07.02.2022 – Chronique du lundi

7 février 2022 § Poster un commentaire

Love is in the air, quelques virus aussi,

Une fois encore j’ouvre les yeux très tôt dans ce matin urbain de la capitale occitane. J’avoue être totalement en vrac, plié. Il est 5h30 environ à l’heure où je commence à écrire ces lignes. Nous sommes le lundi 7 février 2022. Je vous souhaite bienvenue dans cette nouvelle chronique du lundi, à travers quelques bouffées de fièvre.

Je ne compte plus le nombre de mes chroniques, je n’y reviendrai que pour la centième cette année. Je disais dans une récente que j’adore cet exercice d’écriture. Alors oui c’est vrai, pour le moment je ne me vois pas ne plus revenir tous les lundis devant vous, que ce soit sous la forme écrite et même parfois orale quand j’ai le temps de lire, d’enregistrer et de diffuser ces présents textes.
C’est un exercice réjouissant souvent véritable accélérateur à neurones pour ma semaine naissante qui multiplie mes capacités de créativité, mais hélas parfois assez prenant qui me vide à l’inverse de mon énergie ou plutôt de ces dites capacités créatives tant il faut m’y concentrer, aujourd’hui je sais que c’est cette seconde option qui va se mettre en œuvre dans mon cerveau épuisé.

Vous comprenez ici pourquoi certaines de mes chroniques sont pléthoriques autant que prolixes, et d’autres extrêmement légères autant que succinctes.
Alors, en donnant ma vision du monde qui s’écoule sous mes yeux, s’il est vrai que je parle de moi à travers ces mots, ces derniers transpirent surtout mes pratiques et mon (mes !) métier(s !) qui me permet(tent !) de vivre. C’est un miroir, ou plutôt un reflet de mon parcours au quotidien, ou plutôt hebdomadaire en l’occurrence.
Ce « parcours éclaté », j’en avais parlé il y a des années dans ce type d’exercices de speech/rencontre de moins d’une heure le matin, ici c’étaient les Réveils Créatifs [+] il y a presque 8 ans, comme à mon habitude je suis hyper mauvais dans ces prestations quand il s’agit de parler de moi en public. Je déteste la scène et me mettre en scène. Et quand j’ai revu les images, en plus de cet aspect tout aussi brouillon qu’approximatif qui me caractérise, je me suis aperçu que j’intervenais avec une grosse blessure de travail (un éclat de soudure mal maitrisée) qui avait agressé mon nez trois jours plus tôt et me conférait un bel air de poivrot au nez rouge ! Mais pour revenir à mon propos de départ au sujet, ce que j’y disais sur un ton badin et enjoué : c’était bien en filigrane entre les mots cette difficulté à être artiste-auteur et à vivre dans notre société d’injonctions aux performances et à la compétition.

En fait ce que je veux exprimer ici et maintenant : c’est bien que pour vivre, et depuis toujours en tout cas depuis mon entrée dans la vie active après mon diplôme il y a déjà presque 36 ans, je suis obligé d’alterner et d’osciller entre mon travail de recherche en atelier ou simplement ma pratique artistique propre, et des multitudes de boulots alimentaires. Jusqu’à faire des travaux bien éloignés de ma compétence première d’artiste. Je vous assure que ça pompe vraiment mon énergie, dont j’ai pourtant besoin pour combattre cette satané fièvre aujourd’hui. Ainsi il m’est réellement difficile d’écrire cette présente chronique.

Qu’il n’y ait pas de malentendu, je n’ai pas la/le Covid, ça c’est déjà fait, malgré mon schéma vaccinal complet à trois bandes, comme je vous le disais il y a deux semaines. Qu’il n’y ait pas non plus une autre méprise : quand je parle de ces boulots annexes qui me font vivre à peine au niveau du seuil de pauvreté depuis des décennies, je n’y inclus pas ce formidable travail que je mène depuis la fin de l’été avec Combustible [+]. Je reviendrai plus tard sur ce boulot qui met en place les conditions optimales de l’accompagnement d’artistes de tous horizons et de toutes disciplines, avec une équipe formidable tant au niveau européen que transatlantique. Non je parle de tous ces trucs, souvent si éloignés du fond de ma pensée, qui me font intervenir en tant que spécialiste de la radio, du son et de l’image, ou des stratégies de communication numériques.
Bref, de ces chantiers qui paraissent bien souvent sympathiques, mais dont il me tarde d’être totalement dégagé un jour, tellement c’est peu ma tasse de thé comme on dit, malgré le beurre qu’ils mettent dans mes épinards, comme on dit aussi.

