07.11.2022 – Chronique du lundi
7 novembre 2022 § Poster un commentaire
Presque au frais et très tassé, comme un bon pastis…
Le froid des nuits de l’automne est enfin arrivé au dehors. On le perçoit derrière les fenêtres de la chambre emmitouflée. Il est environ 5h du petit matin, heure à laquelle je m’engage dans la rédaction de cette nouvelle Chronique du lundi. L’éclat de la Lune explose la pénombre de la maison endormie.
À écrire les mots de la présente chronique dans la lueur de la bougie numériques que constitue l’écran sur lequel je frappe les lettres qui les composent, j’essaye de ne pas réveiller ma chère et tendre Thérèse [+]. Elle dort paisiblement, la petite minette du foyer ronronnant quand à elle dans son coin de lit.
Le décor ainsi planté chères et chers ami·e·s, que vous soyez fidèles ou non de mes exercices éditoriaux hebdomadaires, en ce 7 novembre 2022, je vais commencer par le commencement qui est évidemment de vous souhaiter une sincère et chaleureuse bienvenue.
Tout aussi quasiment traditionnellement en début de mes chroniques, je vous annonce chaque semaine un nouvel épisode court, voire très court. Dans ma tête ce doit être à coup sûr un chronique effet de manche faussement modeste. Sauf qu’aujourd’hui ce ne sera pas une de ces annonces habituelles et fallacieusement embarrassées, j’ai vraiment beaucoup de boulot, un peu éclaté entre aide à la production pour une collègue artiste, travail graphique avec la création d’une typographie singulière pour une chouette structure et mon propre labeur actuel de dessins quotidiens, quelques boulots de paperasseries et de dossiers aussi. Ce jour sera court pour moi certes, mais surtout pour cette chronique !
Et puis, toujours pour les habitué·e·s de mes chroniques du lundi vous avez dû remarquer qu’après quelques emballements autant lyriques qu’énervés jusqu’à l’été de cette année 2022, j’ai laissé tomber les affres de l’actualité voilà déjà quelques semaines. Mes remarques acerbes, emballées et approximatives sont devenues moins appuyées. Je me rappelle qu’il y a longtemps je vous entretenais de l’inefficacité de l’indignation face à la puissance de l’action. À présent j’applique difficilement à moi-même ce principe.
Enfin si vous me lisez souvent, vous connaissez mon aversion profonde pour l’info-divertissement, autrement appelée en anglais « infotainment » [+]. Cette pratique a eu l’effet pervers d’amener beaucoup de médias dits « mainstream » vers le traitement putassier des faits sous le seul point de vue extrêmement réducteur des informations « spectacularisées », sans recul, sans analyse, avec peu de vérifications ou de profondeur dans la réflexion. Un traitement à la fin des fins uniquement justifié par l’appât d’un gain grappillé sur le dos des plus bas instincts de l’esprit humain. Un peu comme cette séquence spectaculaire que l’on peut trouver ici en lien [+], d’une terrible mise en abîme de ces pratiques sur un plateau de télévision par un comédien issu du monde des réseaux sociaux.
Tout cela m’énerve du coup je n’ai plus envie de parler, alors que notre planète brûle, de cette information qui tourne en rond entre guerre, révolution, coups de théâtre politiques dans nos sociétés occidentales dites civilisées et autres crises de société qui finissent par ne plus en être vraiment des crises tant elles deviennent des habitus et dont on arrive bien à se détacher de leurs forces anxiogènes quand on prend la hauteur nécessaire à leurs analyses.
Car pour l’exemple dans l’actualité, on appréciera entre-autres le vrai visage raciste et inhumain de l’extrême-droite qui siège au Palais Bourbon sous un nouveau sigle depuis quelques années. Un nom auquel, selon beaucoup de médias, il n’aura suffit la substitution que d’une lettre pour faire croire à sa nouvelle modération. Mais qui devient un danger et une crise quand il s’agit de sauver les meubles du pouvoir en place. Une extrême-droite dont on a vu la porosité d’idées avec la droite que l’on dit mesurée. Une extrême-droite qui quoiqu’il arrive reste bien l’assurance vie du système à force de désinformation [+] et d’abrutissement des masses.
Bien heureusement toutes les masses ne sont pas totalement amorphes comme pourrait le souhaiter le bloc bourgeois. Et c’est la rapide pression de l’opinion publique qui a poussé l’Assemblée Nationale française à sanctionner ce député raciste qui s’en était ignoblement pris bien trop visiblement à un orateur opposant en l’unique raison de la couleur de peau de ce dernier. Même si la sanction est loin d’être à la hauteur du délit, elle a fini par arriver vite fort heureusement [+]. Il faudrait d’ailleurs rappeler à toutes et tous que le racisme est un délit [+] quelle qu’en soit la raison et quel que soit le contexte, point !
Toute ces histoires qui mal se répètent à travers le temps me font remonter à la mémoire celle d’Angèle Bettini Del Rio morte il y a tout juste 5 ans [+]. Elle était donc jusqu’à peu une des dernières résistante en vie qui, avec ses camarades communistes, signait 77 ans plus tôt un des premiers épisodes de la résistance au fascisme français d’après la débâcle. Ça se passait à Toulouse le 5 novembre 1940 [+], il y a maintenant 82 ans presque jour pour jour. On ne devrait jamais oublier ces actes et ces actions et les enseigner plus que toute autre fadaise historique. Sauf que ces héroïnes et ces héros était bien évidemment d’un bord politique aujourd’hui totalement diabolisé par une réaction conservatrice, capitaliste et bourgeoise triomphante en parfaite roue libre à travers l’Europe.
Voilà, je vais vous laisser réellement, sans vous avoir entretenu de choses de l’art. Mais comme je vous le disais en début de cette courte chronique, aujourd’hui je n’ai pas vraiment le temps pour réfléchir à une rédaction construite.
Cela dit il y a une information que je ne voulais pas passer sous silence. C’est la mise en ligne depuis quelques semaines du nouveau site Web de l’artiste Michel Fourcade que vous pouvez trouver ici en lien [+]. Michel est un vieil ami que j’aime beaucoup, mais il est surtout un artiste dont j’apprécie infiniment le boulot plastique autant précis que poétique, un artiste qui a créé des réalités virtuelles par son jeu de couleurs et de formes avant même l’invention numérique de ces dernières. Il y a une telle puissance discrète et sereine dans son œuvre que je me dis qu’il faudra bien que j’explore un jour son univers à travers les mots imparfaits de mes Chroniques du lundi. En attendant cette nouvelle promesse du gascon que je suis – étant né sur la rive gauche de la Garonne -, n’hésitez pas à retrouver son travail en accédant à son site merveilleusement mis en scène par l’Éditeur contemporain [+].
Sur ces derniers mots, je vous laisse pour aujourd’hui. Je vous quitte avec un autre dessin de bord de plage pour conjurer les fausses rigueurs de l’hiver qui tarde à venir. Un dessin extrait d’un carnet de mon labeur au long cours qu’est « Aiga – La cartographie sensible de l’eau ». Comme j’en ai pris l’habitude depuis plusieurs mois à présent. Je sais je me répète, mais j’aime bien… Je vous souhaite une belle semaine et vous donne rendez-vous lundi prochain selon le même protocole bien établi entre vous et moi. Adissiatz las amigas e los amics, vos desiri encara una setmana profechosa !
La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
Votre commentaire