18.01.2021 – Chronique du lundi
18 janvier 2021 § Poster un commentaire
Le jour où j’ai failli attraper le Covid il était midi !
Que voilà le meilleur titre jusqu’à présent pour ma chronique du lundi, merci ma Thérèse [+] de ce bon mot qui fait le titre de cette chronique du 18 janvier 2021.
Amies auditrices, amis auditeurs, chères et chers internautes Bonjour !
Vous êtes bien sur le 89.1Mhz de la bande FM à Toulouse, vous êtes écoutez bien la fameuse Radio FMR [+], que vous pouvez tout aussi bien écouter en radio terrestre numérique sur le DAB plus canal 7 c, ou en stream web sur l’url : s m e u h point org deux points huit mille slash radio tiret F M R point m p trois (https://smeuh.org:8000/radio-fmr.mp3 [+]). Vous me lisez tout aussi bien sur mon site Philippe Pitet point com tout attaché et tout en minuscule. Bref c’est lundi, ou un autre jour, mais dans tous les cas vous êtes bien sûr ma troisième chronique de l’an de grâce 2021…
À ce point de mon existence et de l’existence de cette expérience éditoriale, je me dois de vous re précise les principes de temporalité que j’emploie dans celle-ci. En effet plus d’une ou d’un d’entre-vous m’ont fait judicieusement remarquer que mettre le terme lundi dans son titre était un peu déplacé vu qu’ils ou elles l’avaient entendue, qui le mardi, qui le vendredi.
Je rappelle donc que cette chronique s’appelle « Chronique du lundi » parce que, même si j’ai noté pas mal d’idées les jours qui précèdent, je commence à l’écrire avec mes petits doigts connectés sur mon cerveau embrumé et encore engourdis d’une douce nuit, le lundi matin. Que je fini impérativement de l’écrire le lundi soir avant 23h.
Puis que je l’enregistre d’un trait dans mes chiottes ou dans ma salle de bain, voire dans mon atelier que je sois à Toulouse, à Die ou ailleurs. Et qu’enfin j’envoie pour diffusion par un type de transfert numérique à la fameuse Radio FMR [+].
Et enfin que je me connecte sur ce que l’on appelle le back office de mon site propulsé par le CMS WordPress (et bien oui personne n’est parfait !) pour mettre tout ce texte, y associer une image toute aussi adéquate qu’idoine. Le tout devant être exécuté avant 23h59 du lundi.
Vous l’avez compris : je me donne une bonne journée pour réfléchir et écrire ces quelques misérables lignes que je mets en paroles de sept à même pas dix minutes selon ma prolixe verve du moment (aujourd’hui ce sera peut-être plus long, prenez votre mal en patience !).
Voilà pour le processus et par là même le pourquoi du nom de cette chronique. Je vous laisserai de votre propre chef trouver les significations des noms de marques qui viennent de jalonner mon explication ci-avant, et vous rappelle que cette chronique n’a pas d’autre ambition que de parler d’art ainsi que de ma vie d’artiste qui va avec.
Alors, oui, je me perds souvent en circonvolutions annexes et dilatoires, mais la description du monde qui nous entoure me paraît être un chouette terrain de réflexions, réflexions aussi diverses que variées.
Et j’aime bien faire des allusions aux informations chaudes de la politique ou de la société humaine du moment.
Car lorsque l’on relira ou écoutera à nouveau ces chroniques dans quelques années, mois ou même semaines, nous serons sûrement saisis par la superficialité et stupidité de ces dites informations.
Surtout comme entre ces deux sagas haletantes et hallucinantes du moment que j’aime fustiger, j’ai nommé d’un côté l’élection du 46e président US, et de l’autre la gestion chaotique de la santé publique en France comme dans le Monde… Là je dis : « total choux gras ! »
Pour commencer et avant de parler (très peu) des événements qui secouent le petit Landerneau du monde des arts actuels, de la crise de la culture et de la mort lente des plasticiennes et plasticiens noyé·e·s dans le chaudron pandémique, je vais vous parler de ma propre expérience, ainsi que celle de mon petit cercle familial, face à une attaque virale gérée par des procédures approximatives de baltringues.
D’où le titre de la chronique de ce jour, que j’aurais pu tout aussi bien appeler : « Quand ils m’ont appelé je savais déjà qu’il fallait que je me mouche dans le creux de mon coude ».
