17.10.2022 – Chronique du lundi
17 octobre 2022 § Poster un commentaire
Oculi caligantes mane lacrimis…
Chères et chers amis autant qu’amies, vous qui me suivez à travers ces Chroniques du lundi, c’est avec une petite émotion, voire un trémolo dans mon verbe, que je commence ce nouvel éditorial du temps qui passe sous mes yeux embués. Des yeux embrumés par cette émotion car voilà maintenant presque exactement deux ans que je m’adresse à vous et au monde à travers ces mots. Pour tout vous dire, émotion n’est pas vraiment le terme, il pourrait porter à une confusion bien trop faussement égocentrée. Je dirais plutôt que c’est avec une petite fierté d’avoir mené à bien cette expérience narrative depuis la première publiée le 19 octobre 2020 pour arriver aujourd’hui 17 octobre 2022. Dans ce petit matin moite d’une nouvelle période de chaleur autant nocturne que diurne et qui nous enfonce encore plus au fond de ce changement climatique, il est presque 7h du matin, heure à laquelle je commence la rédaction de cette présente chronique et je vous y souhaite une très douce bienvenue.
Aujourd’hui lundi est le lendemain d’une journée de dimanche intense. Étant dans la Cité Mondine, vous vous doutez que je ne battais malheureusement pas le pavé de la Ville lumière pour manifester en compagnie de dizaines de milliers d’autres qui en ont ras-le-bol, à juste raison, du monde dans lequel ils et elles vivent. Entre grèves et manifestations peut-être serait-il temps d’imaginer de nouveaux moyens d’actions à travers nos mouvements Art en Grève [+] encore bien trop anesthésiés par le temps, bouteille jetée ainsi nonchalamment dans la mer des revendications.
J’étais donc à Toulouse où nous avons reçu à l’Atelier TA [+] un très nombreux public dans le cadre de l’ouverture des portes des ateliers d’artistes, comme plus de 600 autres dans notre grande région occitane. Il m’a fallu dérouler des dizaines et des dizaines de fois en quelques heures un discours de médiation autour de mon travail de plasticien, je vous avoue être rincé et bien sec aujourd’hui. Je ne serai donc pas très prolixe et mes paroles du jour seront succinctes. D’autant que pour tout vous avouer, ma tête est bien ailleurs suite à la disparition d’une personne si chère mais malheureusement si lointaine.
Un contexte bien triste qui ne me porte pas trop à l’extension lyrique. Mais j’ai malgré tout cet anniversaire à commémorer avec vous (ou non !). En effet il y a deux ans, dans un monde totalement imbibé d’une peur panique générale de la pandémie qui aurait pu être un nouveau départ pour notre humanité, mais qui en fin de compte secoua à peine les conscience du monde, avec ma chère et tendre Thérèse [+] nous fuyions Navatar [+] pour revenir en Chamanie [+], dans un « road trip bien salutaire » qui préfigura une série jusqu’à aujourd’hui ininterrompue des mes Chroniques du lundi.
C’était il y a si peu, cela me parait si lointain.
En ce mois d’octobre 2020 il y a 24 mois, comme une irrépressible nécessité, je commençais en ces temps troublés l’écriture du premier épisode de ces éditoriaux hebdomadaires, décousus autant qu’improvisés, mais fidèles au poste.
À l’époque nous essayions de nous créer de nouveaux ailleurs meilleurs. Hélas la stupidité humaine que j’ai fustigée plus qu’à mon tour à longueur de ces 104 précédents articles que vous pouvez consulter sur mon site web, a vite repris le dessus. Les soubresauts du monde nous ont rappelé jours après jours, semaines après semaines, cette imbécilité qui paraît être le seul bien commun de notre espèce. Alors que tant d’autres pensées, comportements et actions sont tellement plus réjouissantes.
Depuis toujours je ne cesse de répéter : « – Ayons de l’émotion pour les choses de l’esprit, pour l’art, pour les sciences, mais arrêtons d’en avoir pour les inintérêts aberrants de l’info-spectacle ! ».
Certes je dis cela comme une citation qui n’en est pas une, alors qu’évidemment tout devient très compliqué quand on connait ce combat permanent que l’on doit mener contre les pratiques sans fin du pouvoir financier et politique de l’ensemble du bloc bourgeois en ce qui concerne la maîtrise de la culture et des des médias. Comme particulièrement en France avec ce lobby incessant pour la main basse sur les vecteurs de manipulations des opinions, ainsi on peut le lire ici en lien [+].
Tout est fait, de l’école à la vie du quotidien, pour nous enfoncer toujours plus dans un manque mortifère de réflexion. Bien sûr en trois cent mille ans de notre humanité de Sapiens nous avons peut-être su nous en sortir, sauf que notre stupidité collective est bien vivace à l’exemple de ces pratiques pernicieuses, comme on peut le lire en suivant ce lien [+], qui nous entrainent dans des enchainements catastrophiques sous prétexte d’innovations numériques.
