06.03.2023 – Chronique du lundi
6 mars 2023 § Poster un commentaire
Blocage dans le bocage…
Nous voilà donc déjà le 6 mars 2023, je commence la rédaction de cette présente Chronique du lundi aux alentours de 4h30 dans le noir encore mystérieux de la fin d’une nuit d’hiver. Dans ce moment interlope où l’on s’interroge à propos du quoi et du comment de l’existence d’un jour qui est encore lent à poindre le bout de son museau, je vous souhaite une douce bienvenue dans ma chronique du moment très ensommeillée.
Il fait très sombre, seul l’écran de mon petit PAD éclaire la chambre. La quiétude d’un foyer tout à l’abandon bienheureux dans les doux bras de Morphée m’enveloppe à son tour de ses ailes protectrices. Le temps est un peu suspendu, comme si nous vivions une veillée d’arme inéluctable. Fourbissant ce fol espoir que le camp du progrès emporte ne serait-ce qu’une maigre victoire face à ces forces sombres et stupides qui nous écrasent plus qu’elles nous gouvernent. Ce matin aux froides senteurs d’un hiver qui touche à sa fin avant même d’avoir réellement existé, tout paraît donc baigner dans le calme avant une inévitable tempête.
Alors aujourd’hui à l’instar de ce qui doit se tramer dans les jours qui vont suivre vous me permettrez de ne point vous narrer plus que ces quelques et succincts mots au sujet du temps qui passe sous mes yeux. Je vais bloquer tout simplement ma narration un temps, tout comme on devrait bloquer généreusement ce pays de France pour enfin voir notre majorité de concitoyennes et de concitoyens entendu·e·s par un pouvoir en total et incroyable déni.
Un pouvoir en roue libre qui va jusqu’à nous raconter les pires des mensonges confinant au grotesque. Les bras en tombent à toute personne dotée d’un peu de raison. Je ne m’étalerai pas plus sur ces soubresauts grotesques des forces que l’on a longtemps appelées réactionnaires avant que les frasques « stalinosoviétiques » ne déconsidèrent pour longtemps toute parole communiste.
Mais n’oublions pas ces forces de la réaction du bloc bourgeois habillées des hideux oripeaux néolibéraux sont bien là pour nous tondre la laine sans pitié.
Mais là n’est pas plus la question de savoir si la lutte des classes existe ou non, elle est là devant nous.
Donc demain 7 mars 2023, pour celles et ceux qui me lisent ou entendent ces mots avant ce jour là, tout le monde sera d’accord pour suspendre un temps le temps… Le temps de montrer sa détermination à ne plus perdre de temps à vivre dignement !
Dans tout les cas à travers la presque unanimité des organisations qui tentent de représenter les artiste-auteur·e·s et les travailleu·rs·ses de l’art en France nous seront responsables et nos bloquerons le pays. Et pour toutes celles et ceux qui n’auraient pas lu notre communiqué, je me permets de vous le donner extenso dans cette chronique ici :
« SOYONS RESPONSABLES, BLOQUONS LE PAYS !
C’est la sécheresse en février. Que comptent faire nos dirigeant·es ? Alimenter leur machine infernale en nous envoyant au casse-pipe jusqu’à 64 ans et plus.
Dans certains secteurs comme les arts plastiques et la BD, la moitié des artistes-auteur·ices ont des revenus qui les situent sous le seuil de pauvreté. Une situation qui touche encore plus violemment les femmes, minorités de genre, personnes racisé·es, sans papier, personnes en situation de handicap. Que comptent faire nos dirigeant·es ? Durcir les conditions d’accès à la retraite.
Arrêtons-les.
Non, la précarité et la souffrance au travail ne sont pas des fatalités. Nous ne sommes pas condamné·es à subir la loi du marché capitaliste pour créer. Nous ne sommes pas obligé·es de respecter les règles de la concurrence et nous refusons de participer au désastre environnemental pour nourrir les profits.
Le 7 mars, mettons-nous en grève et rejoignons les cortèges qui défileront contre le projet de réforme des retraites ! Manifestons-nous, montrons-leur que nos sommes nombreux·ses. En tant que collectifs et syndicats de travailleur·ses de l’art, nous appelons à cesser le travail ou à utiliser ce jour spécial pour travailler comme nous l’entendons. Nous invitons tous·tes les travailleur·ses à se rassembler les jours suivants pour créer les conditions du rapport de force qui fera reculer Macron et son monde.
Il est temps d’affirmer un désir de progrès social pour contrer les plans du gouvernement.
C’est pourquoi nous demandons pour tous·tes :
· Un véritable projet politique porteur d’une retraite à 60 ans maximum, sans condition d’annuités, avec une pension calculée sur les 6 meilleurs mois de carrière.
· Une retraite minimum à 1700 euros net.
· L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et la hausse générale des rémunérations du travail.
· L’accès à la totalité des droits du régime général de la Sécurité sociale pour les personnes sans papiers, les travailleur·ses migrant·es et les travailleur·ses du sexe.
Et pour les artistes-auteur·ices en particulier :
· L’accès à tous les droits de la protection sociale : accidents du travail et maladies professionnelles, assurance chômage et congés payés.
· La mise en œuvre d’un droit à la continuité du revenu.
· La suppression de l’IRCEC (et au-delà des secteurs artistiques, de toutes les retraites complémentaires par points) et le déplafonnement du régime de base.
· La démocratisation du régime des artistes-auteur·ices par l’organisation d’élections professionnelles.
