13.03.2023 – Chronique du lundi
13 mars 2023 § 2 Commentaires
Comme un gros retour au taf !
Amies et amis internautes qui suivez ces Chroniques du lundi, je vous souhaite une chaleureuse bienvenue dans cette présente du 13 mars 2023. Je parle d’internautes et je ne parle plus d’auditrices, ni d’auditeurs depuis un long temps car j’ai abandonné les champs radiophoniques fautes de temps d’enregistrement. Peut-être un jour cela reviendra, quoique mon organisation toujours à l’arrache n’a pas l’air de s’améliorer.
Dans tous les cas il est à peu près 5h50 à l’heure où je commence à rédiger ce deuxième éditorial du mois de mars 2023, et je sais déjà qu’il sera très court. La douceur de la nuit d’hiver passée n’aura pas porté le conseil voulu qui aurait activé ma verve. Une verve je l’avoue en grande berne ces dernières semaines. Ainsi que je vous le dis sporadiquement depuis une paire de mois, ce n’est pas qu’il n’y ait rien à dire à propos des soubresauts de notre vaste monde, mais mes activités multiples conjuguées à quelques soucis liés à une vie d’artiste peu aisée et une santé parfois fatigante me tiennent loin de ces mots que je distille avec une régularité hebdomadaire jamais interrompue depuis près de deux ans et demie. Et puis il y a la lassitude aussi, la lassitude de tout et d’un tout !
Je sais qu’aujourd’hui en bon citoyen français, tout du moins c’est ce qu’il y a marqué sur mon passeport, je devrais être plus que totalement en grève pour protester à l’unisson de mes compatriotes. Ce devrait être en effet mon action principale présente, vu que malgré ces presque deux mois de contestation générale dans cette république au drapeau bleu, blanc et rouge, son gouvernement a décidé de passer en force une mesure injuste autant qu’injustifié. Et là, nous le savons, après toutes ces pantomimes de dialogues et ces dénis de démocratie, rien ne l’empêchera de le faire, car cette clique est autant radicalisée que jusqu’au-boutiste. Sauf qu’en temps qu’artiste-auteur, vous comprendrez que c’est bien compliqué de me mettre en grève. Alors je me dois comme mes collègues travailleurs·es de l’art inventer des formes de luttes qui nous sont propres autant que singulières. C’est sûrement pour cela que j’adhère à ce mouvement des Arts En Grève, et plus particulièrement à Art En Grève Occitanie [+], comme je vous le serine depuis longtemps au risque de me rendre pénible.
Pour rebondir avec vous sur l’actualité sociale brûlante, quand on y réfléchit de plus près, ce qui à coup sûr fait sortir la bien-pensance bourgeoise de ses gonds est bien le fonctionnement de base de la retraite voulue et conçue par Ambroise Croizat [+]. Une retraite par répartition au cœur d’une sécurité sociale générale qui favoriserait les plus précaire et éradiquerait la misère grâce au principe de solidarité humaine. Et quand on y réfléchit à nouveau d’encore plus près, grâce à cette forme de solidarité, à partir d’un certain âge on ne perçoit plus un salaire ou un revenu en fonction de sa production immédiate, mais bien parce qu’on est tout simplement un·e être humain·e qui a le droit de vivre avant l’usure totale. C’est bien une application, malheureusement que temporaire, du principe du salaire à vie théorisé et porté depuis longtemps par Bernard Friot [+], économiste et sociologue engagé dont je vous ai mainte fois entretenu dans ces Chroniques du lundi. et poussé par le mouvement « Réseau Salariat » [+] très présent dans les réflexions et les interrogations engagées au sein de nos sphères artistiques.
C’est étonnant comme cette engeance de forcené·e·s qui composent le fameux bloc bourgeois, un groupe extrêmement minoritaire soutenu par les nervis de la petite bourgeoisie aveuglés au syndrome de Stockholm, s’est totalement radicalisée et est devenue clairement séditieuse. Leurs turpitudes explosent de plus en plus au grand jour, mais rien n’y fera, rien ne les arrêtera : ils écraseront le monde jusqu’à plus soif. Car le problème pour tous les autres humains et notre planète est bien que cette classe sociale irresponsable détient le pouvoir. Bon bref je ne déblatèrerai pas plus à propos de ces méthodes monstrueuses du pouvoir français actuel, je vous invite juste à visionner ce sujet vidéo en lien ici [+] extrait du « Média » [+], pas un mot à ajouter à la démonstration qui y est faite. Dans tous les cas qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, comme pour toutes les autres manifestations je rejoindrai la multitude qui battra le pavé mercredi [+] prochain, ainsi que toutes les autres manifestations qui suivront, à tant qu’à me faire écraser autant le faire en résistant. Tout ceci me donne envie d’écouter The Clash avec leur Rebel Waltz[+] qui n’aura jamais été autant d’actualité !
