31.01.2022 – Chronique du lundi

31 janvier 2022 § Poster un commentaire

Le temps passe, comme les rayons d’une bicyclette…

Voilà donc ma dernière chronique avant mes 60 ans…
Et là, comme je vous l’avais déjà expliqué il y a quelques semaines, me dire que je vais avoir soixante ans demain c’est un peu comme un roman de science-fiction dans ma tête. Il y a quelque chose qui oscille entre incrédulité, appréhension, crainte et détachement. On se demande toujours si notre cerveau est prêt pour la vieillesse tant notre jeunesse nous disait « Die Young, stay pretty » !
Pour moi, dans le temps présent, je ne sais pas vraiment où en est mon cerveau. J’ai juste l’impression de prendre conscience de l’approche du temps des seniors à l’aune des disparitions de proches ou moins proches, célèbres ou moins célèbres. Par-contre, je sais que même si c’est probablement faux, j’ai de nombreuses années à vivre devant moi. Des années assurément pleines d’aventures, d’enthousiasme et de bonheur. L’affaire est à suivre, je ne manquerai pas de vous en faire part tout au long de mes prochaines chroniques du lundi. En attendant je vous souhaite la bienvenue dans celle d’aujourd’hui 31 janvier 2022.

La semaine dernière je vous annonçais une courte chronique, elle ne fut cependant pas si expéditive que cela. Je vous ai beaucoup parlé de crise sanitaire, de politique et peu d’art. Sûrement la proximité d’élections majeures en France influence mon flot éditorial. Mais pas que, il y a aussi tout ce que j’observe et vois d’idioties ou de crapuleries qui nous entourent.

Idioties, crapuleries, mais toutes aussi aussi effrayantes les unes que les autres. Comme ce 50 degrés 7 à Onslow en Australie, un record de chaleur [+] battu sur le continent des kangourous. Alors que l’on se lamente à propos d’un pauvre tennisman numéro un mondial, mais antivax, empêché de tournois pour cause de défaut de vaccination [+], et que l’on s’apprête à célébrer des jeux olympiques d’hiver à Pékin sans neige [+], sur le dos des ouïghours [+], ou encore l’on se prépare à hurler pour son équipe nationale dans un championnat du monde de football qui se passera au Qatar dans des stades climatisés [+], sur le dos de milliers d’esclaves morts au travail, scandale que l’on connait de longue date, un article de 2016 sur le Monde Diplomatique [+] nous l’annonçait déjà.
Je sais que j’énerve plus d’un·e, car il paraîtrait que , souvent dans ces chroniques, je mets en perspectives des informations qui n’ont rien à voir. Il me semble tout de même que cette objection n’est pas sérieuse face au mur vers lequel notre humanité fonce grand train [+]. En fait, bien sûr tout ceci doit être mis en perspective car les désastres écologiques sont toujours des désastres humains.

Alors oui, tant la nature nous semblait inépuisable personne ne s’inquiétait jusqu’alors et les interrogations qui convoquent la viabilité de notre environnements sont récentes. Dans le passé récent de notre humanité nous étions surtout confronté·e·s à ces désastres humains provoqués par sapiens sur sapiens dont l’histoire est farcie comme autant d’indicibles crapuleries que d’incroyables idioties (les mots sont si faibles). Ces désastres qui font tellement honte à la conscience et à la mémoire collective. Ainsi à l’heure ou Serge Klarsfeld [+] rappelle les imbéciles apprentis fascistes à la raison [+], je suis retombé sur une archive de l’INA [+]Henri Krasucki [+] nous remémore l’indicible horreur des camps nazi et la solidarité de celles et ceux qui n’avaient rien. Je vous laisse cette archive en lien ici [+] dans cette chronique. Désolé pour ce point Godwin [+] de comptoir, mais comment s’empêcher de rappeler des faits quand tout le monde remet tout en question sans vergogne.

