28.03.2022 – Chronique du lundi
28 mars 2022 § Poster un commentaire
D’un bord à l’autre
Ce petit matin à l’heure où les travailleuses et travailleurs de la pénombre s’activent pour notre confort, les pigeons roucoulent et les rossignols chantent gaiement leurs amours printanières, j’ouvre mes yeux, ébroue ma vieille carcasse encore pleine de rêves d’un monde meilleur et commence la rédaction des premières lignes de ce nouveau texte. Ainsi dans cette inéluctable dualité existentielle, entre ombre et lumière, dans cet entre-deux, je vous souhaite la bienvenue sur ma nouvelle Chronique du lundi en ce 28 mars 2022.
Je vous en avais fait part la semaine dernière : beaucoup d’activités en parallèle et en marge de mon travail artistique s’accumulent à l’approche d’échéances de dépôts de dossiers. Je n’aurai donc malheureusement que peu de temps en rédaction et en écriture éditoriale aujourd’hui.
Alors il est vrai que les assidu·e·s lectrices et lecteurs autant qu’auditeurs ou auditrices de mes chroniques connaissent à présent mon processus d’écriture de ces dites Chroniques du lundi. Je vais me répéter pour les autres… En effet je commence leur rédaction tôt le matin chaque lundi depuis octobre 2020.
Un peu comme un rituel au réveil qui pour moi se situe plutôt vers 6h. Cela, où que je me trouve au moment, généralement du côté des douceurs de la capitale occitane ou encore très souvent vers les majestueuses montagnes des sources de la Drôme. Mais à remonter le courant de ces écrits, il m’arrive tout de même d’être parfois ailleurs, comme dans les collines verdoyantes du vieil et bien-aimé Tarn de mon enfance, ou sur les bords de mon indispensable Méditerranée, que sais-je ?
Pour revenir plus concrètement dans ce temps brumeux du réveil, je m’affaire difficilement à rassembler les notes éparses et variées écrites tout au long de la semaine passée, ou celles inutilisées des semaines précédentes qui me paraîtraient être pertinentes dans l’illustration de mes propos du jour. Ensuite j’écris l’introduction, un peu en fonction de ce que j’imagine être ma journée à venir, baigné surtout par la nonchalance (ou non !) de mon réveil.
Puis je vaque à mes activités matinales qui vont de la préparation du petit déjeuner pour la smala au toilettage de mon corps en passant parfois par quelques petits exercices dessinés. Il peut même m’arriver de me rendormir. Mais toujours avec la chronique du jour en tête, ce qui ne doit tout de même pas être neutre pour mon environnement familial qui a bien d’autres préoccupations bien plus pragmatiques sur le moment, ne serait-ce que d’arriver à l’heure à l’école la plupart du temps.
Un peu plus tard, avant de me mettre au taf à l’atelier ou sur mon bureau, je reprends pour un très court temps les rênes de la chronique du jour, comme vous pouvez le percevoir, à cet endroit même et entre ces lignes, je l’espère.
Après une large plage temporelle, je reprends lors de la pose du déjeuner, à moins que le temps ne soit favorable à l’écriture à d’autres moments de la matinée.
Le même schéma se met en place pour l’après-midi. Et je me replonge dans l’écriture plutôt en fin de journée ou en début de soirée afin de terminer la chronique, la relire, la corriger et l’enregistrer, le tout avant minuit évidemment.
Sous l’éclairage de la description approximative de ce processus maladroit vous comprendrez sûrement que cette chronique du jour sera plus courte qu’à l’habitude d’autant que je viens de consacrer sa plus grande partie à la description de l’envers du décors.
Non qu’il n’y ait rien à dire ou à redire à propos de l’air du temps, mais il me faut justement un peu de temps cerveau disponible pour l’écrire. Temps que je n’ai pas pour les raisons évidentes de mes activités sus citées en introduction.
D’autant qu’hélas ce temps qui passe sous mes yeux, et sûrement sous vos yeux aussi, tourne à la mauvaise rengaine. Comme l’écrivait dernièrement je ne sais plus qui : après avoir supplanté la guerre contre le terrorisme, la guerre contre le virus Covid-19 vient d’être éradiquée par une autre guerre, une vraie celle-ci à la porte Est de nos petits conforts occidentaux bien douillets.
Déjà, après un mois d’opérations nous voyons bien que cette guerre s’enlise ainsi que tout le monde le redoutait. Le petit chef russe perd peu à peu sa croisade. Il essaye de sortir la tête haute du bourbier. Tout fier, il se recentre donc sur la « libération » des « provinces russophones » d’Ukraine. Il y a fort à parier que les douleurs ne feront que redoubler dans cette région du monde les jours et les semaines à venir. Je vous l’ai dit dans ma dernière chronique : je ne veux rien dire de trop à propos de ce terrible drame tant les manipulations sont prégnantes d’est en ouest.
