04.07.2022 – Chronique du lundi
4 juillet 2022 § Poster un commentaire
On ne pourra pas toujours mettre des gants, ni même la forme…
Mes chères et chers ami·e·s, nous voilà donc déjà en juillet. Du haut de ses douze jours cet été 2022 est déjà bien entamé. Dans la pénombre de notre chambre toulousaine, le jour pourtant vaillant en cette saison n’est pas encore levé, il a légèrement tempêté cette nuit avec la lourdeur de ces orages d’été qui arrivent bien trop tôt dans la saison, la fin de nuit amène tout de même un peu de fraîcheur. Pour la dernière fois avant une longue période de vadrouilles estivales je commence à écrire ces première lignes de cette nouvelle Chronique du lundi, toujours avec ce même enthousiasme à vous retrouver à travers ces mots. Nous sommes donc le lundi 4 juillet 2022, je vous souhaite bienvenue, alors qu’un rossignol chante avec ardeur sous nos fenêtres.
Le rossignol a fait place à un concert de merles dans les figuiers et les palmiers de la cour de notre petit immeuble. Juillet me fait penser à ces vers de Brel : « Quand la plaine est fumante // Et tremble sous juillet // Quand le vent est au rire // Quand le vent est au blé »…
Et même si l’Escaut est bien au Nord pour le sudiste que je suis, comment ne serait-ce qu’il y a à peine 10 ans, aurais-je pu imaginer que les blés seraient déjà engrangés près de trois semaines avant le début de l’été ?
Comment aurais-je pu imaginer voir fleurir des oliviers si haut dans flancs de la Montagne Noire disputant le sol aux châtaigniers, sur le bord de ces routes qui nous transportent parfois vers la mer après avoir rendu visite à mes bonnes vieilles terres tarnaises sur les bords du Dadou et de l’Agout ?
Ce matin au réveil, alors que les enfants dorment paisiblement dans leur chambre, je me demande ce qu’il va advenir à notre espèce qui sur-peuple ce monde fini [+] qu’est notre bonne vieille Terre ?
Que va-t-on leur léguer, à ces enfants tant habitués à l’abondance et au gaspillage des ressources, gavés de jeux et d’un numérique [+] tout aussi imbécile [+] que délétère ? Quel atterrissage en catastrophe leur prépare-t-on dans cette société du spectacle [+] où l’irrationnel et la stupidité mènent la danse ?
Quelle culture générale se crée quand un·e gamin·e regarde sur un média social un reportage de l’INA à propos d’une famille communiste dans les années 60 et qu’au moment où le grand-père de l’histoire raconte son engagement contre la guerre : tu as une pub [+] sur des vacances au Qatar qui saute aux yeux et aux oreilles de ces internautes en herbe ?
Nous savons que c’est tout un mode de vie à changer. Notre société de consommation, pilier du capitalisme mondial est inapte pour faire face aux défis imposés par le futur immédiat dans lequel nous nous entêtons. La croissance verte est une impasse nous le savons, tout simplement parce qu’il y est dit « croissance ». La transition écologique peut devenir un enfer pour les femmes et les hommes qui en sont les petites mains comme le fait remarquer cet article de Bastamag en lien ici [+]. J’aime bien cette phrase d’un de ces travailleurs de ce côté sombre de notre société de consommation qui y est reportée : « Recycler, ça sauve peut-être la planète mais pas les travailleurs »…
D’ailleurs c’est toujours la même histoire, les solutions ne sont jamais pensées dans la globalité du problème. Dans le domaine balbutiant de ces technologies qui se tournent vers l’écologie, on en voit l’exemple avec l’affaire de ces micro centrales électriques qui pourraient fournir des besoins en énergie à moindre bilan carbone, mais qui peuvent s’avérer à grande échelle un problème pour la sauvegarde du vivant. L’usage et le développement de ces centrales hydroélectriques personnelles ont été sauvés par le Conseil Constitutionnel, en dépit des remarques d’associations soucieuses de préservation ainsi qu’on peut le lire ici en lien [+]. La monté en puissance de ces dernières finiront par générer plus de problèmes qu’elles n’apportent de solutions si tout n’est pas régulé par une instance loin des lois du marché.
