18.04.2022 – Chronique du lundi
18 avril 2022 § Poster un commentaire
Comme un ban de harengs qui haranguent la plèbe et se la pètent…
Chères et chers ami·e·s, une fois n’est pas coutume, sans aucune introduction et tout à sec, sans mauvaise allusion aucune, laissez-moi vous souhaiter bienvenue dans ma chronique du lundi ce 18 avril 2022.
Ce matin le rire moqueur des mouettes emporte mes pensées vers le large. Je n’ai pas trop envie que ces dites pensées ne remettent pieds sur la terre ferme. La Méditerranée est si belle. Les vagues et les embruns, les goélands, l’azur éclatant, oui comment peut-on vouloir revenir dans la vie réelle et crasseuse qui nous attend au coin de la rue. En attendant de descendre dans cette rue, aujourd’hui c’est de sous les toits dans un petit appartement d’un pittoresques immeuble au cœur de cette bonne vieille ville de Sète que je vous livre ce préambule à ma chronique du jour.
Et pour démarrer celle-ci, et aussi puisqu’il paraît que c’est une passion française, que j’ai un passeport du soi-disant pays des droits de l’homme, je vais poser deux ou trois mots sur la situation politique du moment. Alors, comme je le disais la semaine dernière : ce qui devait arriver, arriva. Pis, ceux-là et celles-là même qui devraient la mettre en sourdine osent la ramener. Pis encore plus, ne pas percevoir les degrés de l’inacceptable n’est pas concevable. La stupidité a vraiment pris le dessus dans la tête de celles et ceux qui devraient avoir un minimum de jugeote. Bon bref désolé encore une fois, personne ne me fera la leçon à ne surtout pas vouloir voter pour l’une et à ne pouvoir voter pour l’autre.
Alors oui, il est vrai, malgré les éborgnements, les mains arrachées et même les morts, si le président sortant ne maîtrisait pas totalement les milices en uniforme officiel sensées préserver notre ordre républicain, à l’inverse sa compétitrice de l’extrême-droite saura les utiliser à la hauteur de l’idéologie qui règne dans l’ordre de leurs rangs, un ordre qui n’a rien de républicain, cela nous pouvons en être sûres autant que sûrs. Oui mais voilà aussi quels que soient les probabilités des résultat nous sommes pris·es en otages et c’est détestable.
Ainsi comment ne pas revenir sur le résultat du premier tour de l’élection présidentielle en cours. Comment ne pas avoir un peu d’amertume envers toutes celles et tous ceux qui faisaient la leçon avant et qui la ramènent après.
Alors que le candidat sortant continue à mentir comme un arracheur de dents au profit des plus riches, de l’autre côté du ring médiatique, avec sa soi-disant nouvelle dimension sociale, la candidate d’extrême-droite est passée d’un discours fasciste à un discours nazi, littéralement national socialiste. Ainsi elle brosse le poil du peuple qui souffre dans le bon sens pour mieux le bouffer le temps venu, après l’avoir engraissé aux pogromes, pour finir par enrichir elle aussi les plus riches.
Il va falloir aller sur le terrain encore et encore pour contrer ces idées insidieuses. C’est fatiguant quand on sait que depuis des années et des décennies les politiques publiques à grandes annonces démagogiques et caméras de surveillances hors de prix ont fait le lit de ces mêmes idées.
Et dans ce combat renouvelé sans fin, il va falloir se dire que nous aurons encore toutes les forces du libéralisme et du bloc bourgeois qui nous mettront sans vergogne des bâtons dans les roues, car pour ces derniers l’extrême-droite n’est pas le danger, c’est juste leur assurance-vie. Et comme à l’habitude il y aura toujours toutes et tous les idiot·e·s utiles de la gôôôôche de droite qui n’ont pas arrêté de taper sur le dos des vrais forces de progrès social et écologique et continueront à être les allié·e·s objectives autant qu’objectifs de tout le libéralisme et le conservatisme du monde politique dans leur congénitale imbécilité. Désolé mais il fallait que ça sorte ! Je dis cela tellement je suis attristé de voir tant de stupidités déblatéré par famille et ami·e·s qui me sont pourtant si proches à travers ce babil mondial des médias sociaux.
Sans vouloir convaincre ces stupides, quelques petits chiffres pourraient les faire revenir sur le sol de la raison. J’ai entendu et lu tellement d’idioties sur les pseudos analyses du 1er tour, qu’à mon humble niveau de néophyte analyste il ne faut pas être sorti de la cuisse de Jupiter pour comprendre qu’en ce qui concerne le siphonnage de voix on peut dire que c’est plutôt la candidate de LO et celui du NPA qui ont dû en souffrir et non les candidates et candidats de la droite de la gauche qui elles et eux sont resté·e·s stables dans leur électorat cumulé.
Peut-être même que quelque peu des voix qui ne se sont pas abstenue de ce que l’on appelle l’électorat populaire des zones blanches de la France périphérique se sont reportées sur le candidat de l’Union Populaire le préférant à celle du front national. Sans le candidat de la FI on peut aussi dire que celle du FN/RN aurait été plus haute au score des votants.