Idioties et crapuleries de bas niveau par-contre, encore et toujours aussi mesquines, dans les médias dont on ne peut plus douter de la partialité et de la subjectivité à tous les étages de l’information de masse. On voit à la télé qu’un débat fut organisé mi janvier sur la chaine 124news du milliardaire aussi propriétaire de BFMTV, par une journaliste vedette du groupe jeune mariée avec l’actuel ministre de l’éducation. Débat à propos de la fameuse polémique autour des vacances de Noël à Ibiza du dit ministre [+].
Et autant le groupe BFM roule pour le président actuel et le libéralisme autoritaire flamboyant, autant Canal Plus le groupe audiovisuel concurrent roule pour Zemmour et le conservatisme fascisant exacerbé [+]. Tout ceci crève les yeux, ça les crève tellement que plus personne n’est capable de voir clair et les gagnants seront toujours les dominants du bloc bourgeois

Par contre ce que tout le monde voit, et surtout ce que le bloc bourgeois plébiscite, ce sont ces attaques en règle contre toute diffusion des idées révolutionnaires, voire même juste celles de progrès. Ainsi ce qui se passe avec le média de gauche radicale qu’est Nantes Révoltée [+] est typique de cette banalisation de la radicalisation vers l’extrême droitisation de la pensée dominante. Nantes Révoltée est un média libre et indépendant, non rémunéré qui informe sur les luttes sociales, écologiques, antifascistes et antiraciste. S’attaquer à ce type d’organisation est vraiment un mauvais présage, surtout de la part de ces personnages un peu louches à la tête des ministères de l’intérieur et de la justice et de l’ensemble de l’état.
Les priorités sont donc là : s’attaquer à tout ce qui bouge à la gauche hors du bloc bourgeois. Comme par exemple dans la ville capitale de la République française, Paris pour ne pas la nommer, un préfet de police bien connu pour ses positions autoritaires et ses méthodes musclées, préfère interdire une manifestation d’un corps enseignant qui est exsangue tant les décisions du gouvernement sont imbéciles face à la crise sanitaire, plutôt que celle d’un groupuscule d’extrême droite dissout par la justice il y a déjà presque un an, voici un lien vers l’Huma [+] qui nos édifie sur la question.

Et puis pour revenir à l’affaire de Nantes Révoltée, il n’y a rien à attendre de l’info politique spectacle [+], à l’instar du magazine « Quotidien » sur TMC du groupe audiovisuel TF1, aux méthodes que l’on peut situer à la limite de l’honnêteté. Ce magazine et son présentateur vedette, anciennement sur Canal plus, fait donc tout sauf de l’info, il fait de l’info spectacle sous le prétexte annoncé de faire de l’humour avec tout ce qui bouge. Mais voilà, bien trop souvent un humour une fois décrypté qui se révèle être évidemment totalement convenu et formaté pour un bon public à la gauche du bloc bourgeois. Alors oui ils sont performants contre la droite extrême et conservatrice, mais sous ces atours subversifs, ces filles et ces gars sont terriblement conformistes et foncièrement crapuleux. Sous prétexte d’être impartiaux ils contribuent à la prégnance de ce discours qui tend à mettre les idées de la gauche dite radicale dans le même sac que celles de l’extrême-droite, ainsi le font-ils en essayant de traiter le sujet de Nantes Révoltées par le mépris [+].
Ils n’en sont pas à leur coup d’essai. On se souviendra que la détestation de Mélenchon et sa France Insoumise par bonne partie de la classe moyenne vient bien des procédés de harcèlement faussement journalistiques de ces sbires du bloc bourgeois, ce n’est pas nouveau [+].

Enfin on apprend aussi que le ministre de l’intérieur est sûrement très peu confiant en son action contre Nantes Révoltée. Une action qui n’apparaît être encore une fois qu’une communication de propagande afin de préparer le terrain. En effet les avocats de ce média de la gauche radicale nantaise n’ont pour l’instant rien vu de l’ombre d’une quelconque procédure [+]. Même si on sait que cela ne saurait tarder. Une fois l’opinion publique, radicalisée à l’extrême droitisme, enfin favorable : l’affaire sera dans le sac.
Dois-je rappeler ici que les idées d’extrême-gauche, n’ont rien à voir avec celles d’extrême-droite ? Et si la bourgeoisie a toujours essayé de le faire croire, la doxa raciste et excluante du fascisme reste un délit, le bonheur et l’émancipation du peuple reste un objectif. Aucun amalgame n’est possible ni recevable, même la presse d’état l’a toujours su, on oublie de le dire et permettez-moi de vous renvoyer vers un édito qui date d’il y a près de dix ans sur le sujet lors de la mort de Clément Méric, il vous suffira de suivre ce lien [+] sur mon site.

