26.12.2022 – Chronique du lundi
26 décembre 2022 § Poster un commentaire
La roue libre n’en finit plus de tourner…
Chères et chers amis autant qu’amies qui suivez mes Chroniques du lundi, c’est dans cette ombre quasi opaque d’un petit matin avant l’aube, au lendemain de Noël, que je vous accueille sur les lignes de cette chronique du lundi 26 décembre 2022. Il est pour moi environ 5h40, juste dans l’instant de ces mots, heure officielle du « Central European Time » dont l’acronyme est CET et qui se trouve compter une heure que l’on rajoute à l’heure GMT, « Greenwich Mean Time », dans lequel nous sommes pourtant ici, où je me trouve à l’heure actuelle dans le Midi toulousain, bien géographiquement ancré·e·s… Vu que le méridien qui le supporte nous traverse quasiment à un degré pas tout à fait et demie près. Il faudrait se retrouver du côté d’Argelès-Gazost dans les Pyrénées Centrales pour se situer sur la trajectoire de cette fameuse courbe regroupant les points ayant une même longitude à la surface de la Terre, aux origines européennes du temps. Mais les hasards cocasse de l’organisation du Monde font que les heures que nous lisons sur nos cadrans sont synchronisées avec celles de Berlin ou de Lódź, non avec celles de Cork ou de Porto.
Bon vous comprendrez tout de même que je ne vais point aujourd’hui vous causer uniquement de géographie physique ou encore de la pluie et du beau temps. Même si il fait toujours aussi doux alors que nous sommes en plein cœur des jours les plus courts de l’année et que les feuilles du figuier de la cour, derrière le joli immeuble bien toulousain dans lequel je réside à l’heure actuelle, ont fini par tomber il y a à peine une paire de jours. Ce temps doux et peu humide en regard des habituels hivers en bord de Garonne est loin d’être rassurant pour l’avenir de l’eau près de chez nous et même de chez vous.
Nous conviendrons que cette dernière considération nous place loin de cette peur des coupures d’électricité [+] entretenue voire promise pour cause de crise de l’énergie [+]. Une crise elle aussi entretenue par un capitalisme qui n’est pas à une forfaiture près. Admettons ensemble que tout cela est totalement ridicule face à la pénurie [+] bien réelle du précieux élément liquide nécessaire à toute vie sur Terre. Une pénurie qui s’aggrave jours après jours sous nos yeux incrédules.
Voilà une bien anxiogène entrée en matière dans cette chronique du jour, j’en suis désolé. Je ne suis pas trop bien réveillé à cette heure ou blanchissent nos campagnes. Mais qu’est ce qui est blanc ou noir de nos jours comme avant ou même après ?
Certainement pas cette chronique qui sera assez courte et colorée pour ne point tourner au gris. Courte mais sûrement moins que les dernières, quoi que j’ai pris goût à cette rareté des mots dans mes exercices éditoriaux du lundi. Bien qu’il me semble avoir plus de temps aujourd’hui pour m’exprimer à travers ces phrases qui commentent le temps qui passe sous mes yeux. Voilà le décor et les intentions de cette chronique du point de vue de cette précoce heure : elle aura peut-être du mal à éclore, il se peut que je mette une bonne partie de la journée à la composer avant de vous la livrer, ou alors de l’écourter précocement !
Comme je positive tout, et bien trop souvent à outrance, je me dis que je ne prends jamais assez mon temps pour arriver jusqu’au bout de mes idée, même si ces dernières sont bien clairsemées, peu concises et ont peine à se construire. Mais enfin ainsi que le dit la chanson chantée par Doris Day [+] dans « L’homme qui en savait trop » [+] d’Alfred Hitchcock [+] : « que sera, sera! » [+] !
Sur ce mesclat d’un cerveau [+] bien trop matinalement réveillé, je vous laisse quelques instants pour sommeiller encore dans mon lit douillet avant de reprendre le cours de cette chronique du jour un peu plus tard devant mon petit déjeuner ou même mon déjeuner.