Je vois juste fleurir des commentaires avisés qui essayent de m’expliquer que l’on n’aurait pas dû laisser passer, mais on n’aurait pas dû laisser passer quoi ? Que depuis des années, avec la Russie, nous aurions dû faire cela plutôt que ceci, mais faire quoi ? Bref rien n’est blanc, ni noir, tout cela paraît même bien gris au pays de Tolstoï, comme on peut le lire sur le magazine AOC [+], où la puissance de la propagande d’état éreinte l’intelligence. Alors que l’on se souvient qu’il y a peu, même pas deux ans, la France livrait des armes à la Russie [+]. Et que la plupart de nos politiques de droite comme d’extrême-droite s’affichaient en amis sincères du sieur Poutine. Normal ils et elles savaient toutes et tous que ce dernier était loin d’être un progressiste, un peu comme elles ou eux-mêmes au fond.
De l’autre côté de la frontière, on a vu remonter des reportages sur la guerre au Dombas depuis 2014, comme celui-ci sur Arte que vous pouvez voir en lien ici [+] où l’Ukraine ne s’en sort pas indemne. On voit passer des explications comme quoi il y a de telles provocations à l’Ouest que tout cela était inéluctable, ainsi qu’on le lisait déjà dans un article du Monde Diplomatique [+] en 2014.
Certain·e·s vont même jusqu’à affirmer que cette guerre est juste un piège mené par l’oligarchie de l’Ouest pour s’accaparer les richesses de celle de l’Est. À défaut de ce piège il est sûr que le nouveau petit père des peuples s’est bel et bien piégé lui-même comme on peut le lire dans cet article du Huffingtopost [+]. Bref toute une série de séquences où les informations ne peuvent être qu’instrumentalisées et reprises dans le jeux de la communication d’une propagande faite de feux et de contre-feux.
La guerre fait rage, là aussi, dans les territoires de l’information régie par la fameuse « monoforme » [+] théorisée par Peter Watkins et dont je vous ai parlé maintes fois depuis près de 18 mois dans mes Chroniques du lundi. Sauf que pour le coup nous voilà avec une armée russe qui écrase à coup de bombes un peuple étranger qui, lui, se défend héroïquement parce qu’il n’a plus vraiment le choix dans cette folie aveugle.
Du coup je ne peux que m’inscrire dans la revendication d’une hospitalité radicale [+]. Et j’espère simplement que cette guerre à l’Est ne perdurera pas comme celle, entre autres partout sur Terre, dans laquelle les yéménites crèvent sous les bombes produites dans notre bel Hexagone et vendues à nos meilleurs clients de la péninsule arabique comme le faisait remarquer il y a déjà deux an Amnesty International [+]. Ceci dans l’indifférence générale, voire dans une hostilité croissante pour les rebelles [+], instrumentalisée par les beaux régimes autoritaires de ces pays entre Mer Rouge et Golfe Persique.
La seule chose dont je suis convaincu c’est que l’état-nation, concept créé par le bloc bourgeois européen lors de la révolution industrielle, n’est qu’un leurre, un cul de sac dans l’organisation de la société humaine.
Je pense sincèrement que pour le peuple migrateur qu’est Sapiens, les frontières sont des aberrations criminelles. Que les différences de cultures ne doivent servir qu’à la richesse des échanges et non à la confrontation guerrière de celle ou celui qui a la plus grosse !
Tant que nous nous entêterons dans ces schémas de la séparation et de la compétition nous irons droit au mur. Nous sommes d’ailleurs face à ce mur ainsi que nous le répète encore et encore le GIEC [+] tous les ans. Et la seule chose que nous ayons à faire à présent est de nous armer des pare-chocs de l’empathie, de la bienveillance et de la coopération, au lieu de nous armer d’AK-47 et de missiles Stinger.
Je pense que nous devrions avoir nos réflexions et les yeux orientés vers ces expériences de gouvernances issues des mouvements libertaires et anarchistes, aujourd’hui en Syrie avec le Rojava [+] ou – à plus petite échelle, mais depuis des décennies – en Andalousie avec Marinaleda [+], comme dans le passé quand des pans entiers de l’Espagne révolutionnaire vivait en anarchie [+] avant de se faire abattre par la convergence d’un capitalisme allié objectif du fascisme et de l’autoritarisme stalinien, tout comme fut abattue en 1921 la Makhnovchtchina [+] pour revenir à l’Ukraine.
Aujourd’hui, nous savons bien que toutes ces guerres, toutes ces morts le sont parce que des pipelines traversent des territoires et parce que c’est la compétition afin gagner la maîtrise de ces énergies fossiles qui nous mènent tout droit à la mort prématurée. Tout cela au profit d’une classe de plus en plus restreinte et qui s’en sortira toujours, il n’y a qu’à voir comment ces fameux oligarques russes se réfugient facilement à Dubaï ainsi qu’on peut succinctement le lire dans le magazine Slate [+], magazine qu’il faut aussi avouer être détenu par d’autres oligarque, occidentaux celles et ceux là.