Pour en finir avec ce désolant sujet, il faut se rappeler que sans Nantes Révoltée l’affaire Steve Caniço [+] n’aurait pas émergée dans la presse. Et enfin, j’avoue que si ce sujet me tient à cœur, c’est bien parce qu’il est sensible dans ces temps de replis actuels. Je le disais dans une de mes rares publications sur une plateforme de réseau social bien connue grâce à son peut f bleu : en ayant été il y a plus de 40 ans au cœur de l’émergence de ces dits médias militants (ou alternatifs, ou libres, ou undergrounds, ou que sais-je ?) à travers la création d’une radio libre (FMR [+]) en 1981, et puis tout au long de décennies de (très) durs combats pour cette liberté face aux potentats délétères locaux et à l’arbitraire de l’état, même si c’est à présent de l’histoire ancienne pour moi, je ne peux que partager et vous enjoindre à signer, la pétition de soutien qui légalement ne sert à rien, mais qui permettra tout de même d’établir un certain rapport de force [+].

Là, je viens de vous donner un lien pour vous envoyer vers une plateforme de pétitions, elle aussi bien connue. Alors, comme je l’ai souvent répété et je viens de le redire : ces plateformes n’ont aucune valeur légale. Elle ne servent cependant pas à rien. Elles établissent réellement de véritables rapports de force. Elles ne sont pas néfastes. Par contre l’application du web qui décidément sera bien néfaste est cette vaste fumisterie sondagière qui voit le jour sous le nom de « Élyzé ». Dont les fondat·eurs·rices rêvent de revendre vos préférences politiques ainsi que vos données d’opinions et qui s’en félicitent. Bienvenue à nouveau dans cette fameuse startup nation qui est aussi décérébrée qu’imbécile [+], évidemment portée par le pouvoir actuel.

En parlant d’imbécilité et du monde des industries numériques qui converge avec celui de la communication, le tout supporté par un marketing libéral triomphant, il paraitrait qu’Orelsan le fameux rappeur de Caen qui cartonne à mort avec son dernier album Civilisation [+], est devenu la coqueluche de moult penseurs de modèles économiques sur Linkedin la plateforme de réseau social détenue par Microsoft [+]. Soyons honnêtes, je me demande vraiment à quoi sert cette plateforme qui suinte la connerie crasse d’un monde actif soi-disant dynamique alors qu’il n’est que délétère, sûrement à être dans la béatitude idolâtre de l’idiotie économique libérale qui en sort par tous ses pores digitaux.
Oui vraiment l’imbécilité se niche dans tous les recoins, ainsi toujours dans le domaine numérique, il y a eu cette Commission Bronner [+] qui vient de rendre un rapport : « Les lumières à l’heure du numérique » [+]. Un rapport qui aurait dû faire avancer les moyens de la lutte contre les diffuseurs de haine et de désinformation sur le web. Rapport bâclé où rien n’est dit et tout reste à faire, faux rapport qui n’aura pas su mettre un vrai focus sur l’éducation et la régulation des paradigmes virtuels. Je vous laisse prendre connaissance de ce nouveau flan et vent macronien sur cet article [+] d’AOC Média, un autre média indépendant, à lire avec intérêt.

À force de naviguer à travers toutes ces approximations et tous ces éléments de langages creux, nous n’auront pas d’étonnement à constater les mensonges de la Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de notre sémillant gouvernement, mensonges patentés à propos des aides aux étudiants [+]. Et surtout nous commençons à avoir du mal à croire quoique ce soit qui nous vienne de ce gouvernement sortant. Un peu comme ces intox au sujet du coût d’un étudiant d’université qui n’est pas aussi élevé que la doctrine libérale et capitaliste le laisse entendre [+], juste histoire de faire payer les plus précaires.
Alors que les plus riches se sont encore plus enrichis pendant la crise sanitaire [+].
Ainsi faute de redistribution équitable, tous les communs se meurent à l’image l’hôpital qui sombre dans un naufrage volontairement mis en œuvre par la doctrine libérale au détriment du plus grand nombre. Je vous recommande de lire le dossier complet sur cet effondrement dans Alternatives Économiques [+].

