24.10.2022 – Chronique du lundi
24 octobre 2022 § 1 commentaire
J’ai rangé l’échelle dans les valeurs !
Chères et chers amis autant qu’amies, que vous me lisiez ou même que vous m’écoutiez dans le cas où j’aurais enregistré cette présente chronique, chose autant improbable que probable et que seul l’avenir nous dira, mais je ne vais point m’étaler dès à présent sur ces paradoxes du fameux continuum espace-temps, en tout les cas permettez-moi de vous souhaiter chaleureusement bienvenue dans cette chronique du lundi 24 octobre 2022.
Alors en parlant de ces relativités temporelles, il est pour moi près de 5h du matin à l’heure où je commence à rédiger, par dépit, les premiers mots de ce nouvel exercice éditorial qui risque bien de s’avérer une fois encore aussi approximatif que dilettante. Ce que vous aurez déjà remarqué à coup sûr au manque de lyrisme de mon introduction. Car ce matin, un autre relativisme face à la réalité de la vie et quelques douleurs dues à une maladie chronique dont je vous parlais il y a déjà plusieurs chroniques, m’ont un peu pourri la vie la nuit passée, et aussi je l’avoue une bonne partie du weekend… Oh ! Rien de bien grave si on compare ces quelques douleurs aux malheurs du monde, mais fatiguant tout de même. J’aurais du mal ici à parler du ressenti de mon réveil qui n’en est pas un, vous pouvez vous en douter à présent après cette introduction quelque peu geignarde.
Heureusement, en contrepartie de ces douleurs physiques inhérentes à ces flux métalliques qui transportent mes fluides ou vice et versa au point où je suis rendu, le weekend qui vient de passer fut riche en rencontres artistiques toutes aussi majeures que réjouissantes, accompagnées d’une adorable vie de famille cellulaire et ascendante, collatérale autant que descendante. La vie est bien faite en regard de mon optimisme forcené. Ce qui me permet de donner le change et d’avoir bon teint en public. J’ai toujours détesté toutes sortes d’apitoiements.
Du coup, je ne suis pas ici pour me plaindre, mais vous conviendrez qu’aujourd’hui je puisse m’octroyer le droit d’être juste succinct et factuel, vous rappelant en quelques mots certaines réalités du monde et vous livrant juste quelques liens comme pâture à votre lecture ou à votre audition.
Alors tout de même à travers mon océan d’optimisme béat, une grande tristesse m’a étreint à savoir la mort brutale mardi dernier de Jean Teulé [+]. Je me souviens de vous avoir entretenu il y a des mois de mon admiration pour ce formidable artiste aux trouvailles graphiques irremplaçables qui ont marqué ma pratique artistique, comme l’avait marquée tout cet univers graphique foisonnant de la fin des années 70 et du début des années 80, alors que les barrières institutionnelles ne catégorisaient et ne hiérarchisait pas encore trop les créatrices et créateurs. Je vous laisse retrouver un portrait de cet artiste au travail dans cette archive vidéo de l’INA qui date du milieu des années 80, ici en lien [+]. Parfois les images valent mieux que tous les mots.
Pour continuer dans le monde de l’image et des arts visuels mais du point de vue de la fameuse info spectacle, la semaine dernière je vous ai parlé de sauce tomate et de Van Gogh, en fait je n’ai vraiment grand chose à ajouter et je trouve que le meilleur commentaire reste celui d’un humoriste connu sur France Inter que vous pourrez écouter ici en suivant ce lien [+].
Pour une fois que j’écoute la voix de son maître, je ne regrette pas.
Bien sûr d’autres commentaires sérieux ont fait l’objet d’articles ou d’éditoriaux. Beaucoup de choses ont été dites. Personnellement, si vous voulez tout savoir, mon ressenti est simple… Je soutiens sans détour les actions d’agitprop de ces jeunes gens qui s’accrochent à des filets de tennis, qui dégonflent les pneus de ces stupides SUV, déploient des pancartes accusatrices dans des salons de l’automobile où qui barbouillent de tomate liquide une vitre de verre [+]. Ils ont raison. Ils vont hériter et vivre dans un Monde que les générations précédentes leur ont pourri et leur pourrissent encore tous les jours un peu plus.
Les nouvelles sur le front du futur proche se dégradent comme ici réchauffement climatique en France que l’on peut constater en lien [+] vers le journal du CNRS.
Ne pas se rendre compte de la légitime colère d’une jeunesse que nous désespérons par les comportements mortifères capitalistes est indigne de notre humanité, point !