Et c’est tant mieux ça veut dire qu’il faut espérer encore et que les classes laborieuses ont l’intelligence de la survie. Dans tous les cas ce ne sont pas les hordes d’incultes désignées et stigmatisées ainsi par les bien-penseurs de la gauche et du centre bourgeois, pour ainsi dire : la fameuse droite complexée.
À ce point de ma chronique d’aujourd’hui j’ai un peu envie de faire de l’arithmétique de salon, car si nous regardons donc sérieusement les chiffres…
En 2017 le PS soutenu par les verts c’est 6,36 % des voix, en 2022 EELV plus le PS c’est 6,38 % (4,63+1,75). En 2017 Le Front de gauche, LFI et PC partis ensemble au combat c’était 19,58 % des voix. En 2022 l’Union Populaire c’est 21,95 % et si on y ajoute le PC à 2,28 % c’est 24,23 %. On notera en passant ces deux et quelques pour cents qui ont manqué pour être qualifié au second tour. Je dis ça, je dis rien !
Mais en attendant, malgré l’abstention qui n’a jamais favorisé les forces dites progressistes, ces dernières ont augmenté le volume de leurs adhérent·e·s et c’est un bon signe.
Donc effectivement aux législatives il ne faut pas s’attendre à beaucoup, la fameuse cohabitation a peu de probabilités d’être au rendez-vous. Surtout si c’est la candidate de l’extrémisme de droite qui l’emporte car elle bénéficiera d’une dynamique, d’une partie de la droite opportuniste et des manettes de nos délétères institutions.
Ceci dit il ne faut pas non plus penser à un effondrement du vote des jeunes et de l’électorat populaire des grandes villes. Ni même d’ailleurs dans les campagnes traditionnellement « jauressiennes ». On y doit le vote FN/RN parce que les socialos et les cocos y ont abandonné les classes populaires et anxieuses, ces classes y ont été sacrifiées à l’hôtel de la politique pragmatique et de la gauche des copains et copines, reproduisant ce qui avait fait la droite chrétienne avant elles et eux, puis vice-versa au gré des alternances. Au passage on notera que la droite catholique vote à plus de 40 % pour la droite extrême et l’extrême-droite à présent, ce sont les cathos elles et eux mêmes qui l’écrivent. Suivez donc ce petit lien [+] pour vous en rendre compte.
Les nouvelles forces de gauche qui émergent avec le vote Union Populaire au 1er tour de la présidentielle sont des forces d’adhésion à un vrai projet de société autour du bien être social et écologique. Alors oui, les jeunes électeurs y sont sensible plus que les vieux. L’électorat vieillissant qui a participé aux scrutin et qui a voté à tout de même bien à droite se fiche bien du futur du monde et de sa progéniture, cette consultation électorale en est la confirmation. Heureusement, je connais beaucoup de ce que l’on nomme les vieux, issus des classes laborieuses ou à fort capital culturel (ou les deux !), à qui il reste une conscience loin de leurs petits égoïsmes. Et si on veut rester optimiste, dans le Tarn de mon enfance avec lequel je vous bassine depuis quelques temps, et surtout dans les circonscriptions rurales où je vote, malgré la progression de l’abstention, le vote progressiste a augmenté significativement. Voilà donc de bons arguments pour être plutôt optimiste quant à l’avenir, même si je vous le concède cet optimisme est très ténu.
Sur ce je vais arrêter de disserter à propos de tout cela, vous aurez compris que je ne ferai barrage à l’extrême-droite que s’il s’avère y avoir un réel danger de voir la fille à papa élue. On verra dans la dernière ligne droite. Si c’est le cas je le ferai pour toutes mes amies françaises et tous mes amis français des classes laborieuses dont les origines Outre-Méditerranéennes et Outre-Marines sont trop visibles pour les frustré·e·s imbéciles qui ont peur du noir ou du gris. Je le ferai parce que ces ami·e·s ont mouillé le maillot pour l’ensemble des classes populaires au premier tour. Mais ensuite dans tous les cas je ferai barrage au fascisme et au libéralisme par mon vote en faveur de la seule force politique en mesure de nous amener une réelle alternative et un réel espoir lors des législatives de juin.
Voilà ceci dit j’ai déjà bien entamé ma journée au soleil de ma Méditerranée adorée. Et il me semble que je n’ai plus de force de parler d’art.
Si ce n’est que de vous dire que du bien de l’exposition qui a cours jusqu’à la fin de l’été au MIAM [+] de Sète, géniale exposition nommée « Fictions modestes & Réalités augmentées » [+] qui nous donne à voir goulûment l’histoire d’un centre de diffusion de l’Ardenne belge : « La « S » Grand Atelier » [+]. Bref que du bonheur et tellement d’humanité.