Après l’expérience que ma compagne, ses deux jeunes enfants, et moi-même avons vécue la semaine dernière, je ne vois plus tout à fait pareil la lutte faite à l’épidémie – pandémie me dit-on dans l’oreillette ! – de la Covid 19. Vous avez entendu ou vu je suis gentil, j’ai dit Covid au féminin.
Il paraît que cette lutte tient en trois mots : dépister, tracer, isoler… Permettez-moi du haut de ma toute récente expérience de la nommer, au risque de lourdement plagier feu Robert Lamoureux qui pourtant n’est pas le parangon de mon univers cinématographique : « Mais où est donc passée la septième compagnie ? »
Alors je résume le pitch de la situation, avant de vous perdre en bâillements amies auditrices, amis auditeurs ou internautes de tous poils.
Vous le savez maintenant à travers quelques travaux, expositions et actions artistiques communes, je vis officiellement à présent avec ma compagne Thérèse Pitte [+] artiste photographe plasticienne de son état. Thérèse a deux charmants et adorables enfants dont les âges respectifs ne sont pas loin de dix ans et qu’elle garde en presque alternance et en très bonne intelligence avec leur père depuis leur séparation…
Nous allons arrêter là la description d’une intimité qui ne regarde personne d’autre que nous. Et juste confirmer : jusque là tout va bien…
La semaine de rentrée des vacances de fin d’année mises sous la cellophane de la sécurité sanitaire, le mercredi 6 janvier, jour de l’Épiphanie, un ami proche est venu à notre résidence toulousaine amener quelques cadeaux à ces enfants. Rien de plus normal, et de plus banalement bourgeois me direz-vous avec raison et que vous vous contrefichez de ma vie privée. Sur ce point, je vous donne entièrement raison. Mais attendez car contre toute l’apparence trompeuse de ce début de chronique : l’affaire dont je veux vous entretenir ne se trouve pas là.
Pour situer dans la chronologie et revenir au cœur de cette édifiante histoire, tout se passe au mieux de ce qui peut se passer en temps de terreur pandémique, de couvre-feu et d’appauvrissement intellectuels du type : « ce weekend les lieux culturels sont fermés mais tu peux venir te frotter à 10000 personnes chez Primark ou dans les files d’attentes de Macdo et de toute façon au lit à 20h, et ne râle pas sinon c’est au lit à 18h, d’ailleurs tu l’as voulu, c’est fait ! »
Donc un weekend de terreur normalisée passe tranquillement. Thérèse et moi nous en fichions puisque nous profitions de moments d’intimité mérités. Oui d’accord, je sais, encore un truc d’une intimité dont vous n’avez rien à cirer… Bon, les enfants étant chez leur père et nous n’étions pas sur la route à mener notre vie d’artiste. Puisque de toute façon nous nous enfonçons dans un Monde où il n’y a plus de vie d’artiste.
Mais entre-temps depuis la visite de notre ami aux cadeaux pour les enfants, et comme il reste une vie courante et que tout n’est tout de même pas gelé, nous avions été en contact avec 6 personnes, et moi-même étais-je allé participer à une assemblée générale de la culture et des acteurs culturels de la Ville Rose pour décider d’actions coordonnées dans ces temps difficiles de fermeture du savoir et de l’intelligence commune.
Même avec le strict respect des gestes barrières, de la distanciation physiques, des masques et du gel pour se laver les mains, j’y avais croisé plus d’une centaine de personnes.
Voilà pour le chapitre « re contextualisation ».
Lundi matin les enfants sont à l’école et au collège, Thérèse et moi vaquons à des occupations afin de préparer une future édition de notre travail entre « Chamanie et Navatar » [+], quand coup de sms de notre ami qui nous avait rendu visite le mercredi précèdent, message du type : « je suis super malade et j’ai été testé positif Covid hier à l’hosto. L’Assurance Maladie va vous contacter ».
Consternation, appel à l’ami en question pour voir comment il se sentait, car nous le savons être sujet quelques comorbidités potentielles. Nous le trouvons à l’autre bout du fil vraiment fond du trou, mais bien pris en charge par son médecin traitant. Il nous répète qu’il avait donné tous les contacts des personnes qu’il avait rencontrées depuis le lundi précédent, date présumée de sa contamination dont la source n’était pour le moment pas encore connue, puisque la personne suspectée au départ avait été testée négative. Et que de toute façon nous aurions dû ou devrions être contactés par les autorités compétentes pour voir la marche à suivre.
