14.11.2022 – Chronique du lundi
14 novembre 2022 § Poster un commentaire
Il serait temps d’arrêter de gazouiller !
Lundi 14 novembre 2022, 6h38 du matin à l’heure où je rédige les premiers mots de cette nouvelle chronique. Brève introduction de cadrage temporel pour vous y souhaiter la bienvenue.
Vous aurez remarqué cet effet de style introductif qui affiche une sorte d’apologie du bref, du court et du concis auxquels j’ai pris goût la semaine dernière. Une forme que je vais tenter de faire perdurer au moins jusqu’à ce que je retombe sous le charme des lubies du lyrisme et de l’expansion textuelle… Un jour, peut-être bien plus vite que je ne me l’imagine, ou alors jamais. Il y a bien évidemment une absence claire de certitude à travers ma narration du temps qui passe sous nos yeux.
Effectivement en ces temps troubles autant que troublants, rien ne semble sûr, les limites explosent sous les coups de boutoir de la gestion stupide du monde.
L’hallucination collective atteint des sommets quand dans une émission des bas-fonds télévisuels menée par une équipe à l’indigente intelligence, son animateur principal [+] insulte en direct un député de gauche dans une séquence totalement décomplexée de plusieurs minutes avec : théâtralisation télévisuelle de circonstance, public instrumentalisé, chroniqueurs à l’imbécilité complice et chauffeur de salle en action.
Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi l’affaire on peut retrouver, ici en lien [+] sur Frustration Magazine, l’analyse de cette séquence d’un grand naufrage de l’esprit humain contemporain.
Une séquence de la vie qui passe sous nos yeux où l’on retrouve tout ce que l’on peut vomir de bêtise ou plutôt de stupidité crasse. Il faudra rappeler que ce sinistre présentateur de télé au postures mentonnières digne d’un Mussolini d’opérette encours de graves poursuites [+] selon la loi française.
Le CSA, pardon l’ARCOM (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, nouveau nom du CSA), a déjà été saisi [+] par le groupe LFI-Nupes de l’Assemblée Nationale, et son député molesté a par ailleurs demandé une audition dans le cadre d’une enquête parlementaire [+] sur la concentration des médias lancée aussi par ce même groupe.
Dans ces turpitudes qui secouent le monde divertissant du capitalisme triomphant, un autre clown fait des remous. Un milliardaire [+] tout puissant et sûrement déjà intouchable a donc acheté un des médias sociaux en ligne les plus utilisés de notre société du spectacle et de la consommation réunis. Déjà il chamboule tout, ainsi que l’on peut s’en rendre compte en suivant cet autre lien [+]. Non que cette plateforme de micro-blogging mondial soit ma tasse de thé, loin de là, d’ailleurs comment peut-on imaginer donner un avis intelligent et même ad-minima intéressant en moins de 140 signes ? C’était vraiment un truc de « geeks » au départ, puis de « spin doctors » en manque d’adrénaline sûrement. Mais dorénavant, à défaut de celles de l’eau qui nous manque, les vannes de la stupidité sont plus grandes ouvertes encore. Tout cela sera loin de sauver le monde et n’augure surtout rien de bien fameux [+].
Heureusement rien n’est éternel. Même les lubies de ce magnat aussi dément que mégalomane sont loin d’être durables. À l’image de son fameux Hyperloop qui bat sérieusement de l’aile, comme on peut se rendre compte en suivant ce lien [+].
On s’aperçoit bien avec cette dernière affaire de la stupidité du miroir aux alouettes qu’est le capitalisme écervelé. Et je ne parle de la constance dans l’imbécilité dont fait preuve la brillante équipe municipale toulousaine qui avait plongé tête première dans ce fameux miroir, mais de ce côté-ci de la glace, entre Garonne et Canal du Midi, voilà longtemps que l’on voit venir ces turpitudes [+].
Enfin quand je parle de stupidité en désignant la gouvernance du bloc bourgeois capitaliste, que ce soit au niveau global, comme à celui du local, il serait plus correct de parler de prédation [+].
À parler d’une espèce de passereaux accompagnée de surface plane et réfléchissante, il me vient à l’esprit le mythe de Narcisse et son influence sur les influenceuses et les influenceurs de tous poils, ainsi que l’on peut le lire en cliquant sur ce lien [+]. Voilà un autre comportement induit par la stupidité du capitalisme sans limite à travers ses avatars du monde numériques. Il faudra bien un jour que cela change [+].