Sinon à parler de cette soi-disant indispensable réforme des retraites, qui n’est juste qu’une contre-réforme idéologique, tout ceci me ramène à ma condition d’artiste en pleine lassitude comme je vous le disais plus amont dans cette présente chronique. Il me suffira de vous laisser prendre connaissance rapidement de ce à quoi peut ressembler la retraite pour les artistes-auteur·e·s, ici en suivant ce lien [+] vers un éditorial de « Beaux-Arts Magazine ». Évidemment ce magazine qui essaye de nous parler de l’art tel que le grand public aime le voir, reste dans le superficiel et le convenu, mais cela donne quelques ordres de grandeur dans la précarité où les artistes-auteur·e·s plasticien·ne·es se trouvent à tout moment de leurs carrières et quelques éléments de cette inégalité entretenue par le marché dans laquelle vit la filière des arts visuels et plastiques.
D’ailleurs pour être plus sérieux que cet article je vous engage à lire le petit ouvrage « Aujourd’hui on dit travailleur·ses de l’art » paru chez « 369 éditions » [+] composé par Julia Burtin Zortea [+] et Louise Drul [+]. Ce fascicule de la collection « Manuels » de cette maison d’édition singulière nous invite à réfléchir avec justesse à la difficile condition de l’artiste-auteur·e qui se précarise au cœur d’un monde dans lequel pourtant sont diffusées de plus en plus de créations issues de la culture artistique. Bref vous pouvez en savoir plus en suivant ce nouveau lien [+].
Voilà, il me faudra me lever comme le Soleil le fait sous mes yeux, il fait déjà chaud pour une fin d’hiver. Le travail dit alimentaire attend mon apparition à ses côtés pour cette journée où j’aurais plus appétence à musarder sur les bords de l’eau de la Garonne vers la confluence avec l’Ariège ou du côté du Canal du Midi juste à côté de l’Atelier TA [+], carnet de dessins et crayons à la main. Hélas, quelques socles à réparer et préparer pour une exposition d’autres artistes attendent mon intervention à l’intérieur de cet atelier. Ainsi va le travail des artistes quand elles ou ils doivent vivre ad minima à travers la bienveillance de l’entraide. Entre-temps ce lundi peut-être avant l’heure à laquelle vous aurez pris connaissance de cet éditorial du jour, je serai sûrement allé manifester mon soutien aux actions de défense des écoles d’art, de design et d’architecture ainsi que ma conscience d’ancien élève me le dicte, à lire ici en lien [+]…
Alors il est près de 7 heures ce matin à l’instant où je couche ces mots dans mon PAD, je vais bientôt vous laisser après cette très courte chronique, une des plus courte à coup sûr, car je ne reviendrai pas dans ses lignes aujourd’hui, même si la publication ne sera programmée que pour parution à 13h30 CET, à un moment où je ne serais plus devant un quelconque écran, merci les automatismes !
Et puis la maisonnée se réveille aux activités trépidantes d’un début de semaine. Et enfin par-dessus tout parce que j’aime passer quelques instants de bonheur et de douceur avec ma chère et tendre Thérèse [+] avant que la tempête des activités rémunératrices ne nous prenne toute nos énergies vacillantes d’artistes… Vivement la retraite pourrais-je me dire, hélas malgré mon âge j’en suis bien loin. On pourra aussi remercier aussi quelques arnaques perpétrées à travers des pratiques de gestion hasardeuses de la Sécurité Sociale des Artistes il y maintenant bien longtemps mais dévoilées au plein jour il y a trop peu finalement, ainsi que l’on peut en prendre connaissance ici en lien [+].
Sinon pour ajouter à la mélancolie après ces jours de pluies éparses mais salutaires alors que le soleil tend à briller et chauffer bien trop pour la saison, l’artiste Piero Gilardi [+] est mort il y a déjà plus d’une semaine. Je ne l’ai appris que mardi dernier de retour de manif mouillée. En regardant les arbres bourgeonnants dans la petite cour à l’accent du Sud de notre immeuble toulousain, je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé alors à tout ce que l’Arte Povera [+] avait apporté à ma façon de voir l’art et le monde. Cela reste encore de chouettes bonheurs intérieurs.
Sur cette note élégiaque, je vous laisse une nouvelle fois avec des boulots de mon temps jadis, des boulots exécutés d’un côté et de l’autre du Rhin, des photos qui ressemblaient à une suite de narrations immobiles à travers des images à l’arrêt et qui nous parlait de cette nature prolifique qui nous donne la vie et dont on a l’impression que Sapiens aime torturer jusqu’à la destruction. Adissiatz

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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J’imprime ce billet pour le lire à tête reposée. Pas le temps de lire sur internet en ce moment…
Merci !