20.02.2023 – Chronique du lundi

20 février 2023 § Poster un commentaire

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(Γνῶθι σεαυτόν) …

Troisième lundi de février qui pour le coup en dénombre quatre. Il faudra que je vérifie un jour la probabilité de compter un mois de février à 5 lundis dans notre calendrier grégorien, car il paraît qu’il existe des mois aux semaines parfaites [+]. Mais en attendant il est environ 4h45 ce lundi 20 février 2023 à ce moment presque précis où je commence à composer cette nouvelle Chronique du lundi. Je vous y souhaite bienvenue, vous espérant mieux réveillé·e·s que moi…

Ceci dit déjà la semaine dernière avais-je été bien léger à parler pour ne rien dire dans une chronique presque en creux. J’avoue ces dernier jours m’être fait la remarque que je tournais un peu en rond dans cet exercice qui m’amène à rédiger, toutes les semaines, un éditorial du temps qui passe sous mes yeux ainsi que j’aime le formuler.
Du temps où je faisais de la radio, c’est à dire où je produisais et animais des émissions de radio, essentiellement à Toulouse sur la fameuse Radio FMR [+], je me mettais moins de pression à écrit mes éditoriaux. Ils étaient moins réguliers évidemment.
Alors que depuis deux ans et plus de quatre mois, 123 semaines pour être précis, ce rituel de rédaction est devenu extrêmement… Comment dire ? Voilà oui… Le terme serait : « structurant de ma vie au quotidien » !
Pour tout avouer tout de même, cet exercice donc structurant, est devenu indispensable à ma réflexion et à mon travail plastique. Je ne sais pas si ça vous arrive, mais c’est un peu le même processus mental qui s’opère quand on réfléchit à haute voix…

Je parle de tout cela à cause d’une discussion que j’ai eue la semaine dernière avec l’adorable et formidable artiste plasticienne Élodie Lefebvre [+], dont il me semble vous avoir dit quelques mots il y a déjà un temps dans une de mes précédentes chroniques. De passage à Toulouse, Élodie que je connais depuis maintenant près de deux décennies, m’a avoué qu’elle m’avait vu très longtemps comme un homme de radio hyper actif dans ce domaine, sans avoir la moindre idée que j’aurais pu être un artiste au même titre qu’elle ou d’autres de nos cercles amicaux ainsi qu’artistiques. Elle avait découvert ma pratique plastique que récemment à travers justement entre-autres choses ces Chroniques du lundi.
Sa perception de ce que j’étais ne m’étonne absolument pas. Je ne peux pas dire que beaucoup de mes congénères me connaissent réellement. La rançon d’une « carrière publique » éclatée qui donne à comprendre ce que la société du spectacle impose aux yeux de toutes et tous, alors que je ne suis qu’un simple artiste visuel plasticien contemplatif.

Je ne peux pas affirmer que la radio me manque, elle ne fait plus trop partie de mes aspirations de pratique. J’en ai parfois quelques relents nostalgiques. Surtout comme quand samedi soir dernier, avec Thérèse [+] nous sommes passés dire bonjour à nos ami·e·s de l’incomparable autant qu’irremplaçable festival « Extrême-Cinéma » [+], au sein de la non moins irremplaçable Cinémathèque de Toulouse [+], une des institutions au monde si chères à mon cœur et mon esprit. Il fut un temps où à chacune des éditions de ce festival je produisais, coordonnais, réalisais, animais, parfois les quatre ensemble de tout son long, des plateaux de radios dans lesquels venaient se livrer artistes, cinéastes et cinéphiles, comédien·ne·s, critiques et public, pour des directs à bâtons rompus passionnés autant que passionnants. Il y eu même un soir épique où dans un élan proche du « Gonzo journalism » [+] à la Hunter Thomson [+] je me suis fait tatouer en direct sur mon mollet droit la tronçonneuse du fameux film « The Texas Chainsaw Massacre » [+] de Tobe Hooper [+], long métrage d’horreur mieux connu dans les contrées francophones sous le nom de « Massacre à la tronçonneuse ».