À ce moment de l’histoire, je re contextualise à nouveau. Nous sommes lundi il est autour de 10h. Notre ami a des symptômes depuis samedi soir, a été pris en charge et dépisté dimanche à l’hôpital public. Il est potentiellement contagieux depuis le mercredi et il a croisé moins d’une dizaine de personnes à partir de là à Toulouse, dont nous.
Thérèse prend la décision de sortir ses enfants de l’école et du collège où ils se trouvent, après un coup de fil au père de ces derniers.
Nous contactons toutes les personnes que nous avons pu croiser depuis mercredi pour expliquer la situation, sans paniquer en restant dans le factuel. D’ailleurs personne ne panique.
Fin de matinée toujours pas de coup de téléphone des autorités compétentes.
Nous continuons nos démarches seuls donc.
Nous nous renseignons comme nous le pouvons dans la jungle des infos contradictoires disponibles sur le web. Nous appelons la pharmacie du coin pour prendre rendez-vous afin de faire des test Covid d’abord pour nous deux.
Puis nous réussissons à joindre nos médecins traitants. Celle de Thérèse nous dit qu’il faudra sûrement faire des tests PCR. Nous découvrons que les tests en pharmacie ne sont pas des tests PCR.
Nous apprenons aussi qu’il ne sert à rien de faire les tests trop tôt et qu’il nous faut attendre 7 jours avant de les faire. Les enfants sont rentrés à la maison.
Le médecin traitant de Thérèse nous a fait et envoyé par courriel des ordonnances pour les tests PCR, mais ne sait nous dire où les faire pensant (c’est ce que l’ARS lui a dit) que tous les labos le font.
Nous avons annulé les tests en pharmacie, pharmacie qui ne sait pas non plus nous dire où faire ces fameux tests PCR. Les placard et le frigo ne sont pas vides. Nous nous mettons en mode isolation de notre propre chef. Il est déjà plus de 15h30, nous avons eu le temps de faire le tour de tout le monde, d’échanger avec toutes et tous les ami·e·s qui ont rencontré notre ami malade, tout le monde a eu les mêmes réflexes sans encore aucun contact des « autorités compétentes ». Ces fameuses autorités compétentes appellent enfin Thérèse, l’Assurance Maladie, il est presque 16h15.
Les consignes que la personne chargée de nous contacter distillent : celles que nous nous sommes nous-même appliquées avant leurs recommandations.
Où faire le fameux test PCR ? Et bien c’est facile, on trouvera bien la bonne adresse sur le web ! Les enfants ? Oui il faut tout de même faire le test, mais ils ne sont pas sur la liste. Il faut que ce soit notre ami malade qui les rajoute, l’administration ne peut pas le faire. Quant à moi je n’existe pas dans le process et donc dans la traçabilité.
Merci au revoir, bonne chance et on vous rappelle !
Heureusement pendant ce temps là j’avais eu le temps d’écrire et d’enregistrer la chronique de la semaine dernière [+].
Nous voilà rendu au mardi matin, en isolement mais à la recherche d’un labo qui pourrait nous faire les tests PCR mercredi le lendemain.
Il va sans dire que les listes indiquées par l’Assurance Maladie et l’ARS étaient fausses. Que grâce aux miracles de l’économie et de la concentration privée des moyens de santé, il n’y a guère plus de labos privés à Toulouse. Qu’enfin tout étant concentré dans les mains d’un même consortium laborantin ils dirigent les patients vers quelques centres de prélèvements où les queues sont aussi grandes que celles des prélèvements publics, bonjour les risques de contamination dans ces files d’attentes.
Après maintes recherches Thérèse a fini par trouver un centre pas trop loin de la maison, enfin, à une vingtaine de minutes de chez nous en métro. Un cabinet d’infirmiers qui prend rendez-vous non pas par téléphone, car plus personne ne répond, mais par un site bien connu de prise de rendez-vous médicaux via le web. Bref nous prenons rendez-vous pour tous les quatre et pour le lendemain mercredi en fin de matinée (premiers créneaux disponibles). Mardi après-midi, ouf ça c’est fait ! Notre ami malade ne vas pas trop bien mais son état est bien maîtrisé grâce à son médecin. Du fond de son lit il a réussi sûrement à rajouter les noms qui manquaient sur la liste de ses contaminations possibles.