D’autre crapuleries sont à l’œuvre à tous les niveaux et au niveau local ces turpitudes font flamber l’immobilier comme à Toulouse. Ainsi, ça n’étonnera personne que l’équipe municipale se soit engouffrée comme un seul homme dans ce secteur d’activité économique [+], développant des chantiers de démolitions à tout-va dans les quartiers populaires du centre. Par contre, nos édiles n’ont rien à fiche de voir le pouvoir d’achat baisser pour une grande majorité de leurs concitoyen·ne·s. Et, si ça peut consoler, je ne sais pas si le terme est approprié, ce n’est pas une singularité de la Ville rose, cela se passe à travers une financiarisation accrue du logement partout en Europe [+].
Alors que les minimas sociaux sont toujours plus contestés partout sous prétexte d’abus et qu’en France le RSA est loin d’être toujours demandé par celles et ceux qui le pourraient [+].
En fait Il faudrait toujours observer les origines du néolibéralisme, pour mieux le combattre [+].

D’énorme imbécilité encore plus que de crapulerie (quoi que !), il peut en être question à propos de cette grande mascarade qui vient de ce clore à travers cette fameuse primaire de « gôôôche », que je laisse Frustration Magazine décrypter [+] bien mieux que moi. J’aimerais tout de même bien connaître la teneur sociale des participant·e·s à cette opération de marketing politique.
En étant honnête, je me dis que peut-être la seule chose intéressante en était le mode de votation [+] mis en œuvre dans cette pseudo consultation, un mode qui pourrait être intéressant à développer dans les vrais consultations électorales. Sans compter la démarche qui aurait aussi pu aussi être intéressante à condition qu’elle soit réellement préparée [+] pour toutes et tous, et qu’elle ne soit pas le fait de cet étrange groupe d’individu·e·s un peu décérébré·e·s de la gauche bourgeoise.
En attendant le résultat ne faisait pas de doute et était connu depuis le début : une ancienne garde des sceaux va se lancer à l’assaut des cimes élyséennes, vu que l’opération était montée pour arriver à ce résultat. Sauf qu’elle n’a aucune chance d’y arriver, elle va par-contre faire écrouler tous les autres de ce qu’elle dit être son camp, n’oublions pas pour la seconde fois de sa carrière et mener l’extrême-droite aux portes du pouvoir présidentiel.
Tout ceci nous montre cependant que le bloc bourgeois est aux abois, il a peur de voir arriver des vrais forces de gauche au pouvoir, même si j’use et abuse de cette dénomination « bloc bourgeois » qui parait floue à tant d’autres [+], mais dont la définition, après cinq années de macronisme me parait bien claire [+].
Comme le disait la parodie d’un ancien président de la république sur un ton très sec et sans appel : « Imbéciles ! ».

Fort heureusement ce que je vois à propos de ces élections qui vont nous prendre la tête les trois prochains mois qui viennent, est que le vote des 18-24 ans est largement en faveur [+] du candidat de la France Insoumise et de son programme.
Heureusement encore, je me dis qu’en terme de gouvernance de l’espèce humaine, tant au niveau local qu’au niveau planétaire, la voie anarchiste reste ouverte et c’est la seule qui porte l’espoir [+].