Du coup je vais faire un break dans ce texte et écouter quelques morceaux tout droit sortis de la fin des années 70 et de ma jeunesse, où les pochettes de disques étaient bien souvent des prouesses visuelles qui ont influencées nombre d’artistes comme moi et où les groupes de rock’n’roll sortaient aussi souvent d’écoles d’art. Cela m’évitera d’évoquer une quelconque élection dite de mi-mandat aux USA, ou encore de déblatérer sur l’évidente bienheureuse désertion russe d’une grande ville ukrainienne. Je vais écouter de la musique énervée pour me consoler de la mort du guitariste, compositeur et surtout anti « guitar hero » génial que fut Keith Levene [+] entre The Clash [+] et Public Image Ltd [+]… Comme tant d’autres, tout un pan de ma vie qui disparaît inexorablement, le privilège de l’âge sûrement !
Après cette digression musicale, de retour dans ma narration du temps qui passe sous nos yeux, les miens rivés sur les feuilles encore si vertes de l’énorme ramure fournie du figuier de la cour, avant de partir pour mon atelier, je contemple surtout ce temps actuel du climat dans lequel nous baignons nos humeurs d’humaines autant que d’humains.
D’ailleurs ici du côté de la ville dite rose où je réside encore un temps, malgré quelques légers passages humides nous venons de vivre une belle semaine d’un automne qui essaye timidement de s’imposer à travers la chaleur et le peu de pluie, alors que l’arrivée officielle de l’hiver s’annonce déjà à l’horizon. Qui aurait pu imaginer ce figuier toujours bourgeonnant en ces jours de commémorations mortuaires de cimetières en chrysanthèmes et en cette période de mémoire d’une armistice qui mit fin à une boucherie dans des temps maintenant anciens de notre histoire contemporaine.
Ainsi dit, nous sommes mi-novembre et le spectre terrible de la sécheresse rôde, sinistre, dans les contrées même les plus vertes de notre Occitanie. Dans le Tarn au cœur de la Montagne Noire, véritable château d’eau avant la Méditerranée, l’angoisse du manque d’eau est palpable, comme on peut le voir, le lire et l’entendre ici en lien [+], malgré les trompeuses apparences des plaines le long des rivières et des fleuves après quelques épisodes pluvieux.
Mais bon, je vais arrêter ici de tourner la molette faisant monter l’angoisse générale et qui participe à ce terrible chant collapsologue augmentant crescendo pour accompagner de plus en plus fort nos vies terriennes. Je vais juste me reconcentrer un peu sur l’art avant d’en finir avec cette chronique de ce lundi.
Déjà à vous annoncer le vernissage de « A Dessin 7 » [+] le 18 novembre à La Chapelle du Quartier haut [+] au cœur de cette si chouette ville de Sète. Je vous parle de cette exposition qui se déroulera du 19 novembre au 4 décembre, car nous pourrons y trouver les dernières séries de dessins, des nouvelles formes, des nouvelles couleurs, de l’incontournable et charismatique artiste plasticien, commissaire d’exposition et critique d’art qu’est Manuel Pomar [+], dont je ne peux que sincèrement me réjouir de pouvoir admirer un nouveau labeur. Un nouveau labeur à voir en compagnie des propositions dessinées de près de 25 artistes dans ce superbe lieu Grand-rue Haute sur les pentes du Mont St Clair.
Sète, La Chapelle du Quartier haut, une série inédite de Manuel se conjuguant à la douceur d’une interminable arrière saison, je ne sais pas vous mais je vois là quatre raisons quasiment imparables pour se retrouver à la plage très bientôt.
À moins de décider partir le temps d’un petit weekend ou pour plus longtemps sur une autre côte européenne, vers l’océan Atlantique du côté des îles britanniques, ce coup-ci dans le Connacht à Ballina sur la baie de Killala, pour aller voir l’exposition « I searched through form ans land » de notre ami Chad Keveny [+] qui a quitté un temps Sète justement où il réside à présent, pour son Irlande natale. D’autres couleurs et d’autres formes si singulières de l’éternel artiste dandy qu’est Chad. Un artiste dont je vous ai déjà et souvent narré le travail. Dans cette exposition il présente une rétrospective de 20 jeunes années en peintures qui ont accompagnées ses pérégrinations européennes et américaines du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est. Des portraits, des corps et des paysages à travers l’œil et le trait inimitable de ce remarquable et épatant artiste plasticien. L’exposition qui se tient au « Ballina Arts Center » a débuté le weekend passé mais vous avez jusqu’au 22 décembre 2022 pour la visiter et vous pouvez trouver toutes les infos à son propos en lien ici même [+].