« Les activistes climat sont souvent décrits comme des dangereux radicaux mais les dangereux radicaux sont les pays qui augmentent la production des énergies fossiles », cette citation est issue d’un texte signé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres [+], dangereux écologiste radicalisé comme chacun·e le sait…
Enfin quand je dis « nous » en parlant de la dégradation de notre planète jusqu’à n’en plus pouvoir, c’est un « nous » de génération pas de classe. Car il et évident que mes pratiques personnelles d’artiste, non monumental et décroissant souvent par obligation car proche du lumpenprolétariat ont une bien basse empreinte carbone. Sauf qu’à voir grandir autour de moi enfants et petits-enfants dans quelques partie du monde où ces dernières et derniers évoluent, je sais, quoi qu’en puissent dire beaucoup, la responsabilité qui est sur mes épaules ainsi que celles de mes congénères, ne serait-ce que par l’expression de ma pratique et des processus de mon donc travail artistiques. Ce combat [+] est aussi le nôtre à quelque niveau que l’on puisse le mener. Il ne faudrait jamais oublier que comme à l’habitude, le bloc bourgeois où qu’il se trouve fera tout pour garder son pouvoir afin d’assurer l’accumulation délétère de richesses quoiqu’il en coûte. Il le fait et le fera comme toujours en usant des pires des mensonges et dégainant des 49.3 à tout va, ainsi que toutes les matraques dictatoriales quand il n’arrive plus à nous conter ses fables démocratiques. Sans compter cet autre usage immodéré qu’il fait de la manipulation des opinions publiques par l’émotion. Tout autour de notre Terre, de la guerre en faits divers, l’info spectacle de ces derniers jours est au taquet de ces stupides et malhonnêtes procédés.
Vous remarquerez que ces processus sont constant et la perte de mémoire due à l’accélération [+] qui sidère l’individu pour mieux l’anesthésier fonctionne à point pour le pouvoir.
Ainsi moins de six mois plus tard nous oublions toutes sortes de scandale comme celui d’Avisa Partner [+] et de ces pratiques journalistiques. Je vous en avais parlé mais pour le coup et dans mon propos présent, j’aime bien revenir sur les trucs qui sont passés à l’as pendant l’été. Ou encore les fameux Uber Files [+] et ce scandale à la tête de l’état, que l’on a vite oublié. Tous ces scandales qui se cumulent affaires après après affaires se banalisent et deviennent des normes morales acceptables.
À parler d’émotion, peut-être allez-vous rire, mais assez puérilement je conçois l’émotion un peu comme le cholestérol… Dans ma cosmogonie émotive proche des lapalissade normandes, je me dis qu’il en existe de deux sortes : la bonne et la mauvaise !
Une réflexion puérile certes sous forme de boutade tout de même qui me permet d’envisager sérieusement et avec recul les emballements médiatiques des émotions négatives. Par exemple celles que l’on retrouve dans ce beau cas d’école de mise en scène médiatique autour de propos tenus par quelques personnages politiques de l’écologie et sortis sciemment de leurs contextes, pour finir dans des considérations qui ont l’effet imbécile d’occulter les vrai débat public [+], ce qui là est évidemment bien moins puéril.
Mais surtout il suffit de faire l’autopsie d’un fait divers sordide [+] très récent, et d’analyser [+] le traitement foncièrement morbide qui en est fait dans l’info spectacle qui gère nos opinions de masse, pour voir à quel point cette fameuse émotion peut être totalement délétère. Après des jours de manipulation émotionnelle de l’opinion publique, on voit ressortir toute la stupidité humaine [+] à entendre ces cris « immigrés assassins » qui font hérisser mes poils d’effrois et qui nous plongent dans la mémoire d’un des pire des cauchemars de l’histoire, sans vouloir atteindre le fameux point Godwin [+].
Bien que tout ceci à la fin fasse plus honte que peur, heureusement il reste de beaux symboles qui forment des barrières à ces abjections. Et on aura une pensée émue autant que solidaire pour ce seul député noir [+] au cœur d’une assemblée de droite et d’extrême-droite, dans un pays où la fabrique de l’émotion dénuée de toute raison a battu son plein à travers la pire des infos spectacles et une ignoble propagande pendant des décennies, et où la bourgeoisie bien chrétienne, catholique apostolique et romaine à préféré le grand banditisme mafieux au progrès social, tristesse !
Alors bien heureusement aussi il nous reste « l’autre émotion », la fameuse « bonne émotion » dans mon imaginaire pas si enfantin que cela. Celle qui sait dialoguer sans faux semblants avec la raison. Celle qui peut avoir un effet transcendant, ou tout du moins nous faire réfléchir à la vie qui nous entoure. C’est ainsi que j’en viens aux choses de l’art. Même si je préfère parler de labeur que d’émotion quand il s’agit d’art visuel, je ne peux nier que cette dernière est constitutive du travail de l’artiste tout autant que du regard de celles et ceux qui approchent ses œuvres.