Tout cela me fait penser au débat qui fait rage autour de l’éolien qui pour un peu et pour beaucoup de lobbies deviendrait bien plus néfaste que le nucléaire. Alors que ce « carburant vert » serait en passe de devenir la première source d’énergie dans les pays Nord Européens comme il est dit dans cet entrefilet [+] récent, la France est très loin derrière ses activistes nucléaires restent à l’œuvre à l’instar d’un célèbre conférencier polytechnicien souvent fêté comme le plus grand spécialiste de la transition énergétique mais qui apparait surtout comme un réactionnaire du nucléaire, ainsi qu’on peut le lire sur cet article en lien [+] de Reporterre.
La transition énergétique n’est donc pas une solution, elle paraît même être impossible à l’heure actuelle [+], malgré ce tour de passe-passe imbécile qui s’est opéré en France, en transformant le ministère de l’environnement en un ministère de la transition écologique qui n’est rien face au pouvoir de celui de la transition énergétique. Il ne faut pas être grand devin pour affirmer que cette transition n’aura pas lieu [+]…
En fait je vous le narrais il y a quelques semaines quand je partageais pour vous quelques propos de certains autres conférenciers bien moins dogmatiques sur la transition énergétique et bien plus alertes sur la défense globale du vivant [+], tout est donc un ensemble. Tout est un ensemble dont les jeunes gens qui sortent de nos grandes écoles française commencent à se rendre compte. Ainsi, à l’instar des jeunes diplômé·e·s d’AgroParisTech dont je m’étais fait l’écho de leur révolte dans une de mes chroniques il y a quelques semaines, les jeunes polytechnicien·ne·s fraichement diplômé·e·s à leur tour posent les bonnes questions sur leur positionnements dans notre monde, à voir en suivant ce lien [+].
Plus que pour le climat nous sommes engagé·e·s dans cette lutte pour la défense du vivant. Sinon, notre espèce sera vite détruite par elle-même, mais nous entraînerons avec nous une chaîne complexe du vivant, un peu comme ces chimpanzés que l’on a observé attaquer des gorilles à cause du manque de nourriture dans leurs territoires, comme on peut le lire ici en lien [+]. Le manque de nourriture en raison du changement de climat au bord des grands lacs africains induit des comportements animaux agressifs.
De toute façon, les sapiens que nous sommes ne pourrons pas changer nos habitudes d’un coup, alors il me semble qu’il serait temps de savoir gérer nos environnements proches, surtout les espaces de nos habitats, et pourquoi pas défendre les zones d’habitations écologiques urbaines [+].
Et puis comme des petits bouts d’espoir en couleur dans la masse grise de nos angoisses, il y a des avancées, à Berlin par exemple les oiseaux reviennent ainsi que nous l’explique cet article [+]. Et puis aussi ne pourrait-on pas faire pousser son potager en générant son compost en même temps, comme on peut le voir ici en lien [+], je ne sais jamais si ces informations sont valables, mais j’adore le côté bricolage et populaire de l’affaire. Tout comme la fin du monde c’est aussi la fin du mois, les graves problèmes de l’habitat décuplés par ce monde capitaliste qui maintient sa vision à court terme [+], trouvent tout de même quelques freins, comme en Iparralde où les spéculations immobilières finissent par être enfin stoppées [+]. Là encore l’habitat humain fait partie de l’équation générale des défis auxquels notre espèce doit faire face dans notre société de la fausse abondance. Ici en France il existe des associations qui se proposent de créer des logements sociaux paysans, comme vous pouvez le lire dans cet article en lien [+] du média alternatif La Relève et la Peste, et c’est très chouette, mais c’est si peu. Décidément, nous ne devrions pas voir cette 6e extinction de masse [+] en petit·e·s gestionnaires.
