25.07.2022 – Chronique du lundi
25 juillet 2022 § 2 Commentaires
Des trucs de mémoire…
Amies et amis internautes, lectrices et lecteurs, auditrices et auditeurs je vous souhaite bienvenue dans ma chronique du lundi 25 juillet 2022. Un nouveau lundi, une nouvelle chronique, encore quelques lignes qui seront éparses car estivales. Lignes que je partage à nouveau avec vous et avec plaisir. Il est tôt comme à l’habitude quand je commence cette nouvelle écriture, 5h30 heure locale à l’horloge. Tout est si calme et feutré au dehors dans cette nature qui entoure notre nid provisoire dans un chouette vallon perdu aux portes de Die, à l’ombre du Glandasse.
Le jour se lève lentement dans une douce quiétude. La Lune montre son dernier quartier. Un petit bois apparaît de la pénombre à travers une grande baie vitrée face au lit. La chaleur des nuits passées a laissé place à une salutaire fraîcheur qui ne durera certainement pas.
À part les respirations des dormeuses et dormeurs qui peuplent ce matin cette si mignone petite maison au coin des bois, pas un bruit sur cette Terre qui m’accueille encore un jour nouveau.
Que la montagne est belle comme le disait un poète-chanteur du temps jadis. Mais point encore de vols d’hirondelles. D’ailleurs on dirait bien que les oiseaux et les hôtes de la nature environnante ont disparus emportés par la terrible sécheresse qui sévit ici. Seul le cri moqueur d’un geai transperce ce silence auquel répondent quelques furtifs piaillements d’oiseaux courageux qui ont du mal à survivre dans ces extrêmes chaleurs et ce manque d’eau.
Tout ceci me fait penser qu’après nous avoir abreuvé pendant plus de trois décennies d’informations apocalyptiques dans ce discours dilatoire de la monoforme au sujet, en vrac : de la guerre, du terrorisme, de pandémies, d’effondrement économique, du malheur des riches et j’en passe, le vrai sujet de l’apocalypse apparaît enfin dans nos médias, non sans mal, depuis que la canicule affecte à long terme les rédactions. Peut-être enfin tout ceci sera pris au sérieux avant que nos enfants ne soient voué·e·s aux pires des situations pour gérer un monde ingérable.
Tout ceci me fait aussi penser que le FN, pardon le RN, vient de voter en rafale toutes les propositions de lois délétères de la Macronie et ont rejeté tout autant en rafale toutes les propositions humanistes de l’opposition. En raccourci : des mesures votées pour un soit disant pouvoir d’achat qui enfoncent un peu plus la solidarité sociale et les plus pauvres avec en prime l’usage d’énergies issues de gaz de schiste ou de charbon qui tuent la planète plus vite que de le dire, et le rejet de toute proposition de gauche visant à améliorer sincèrement et durablement la vie des citoyen·ne·s les plus modestes et les plus précaires de notre pays. Ce qu’il fallait démontrer n’est donc plus à démontrer : l’extrême-droite tout comme les autres se foutent totalement de la fin du mois comme de la fin du monde. La proximité idéologique est bien dans ce camp de l’hémicycle qui va de l’extrême-droite à l’extrême-centre. Il n’y a pas loin que la gauche de droite ne rejoigne les rangs de ces gardiens de la galaxie du bloc bourgeois pyromane [+].
Mais bon, même si les infos de la vie politique sont encore une fois toujours marquées du sceau de la stupidité et tournent dramatiquement en rond, cette semaine je n’ai pas plus envie que les précédentes de m’attarder encore sur celles-ci. Je préfère parler de choses qui me semblent bien plus intéressantes, avec beaucoup d’espoir dans des formes d’organisations collectives qui s’éloignent du monde mortifère capitaliste, ainsi avec les fameux « Fralibs », leur thé et leur coopérative, comme vous pourrez le lire sur cet article en lien [+] de Bastamag, un très bon magazine indépendant.
Ou encore vous donner l’envie de vous enfuir enfin de ce monde de la compétition libérale sans aucun intérêt et même mortelle pour notre espèce de Sapiens, en lisant cet article aussi en lien [+] sur l’excellent Frustration Magazine à propos des démissions du bas, lisez jusqu’au bout, vous comprendrez.
Et puis voici longtemps qu’il fallait rétablir une vérité sociale : les fameux « bobos » n’existent pas vraiment… C’est une catégorie sociale facile qui n’a de valeur que pour les rédactions de médias et leurs rédacteurs autant que leurs rédactrices en manque de connaissance, ainsi qu’on peut le lire en suivant ce lien [+]. Je ne sais pas pourquoi cette dernière info me fait plaisir. Peut-être parce que ce terme fourre-tout « bobos » sonnait creux à mes oreilles (de bobo ?).
Vous le savez depuis début juillet, voilà trois semaines je vous avais annoncé que mes chroniques du lundi seraient plus courtes en été. Je ne dérogerai pas à cette règle aujourd’hui. Cette dernière chronique de juillet 2022 sera donc courte et concise.