Et puis même si vous l’attendiez je reviendrai plus tard, dans une autre Chronique du lundi, sur Van Gogh et une certaine soupe à la tomate [+]… Ce qui n’a rien à voir avec les Campbell’s Soup Can d’un autre artiste plus new-yorkais et contemporain ! Tout cela n’étant bien sûr qu’une affaire de symboles.
Au moins je me permets de me bercer de cette illusion que mes pratiques éditoriales à travers mes chroniques, même à un niveau extrêmement faible, inaugurées à l’aube de ma condition d’artiste soixantenaire, aident certaines et certains de mes congénères pour réfléchir à la vie qui nous entoure, c’est déjà ça de pris ainsi que l’on dit bien trivialement.
Tout comme à l’époque de ma vingtaine au début des années 80 alors encore tout frais sorti du lait maternel, et étudiant en art, j’ai pu faire partie de l’explosion artistique tous azimuts entrainée par une irrépressible effervescence punk et postpunk propulsée à travers des émissions de radios déjantées comme celles que nous produisions sur la fameuse inégalable et (presque !) inégalée Radio FMR [+] de Toulouse. Tout est toujours une question de positionnement par rapport à la réalité normative de la société dans laquelle nous vivons, l’opposition à la « bien-pensance » me semblera toujours salutaire [+] pour la pensée humaine.
Et bien heureusement, certaines innovations techniques permettent la diffusion d’une information de qualité qui peut être une alternative à l’abrutissement de la masse. Pour le coup, le Web bien qu’étant tout et son contraire, permet de trouver assez de canaux pour nous informer sérieusement et apprendre honnêtement sans tomber dans le drame et les délires complotistes.
Ainsi au lendemain d’une grande manifestation parisienne où beaucoup de française et français ont convergé·e·s et dont la crédibilité avait été attaquée avant même sa tenue, on préférera l’analyse du média en ligne Contre-attaque en lien [+], un média qui ne tient pourtant pas forcément la NUPES dans son cœur d’extrême-gauche, que celles du Point ou de BFM pour ne citer qu’eux.
Alors oui, dans mon coup de blues du jour je n’ai pas vraiment envie de commenter l’actualité des soubresauts du monde qui finit si vite dans les oubliettes de mes pensées tellement la stupidité y est de mise.
Et de cette actualité, je vais laisser de côté ce volcan à l’Est sur lequel nous dansons depuis neuf mois ainsi que nous l’explique ce sujet de Blast en lien [+] vidéo, pour le plus grand délire d’un dictateur et le plus grand bonheur des marchands d’armes ou vice-versa, tout en faisant le malheur des peuples. Je ne vais pas m’attarder plus que cela sur cette belle arnaque de la réforme fiscale portée par le nouveau budget de l’état français bien expliquée, une fois n’est point coutume, en vidéo par un jeune « youtubeur » ici aussi en lien [+] vidéo. Je ne vais pas non plus m’exciter contre la fameuse croissance verte dont on pourra trouver un exemple d’idiotie capitaliste en suivant cet autre lien [+] vers le magazine Reporterre. Je pense tout de même à cette juste tentative de révolution en cours en Iran [+] qui ne fait pas tant couler d’encre que cela, alors que le sang y coule tristement.
Et puis je sais tout de même, malgré le manque de carburant, que les luttes des raffineurs et raffineuses [+] des compagnies pétrolières mais aussi de tous les employé·e·s du secteur comme toutes le travailleurs et les travailleuses de tous les domaines qui entament des grèves sont justes et je les soutiens [+] à travers tous les désagréments que cela suppose.
Pour finir ne ferai pas plus de commentaires sur les paroles imbéciles d’un ministre des finance [+] aussi condescendant qu’un courtisan du grand siècle et menteur qu’un arracheur de dents.
Je préfère vous laisser pour plus de carburant cérébral avec un très chouette débat qui nous entretient des méfaits de l’éthique néolibérale entre la fameuse philosophe Barbara Stiegler [+], et le non mois fameux anthropologue Emmanuel Todd [+] ici en lien [+] en vidéo toujours sur Youtube bien malheureusement.
Pour ma part et avant de vous laisser, je vais me re concentrer sur les arts visuels qui restent après tout dans le cœur de mes préoccupations, comme depuis le début de ces chroniques.
Tout d’abord, je tenais bien penaudement à vous avouer que j’avais malencontreusement raté trois choses dans ma chronique de lundi dernier.