Je ne peux qu’en témoigner à travers les pérégrinations artistiques et tarnaises du weekend à remonter l’Agout [+] entre Fiac et Saïx et puis à revenir sur les bords de Garonne dans notre bonne vieille Cité Mondine. Des manifestations et expositions entre l’Afiac [+], la Biennale populaire d’arts visuels [+], dans ce Tarn de ma jeunesse, et le Salon Reçoit d’octobre [+] pour y voir dans ce dernier le travail récent de Marianne Plo [+] dont je vous en avais fait l’annonce la semaine dernière.
Bravant la pénurie de carburant Thérèse [+] et moi nous sommes empressés de partir à la découverte de ces manifestations d’art contemporain et expositions furtives dans mon bon vieux Tarn du Sud.
Je n’aurais sûrement jamais assez de mots pour vous parler de mon émerveillement à voir le boulot d’artistes in-situ aussi singulières et singuliers que formidables. Des artistes comme Laura Freeth [+], Cassandre Fournet [+] ou Paul Loubet [+] à Fiac, ou encore Adrien M & Claire B [+], Léonore Gautier [+], Hervé Laplace [+], Luck Laumet [+] et Claire Sauvaget [+] à Saïx, pour n’en citer que quelques un·e·s…
Toutes ces lectures de l’art qui investissent avec bonheur nos têtes ailleurs et ici sont les premières pierres d’une reconstruction permanente nécessaire face aux entreprises de démolitions de nos cerveaux [+].
Voilà qui me donne l’envie d’inviter mes congénères à parcourir les paradigmes de l’histoire de l’art comme celui de l’Arte Povera dans cette archive de France-Culture [+], bien qu’il n’y ait pas trop de relations de causes à effets avec le sujet précédemment abordé. Quoique tout reste en lien évident.
Ou bien, dans un élan très décousu, l’envie me vient aussi de donner à réfléchir par l’approche de l’image contestataire à l’épreuve du pouvoir [+], ainsi que parfois nous pouvons le faire avec le groupe Imagerie de combat [+]. Ou enfin de suivre des artistes engagés comme le formidable Paul Callu [+] à travers ses déambulations [+] ou lectures [+] qui donnent du grain à réflexion dans l’action artistique à l’épreuve du XXIe siècle. Bref toute une aventure qui peut se lire à contre-courant comme fut le travail de cette artiste trop méconnue qu’était Alice Neel [+]. Dans la chronique du jour nous venons un peu de vivre mes secondes d’une folie décousue et exacerbée, des instants en liens externes qui me permettent d’avoir un peu de contenance autant que de contenus.
Sinon en fin de semaine, toujours sur des territoires non loin de la Toulouse, vous pourrez remonter le cours impétueux de la Garonne pour aller vous balader à Martres Tolosane. Si vous ne le savez pas Martres Tolosane est un grand centre de céramique aux motifs et couleurs bien particulières qui sont caractérisés par la finesse des traits et les mouvements de ces motifs à caractères ornithologiques sauvages autant que bigarrés qui les ornent. Ce n’est pas que je sois un grand thuriféraire de la céramique d’usage, même si de l’autre côté de notre sud aux accents occitans, dans notre cher Pays Diois nous avons de très chouettes ami·e·s céramistes, mais je vous parle de cette petite ville du Comminge [+] c’est pour vous annoncer l’exposition qui conclut la résidence de l’artiste Roxane Vermis [+] « Céramique/Art Contemporain » à Martres Tolosane, une résidence mise en place par PAHLM [+], cette structure admirablement animée par le super artiste Carl Hurtin [+] sur le territoire Commingeois dont je vous ai aussi déjà parlé il me semble bien.
Cette exposition se déploiera sur le territoire entre le Musée de la faïence de Martres, la médiathèque du Fousseret et la galerie du Lycée Martin Malvy de Cazère. Tout cela commence à la fin de cette semaine et vous pourrez trouver toutes les infos sur « D’autres formes » en suivant ce lien [+].
C’est sur cette petite « liste à la Prévert » émotionnelle positive, sur ces infos territoriales et sur ce dernier contre-courant artistique, que je vais clore ma bien courte chronique d’aujourd’hui. Je la clos non sans vous laisser dorénavant et comme à l’habitude sur des ondulations aqueuse d’un de mes carnets de cet entêtant labeur « Aiga – La cartographie sensible de l’eau » que je continue inlassablement du pinceau au stylo à arpenter et à croquer le long de ruisseaux et des rivières ou sur les bords en plan d’eaux ou des jetées…
Je vous souhaite une douce semaine, vous donne rendez-vous lundi prochain et vous dis adishatz !

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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Je trouve ce Paul Callu assez génial, je découvre grâce à vous, bien entendu. J’ai été frappé par ces campements lors de mon passage par chez vous. Bonne semaine !