Parce que c’est l’été mais aussi parce que je profite de ces moments dans la montagne pour essayer de poursuivre mes dessins d’Aiga, ma cartographie sensible de l’eau, dont je vous laisse quelques traces tout au long de ces mois caniculaires… Et vraiment chercher de l’eau dans la Drôme où Thérèse [+] et moi résidons pour un temps, comme rechercher ce liquide source de toute vie dans notre Grand Sud occitan des Alpes à l’Atlantique devient une gageure. Comment aurais-je pu l’imaginer il y a plus de dix ans quand j’ai débuté cette grande entreprise plastique.
Heureusement il existe d’autres informations bien plus réjouissantes à vous dire, notamment dans l’art et chez les artiste, comme par exemple vous indiquer, si vous ne le savez pas encore, la réédition et donc la distribution de trois films du génial réalisateur français contemporain qu’est F.J. Ossang [+], mainte fois internationalement primé et si peu encensé.
Ossang est sans aucun doute un des cinéastes français les plus importants de sa génération. Je vous en avais déjà abondamment parlé il y a quelques temps sûrement dans une de mes chroniques à moins que ce ne soit bien plus avant quand je produisais et animais des émissions qui parlait d’art à la radio. Trois de ses premiers films ont été remarquablement rénovés [+].
Le premier, « L’affaire des divisions Morituri » où l’on sent planer l’ombre de la Junger Deutscher Film, est sorti la même année que « The Element of Crime » de Lars Von Triers avec lequel, je ne sais pas pourquoi, ma mémoire ne peut s’empêcher de l’associer. Sûrement parce que ces deux films interrogent une unité européenne improbable.
Le deuxième, « Le trésor des îles chiennes », un trésor d’expressionnisme brillamment revisité, nous amène vers les vertiges prémonitoires d’une folie humaine à la poursuite de l’énergie comme la quête d’un Graal mortifère.
Le troisième « Docteur Chance », nous parle de trafic d’œuvres d’art en Amérique du Sud. Un trafic qui côtoie tous les autres trafics interlopes où les trahisons sont coutume. Dans ce film nous voyons un Joe Strummer endosser la peau d’un pilote richissime et jouer un de ses rares rôles au cinéma de fiction. Strummer avait joué un petit rôle de voyou de rue avec ses acolytes des Clash dans « The King of Comedy » de Scorsese [+]. Il avait aussi joué des rôles de musiciens dans trois ou quatre autres films dont le génial « Mystery Train » de Jim Jarmush [+], ou le nom moins génial « I Hired a Contract Killer » (« J’ai engagé un tueur ») d’Aki Kaurismäki [+]. Mais dans ce film c’était la première et la seule fois que Strummer jouait autre chose que le rocker de service. C’était vraiment la classe !
Bref trois films de F.J. Ossang que vous devez voir si vous ne les avez pas déjà vus au même titre que tous les autres films de ce génial auteur-réalisateur dont vous pourrez retrouver la liste sur sa fiche Wikipédia ici en lien [+]. Une liste qui, vous le verrez, ne s’arrête pas à une vulgaire filmographie car Ossang est aussi un écrivain et un musicien aux multiples créations et je trouve qu’il aurait sa place autant dans un grand musée ou une grande manifestation d’art contemporain que dans les salles obscures. C’est à réfléchir…
Avant de vous quitter et parce que nous sommes à Die, je ne peux m’empêcher d’annoncer la prochaine expo de « DIEresidenz » [+] qui se déroulera du 31 juillet au 7 août prochains, et dont le vernissage aura lieu samedi prochain 30 juillet. « DIEresidenz » est un programme international de résidence d’artistes contemporain·e·s en zone rurale et qui favorise une approche féministe de l’art contemporain. Chaque année, deux artistes sont invité·e·s à vivre pendant un mois à Die et à réaliser un projet. L’artiste invitée cet été est Evgenija Wassilew [+], une artiste qui vit et travaille à Berlin, et dont le labeur interroge la fragilité de la communication l’incertitude de la connaissance. Elle travaille le volume, la performance, et le son, explorant la physicalité et l’impact psychologique de la voix, du langage et de la musique.
On avait déjà approché le travail d’Evgenija Wassilew lors d’une résidence Pollen [+] dans le Lot-et-Garonne à Monflanquin, il y a plus de dix ans en 2011 [+].
À noter aussi que « DIEresidenz » a été créée en 2017 et est portée par la journaliste indépendante, curatrice et auteure Conny Becker [+].
Sur cette fin je vous laisse en compagnie d’un dessin du jour dans un de mes carnets d’Aiga, comme j’en est pris la rafraîchissante habitude depuis le début du mois de juillet et que je pense continuer tout au long du mois d’août qui arrive. Un carnet où l’on voit bien que l’eau commence à manquer furieusement dans les hauts ruisseaux des Alpes aux accents provençaux. Je vous souhaite une bonne semaine et vous donne rendez-vous selon les procédés habituels. Adissiatz…
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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Fais attention à la date de l’exposition Dieresidenz Phil, le 31 juillet c’est un dimanche. Des bises! Belle chronique.
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Merci pour cette acuité Jérôme… Corrigé grâce à toi !