27.03.2023 – Chronique du lundi

27 mars 2023 § Poster un commentaire

La stupidité, c’est jusqu’où ?

Voilà donc un nouveau lundi matin d’une semaine naissante qui s’annonce printanière à travers les ombres de la nuit. Il paraît que certains·e·s ont peur de ces ombres de la nuit. J’avoue qu’elle me sont douces et familières, je les aime. Je savoure cette exquise quiétude qui précède les hystéries de la journée, j’admire le spectre de ces objets ou de ces êtres qui dorment encore et me parlent dans le silence. Louison notre petite chatte ronronne de contentement, dans son sommeil Thérèse [+] a posé délicieusement sa tête sur mon épaule. Un rossignol chante à tue-tête au dehors, le moment m’est heureux et le printemps est bien là. Il est 5h10 de ce lundi 27 mars 2023 à l’heure où je compose ces premières lignes de ce présent et traditionnel exercice éditorial hebdomadaire. Je vous y souhaite une très amicale et fraternelle bienvenue.

Ce lundi je me téléporte pour le jour vers mon bon vieux Tarn et mon atelier sur place que j’ai laissé en friche depuis bien longtemps. Dans mes rêves à peine éveillé je me dis que c’eût été mieux de pouvoir faire le trajet ainsi que la technologie fantasmé des héros de la « Patrouille du Cosmos » pouvait le faire sur les petits écrans dès l’année 1966.
Enfin tout ceci pour vous dire que je ne m’attarderai que quelques minutes sur les lignes de cette chronique du jour, car je n’aurais que très peu de temps à consacrer à celle-ci dans les heures qui suivront, avant minuit ce soir évidemment. Du coup je ne vous y gratifierai que de quelques phrases malheureusement très succinctes face à l’ampleur des sujets que je pourrais y aborder.

Alors oui, ce temps qui passe sous mes yeux ne nous aura pas épargné ces deux dernières semaines d’une brûlante actualité sociale en France. Je ne vous apprendrai donc rien.

Juste à remarquer avec vous que la police et la répression [+] reviennent en force. Ces éléments d’un autre âge sont les derniers bastions de l’ordre mis en œuvre contre toute raison et dans une pulsion suicidaire incroyable par un bloc bourgeois aux abois. En France particulièrement, car après avoir réprimé à outrance les quartiers populaires pendant des décennies, puis après avoir écrasé cette fameuse France dite périphérique, la plongeant dans toutes les extrémités de la frustration pour finir avec ce terrible épisode que fut la répression des gilets jaunes, cette classe si minoritaire s’en prend même à sa base électorale qui elle non plus ne veut majoritairement pas de cette contreréforme des retraites. La féroce répression des précédents jours par une police sans frein sur des manifestations familiales pacifiques sont symptomatiques de cet aveux de faiblesse.

La presse éditoriale bon teint et aux ordres de l’ordre sort évidemment les couteaux et s’attaque à tout ce qui bouge à l’image de cette polémique stérile autour de la soi-disant délation qu’aurait fait le député de la NUPES Louis Boyard en diffusant sur un média social le nom de ses collègues qui ont voté contre la motion de censure visant le gouvernement à l’Assemblée du Palais Bourbon alors que les votes de la représentation nationale sont toujours publics. Ainsi que je vous laisse en prendre connaissance en suivant ce lien ici [+] vers « Blast ».

Et puis pour finir avec mes considérations à propos de la sidérante dérive autoritaire qui se mettait en œuvre insidieusement en France et qui aujourd’hui transparaît au grand jour, je vous renverrai à la lecture de cet article en suivant cet autre lien [+] vers « l’Humanité » qui décrit cette chasse aux syndicalistes à présent décomplexée.

Voilà, je ne dirai pas plus, j’irai comme toutes les semaines manifester avec mes ami·e·s d’Art En Grève Occitanie [+], ainsi que les élèves et les professeur·e·s des Beaux-Arts, pardon de l’Isdat [+] mardi qui vient à Toulouse pour une 10e journée de mobilisation… Et surtout je continuerai avec d’autres artistes au sein d’Imagerie de combat [+] ce travail critique de l’image au service de la propagande à travers des ateliers, parfois improbables, comme j’ai pu le faire ce weekend dans un petit patelin du Lauragais aux portes de Toulouse. Ou comme je vais le faire très prochainement à travers un travail à destination de la prime jeunesse autour de la prévention des risques en milieux festifs, dont je vous parlerai sûrement plus abondamment très prochainement (ou non !). C’est bien ainsi que je conçois mon engagement d’artiste, avec cette seule arme qui est à ma disposition et qui paraît être mon cerveau !

Ceci dit et en parlant de propagande, il paraît que dans les grandes villes les dispositifs policiers vont être renforcés. Ce gouvernement va-t-il encore ajouter un cran à son infamie ? Il y a fort à parier que oui. La pratique coercitive est enclenchée. Ainsi pour un autre sujet que la bataille à propos des enjeux autour de la retraite, on ne pourra que constater cette escalade après les dramatiques événements survenus ce weekend dans le cadre de manifestations contre ces aberrations que sont les fameuses méga-bassines. Manifestation [+] hyper violente dans les Deux-Sèvres, là aussi plus que légitime vu l’état de notre planète, qui s’est soldée par de graves dommages sur des corps d’êtres humain·e·s sans distinction. Une nouvelle honte sur les épaules d’un ministre de l’intérieur belliqueux par calcul, d’une première ministre autoritaire par zèle et d’un président imperméable par nature.