La première était de vous annoncer l’exposition à Paris « Louisiane, la cavale » [+] de Philippe Perrin [+], l’artiste pas le spationaute. Philippe Perrin est un artiste dont j’aime beaucoup le travail. À travers son œuvre il explore la beauté du mal avec tendresse, c’est sensible autant que chouette malgré la rudesse du propos. Cette exposition est en cours dans un lieu atypique bien loin des « white cubes » habituels, elle se trouve à l’hôtel La Louisiane [+], du côté du boulevard Saint-Germain, au 60 rue de Seine à Paris donc, jusqu’au 16 novembre 2022.
Le second de mes oublis s’articule autour de la Foire d’art contemporain africain qui se tient tous les ans à Londres et qui fêtait ses dix ans le weekend passé, mais dont vous retrouverez heureusement l’évocation dans cet article de Jeune Afrique en surfant sur ce lien [+].
La troisième et dernière information artistique qui aurait du apparaitre dans ma précédente est l’exposition de sortie de Résidence 1+2 [+] à La Chapelle des Cordeliers. Cette exposition « Histoires Naturelles » [+] se donne à voir dans ce très beau lieu au cœur du vieux Toulouse jusqu’au 27 novembre 2022. Elle nous montre les superbes travaux de Jean Larive [+], Alice Pallot [+] et Adrien Basse-Cathalinat [+].
Ces oublis étant réparés, et pour ma part étant dans ce Midi toulousain encore pour un temps, je peux pour finir ma chronique du jour à présent vous annoncer quelques événements qui y auront lieu dans les prochains jours.
Tout d’abord, juste de l’autre côté du mur qui sépare mon espace de travail à l’Atelier TA [+] de ceux du Collectif IPN [+], dans leur espace de monstration venez retrouver dès le samedi 22 octobre 2022 prochain, l’exposition collective « Human After All » [+], une exposition qui ne durera que quelques jours et dont le finissage aura lieu le 29 octobre prochain.
Le weekend prochain sera forcément un peu tarnais pour nous, car dans ces si chères contrées de ma jeunesse nous retrouverons enfin l’édition 2022 de l’AFiac [+]. l’AFiac est un plus que superbe et incontournable festival d’art contemporain qui, depuis 1999 dans ce territoire rural du Tarn autour de Fiac, fait dialoguer artistes, habitat et habitants. Un festival qui accueille le public le temps d’un weekend le temps de donner à voir le résultat de ces travaux en collaborations multiples autant que singulières. Cette année ce sera les 21, 22 et 23 octobre prochains.
Juste à côté sur ce territoire Sud tarnais en remontant vers Castres, vous pourrez dans cette même temporalité du weekend prochain aller à la rencontre de la « Biennale Populaire d’Arts Visuels » [+]. Une manifestation nomade plus que très attachante entre Sor et Agout, organisée par Champs Visuels [+] qui tiendra sa 3e édition [+] à Saïx. Je pense qu’on ne peut que soutenir ce genre de manifestations simples autant qu’honnêtes qui donnent une nourriture cérébrale irremplaçable face aux rouleaux compresseur du divertissement mondial ravageur.
Je ne cite pas l’ensemble des nombreuses et nombreux artistes qui participent à ces deux événement tarnais, mais vous trouverez évidemment toutes les informations en suivant les liens respectifs de ces manifestations.
Par-contre je ne me prive pas de citer le nom de la formidable artiste qu’est Marianne Plo [+], une autre artiste que j’adore et qui sera accueillie par Le Salon Reçoit [+] d’octobre cette année, donc samedi prochain. Une exposition flash comme à l’habitude dans cette géniale saga artistique qu’est Le Salon Reçoit [+]. Un événement fugace sous l’énigmatique nom « Con Moto », qu’il ne faudra évidemment rater sous aucun prétexte, ce sera à Toulouse du côté du quartier des Arènes, 274 Rue Henri Desbals le 22 octobre 2022 de 18h à 22h.
Sur ce, je vous laisse prématurément, jusqu’à la semaine prochaine. Je vous laisse avec peu de matière à vous mettre sous les yeux. Cette chronique anniversaire peut vous paraître bien courte comparée à mon habituelle logorrhée. Le format court n’est pas si mal après tout et j’en assume pleinement le choix. Et puis, je vous laisse en compagnie d’une image de mon plan de travail en bataille tel qu’il était hier pour son ouverture au public à travers une multitude de carnets de mon labeur au long terme, « Aiga – La cartographie sensible de l’eau », dont je vous bassine à présent depuis quelques mois et dont vous pouvez aussi et toujours vous procurer l’édition numérotée et signée d’un des ses carnets ici même. Je vous donne rendez-vous selon le même procédé bien rodé depuis deux ans maintenant. Je vous souhaite une bonne semaine. Adishatz amigas e amics.

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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