11.07.2022 – Chronique du lundi

11 juillet 2022 § 2 Commentaires

Faut-il se demander que devient la guerre ?

J’ouvre mes yeux ce matin au pied de nos montagnes dans notre cher Pays Diois, où nous sommes de retour pour quelques heures avant de repartir pour mieux y revenir dans quelques jours. Nous voilà ici sans domicile fixe mais heureusement hébergés par une trop chouette famille. Après un adorable weekend tout aussi familial à festoyer paisiblement dans la montagne aux accents provençaux puis dans cette cité des voconces [+] au son des cris de joie d’une jeunesse insouciante trempée par les jeux d’eau de saison.
Il est tôt, comme à l’habitude vers la cinquième heure du matin au moment où je commence la rédaction de la chronique du jour. Le clocher de la cathédrale me le rappelle. Je sais que je vais avoir beaucoup de travail de « jus de cerveau » à fournir dès ce matin qui aura beau être estival mais qui ne sera pas dilettante. Autant vous dire qu’aujourd’hui lundi 11 juillet 2022, ma chronique prendra ses quartiers d’été : simple et courte, mais avant tout autre considération, permettez-moi de vous y souhaiter une très chaleureuse bienvenue.

Alors donc comme l’an dernier, ou presque, pour le temps estival mes chroniques se feront sûrement moins longues. Un temps dans la belle saison qui me permettra de partager avec vous tout ce que j’ai glané de-ci de-là sur le web ou ailleurs des objets qui forment je le sais un corpus d’infos tout autant sympathique (ou non !) que cocasse, voire par endroit aussi léger qu’insignifiant. Bref des trucs d’été où la nonchalance l’emporte sur la lourdeur de l’époque. Même si nos esprits restent préoccupés par l’état délétère d’un monde autour de nous qui agonise plus qu’il ne vit de jours heureux, sans vouloir faire mon pessimiste de base.

Et comment mieux entrer dans le vif du sujet de cet exercice éditorial du jour qu’en constatant l’effondrement des certitudes dans les classes dites moyennes. Ces classes qui supportent le système dans un remarquable masochisme douloureux autant que constant à aduler l’accumulation de richesses des classes dirigeantes espérant en grappiller des éclats dans cette fameuse autant que fumeuse théorie du ruissellement [+]. Tout s’effondre pour ce pilier intermédiaire et irremplaçable du capitalisme, et c’est tant mieux pour notre monde. La rébellion gronde et la désertion gagne du terrain partout dans le monde industrialisé, et nous pouvons retrouver son expression sur le média indépendant Reporterre en suivant ce lien [+]

Alors qu’à l’Est, nous aimerions voir s’organiser d’autres désertions salutaires de part et d’autre. Par-dessus tout du côté russe évidemment. Heureusement à présent nous savons forte la résistance citoyenne en Ukraine qui s’active depuis le début de la guerre comme nous l’expliquait cet article audio du Journal du CNRS en lien ici [+]. Et nous savons maintenant aussi, avec le recul, que les actes fascistes nous viennent bien plus souvent qu’à leur tour du côté de l’armée du Maître du Kremlin. Ce nouveau tsar que l’on dit fou mais qui ne l’est pas tant que l’on voudrait croire, ainsi que le dit Anne-Cécile Robert [+] – docteure en droit européen et journaliste -, dans ce long entretien intitulé « La manipulation de nos émotions » sur la chaîne d’informations Elucid, que vous pourrez voir et écouter en suivant ce lien [+].
D’ailleurs et je ne sais pas si cela a à voir avec la manipulation de mes émotions, ou plutôt mes émotions qui me manipulent, mais comment oublier la tradition anarchiste du côté ukrainien de cette sale guerre. À l’aune de ces traditions héritées de la fameuse « Makhnovtchina » [+], il était évident que des bataillons anarchistes viendraient grossir les rangs des défenseuses et défenseurs dans ces plaines des Terres Noires, ainsi que j’avais pu le lire en avril dernier dans cet article d’un média libertaire de langue anglaise, que vous pouvez retrouver en suivant ce lien [+].
Le moins étonnant dans toute cette triste et stupide histoire qui se déroule dans un monde de cultures majoritairement slave, reste tout de même cet héritage commun du rejet communiste dont on peut prendre connaissance sur le Monde Diplomatique en écoute ici [+].
Et puis à la vue des séquences électorales que nous venons de traverser en France et de l’infâme traitement officiel que nous faisons aux réfugié·e·s qui ne sont pas de peau blanche et de foi chrétienne, nous n’aurions aucune face à traiter les autres de racistes autant que fascistes, tant nous traînons ces stigmates de la honte dans notre propensions à l’excès de tri des réfugiés [+].