Comment en vouloir et comment ne pas entendre les cris d’une jeunesse qui voit son monde s’assombrir jour après jour à la lecture des dernières publication du GIEC, dont je laisse ici en lien [+] une synthèse sur « Novhetic » qui est loin d’être un site complotiste.
Dans ce contexte tout le monde sait que les méga-bassines sont aberrantes, et tout le monde sait que leur mise en œuvre n’est poussée que par une économie capitaliste sans réflexion autre que l’appât du gain et l’optimisation financière. Voilà pourquoi les méga-bassines sont dangereuses pour nous et notre survie à l’inverse de ce que veulent nous faire croire nombre de spécialistes obtu·e·s thuriféraires de l’agriculture productiviste au service de la société de consommation, et voilà pourquoi le gouvernement français nous met encore les doigts dans nos yeux afin de mieux nous empapaouter ainsi que l’on peut lire ici en lien [+] sur « Reporterre ».

Ce sujet m’est sensible, car j’ai passé une partie d’enfance et de jeunesse rurale dans cette terre agricole vers le sud du Tarn. Un territoire qui oscille depuis longtemps entre outrances environnementale et déshérence sociale. Ce territoire est même le cœur du travail plastique que je mène depuis plus de 12 ans et qui interroge la mémoire de l’eau comme support de la mémoire des femmes et des hommes en Terres d’Oc, à travers « Aiga, la cartographie sensible de l’eau » [+]. Alors même si elle paraît encore bien présente en apparence, l’eau y est devenue rare surtout à cause d’une pratique agricole malheureusement intensive et productiviste faisant fi de tout bon sens, arrachant les haies, remembrant les champs et effaçant les ruisseaux. Ainsi avec la disparition insidieuse de l’eau tout le vivant a fini par s’y effondrer sous nos yeux incrédules. C’est un peu l’histoire de l’homme qui crée un désert en temps record pour un appât du gain immédiat malgré tous les incroyables efforts de résilience de la nature.

Avant de vous quitter j’avais tout de même une ou deux choses de l’art à vous narrer dont une qui est symptomatique de la terrible confusion dans laquelle nous vivons. En effet à Paris, au Palais de Tokyo [+] pour être plus précis, au cœur de l’exposition monographique « Ma pensée sérielle » [+] de l’artiste suisse Miriam Cahn [+] actuellement en cours fait l’objet d’une imbécile polémique à propos d’une des toiles présentées intitulée « Fuck abstraction ». Polémique dont on peu prendre connaissance ici en lien [+], lancée et instrumentalisée par un Front National, pardon, par un Rassemblement National toujours à l’avant-garde de la stupidité et soutenu par tout ce qui se fait de plus réactionnaire ou conservateur, faisant feu de tout bois, attisant l’émotion détournée par des mots fallacieux plaqués sur une représentation visuelle parabolique. Bref tout l’inverse de ce que veut dire l’œuvre de cette artiste qui interroge inlassablement les travers violents de l’humanité. Un procès en pédocriminalité aussi nul et non avenu que ne l’a pu être celui en racisme à l’encontre d’Hervé Di Rosa [+] pour la fresque qu’il avait réalisée à l’Assemblée Nationale, peinture devenue polémique il y a une paire d’années [+], et qui a fini par passer avec le temps.
Tout ceci n’est en fait que le résultat d’une totale inculture générale relayée par la stupidité la plus crasse quand il s’agit d’art visuel et particulièrement d’art plastique en France et souvent ailleurs, mais en Europe particulièrement dans cet hexagone qui a encore pas mal de chemin à faire pour que le travail artistique soit compris à sa juste valeur. J’écoutais une émission de France Culture hier à ce propos, ici en lien [+] qui donne quelques pistes de réflexion à’ sur le sujet. Ce qui n’empêchera évidemment jamais la conjuration des imbéciles et la revanche des cloportes de s’exprimer.

Sinon petit message à caractère personnel et sympathique de remerciement à Camille qui se reconnaitra, car c’est toujours un plaisir de rencontrer dans la vie réelle des lectrices et des lecteurs de mes Chroniques du lundi, surtout quand on se trouve au cœur d’un vernissage d’exposition [+] de jeunes étudiant·e·s d’une école d’art.

Sur ces constats naturels à propos de l’état de la culture, je vous laisse afin de vaquer à mes occupations. Avec la photo d’un fragment d’une fresque du temps de ces années 80 où je sévissais avec la BAO Comix Group [+] et où nous réalisions à travers ce formidable trio d’artistes quelques peintures monumentales et muraux qui interrogeaient les dérives de notre monde en mode sub-culture graphique dénonçant ainsi avec humour, voire dérision, le racisme rampant et le sexisme galopant de la société à l’époque, alors qu’aujourd’hui il y a fort à parier que cela serait interprété à l’inverse de son sens. À la semaine prochaine même espace-temps les ami·e·s… Adissiatz !

Peinture murale, détail – Artistic mural, detail – Bar Éphémère 1988

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…

PhP

Voir les autres chroniques du lundi

Tagué :,

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Qu’est-ce que ceci ?

Vous lisez actuellement 27.03.2023 – Chronique du lundi à Philippe Pitet.

Méta