Vous dire aussi que l’expo de l’autre côté du Canal Royal au CRAC [+], n’est pas mal non plus, évidemment à mon humble avis moins forte, quoique la dimension sadomasochiste au rez-de-chaussée dans les œuvres ainsi montrées de la plasticienne Alexandra Bircken [+] peut paraître très intéressante aux amatrices autant qu’aux amateurs. En tout cas le labeur de l’artiste Bianca Bondi [+] à l’étage du CRAC est vraiment à admirer tant sa finesse est délicieusement délicate.
Et puis dans ce passage à Sète c’est toujours un immense plaisir de pouvoir partager un repas au soleil avec le plus méridional des artistes irlandais, Chad Keveny [+] dont je ne recommanderai jamais assez d’approcher son labeur. Une édition de ce dernier est en cours d’élaboration. N’hésitez pas à vous connecter sur son site.
Bon sur ce, je dois vous laisser car Thérèse [+] et moi sommes sur le chemin de retour de Sète pour rentrer vers Toulouse. À Toulouse où vous pourrez retrouver un très chouette expo au BBB [+] des artistes sélectionné·e·s par Documents d’Artistes Occitanie [+] intitulée « Et j’ai vu le bout du pays où les nuages sont infinis » [+]. Une autre exposition très chouette est à voir à Lieu-Commun [+], vous n’avez plus qu’une semaine, cette exposition intitulée « Néons » [+] se terminant le 23 avril prochain et que je vous recommande chaleureusement.
Et aussi précipitez vous au Musée des Abattoirs de Toulouse, non pas pour voir l’exégèse du trans-humanisme avec l’expo en cours, mais pour aller dans la librairie du lieu [+] et vous procurer la dernière édition de posters reliés par la géniale Marianne Plo [+]. Tant qu’à être à Toulouse la semaine qui vient j’irai voir l’exposition « Les Sommes » [+] à La Chapelle des Cordeliers, une exposition de Jérôme Souillot [+] qui a invité une pléiade de super artistes tout au long de cette fin d’avril et du mois de mai pour l’occasion.
Quoiqu’il en soit, je vous parlerai sûrement de plus d’expos et d’artistes la semaine prochaine.
Avant de vous quitter car il est vraiment tard, pour l’anecdote, n’ayant pas les enfants, ce long week-end de Pâques nous avons voulu réduire notre bilan carbone en laissant la voiture au parking et en tentant le transport en commun. Après tout Sète n’est qu’à 2h30 de Toulouse en voiture et le temps de trajet en train est donné sur le papier à 2h20. Nonobstant le fait que le trajet nous est revenu à peu près deux fois plus cher qu’en automobile, nous nous sommes tout de même lancés gaiement dans l’aventure.
Nous avions eu un petit aperçu à l’aller où nous avions passé un peu plus de 40 minutes debout, mais la suite du voyage, même serrée fut acceptable. Et donc sur ce trajet du retour, vers 19h30 : moment où j’écris ces lignes, je peux vous confirmer que nous avons bien testé les trains bondés aux places sur-vendues qui ne peuvent pas fermer les portes tellement la densité de passagères et passagers au mètre carré ressemble à celle d’un élevage intensif de volailles destinées à la consommation de nuggets.
Enfin presque arrivés, quelques péripéties plus loin, car on n’est pas vraiment capable de relier sans changement deux importantes villes de la région dont l’une en est la capitale, à moins de payer deux fois plus que deux fois plus, nous avons vécu un changement rocambolesque où le chef de la gare à Narbonne a été obligé de menacer de ne pas laisser partir un train si les gens n’en sortaient pas en éructant que même à Paris « ils » ne pouvaient rien faire et qu’il y avait de toute façon un train une heure plus tard pour Toulouse. Le tout sous une annonce régulière qui tournait dans les hauts-parleurs de la gare et sur les quais, nous expliquant qu’une grève débuterai le lendemain. Je dois avouer que l’hilarité s’est emparée d’une bonne partie des gens qui patientaient stoïquement sur les quais.
Le train une fois parti s’est retrouvé mainte fois arrêté parce qu’apparemment les signaux de signalisations sur cette ligne ne fonctionnaient plus pour cause de vol de câbles. Tandis que nous recevions sur les smartphones l’annonce que le train précédent avait du retard, sous un redoublement d’hilarité… Bon bref, un bien beau spectacle produit par la SNCF et TER-Occitanie. Quand l’état et la région s’y mettent c’est tout de même plus drôle, d’autant que ce n’est pas comme si on ne savait pas que nous étions le week-end de Pâques. C’est un peu ça la dérégulation, les privatisations, la numérisation et les réductions de personnels, nous pouvons le considérer comme de grands moments d’humour.
Il est à présent vraiment tard, pas loin de 23h. Nous voici finalement dans nos pénates toulousaines, il était moins une que je ne puisse poster la chronique du jour avant l’heure fatidique où les trains se transforment citrouilles. Mais j’ai fini par y arriver, malgré mon entêtement à vouloir réduire mon bilan carbone. Je vous souhaite donc une belle semaine, et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un autre grand moment d’humour… Ou d’extrême tristesse, personne ne peut connaitre l’avenir, même très proche. Adissiatz !

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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