Dans ma vie, pour des raisons essentiellement financières, j’ai eu de larges cassures où je ne produisais pratiquement rien m’accrochant à quelques hypothétiques dessins au feutre ou quelques (mauvais !) tableaux peints à l’acrylique, voire plus tard des animations numériques sous formes de gifs [+] peu adaptées à l’épilepsie. Tout cela n’avait pas vraiment de sens, plus rien n’était construit dans ces périodes où je vendais ma créativité bien loin de ce qui animait mes recherches personnelles et mes interrogations sur le monde. Dans le dernier de ces « breaks » longs il y a maintenant plus de vingt cinq ans, j’ai là totalement abandonné toute pratique artistique pendant de lents mois voire d’interminables années, j’avais aussi presque abandonné la radio. Mais c’est par la pratique de ce média, à travers une production performative de terrain que je me suis remis à ma pratique artistique au mi-temps des années deux-mille tournant le dos à cette escapade périlleuse en milieu industriel !
C’est ainsi que je fus sur le tard assimilé à un homme de radio et perdis ma légitimité d’artiste dans le microcosme des arts visuels actuels. D’autant que pour ajouter au handicap dans ces paradigmes de l’art autant fermés qu’orthonormés, je me suis mis à explorer d’autres territoires du côté du théâtre contemporain ou dans les vertes prairies du médium vidéographique qui ne se fondait pas dans un « white-cube » aux aspects religieux.
Tout compte fait je peux, avec un recul amusé, voir dans mon parcours l’histoire d’un parfait looser de l’art. Cela me faisait enrager jusqu’il y a peu, j’en rigole à présent, le privilège de l’âge à coup sûr.
Mais surtout parce que je sais maintenant, nonobstant tout ce que beaucoup d’imbéciles heureux·ses pensent, que malgré cette construction sociale dont il sont issus : le génie n’existe pas et le talent est une fiction. Comme nous l’explique cette excellente intervention de Sarah Karaki [+] – biologiste docteure en neurosciences – ici en lien [+].

Un regard certes fort amusé sur ma toute petite personne, mais un regard vous l’aurez remarqué qui me permet de ne parler que de moi depuis le début de cette chronique du jour alors que j’arrive presque à la fin de celle-ci. J’arrive à la fin de ma chronique, non de ma personne, vous l’aurez évidemment compris.
Cela posé et pour terminer dans cette logique (ou non !), en remontant ces Chroniques du lundi afin de les enregistrer avec ma propre voix en vue d’abonder enfin mon podcast idoine et d’intégrer le son au texte et aux images dans l’ensemble de ces éditoriaux du temps qui passe si vite, je m’aperçois que j’ai bien plus souvent parlé des travers de la société humaine et des dangers qui la guettent que des sujets autour de l’art et des artistes. Alors que dans ma tête j’avais postulé la chose autrement lorsque j’avais imaginé me lancer dans cette aventure narrative. Et là, parler de l’artiste que je suis est peut-être le re cadrage dans la forme de base que je m’étais imaginée. Une explication bien tirée par les cheveux. Mais que voulez-vous, je ne me refais pas !

Et comme je ne me refais pas : je ne peux m’empêcher avant de vous laisser, de vous donner mon avis approximatif digne d’un commentateur de comptoir à propos de cette fameuse contre-réforme de la retraite engagée par le gouvernement français à l’encontre du peuple dont il a la charge.
Surtout de cette parodie de démocratie, voire de déni et de mensonge systémiques autant qu’institutionnalisés qui sont mis en œuvre dans l’affaire par le bloc bourgeois et ses nervis au pouvoir.
Aucune forfaiture ne manque à l’appel : communication outrancière, propagande mensongère, tentative de corruption du peuple, désinformation grossière, calomnies immondes, muselage de la vrai opposition, accointances avec les thèses les plus sales de l’extrême-droite, manipulation de l’opinion, abus de pouvoir, mesures dilatoires, autoritarisme, … Tout y passe donc, j’en arrive même à être encore étonné de tant d’ingéniosité déployée dans la fourberie, la duperie, la perfidie, la prévarication, la félonie et j’en oublie… Même si je n’avais aucune illusion [+] après près de 6 ans d’un pouvoir macronien scélérat au relents d’égouts qui ne suscite souvent que dégoût.