Bref un jour il faudra bien se rendre compte que le problème de notre espèce humaine réside dans les comportements de ses plus riches spécimens. Celles et ceux qui manient à outrance l’exploitation convoquant tous les outils qui vont du dogme religieux à l’imbécilité patriotique en passant par l’entretien de la haine des autres. Il se maintiennent grâce à des pouvoirs corrompus, des pouvoirs trop souvent faussement démocratiques qui font leurs lits et assurent leurs richesses. Le ruissellement n’existe pas. D’expérience à présent nous savons que les seules choses qui peuvent nous tomber du ciel sont les bombes et les coups de matraques !
Sans trop d’illusion, je me dis qu’il y a des fenêtres de tir à ne pas rater pour amorcer ce changement tant souhaité. En cette journée du lancement de la campagne officielle pour les élections à la présidence de la République Française, même si la saturation est à son comble depuis belle lurette, je réitère donc ce que j’ai affirmé la semaine dernière bien que je ne crois pas aux miracles. Sauf que j’ai lu toutes les propositions et le programme de l’Union Populaire, j’ai lu en face les affligeantes propositions des autres programmes. Il n’y a pas photo. Je voterai sans état d’âme dès le 1er tour pour le candidat Mélenchon, parce que c’est peut-être cette fameuse fenêtre de tir tant attendue, espérant le voir se qualifier pour le second tour, n’en déplaise à tous ces gens de gôôche qui n’ont que haine pour ce candidat et jette aux orties son programme dans un incroyable et délétère aveuglement au lieu de réfléchir ne serait-ce qu’un instant. J’espère que les classes populaires, et même les autres qui pensent raisonnablement à la survie de leur progéniture, auront compris les enjeux et se déplaceront massivement le dimanche 10 avril malgré les désillusions successives qui ont pu suivre les précédents votes pour le changement depuis des décennies. Soyons optimistes comme le montre (ou non !) ce petit article du Diplo en lien ici [+].
Voilà je ne vais pas aller plus loin dans cette chronique du lundi, surtout à déblatérer politique intérieure comme étrangère en digression de comptoir, quoique mon avis reste sincère à tous les niveaux, je vous l’assure. Mais je ne suis qu’un artiste plus trop jeune (plus du tout !) qui repàpia comme on dit dans mon vieux Tarn.
Une chronique du lundi dans laquelle je n’ai pas encore parlé d’art ni d’artistes. Alors que j’ai passé un des dimanches les plus agréables depuis des mois, dehors en compagnie d’artistes merveilleuses autant que merveilleux ainsi que d’une ribambelle d’enfants aussi gai·e·s qu’un printemps plein d’espoir, au bord d’un tout petit lac du Lauragais balayé par un vigoureux vent d’Autan certes, mais arrosé par un soleil terriblement généreux. Je ne sais pas pourquoi je vous narre cela qui n’a pas trop d’intérêt dans l’histoire du jour, si ce n’est que de vous dire à quel point il est important d’échanger dans la bienveillance, loin de toute compétition délétère.
Je vais juste me rattraper en quelques mots pour vous annoncer l’exposition « Camisole de France », une superbe proposition d’Étienne Cliquet [+] à Trois_A [+] qui aura lieu du 2 au 16 avril 2022 et dont le vernissage sera le 1er avril. Je ne vous en dis pas plus, allez voir, c’est mieux que mille mots.
Ensuite, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même : si vous devez aller voir une autre exposition en ce moment c’est bien « Ricochet » [+] l’exposition de printemps du centre d’art Le Quai des Arts à Cugnaux…
Ce sera le lendemain du vernissage à Trois_A, le samedi 2 avril à 10h30 le matin, vous pourrez venir partager un café/viennoiserie puis suivre une visite commentée, agrémentée d’une rencontre avec les artistes de l’exposition (dont moi-même donc !).
Sur ces dernière informations, je pars vite finir un montage vidéo maudit sur lequel je galère depuis des semaines mais dont j’arrive enfin à voir le bout. Avant de partir boire l’apéro avec Thérèse [+], ma chère et tendre photographe plasticienne préférée et plus… Car affinités !
Je vous souhaite une belle semaine, je vous laisse avec un de mes dessin du corpus « Aiga – La cartographie sensible de l’eau » qui n’est pas exposé à Cugnaux en ce moment, mais il y en a près de 300 autres à voir… Je vous donne rendez-vous virtuel lundi prochain même endroit et même heure (environ !). Sinon à samedi 2 avril prochain en chair et en os pour un petit déjeuner suivi d’un bel échange constructif au Quai des Arts [+] de Cugnaux…

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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