Pour le coup, sans me presser et en musique, je reviens dans le monde des turpitudes humaines afin de m’étonner avec vous encore et toujours du traitement médiatique et même juridique qui est fait à cet abject attentat [+] d’extrême-droite qui a fauché la vie de trois militant·e·s kurdes [+] à Paris vendredi dernier. Alors que tous les signaux sont au vert pour qualifier cet acte d’attentat, rien n’y fait… Il s’agit ici d’une simple fusillade pour nos vaillantes et vaillants pisses-papiers de l’éditorialisme [+] bon teint, si promptes et prompts à nous parler de terrorisme dès que le détraqué derrière la queue de détente est un tant soit peu basané. Ici il n’est question de rien d’autre que d’une simple fusillade [+] perpétrée par un désaxé isolé aux tendances racistes. Le parquet antiterroriste ne sera pas requis et on oubliera tout cela très vite. Un peu comme l’on oublie les dizaines d’attentats racistes contre des lieux de culte qui ne sont ni temples ni églises avec croix ou étoile, ou contre toutes les minorités qui peuplent la France.
Un crime d’un odieux racisme au quotidien avec préméditation générale qui a tué trois personnes au Centre Culturel Kurde de Paris [+] vendredi dernier. C’est donc, il me semble, un attentat terroriste destiné à semer la terreur dans une population de réfugiées et de réfugiés issu·e·s d’une communauté active. Des réfugié·e·s qui pourtant ont combattu ou combattent au quotidien les pires fascismes modernes, de la Turquie [+] à l’Iran [+] en passant par le Rojava [+].
Je change de sujet avant de m’énerver plus que cela et je reviens à travers mes mots sur les rivages bien plus réjouissants de la vraie humanité bienveillante qui nous entoure plus que tout autre, fort heureusement.
Au même moment que se perpétrait cet ignoble attentat, vendredi dernier je retrouvais un ami de longue date, Salah Amokrane [+], à propos de son projet de déclinaison toulousaine autour de l’exposition « Portraits de France » [+]. Une exposition qui eut lieu en début d’année 2022 au Musée de l’Homme [+] de Paris et initiée par le groupe de recherche Achac [+]. L’Achac est un groupe de recherche universitaire et multidisciplinaire qui travaille sur plusieurs champs historiques liés à la question coloniale et postcoloniale ainsi que sur les migrations.
Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas, Salah Amokrane est un acteur et militant engagé passionnant et passionné de la culture, de la politique résolument sociale et écologique autant qu’humaniste, du vivre ensemble et de la mise en lumière des minorités quelles qu’elles soient. Un acteur depuis des décennies, sans relâche qui plante de belles graines sur le terreau toulousain et à qui nous devons tant de belles rencontres entre artistes, pratiques artistiques et vie de la cité.
Salah est une personne d’une généreuse sincérité et d’une formidable modestie. Il est le coordinateur du Tackticollectif [+] à travers lequel il porte aujourd’hui dans la Ville rose cette exposition de ces portraits de personnalités et de personnages issu·e·s de l’immigration depuis la révolution française. Des figures, hommes comme femmes, bien trop souvent relégué·e·s dans l’ombre de l’histoire. La déclinaison toulousaine, ici en lien [+], fait appel à la mémoire de personnes qui me sont si chères.
Elle rendra, entre-autres, hommage à Joao Jose Vaz-Murtinheira [+], mon frère et ami de toujours, l’extraordinaire plasticien d’origine portugaise qui agita la vie des arts visuels toulousains et d’ailleurs pendant de longues années et dont la trajectoire fut brisée bien trop tôt par un cœur qui l’a lâché il y aura exactement quatre ans la nuit prochaine. Une pensée très émue avec amour va vers ma sœur Isabelle [+] qui fut la compagne de Jose les dernières années de sa vie.