Je n’ai que peu d’appétence pour les partis hiérarchisés de cette démocratie bourgeoise, mais rendons à César ce qui doit l’être car malgré tout ce qu’a pu en être dit dans ce que l’on nomme maintenant l’éditocratie française, toute l’opposition parlementaire NUPES fut digne, claire et précise dans les débats. C’est bien la seule, car cette bataille montre bien à quel point la soi-disant opposition d’extrême-droite n’a aucune légitimité populaire.
Grâce à cette opposition de gauche combattive les mensonges du gouvernement, de la droite et de l’extrême-droite ont pu éclater [+] au plein jour. Alors bien sûr le gouvernement vient de dégainer le 47.1 [+] pour faire passer en force sa malhonnêteté congénitale, au risque d’acter une inconstitutionnalité flagrante.
Heureusement même si la bêtise a pris le pouvoir, il peut y avoir quelques espoirs comme on peut le percevoir en écoutant jusqu’au bout le formidable Jacques Généreux [+] dans cet entretien ici en lien [+] sur la chaine Youtube du média indépendant Élucid [+].

En tout cas et pour ce qui concerne l’art et les artistes dans cette tourmente, je continuerai encore à investir la lutte en compagnie d’Art En Grève Occitanie [+].
Voilà je ne dirai pas plus de choses sur les choses de l’art, car pour ce qui est des expos, performances et autre chuchotements du monde de la création contemporaine, ainsi que je vous le disais déjà la semaine dernière, il vous suffit de vous rendre sur l’excellent sit de « l’Éditeur Contemporain » qui se nomme fort justement « Contemporanéité de l’art » [+], sur lequel vous pouvez accéder en suivant ce lien [+].

Allez, pour moi il n’est pas loin de 15h30 ce lundi au moment où je fini de rédiger ce texte foncièrement égotique que j’ai commencé dans mon lit baigné par le noir de la nuit finissante voilà plus de dix heures. Je suis à présent devant cette fenêtre sur cour dans la perspective de mon bureau, en pleine lumière d’un soleil éclatant et chaud. Une chronique du lundi que j’ai composée tout au long d’une journée entre rendez-vous professionnels et vie de famille en vacances, par jets intermittents autant qu’approximatifs. Je ne vais pas vous prendre la tête plus longtemps avec cet opus du jour dans lequel je n’ai parlé que de moi.

Je vous laisse avec la (mauvaise !) photographie d’un dessin en triptyque exécuté par mes petites mains de jeune dessinateur d’une époque où je n’avais pas vingt ans. Une époque baignée de rock’n’roll punk puis post-punk. Une époque où je m’appliquais à dessiner minutieusement de grands formats noirs et blancs pour les éditer en tout petit, bien mal reproduits. Une époque où le Net n’existait pas, mais où déjà j’aimais m’auto-diffuser sous forme de « graphzines » auto produits en loucedé. Ce dessin à l’encre de Chine et en trois parties date de la fin 1979 il me semble, juste avant d’embrayer dans les années 80. Un temps jadis où je commençais à peine à étudier l’art et où je ne savais pas quels chemins escarpés j’y escaladerais… Je vous souhaite une belle semaine et vous dis à lundi prochain, même canal, même procédure. Adissiatz amigas e amics.

Dessin triptyque pour BD non narrative // Triptych drawing for a non narrative comic strip – Encre de Chine // Indian Ink – 90 cm x 42 cm – Déc. 1979

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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