Après une interruption d’écriture le temps d’une journée de travail, je reprends le cours de cette présente Chronique du lundi, et je m’aperçois que je n’y ai encore pas parlé d’art, d’artiste ou de tout ce qui pourrait s’y référer. En fait dans un raccourci toujours aussi hardi de ma narration approximative, je me disais que cette année : juillet ne sera pas synonyme d’Arles. Ni pour Thérèse [+], ni pour moi, le timing comme on dit n’est pas favorable pour ces 53e rencontres photographiques [+].
Pourtant, un peu comme des enfants gâtés nous y avons des facilités de pied à terre.
Pourtant surtout beaucoup de nos ami·e·s y exposeront et y montreront de belles choses lors de la semaine d’ouverture et des rencontres pros. Pour exemple cette formidable artiste qu’est Chantal Vey [+] qui y présentera avec les Éditions Loco dans le cadre du Arles Book Fair [+] son superbe ouvrage « Sur la route de Pier Paolo Pasolini, contro-corrente » [+]. Je sais aussi que cet autre super artiste qu’est Philippe Dollo [+] dont son magnifique livre « Aître Sudète » paru aux éditions Sometimes [+] fait partie des 18 « short-listés » pour le prix du livre des Rencontres d’Arles dans la catégorie Photo Texte [+]. Et d’ailleurs dans ces prix du livre de ces rencontres on trouvera Nelly Monnier [+] & Éric Tabuchi [+] avec leur projet fou intitulé « Atlas des Régions naturelles » [+].
Cette semaine du côté de chez Mistral et des Felibres, vous pourrez aussi prendre rendez-vous afin de voir le travail de Scarlett Coten [+], cette très talentueuse photographe qui explore les corps masculins dans les contrées où la pression sociale a du mal à les dévoiler. Scarlet s’est installée il y a deux ans sur les bords du Rhône, fuyant ceux de la Seine. Elle exposera chez elle comme l’an dernier à travers Arles Contemporain [+].
Et puis, c’est plein de nostalgie que nous n’irons pas boire des verres Place du Forum au Tambourin avec nos chères et chers ami·e·s, comme le génialissime artiste et éditeur [+] Jean-Marie Donat [+] qui nous régale avec ses détournements et ses images vernaculaires. Pour celles et ceux qui seront aux Rencontres d’Arles, Jean-Marie sera aux manettes à Croisière vendredi soir pour une soirée endiablée [+], je n’en doute pas, voilà encore une nouvelle corde à son arc. Nous ne boirons pas de café au soleil du petit matin avec le formidable André Mérian [+]. Nous ne mangerons pas quelques fin mets avec notre cher Freddy Denaës [+] en refaisant le monde accompagné de notre ami François Canard [+], nous n’irons pas acheter quelques saucissons d’Arles chez Genin avec Jean-Marc Lacabe. Ou encore, nous ne dégusterons pas de succulentes huitres normandes avec la photographe Kourtney Roy [+]…
C’est dommage, peut-être nous rattraperons nous l’an prochain si la vie nous est plus favorable. De toute façon il n’y a aucun regret à avoir, d’autres aventures bien réjouissantes sont en cours avec Combustible [+] et encore d’autres nous attendent ailleurs, à Lectoure par exemple pour son tout prochain Été Photographique [+]. Je vous en reparlerai dès la semaine prochaine.
Toujours à parler d’art, mais dans la dimension de son marché, il y a quelques semaines je m’insurgeais contre cette imbécilité qui voudrait mettre de côté les artistes russes au prétexte qu’ils seraient les méchants de l’affaire, faisant des généralité sur le dos de chaque être humain·e qui restent aussi singulière que singulier tout autant que remarquable à titre individuel. J’étais aussi assez provocateurs quand j’avais exposé le soucis pour le monde de la spéculation capitaliste dans l’art contemporain avec la désertion obligée de l’oligarchie russe, mais que les adoratrices et adorateurs de la richesse se rassurent, cette oligarchie reste la même que toutes les autres oligarchies [+] de la Terre. En fait comme pour les énergies, l’armement, ou tout autre bien qui peut être négocié sur le marché, le capitalisme se fout totalement des horreurs de la guerre, il ne sait en tirer que des bénéfices [+]. Seuls quelques musées russes se vident de leurs œuvres [+], et encore.