Avant de m’enfoncer dans une irrépressible tristesse à me remémorer les souvenirs autour de Jose, je préfère encore botter en touche et me replonger dans la rédaction de cet éditorial du jour.
Dans mon espace temps de l’entre midi et deux de ce jour, je reviens avec vous sur ma rencontre de vendredi dernier avec Salah. Cette dernière, comme une sorte poupée russe de mon raisonnement produit par les pensées vagabondes de cette douce journée de fin d’année, me permet de revenir sur une fameuse coupe du monde de football que j’ai sévèrement fustigée lors de mes deux dernières chroniques.
En effet lors de nos longs échanges avec Salah, en marge de l’organisation de son prochain événement sus cité, nous avons eu évidemment une discussion à propos de cet autre événement qui venait de se conclure moins d’une semaine auparavant. Au cœur de cette discussion et grâce à Salah, je m’aperçois qu’il me fallait donner à entendre quelques précisions de ma pensée profonde, avant de passer pour le gros relou blanc dominant de plus de 60 ans que je pourrais donner à voir. Il va donc de soi que la ire qui dicta mes mots étaient clairement l’expression de ce que je déteste le plus dans les sports de masse, la concentration de la société du spectacle et de celle de la consommation à laquelle s’ajoute l’adulation de la compétition qui attise un chauvinisme délétère. Mais je préfère ici me référer à l’analyse qu’en faisait Thomas Golsenne [+], il y a plus de dix ans et que vous pouvez lire en suivant ce lien [+].
Petit aparté comme je n’en fait plus, je rappelle que Thomas Golsenne est historien de l’art et enseignant, il a théorisé fort à propos le mouvement de la « bricologie » [+] dans l’art et qui fut le déclencheur de nos deux biennales Bricodrama [+] en Occitanie.
Pour revenir au ballon de la discorde, si le destin le permet, ce sera la même ire qui dictera les mots que j’écrirai ou prononcerai à propos de la prochaine coupe du monde de ce sport au ballon rond. Une prochaine compétition organisée, par trois états à l’échelle du continent Nord-Américain, mais principalement dans un pays champion de la peine de mort ainsi que des inégalités sociales autant qu’ethniques. Un pays qui voit le droit de sa population féminine se restreindre dans un cauchemar poussé par des religieux radicaux. Sans compter comme me le faisait remarquer justement Salah l’aberration écologique qui forcera une multitude de déplacements aériens à se déployer par millier dans la dimension continentale voulue entre les trois [+] immenses contrées organisatrices que sont le Mexique, les États-Unis d’Amérique et le Canada. Et je sais qu’il y aura deux poids, deux mesures, peu oseront s’attaquer aux USA comme ils ou elles se sont attaqué·e·s au Qatar à travers le football, la vie des médias est ainsi faite.
Bref comme je l’exprimait il y a déjà deux semaines : je n’aime pas le football, ainsi que beaucoup d’autres sports, parce que je n’aime pas la compétition que je trouve absurde et mortifère dans nos sociétés humaines. Je n’aime pas ces sports et c’est personnel, je ne le revendique absolument pas comme un étendard. Même mieux : je comprends sincèrement celles et ceux qui aiment le sport et plus particulièrement le football, qui le pratiquent et qui le vivent avec passion à partir du moment où je n’ai pas à subir ces passions. Parce que je déteste par-dessus tout ce que le capitalisme prédateur et la compétition délétère en font. Il est temps pour moi de faire une petite pause dans l’écriture de cette chronique avant d’y revenir propre comme un sou neuf, ainsi que l’on dit de par chez moi tout autant qu’ailleurs, car après ces lourds mots une bonne et légère douche m’attend.