Tout cela dit, la guerre fait hélas toujours rage à bas bruit et nous savons à présent qu’elle va continuer tant elle reste une aubaine pour le fameux complexe militaro-industriel de tous les pays. La guerre coûte cher, nous dépensons tout pour elle, nous consumons tout pour elle mais elle rapporte beaucoup de richesses à celles et ceux qui sont du bon côté du fusil ainsi que l’on peut le lire sur cet autre média alternatif de grande qualité qu’est le site « Les Crises », en suivant ce lien [+].
Pour me renseigner à propos de cette guerre qui s’enfonce dans le temps j’avais trouvé Il y a quelques semaines un grand article universitaire qui permet d’en connaître mieux les causalités, à lire ici [+]. En fait, il y a cette horrible certitude qu’elle, comme toutes les autres guerres sur Terre, va continuer en sourdine loin de toutes les unes de nos médias blasés, à l’exception de notables moments d’horreurs, tels que des missiles s’abattant sur des populations d’enfants.
Comment ne pas se dire que ces médias du flot de l’émotion continue sont bien le strict reflet de notre société peuplée de poissons rouges. Des cerveaux disponibles ne portant intérêt aux choses qu’à travers les à-coups de l’info à chaud. Informations orientées par les vendeurs de canons qui sont aussi patrons de presse, ou magnats du pétrole ainsi que de toutes les industries extractivistes, ou encore dirigeants de l’industrie du luxe, de l’industrie du spectacle et du divertissement, bref tout ce qui rejette l’idée même du partage, de l’équité et de l’égalité. Les titres des journaux et leurs enjeux en sont bien le reflet, à lire dans cet article d’Acrimed [+].

Il est déjà 7h30 passé dans les méandres de cette chronique, mon cerveau est ailleurs autant que présent dans cette dernière. Je vais laisser cette rédaction pour un moment d’occupation ailleurs. Les martinets piaillent dans l’azur du ciel. Nous savons déjà que sur les bords de la Drôme dramatiquement asséchée, ce sera un été à mouches. Je reviendrai à l’écriture plus tard dans la journée armé de nouvelles considérations à vous narrer.

Dans la torpeur de l’entre midi et deux je reprends à présent ma rédaction du jour. Je vous l’avoue après avoir tourné et retourné dans ma tête quelques stratégies qui concerne mon avenir proche, tellement la stabilité du monde est aléatoire. Heureusement les coussins sont solides et ma vie de décroissant loin de tout rêve chromé me protège un minimum des turbulences de cette vie. Je ne suis pas nu comme on dit.
La vie d’artiste n’est pas simple, surtout quand on évolue depuis toujours loin de ces apparences trompeuses et factices du monde de l’art. Surtout quand on a voulu garder toute sa vie son indépendance face au monde bien bourgeois du marché de l’art contemporain. Et pas que du marché, aussi en ce qui concerne les institutions de ce fameux art contemporain que j’avoue ne pas avoir trop porté dans mon cœur ces dernières décennies tellement est-il fermé, peu intéressant et surtout tellement vassalisé par le marché. Aujourd’hui, devenir artiste est juste une question de management médiatique et de machine promotionnelle. À un moment où il eut fallu poser les bonne questions moment où il aurait fallu réfléchir et interroger le monde à bon escient il y a peu de place pour des réflexions de fond dans ce petit milieu où le consensus ne sait regarder que son nombril. Tout ceci me fait penser à ce fameux roman de Michel Houellebecq : « La carte et le territoire » [+], analysé par Claude Dédomon [+] chercheur et maître-assistant à l’Université de Bouaké en Côte d’Ivoire et qui se propose à travers cette lecture [+] d’analyser l’art contemporain face à sa logique marchande.