Voilà pourquoi aussi, même si ce n’est pas pour moi mais pour les générations d’artistes qui arrivent, étant tellement plus près d’une retraite au minimum vieillesse qu’au début d’une carrière artistique flamboyante, je milite dans des syndicats et des mouvements qui réfléchissent à la mise en œuvre d’un véritable statut d’artiste-auteur, et plus particulièrement pour les artiste visuel et plasticiens. Comme avec le CAAP [+] ou Art En Grève [+]. Sur ces engagements dont je vous ai régulièrement parlés depuis le début de mes Chroniques du lundi, j’y reviendrai aussi prochainement. Une amie lectrice m’y ayant fait penser en m’envoyant un très chouette message à propos d’éducation populaire suite à mon dernier exercice éditorial.

Et en parlant de messages, c’est aussi ma première chronique d’après 60 ans, des centaines de messages d’amitiés me sont arrivés de partout. De personnes proches comme d’inconn·u·e·s, messages tous aussi adorables les uns que les autres. Dans ces messages il y avait évidemment celui d’une cousine germaine que j’adore et qui est ivoirienne. Je vous dirait comment j’ai sûrement autant, sinon plus d’ADN commun avec des africaines et africains qu’ailleurs. Ma cousine dans son message me rappelait à quel point ce continent est mal traité et est la proie de convoitises extrêmement meurtrières. Je reviendrai dans une prochaine chronique sur ce sujet qui me tient tellement à cœur, dont aussi la Contre-matinale du média indépendant Le Média [+] en avait parlé en octobre dernier.

Une longue introduction pour vous dire que cette chronique et sûrement celle de la semaine prochaine seront courtes et empreintes de légèreté pour toutes les raisons énumérées précédemment. En ce qui concerne celle-ci je n’irai pas tellement plus loin. J’avais plein de choses à dire, mais les mots ne me viennent pas vraiment. D’autant que je suis, comme on dit, souffrant et au fond des chaussettes.
L’hiver nous fait des tours parfois, et d’expérience présente je vous garantis que ce n’est pas le satané virus à couronne et à la mode qui est le plus virulent des virus ! Heureusement, l’amour qui règne dans notre foyer avec Thérèse [+] est plus fort que toute les petites gripettes ou gastros de salon.

Mais avant de vous quitter, j’ai quelques mots personnels encore à exprimer. En effet, je vous parlais de chantiers et de travaux qui m’éloignent de mon travail d’artiste plasticien, il en est un qui depuis dix ans est un gros morceau. J’avoue qu’il n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Le week-end prochain mettra sûrement un point final à mon compagnonnage de cette entreprise culturelle à long terme plutôt littéraire, musical et radiophonique qu’est Love Me Tender [+]. Une belle aventure dont je fus un des créateurs en 2012. Tiens pour la peine, qui n’en est pas une, je vous donne ici un petit résumé du comment fut initié ces événements performatifs, et pourquoi j’en étais…