À ce moment de ma chronique écrite sur les notes éparses de la semaine passée, je m’aperçois que j’ai employé le mot crapulerie à plusieurs reprises au sujet des agissements peu reluisants de celles et ceux qui nous gouvernent ou de celles et ceux qui dans la presse en font la propagande. Je sais ce terme malheureusement employé plus qu’à son tour comme un des éléments de langage de base de l’extrême-droite. J’aurais dû employer le terme : bassesse, ou indélicatesse ou tout simplement malhonnêteté.
Et c’est aussi à ce moment de cette dernière chronique de janvier 2022, je me dis que je m’énerve bien trop et encore une fois à propos des travers de notre société humaine sans toujours dire un mot sur le monde de l’art et sur les artistes qui le modèle. Alors laissons toutes les turpitudes de notre Terre aux fâcheuses et aux fâcheux, partons vers des rivages intellectuels bien plus accueillants…

Ainsi, vous ai-je déjà parlé de cette formidable artiste qu’est Lucie Laflorentie [+] ? Oui, il me semble dans une ancienne chronique, il faudrait les remonter toutes pour le vérifier, ce que je vous laisse faire avec plaisir sur mon site web.
Lucie Laflorentie fait partie de cette génération d’artistes qui ont toujours vécu dans la crise et qui pourtant ne portent jamais d’aigreur dans leur propos, tout en restant engagé·e·s. Elle reste essentiellement optimiste et pose son regard bienveillant sur son monde, il est dit sur son site [+] : « […]Hors de l’espace confiné de l’atelier la jeune plasticienne ré interroge sa perception de l’espace, pose un rapport mouvant entre elle et l’environnement [… ] ».
Ce que je perçois de son travail est dans tous les cas une très fine analyse sur la relation que nous, sapiens, entretenons avec la nature et le vivant. Elle la narre à travers des matériaux « déchus » qu’elle ré utilise et façonne pour une mise en situation et en perspective de paysages ouverts ou fermés.
Bref un très beau travail actuellement exposé à Toulouse à la galerie Jean-Paul Barrès [+] à Toulouse, dans une exposition monographique intitulée « Donne-moi la couleur naissante ».

S’attarder sur le travail de Lucie Laflorentie, me fait remonter à la mémoire ce mouvement dans l’art qu’est la « Bricologie » [+]. Un mouvement « théorisé sur le terrain » par Thomas Golsenne [+] il y a déjà près de 7 ans à travers cette exposition « La souris et le perroquet » [+] à la Villa Arson [+] de Nice. Tout ceci ayant amené en à la création de deux biennale à Toulouse en 2017 et 2019 sur le sujet avec Bricodrama [+]. Peut-être un jour sous des cieux plus propices nous rééditerons ces expériences. Dans tous les cas à « bricoler pour mieux parler » [+], je sais pourquoi j’adhère à ce concept de bricologie.

Alors, dans cette chronique qui doit vous sembler interminable, j’avais envie de revenir sur une de mes obsessions avec laquelle depuis de nombreuses semaines je vous bassine, cette idée fixe à propos du lointain passé de l’humanité. Je n’y peux rien ma monomanie sur la recherche des origines fait partie de mon travail sur la mémoire .
Hier, dans un pseudo coma d’hiver dominical habituel, affalé dans le canapé du salon de notre foyer toulousain avec Thérèse [+] et ses enfants, assommé par ce temps gris de milieu de la morte saison, j’ai surfé nonchalamment sur des documentaires qui parlaient d’art. Je suis tombé (pas vraiment par hasard !) sur un très bon documentaire de Manuelle Blanc [+] produit par Arte [+] intitulé « 36 000 ans d’art moderne, de Chauvet à Picasso », que vous pouvez retrouver en VOD gratuit encore quelques jours jusqu’à la semaine prochaine sur le YouTube de la chaine, suivez ce lien [+]. Ce documentaire, que je vous conseille, sait écarter finement l’écueil du sempiternel parallèle entre le street art et l’art pariétal de nos lointaines ancêtres, rien que pour cela il vaut de l’or. Bon, je sais j’exagère souvent.