Les apparences sont contre moi, mais ce matin je ne me suis pas transformé en agence de voyages du style « Art Tour », c’est juste mon appétence qui me porte sur ce moment précis de cette présente chronique à parler des ami·e·s artistes que je côtoie bien souvent…
Avant tout je pourrais m’attarder sur le génial travail photographique de celle qui accompagne ma vie avec tant de joie depuis de nombreuses années de bonheur. En fait, je dois dire que je n’aurai jamais assez de mots suffisamment puissants pour qualifier le magnifique travail de Thérèse Pitte [+]. D’autant qu’il me faut vous avouer qu’en plus de trouver sa pratique artistique de photographe plasticienne remarquable de justesse, j’adore travailler avec elle. Mais je reviendrai sur son labeur tout bientôt, puisque nous allons peut-être prochainement exposer un autre volet de notre travail en duo « Entre Chamanie et Navatar ! ». Je vous en dirai bien plus très vite, et ainsi parler de l’œuvre de Thérèse me permettra de ne pas parler de mon bien fanfaron travail d’images photographiées !
En attendant ce moment, bien que je n’aime pas trop me faire écho dans ces éditoriaux hebdomadaires des mes activités hors ma pratique d’artiste, il y a tout de même une autre artiste dont je voulais vous entretenir, une artiste que j’accompagne actuellement sur un travail de présentation de certains de ses travaux en volumes. En d’autres termes et plus trivialement, je m’active à la construction de supports et de socles pour une petite série de volumes en céramique de l’admirable artiste qu’est Jeanne Lacombe [+]. Pour tout vous avouer ça m’a énormément touché quand Jeanne m’a proposé de travailler avec elle sur ce sujet.
Dans ce cadre là, mercredi dernier nous discutions et prenions des mesures dans son appartement qui est aussi son atelier [+]. En marge de ces considérations techniques, j’observais avec un profond sentiment de joie respectueuse ses grandes et petites peintures ainsi que ses dessins qui parsèment ses murs. Ici aussi il y a des formes et des couleurs, mais à regarder au plus près, il y a plus, il y a l’envie de se laisser absorber par ces dernières… Des formes et des couleurs dont je perçois la précision du geste qui les a créées autant qu’elles me sont inexplicables de poésie quand mes yeux s’y posent.
Il y a l’expression de ces pays lointains mais aussi de ces scènes proches sur lequel un regard plein d’une douceur incroyable et infinie s’est posé pour le restituer, du détroit du Bosphore aux plages de Dakar en passant par les fleurs champêtres de nos champs domestiques et bien d’autres contrées. Toute une humanité en peinture, en dessins, en volumes ou en céramiques.
Je n’ai pas vraiment cette intelligence d’écriture pour coucher les mots comme pourrait le faire un·e critique d’art ou un curateur comme une curatrice qui sont si prompt·e·s à savoir nous dire sans fioritures la valeur du travail d’une artiste comme Jeanne Lacombe.
Avec mes mots approximatifs dont je suis le seul à être sûr, je ne peux que manifester la complexe simplicité des sentiments dans lesquels les œuvres de Jeanne me plongent. Plonger est le mot ! L’univers de formes et de couleurs que crée cette grande et singulière artiste plasticienne me donne une irrépressible envie de m’y plonger. M’y plonger comme je plongerais dans les eaux douces de la Méditerranée du haut des rochers du Cap Martin du côté de Menton. Un peu comme au cœur de mon enfance quand je découvrais les formes et les couleurs dans le large spectre de ces grandes et grands artistes contemporain·e·s, de Louise Bourgeois à Jean Dubuffet, en même temps que je me délectais de la douceur des hivers aux accents nissards.
Un monde d’élégies qui seraient joyeuses, car en ce qui concerne ma vision de l’art contemporain : je ne suis pas à un oxymore près. Ainsi est, selon mon expérience, la liberté de sentiments que peut procurer la rencontre avec les travaux de Jeanne Lacombe [+]. Après ce que je viens de vous en dire, il ne vous reste plus qu’à faire votre propre expérimentation de son œuvre épatante.
Plus amont dans cette chronique je vous parlais de sécheresse, je vais finir cette chronique du jour les pieds presque dans l’eau. En effet je vois autour de moi que l’on interroge ce précieux liquide à travers une multiplication appuyée de propositions plastiques dans le monde de l’art contemporain. J’en suis fort aise et je me dis : « – Enfin ! » dans mon for intérieur. Voilà bien des années que je navigue sur les flots de ce sujet avec « Aiga – la cartographie sensible de l’eau », et pour le coup j’aime bien clore une de mes chroniques avec ce sentiment d’avoir été un peu précurseur une fois dans ma vie, même si je suis loin d’être unique à avoir un travail plastique sur l’eau, mais à coup sûr singulier à avoir interrogé sa disparition de nos campagne. Cela dit sans vouloir trop faire le fier à bras. Je vous souhaite ainsi, sur ce satisfecit personnel, une belle semaine et vous donne rendez-vous lundi prochain. Adissiatz !

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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