Débarrassons-nous du mythe bourgeois de l’artiste maudit·e qui meurt le pinceau à la main, oublié·e de tous·tes avant de faire la fortune de ses ayants droit. Nous sommes des travailleur·ses comme les autres et nous entendons exercer librement notre activité, sans nous ruiner la santé et sans avoir peur de vieillir.
Le 7 mars et les jours suivants, nous serons tous·tes dans la rue !«
Les organisations signataires de ce premier manifeste sont par ordre alphabétique (pour le moment !) : Art en Grève Occitanie [+], Association Allié·es des Travailleurs et Travailleuses du Sexe [+], Documentations [+], Galerie Treize [+], La Buse [+], La Permanence [+], Le Massicot [+], L’Œuvrière [+], Syndicat des Travailleur·euses Artistes-Auteur·ices Cnt-So [+], Syndicat du Travail Sexuel [+], Syndicat National des Artistes Plasticien·nes Cgt [+], Syndicat National des Écoles d’Art et de Design Cgt [+], Syndicat Potentiel[+] et Technomaterialism [+]…
Après ce communiqué, ma chronique n’ira pas tellement plus loin, malgré toutes les choses dont je pourrais vous parler ici. Pas que je fasse déjà grève. Mais jouer dans l’organisation de tout cela m’a pris beaucoup d’énergie et surtout tout le temps que j’aurais dû consacrer à la préparation de l’exercice éditorial du jour. Et puis aujourd’hui j’ai une vie en dehors de mes Chroniques du lundi. Il faudra bien que je travaille un peu avant que je ne me jette dans la fournaise des blocages !
Et puis en parlant de blocages comme des actions à mener, il ne faudra pas oublier les jours suivants de la semaine : comme mercredi, le 8 mars, avec cette journée internationale des droits des femmes, ne pas oublier non plus en suivant jeudi, le 9 mars, où l’on pourra accompagner la mobilisation étudiante et lycéenne, pour enfin terminer ce tour des rues avec les marches pour le climat du 10 mars. La semaine s’annonce chaude et ce n’est pas si mal à travers les derniers soubresauts de l’hiver.
Tout de même avant de vous quitter, je ne peux résister à vous dire deux ou trois choses de l’art qui vont se passer les prochains jours. Pour tout vous dire : Thérèse [+] et moi discutions vendredi devant une table bien conviviale à propos de notre prochain projet d’édition avec deux formidables personnes, collectionneuses, éditrices et artistes, que sont Élise Pic et Jacques Barbier, un « jeune couple » qui anime avec bonheur cette superbe petite Galerie Kloug [+] à Toulouse et qui dirige avec génie un atelier/édition éponyme [+], ce soir là j’avouais à la petite assemblée ma difficulté à préparer cette présente chronique. Dans la discussion ils nous ont annoncé une prochaine exposition dans leur galerie dont le vernissage aura lieu ce jeudi 9 mars 2023 en soirée. Pour le coup je ne peux que faire suivre cette information car la Galerie Kloug est un des rares espaces de monstration en France qui donne à voir la photographie vernaculaire populaire, mais aussi la photographie que j’oserai nommer « travaillée à la main », en créant des perspectives dans l’accumulation et le rapprochement des images présentées. Une exposition à ne pas rater évidemment dès jeudi prochain et les jours qui suivent. Les expositions chez Kloug durent généralement un mois. Je ne tarirai jamais d’éloges pour exprimer mon profond respect vis à vis du formidable travail mis en œuvre par Élise et Jacques dans leur galerie et à travers leurs éditions.
Mais avant ce vernissage de jeudi à Kloug et surtout juste après la manifestation toulousaine de demain 7 mars 2023, nous pourrons toutes et tous nous retrouver vers 19 h pour le vernissage de l’exposition « La culpabilité ne fait jamais de doute » des étudiants et des professeurs des Beaux-Arts de Toulouse, l’Idsdat [+], sous le signe d’un énoncé cruel extrait de « la Colonie pénitentiaire » de Kafka. Cette exposition qui tuile si bien avec le propos engagé de cette présente Chronique du lundi, se tiendra à l’hôtel Albert 1er, 5 rue John-Fitzgerald Kennedy de Toulouse. Une exposition dans laquelle on trouvera le travail de l’excellent artiste Étienne Cliquet [+] qui est mon voisin d’atelier à TA [+].
Et puis je terminerai ma colonne du jour et de lutte en vous annonçant un événement qui aura lieu le weekend prochain dans notre cher pays Diois que Thérèse et moi aimons tant arpenter de nos pratiques, et qui nous manque terriblement dans ce présent sur les bords de Garonne. Vous ai-je déjà parlé de « Hoooooh ! – FESTIVAL DESSINÉ » ? Peut-être bien que oui, mais l’année dernière sous une autre forme. En fait ce festival sévissait sur le nom imagé de « Die Hawaï ». Or donc ce festival se tiendra le weekend prochain les 10, 11 et 12 mars 2023 à Die dans la Drôme sous le nom de « »Hoooooh ! ». Il invite cette année Sophie Guerrive [+] et Delphine Panique [+], deux autrices de bandes dessinées singulières qui présenteront leur superbe travail à travers des expos, des ateliers et des performances de dessin en direct, à ne pas manquer… Retrouvez toutes les informations sur la page de l’événement, ici en lien [+].
Voilà je pars pour mieux préparer ma semaine de blocage, ce qui ne m’empêchera pas de manifester mon mécontentement en continuant à créer. Je vous souhaite une bonne semaine de lutte et vous donne rendez-vous lundi prochain. Adissiatz caras e cars camaradas.

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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