De retour avec vous dans cet opus du jour – si tant est que ces chroniques fassent œuvre – en ce début d’après-midi devant une tasse de thé vert en provenance de Chine. Du coup je pense à la Chine. Ce pays immense qui m’a toujours fasciné. Un pays où j’ai eu la chance de m’y rendre et de pouvoir l’apprécier, que ce soit pour m’y balader ou pour y travailler. Je me souviens lors d’un premier vrai contact avec la Chine et ses chinois·es avoir pris en plein figure le sens de la multitude qui la compose. C’était dans cet interstice entre la fin du siècle dernier et le début de ce millénaire où l’on vivait la fin d’un ordre mondial bipolaire, devenu monopolaire sous l’hégémonie de la gouvernance capitaliste imposant une pseudo fin de l’histoire et qui commençait à imploser en multitude de noirceurs fascisantes.
À cette époque, me projetant du Nord au Sud de cet immense Empire du milieu, j’y faisais la comparaison avec notre vieille Europe bien timorée à s’unir. Car à mon grand étonnement de néophyte en matière chinoise, ce pays qui fait à présent trembler l’éditorialisme occidental n’a aucune unité linguistique si ce n’est à travers son système d’écriture (et encore !). Je me disais à l’époque que cela ressemblait à notre Europe dans la grande diversité d’une civilisation pluri-millénaire et continentale. On peut retrouver la Chine et la langue, plutôt ses langues et ses cultures en suivant ce lien [+], vers un passionnant article du Monde Diplomatique.
Après cette digression à l’Extrême-Orient de mes pensées, je vais clore la chronique de ce dernier lundi de l’année 2022 et je m’aperçois que je n’ai pas vraiment parlé d’art aujourd’hui. Peut-être parce que je suis encore sous le charme de cette super soirée qui a réuni des dizaines d’artistes aux horizons et aux pratiques variés pour une exposition « accrochage performance » lors du « Salon reçoit » de décembre [+], le 22 dernier. Cette génialissime prouesse a vu se déployer un réjouissant échantillon de la fantastique diversité des scènes dans les arts visuels ainsi que performatifs de notre Cité Mondine avec toutes ses affluences.
Pour l’espace d’un soir, dans cet atelier d’artiste transformé comme tous les 22 de chaque mois depuis décembre 1993 [+] en espace temporaire de monstration de l’art, flottait un parfum quasi new-yorkais dans l’ambiance d’un art presque approximatif et quasiment négligé inventé du côté de l’Aveyron au sein de l’École de Rodez par feu l’artiste Laurent Sagnes [+].
C’était magique, et on ne remerciera jamais assez ces deux magnifiques artistes que sont Laurent Redoulès [+] et Anouck Durand-Gasselin [+] pour cette expérience renouvelée avec brio tous les mois qu’est le « Salon reçoit » [+]. En pleine période des fêtes de fin d’année, cette dernière édition, en attendant la prochaine, était merveilleuse autant qu’exquise…
Sur ce je vais vous laisser car j’ai déjà trop déblatéré à travers cette prose du jour et que d’autres aventures artistiques m’attendent notamment en compagnie de ma chère et tendre autant qu’adorable Thérèse [+]. Car je vous rappelle que vous pouvez toujours voir notre exposition « Ne va jamais à Navatar – Bienvenue en Chamanie » [+] dans cet espace industriel autant que temporaire sur le site des Herbes Folles [+] à Toulouse. Pour la visiter n’hésitez pas à prendre rendez-vous à travers les contacts proposés sur ce site ici en lien [+], il nous reste encore deux semaines pour vous y accueillir.
Je clos ici pour de bon cette présente Chronique du lundi en compagnie d’images comme à l’habitude de mon labeur au long-cours qu’est « Aiga – La cartographie sensible de l’eau ». Des images inédites et totalement hors-séries présentées lors de ce dernier Salon Reçoit dont je vous ai parlé plus amont. Je vous souhaite une belle fin d’année et vous dit à l’année prochaine… C’est à dire lundi prochain, même canal, adissiatz !

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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