Dans peu de temps je vais conclure cette 90e Chronique du lundi, si j’ai bien compté. Ma dernière réflexion entre art et politique, me rappelle qu’aujourd’hui je ne vous ai pas amené sur les rivages de la politique politicienne hexagonale, malgré le remaniement ministériel [+] du jour et de nos instance jupitériennes idôlatrées autant qu’adulées par une myriade de thuriféraires masochistes embourgeoisé·e·s. Je ne résiste pas à faire remarquer que la montagne a encore accouchée d’une souris. Nous remarquerons au passage que le ministre de l’intérieur se renforce, ce qui laisse présager de chouettes bastons, et une belle augmentation du chiffre d’affaires chez nos ami·e·s prothésistes oculaires ou orthopédiques. En fait rien ne change, sauf ce qui reste immuable dans la communication : l’attaque ad nauseam de l’adversaire pour masquer sa propre vacuité.
Alors il est vrai que leur adversaire en question reste cette gauche encore terriblement mal en point. François Bégaudeau, sur le média alternatif de très grande qualité qu’est Elucid, [+] a raison : les dernières élections ne sont tout de même qu’un maigre succès pour la gauche française. Il faudra faire de gros efforts, sans faux pas pour reconquérir le terrain.
Sinon pour terminer je ne relèverai pas plus que deux analyses bien senties de la situation…
Tout d’abord toujours sur Elucid ici en lien [+] avec Benjamin Morel constitutionnaliste et maître de conférences en Droit public à Paris II qui nous rappelle que c’est un peu la panique du côté du bloc bourgeois. Et puis sur le Média TV [+] où le « Stagirite » nous explique comment après le faux barrage est venu le temps des combines pour la droite.
Il ne fallait tout de même pas que j’oublie de relever dans mon récit du jour que ces combines n’ont pas empêché au pouvoir la perte tant redoutée de la maîtrise de la commission des finances de l’Assemblée Nationale. Du coup nous voici dans une évidente cabale de chiennes et de chiens enragé·e·s et de leurs idiot·e·s utiles contre Éric Coquerel [+] son nouveau président qui a le malheur d’être de LFI-NUPES. Nous voilà donc bien dans la continuité des attaques incessantes et monstrueuses autant que diffamantes contre toute celles et ceux qui peuvent représenter un danger pour le système. Bref tellement c’est écœurant que l’on s’étalera pas d’avantage. Ceci dit sans préjuger de l’affaire qui devra évidemment être instruite, car il n’y a point de parole supérieure à une autre.
Vous le voyez, je n’ai pas pu m’empêcher de dire deux ou trois mots de notre monde politique. Je vais conclure ce chapitre et aussi la chronique du jour en restant dans ce domaine mais en quittant la République Française pour franchir les Pyrénées à deux doigts de chez nous pour aller en Espagne où l’inversion des normes commencent à porter ses fruits, s’attaquer à la précarité, ne jamais renoncer à développer une société de partage, ne jamais céder face à l’avidité des plus riches [+], c’est aussi un axe fort pour la gauche, ne l’oublions pas. D’autant que, pour boucler avec le début de cet édito du jour, la défense de la vie et de notre environnement est éminemment compatible avec la protection des plus faibles et la solidarité qui fut le moteur de la société humaine avant qu’il ne soit question de propriété à grande échelle chez nos ancêtres, vraisemblablement à partir du néolithique [+]. Une solidarité que l’on retrouve chez les derniers peuples chasseurs-cueilleurs [+] sapiens.
Je vous souhaite une belle semaine d’été pleine de routes des vacances encombrées de SUV gros comme des tanks russes, de grêlons d’orages de la taille d’une pêche, d’inondations dévastatrices et mortelles, de températures extrêmes, … Non je rigole évidemment ! Je vous souhaite une belle et douce semaine et vous donne rendez-vous dans le même espace et la même temporalité lundi prochain. Je vous laisse avec un de mes dessins de la série « Slow Gangs die Symphonie der relativen Utopien ». Bis bald, guten Abend, Freunde.

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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