S’il y a un autre artiste qui force actuellement l’admiration c’est bien David Reeb [+]. David Reeb est un artiste israélien censuré pour son œuvre « Jérusalem ». Pas tant que j’apprécie formellement ce travail, mais bien pour la démarche intellectuelle entreprise par l’artiste. Cette démarche fait grande polémique actuellement dans son pays, jusqu’à finir par retarder la ré ouverture d’un musée d’art moderne et contemporain proche de Tel-Aviv à Ramat Gan [+] qui venait d’être rénové à grand frais. L’artiste avait expliqué : « – La peinture se rapporte à l’instrumentalisation de l’attachement juif au Mur Occidental afin de justifier l’occupation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie », elle devait être exposée dans ce musée, son retrait de l’exposition a alors entrainé la réaction de solidarité de plus de 40 autres artistes exposé·e·s dans cette exposition inaugurale de groupe intitulée « The Institution ». Une exposition qui étudiait la « critique institutionnelle » dans l’art israélien, l’affaire est à lire en français sur le Times of Israël [+]. Dans tous les cas, aujourd’hui le musée n’est toujours pas ouvert, ce qui veut bien dire que sans artiste, où que l’on se trouve, il n’y a pas d’art !

D’art et d’artistes engagé·e·s je pense vous avoir aussi déjà parlé de Victoria Klotz [+] une artiste qui travaille et œuvre sur un territoire au cœur de la montagne bigourdane dans les Hautes-Pyrénées. Toujours en surfant dimanche sur la toile à la recherche de documentaires sur l’art et les artistes, je suis arrivé sur un document filmé [+] à propos de cette formidable artiste qui pose la question de nos rapports multiples à la nature, qu’elle soit sauvage ou domestiquée, à travers une multitude de médium qu’un·e artiste actuel peut avoir à sa disposition. Son engagement par son travail artistique voit actuellement un prolongement évident dans la vie de la cité. Après avoir accompagné avec force les mouvements sociaux sur son territoire de vie depuis des années elle s’implique fortement dans une action plus concrète et politique, elle tient un blog sur Médiapart dont je vous laisse ici le lien [+].

Dans un autre type d’engagement, je n’aurais pas assez de mots pour saluer l’implication permanente et formidable de ce centre d’art qu’est la SCAC Marestaing pour la diffusion de l’art contemporain et des ses artistes du continent africain [+]. Mais là où on pourrait se contenter d’accueillir et de soutenir uniquement des artistes, ce centre d’art développe des projets humanistes qui redonnent confiance en l’espèce humaine. Je vous laisse lire le projet d’accueil agricole sur leur mur FB [+], ils n’ont malheureusement pas encore de site web, mais aux vues de leurs formidables activités on ne saurait leur en tenir rigueur.

Je vais bientôt amener un point de conclusion à mon exercice éditorial du jour. Mais avant cela, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que dans mes pérégrination sur le web et au fond de mon canapé dans ce dimanche dilettante et sus-cité, j’ai croisé cette image emblématique d’une installation avec ce livre de Franz Kafka [+] glissé dans l’embase d’un mur, livre qui casse l’alignement totalitaire des briques composant ce dit mur, je voulais juste dire que j’aime bien le travail de Jorge Méndez Blake [+] son créateur, le nom de cette installation est « Amerika », c’est important de le dire. Jorge Méndez Blake est architecte à l’origine c’est un artiste conceptuel mexicain et qui à l’instar de cette pièce emblématique, travaille sur les relations entre art visuel et littérature. Je ne connais pas grand chose de sa biographie, mais je sais qu’il a pas mal exploré les œuvres littéraires d’auteurs comme Kafka, à l’évidence, mais aussi de Guillaume Apollinaire [+], Jorge Luis Borges [+] ou encore Malcolm Lowry [+]. J’aime bien cette façon d’imaginer d’autres vies possibles pour l’univers littéraire. Dans tous les cas « Amerika » est typiquement l’exemple que l’art conceptuel [+] sait aussi se décliner dans l’engagement de l’artiste, car les œuvres d’art peuvent être une manière de comprendre le monde.

Bon quant à moi, je suis assez loin d’être un artiste conceptuel (quoi que !), cela ne veut pas dire que je n’aime pas Duchamps [+]. Je vous laisse pour aujourd’hui, avec une image d’il y a un temps où l’on voit bien que j’aimais travailler la figuration à travers les carreaux d’une vitre filtrant les rayons de la lumière. Toutes ces confidences dites, je vous souhaite une belle semaine tout en vous donnant rendez-vous lundi prochain même heure même endroit quelques cheveux blancs en plus.

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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