Je pourrais parler de la vacuité de ce que nous propose l’art contemporain à l’heure actuelle, mais dans mes chroniques je préfère parler des dizaine, des centaines voire des milliers d’artistes de par le monde qui proposent des boulots ayant un autre sens que l’adoration de leur nombril et leur portefeuille ou juste de vouloir à tout prix se situer dans la postérité afin de postuler pour le prix du génie du siècle. L’hypercapitalisme a bouffé le monde jusqu’au dernier millimètre carré de l’histoire de l’art.
J’en profite d’ailleurs pour revenir sur l’affaire Cattelan contre Druet, dont je vous avais déjà parlé il y a peu dans une précédente Chronique du lundi. L’affaire qui opposait un artiste bien connu du marché de l’art contemporain : Maurizio Cattelan [+], l’artiste italien le plus « bankable » du moment, au sculpteur Daniel Druet, vient d’être jugée en la défaveur du sculpteur, vous pourrez lire ici en lien [+] le dénouement de cette histoire. Je ne sais pas pourquoi, mais cette histoire d’un côté comme de l’autre me paraît procéder de cette incroyable vacuité qui caractérise ce petit monde et qui me met mal à l’aise de tellement de grossièreté et de vulgarité. Alors oui : il est important de savoir interroger la notion de création, mais il est tout aussi important de sortir de cette espèce de hiérarchisation au sein cette même création. Face à cela je trouverais presque que le dernier morceau et clip d’Arielle Domsbale [+] n’est pas pire que certains trucs de l’art contemporain. Allez, j’arrête de balancer ma bile et je repars vaquer à mes élucubrations, celles d’un artiste qui trouve sa subsistance en travaillant la nuit pour pouvoir travailler le jour. Je reviendrai dans cette chronique en fin d’après-midi à la fraîche…

Nouveau retour derrière les mots de la chronique de ce lundi, il est tard dans la journée, bien que tôt dans la soirée en fait, je ne vais tout de même pas trop m’attarder pour en livrer la publication à temps. Étant dans la Drôme et donc dans cette région bizarrement construite qu’est Auvergne-Rhône Alpes dont le président est un beau phénomène de ce qui se fait de pire en politique, surtout quand il s’agit de politique culturelle, comme ce journal local l’explique ici en lien [+].
Et tant que nous sommes dans la Drôme Thérèse [+] et moi, avant d’en repartir pour mieux y revenir, je ne peux que me désoler du niveau alarmant des rivières presque totalement taries qui auront du mal à passer l’été. Vous le savez si vous me lisez régulièrement mon labeur à long terme, commencé il y a plus de 10 ans : « Aiga – la cartographie sensible de l’eau » passe par ici dans la Drôme, pour sûrement y finir dans un an ou à peine un peu plus. Il y a eu peu de politiques lors des dernières séquences électorales qui ont eu l’eau pour préoccupation, à part les candidats de la NUPES, Mélenchon en tête qui en firent un enjeux majeur pour notre futur proche on s’en souvient ici [+] et il est bien dommage que ce programme n’ait pu être mis en œuvre, ce n’est que partie remise. Dans tous les cas dans la Drôme cette crise aigüe de tension hydrique a enfin poussé à proscrire les canons à neige [+].

Avant de vous lâcher définitivement, si vous êtes du côté de l’Occitanie, je vous invite à nous rejoindre en fin de semaine pour les journées d’inauguration du prochain Été photographique de Lectoure [+]. Je pense que ce sera une édition exceptionnelle, pas seulement parce que j’animerai la rencontre entre les artistes et le public samedi après-midi, mais parce que cette édition fera flamboyer l’avenir. Je vous en entretiendrai la semaine prochaine empli de toutes les rencontres avec les artistes présentes et présents lors de ces journées.

Sur ce, je vous laisse avec une image de ma série héraultaise de mon travail « Aiga – La cartographie sensible de l’eau » dont je viens de vous parler juste avant, et je vais enfin laisser tomber mes neurones dans un sommeil réparateur. Je vous souhaite une belle semaine au soleil brulant de l’été. Et vous donne rendez-vous la semaine prochaine selon le même canal. Adissiatz.

Dessin de Philippe Pitet "Aiga - La Cartographie sensible de l'eau" - dans l’Hérault 2020
« Aiga – La Cartographie sensible de l’eau ». Série Hérault – 2020

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

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