de création graphique Brest Brest Brest [+]. Cette expérience se donne à voir dans plusieurs endroits en France, dont Toulouse sur les grilles du jardin Raymond VI [+] jusqu’au 7 novembre 2021, mais aussi Die dans les rues du quartier St Marcel [+] jusqu’au 15 novembre 2021. Un bien bel hasard assez improbable là aussi d’avoir cette expérience en simultané des rives de la Drôme aux bords de Garonne. Vous pouvez avoir toutes les informations sur ce projet de poésie visuelle, que l’on dirait un peu sorti d’un studio d’animation situé quelque part au Pays du Soleil levant, en suivant le lien toujours sur le site des artiste [+].
Et puis the last but not the least, je ne pouvais surtout pas pas terminer cette 53e chronique du lundi sans parler du prochain Salon Reçoit [+] qui aura lieu comme à l’habitude le 22 prochain qui tombe un vendredi. Ce mois-ci il reçoit une artiste toute aussi formidable que ceux que je viens de citer, en la personne de Sophie Marty Edward [+]. J’adore le travail formidablement engagé de Sophie qui est l’instigatrice d’Imagerie de Combat. Un labeur symbolique qui reprend dans ses œuvres des codes visuels souvent anodins au premier abord qu’elle détourne pour créer de nouvelles acceptions très percutantes et militantes de ces dits codes. Un travail tout en intelligence, en finesse et en poésie aussi (le militantisme graphique de Sophie n’exclut ni douceur ni harmonie), à voir absolument donc vendredi prochain 22 octobre 2021 à Toulouse [+]. Si vous êtes du côté de la ville rose, il vous faudra une bonne excuse, croyez-moi, si vous ne passez pas à ce Salon Reçoit, entre 18h et 22h ce jour là.
Voilà, dans mon continuum espace-temps de cette journée du lundi 18 octobre 2021 il est pas loin de 18h, je n’irai pas plus loin aujourd’hui. En effet je vous quitte car j’ai beaucoup trop de boulot pour m’étaler plus sur le Net. Mais avant de partir je vous laisse avec un dessin exécuté au stylo dans le cadre de l’habillage du site web d’un groupe de musique amplifiée : one arm [+] avec qui j’avais bien aimé travailler il y a quelques mois, ils m’avaient fait confiance et permis fournir ce type « d’artworks », il me semble bien vous l’avoir déjà dit. Je vous souhaite une bonne semaine et vous dis à la semaine prochaine.

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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