« Au départ il y a eu les créations sonores de Lucie B et Camille Secheppet, qui avaient investi le champs de la radio performative avec « Sans Ma Remington » poussé, produit, généré, et je dirais bien plus par Marc Lazarro (un formidable producteur radio et trublion impénitent des ondes !). Cette opération avait naturellement été accueillie sur des radio les plus aventureuses du moment à Toulouse d’abord sur Campus FM, puis sur Radio FMR, puis sur les deux grâce à Marc.
Alors qu’à l’époque (fin des années 2000), revenant vivre et travailler à Toulouse puis dans le Tarn après de longues années en partances et transits ailleurs, j’avais repris un peu les rênes de Radio FMR, dont je fus dans le temps de sa création un des historiques dès 1981, afin de permettre le passage des commandes à une nouvelle génération de créatrices et créateurs.
Depuis mon retour j’avais mis en œuvre de nombreuses performances et fictions radiophoniques en extérieur avec Radio FMR, qui se jouaient de cette notion espaces réels / espaces virtuels, au sein d’ateliers de créations radiophoniques.
J’ai donc naturellement rencontré Lucie et Camille qui avaient une compagnie « Sans Paradis Fixe », une compagnie qui explorait des paradigmes multi disciplinaire (photo, musique, écriture, arts visuels, arts de la scène, création radiophonique, etc). De plus étant sur la même longueur d’onde que Marc sur ce que devrait être les radios de proximité et sur la création sonore, en tant que plasticien j’avais aussi cette appétence pour la mise en danger de la performance, j’ai intégré ces dispositifs performatifs mis en œuvre par ces formidables personnages.
Pour diverses raisons, FMR était à l’époque à la pointe de la diffusion en streaming sur le web, j’oserais dire « au moindre coût », mais aussi en ce qui concernait le déploiement de « studios mobiles » sur tous les terrains. Ce qui a permis la mise en œuvre de plusieurs expériences de multi-diffusions, scène en public / radiodiffusion. Ce qui a fini par aboutir à une première expérience avec Sans Paradis Fixe en décembre 2011 d’une suite de performances publiques et radio diffusées sur FMR : « Les Impairs à Réaction de la Boutique à Réaction » et la création de Radio Cliché. Cela se passait dans la boutique de Lucie B rue Agathoise à Toulouse. Cette boutique était le repère de la compagnie, le siège d’une maison d’édition indépendante (les Éditions à Réaction) et aussi un tout petit lieu de diffusion littéraire et d’art visuel. L’espace ne devait pas dépasser les 40m2, rempli d’étagères fournies et de douillets canapés !
Donc tel les quatre mousquetaires Lucie, Camille, Marc et moi, rejoints dès le début par Yann Valade qui n’était pas encore Directeur de la Cave Po’, sur l’idée initiale et formidable de Lucie, nous avons décidé de déconstruire cette fête mercantile de la St Valentin et remettre la poésie de l’amour au cœur des humain·e·s, en détournant les codes et les poncifs de cette journée dans la longueur et surtout de mettre en place un dispositif de rencontres non préparées entre musicien·ne·s et lect·eurs·rices, comme pour faire un pied de nez aux « speed dating » amoureux du monde moderne et numérisé.
Nous avons donc lancé Love Me Tender le 14 février 2012, sous le nom de « Love Me Tender encore Une Fois ».
Dans une ambiance conviviale, nous recevions le public dans ce que nous appelions « Le Vaisseau Amiral » qui était la Boutique à Réaction, avec de quoi réchauffer ce public au cœur de l’hiver, du café ou du thé, des croissants, mais aussi de quoi se sustenter comme de superbes plats concoctés par Yann. Le tout et évidemment, c’était le cœur de la performance, au son de lectures accompagnées par des impros de musicien·ne·s et/ou des bruitages qu’ils soient générés par des machines ou par de bêtes instruments anodins. Un public qui nous écoutait aussi à la radio, l’opération étant diffusée en simultané sur Campus et sur FMR.
Dès la première édition, nous avions même ajouté à la difficulté de la performance des plages horaires qui se passaient ailleurs dans d’autres endroits de Toulouse et même de la région. Comme dans cette édition (la 2e il me semble) en déployant ce dispositif dans des lieux improbables comme une MJC à Pamiers ou la cave de Pizzeria Belfort à Toulouse où une chorale Russo-Ukrainienne (à l’époque il n’y avait pas encore la guerre !) avait chanté pendant plus d’une heure un répertoire digne des chœurs de l’Armée Rouge ! Ou encore en pleine gare SNCF, avec une connexion proche du cauchemar qui nous obligeait à amener à pied à la Boutique à Réaction des clés usb d’enregistrements dans un roulement de 1/4 d’heures afin de diffuser la performance en cours… Ensuite, l’expérience ne nous ayant pas suffi, nous avions même évoqué le projet de faire une édition dans un train !
Donc des émissions totalement épiques des éditions 2012, 2013 et 2014, puis une émission de quelques heures en 2015 à la Boutique à Réaction lorsque Lucie est partie ailleurs. L’aventure a repris de plus belle en 2016 avec des hauts et des bas à la Cave Po’ grâce à Yann qui en avait pris la direction, et aussi grâce à la maitrise d’œuvre technique de Combustible avec son dispositif « l’Onde Miroir ». Combustible, cette structure qui accompagne les projets artistiques et culturels (et qui soutient mon travail depuis 2014)… Mais la suite est connue, et se conjugue à la Cave Po’ de Toulouse tous les ans, sur Radio Cave Po’ ainsi que sur les ondes des radios FM fédérées dans cette belle aventure !
 »

Je rajoute à ce texte écrit pour l’historique et la communication de l’événement que cette année, avec la Cave Po’ [+] de Toulouse, c’est la Cie Les Voraces [+] qui prend en charge l’exercice à travers un sacré enthousiasme d’une belle équipe. Ce qui me permet d’imaginer avec joie des vacances bien méritées dès l’an prochain !

Ah, si bien sûr avant de vous quitter, et parce qu’il y a de l’amour dans l’air, il me faut vous dire qu’il ne vous reste que quelques jours pour voir dans ce lieu improbable mais géniale à Toulouse qu’est la Galerie des Éditions du Kloug [+], la belle exposition « De soleil et de froid » [+], un dialogue entre des peintures de Dominique Gaudu [+] et des photos de Jacques Barbier [+], merveilleux artiste et galeriste, avec Élise Pic [+] le co-fondateur du lieu.

Voilà sur ces quelques mots, je vous laisse et vous donne rendez-vous lundi prochain. Ce n’est pas que l’actualité soit vide, comme je vous le narrais plus avant, j’avais beaucoup de choses à dire. Mais les mots ne sortent pas, ni de mes neurones embrumées, ni de mes doigts engourdis. La semaine prochaine, même avec légèreté, promis je reprendrai quelques notes prises au jour le jour. Bonne semaine les ami·e·s…

Visuel Love Me Tender dessin par Philippe Pitet sur une photo de Thérèse Pitte - 2017
« Love Me Tender », un dessin au pochoir et au tampon, basé sur une photographie de Thérèse Pitte – 2017

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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