Seuls les enfants ne sont toujours pas répertoriés, mais ils sont ravis de rester en pyjama toute la journée en étant « malades sans être malades ». Par-contre, depuis le seul coup de fil du lundi en fin de journée, pas de nouvelles des autorités de tutelles de la pandémie même pas un ou deux sms. Juste pour tenter de nous rassurer (ou non !) : un site web mal foutu qui ânonne succinctement des instructions infantilisantes en moins de 120 caractères.
Mercredi après avoir hésité à prendre place dans le métro, emmitouflés dans des protections étanches et pris un espace loin des autres pour les protéger d’une quelconque contamination. Nous arrivâmes au centre médical qui faisait les prélèvements. À peine quelques personnes faisant la queue, l’espace étant grand nous voilà rassurés, l’affaire et le prélèvement fut vite opéré sur nous quatre. Nous sommes repartis Thérèse, les enfants et moi vers chez nous à pied pour une balade d’une bonne heure, profitant d’un joli soleil d’hiver et de quelque coin bleus du ciel, et surtout pour éviter tout de même toute éventualité de contamination venant de nos miasmes, ne sachant pas encore si nous étions ou non contaminés/contaminants, le résultat ne devant arriver que le soir ou le lendemain matin jeudi 14 janvier.
Bref nous en profitons, comme plusieurs fois par jour, pour prendre des news de notre ami malade, il va tout de même mieux, mais reste toujours livré à lui même seul, isolé et moyennement mal en point. De part et d’autres aucune nouvelle de notre vaillante administration de la pandémie mondiale.
Nous commençons toutes et tous à nous douter que la maîtrise du sujet reste dans les éléments de langage et de communication de ce gouvernement de grands guignols. Ou bien maîtrisée par un gouvernement opportuniste quant à la gestion des conflits sociaux. Mais je n’ai pas encore lu le petit ouvrage de la philosophe Barbara Stiegler « De la démocratie en pandémie » [+], dont je vous entretiendrai prochainement. Et je ne suis de toute façon pas complotiste…
Le soir arrive avec les résultats : tous négatifs. Soulagement, personne n’est infecté, Champagne et Champomy à volonté !
Le petit Jonas fait un peu la tête, il aurait aimé rester malade sans être malade.
Mais grand soulagement général. Nous prévenons par sms l’ami malade pour le rassurer et le soulager à son tour des remords qu’une communication débile censée responsabiliser mais qui à l’inverse culpabilise et infantilise lui a mis dans la tête. Le voilà bien rassuré d’autant qu’il avait, sans le savoir sur le moment évidemment, contaminé trois personnes : deux malades à leur tour et un apparemment asymptomatique.
Le jeudi, muni des certificats d’analyses négatives les enfants retournent à l’école, noter ici que jamais une seule fois il n’ont été « tracés » et pris en charge par l’administration, c’est juste le bon vouloir et le sens des responsabilités des parents qui ont mis en œuvre leurs isolements. Ils auraient pu, pour des raisons de commodité, rester à l’école normalement sans que personne ne soit au jus de l’affaire.
Pour nous les adultes c’est pareil, je vous livre une petite anecdote à travers ce récit.
J’avais pris rendez-vous avant les fêtes chez un médecin du travail afin de faire une visite dans le cadre d’une embauche pour une mission de deux mois dans un musée. Le rendez-vous était le mardi à 16h30. Je préviens le praticien et voit avec lui pour envisager un report, il me dit que ce serait difficile avant mon embauche et me dit qu’il me recevrait au jour et à l’heure du rendez-vous initial dans des conditions particulières liées à la situation.
Ma réception par ce médecin se fit à 5 mètres séparé par une plaque de verre synthétique, elle a duré 3 minutes et je suis rapidement reparti avec mon certificat d’aptitude au travail. Si je n’avais pas indiqué ma situation du moment malgré le soit-disant suivi de mon cas contact par les autorités sanitaires ce médecin n’aurait jamais été au courant. Et aucune mesure barrière n’aurait été prise.
Tout cela aurait pu s’arrêter là. Rappelez-vous que dans ce long récit de mes péripéties de cas contact nous sommes jeudi matin. Nous sommes sauvés, ma petite famille et moi-même. Tests négatifs, retour aux occupations presque normales.
Les enfants partent à l’école, Thérèse et moi nous apprêtons à passer notre journée de labeurs d’artistes plasticienne et plasticien. Message sur le téléphone de Thérèse alors qu’elle se trouve sous la douche : « Bonjour c’est l’ARS. Vous êtes cas contact. Ne sortez pas. Mouchez vous dans le creux de vos coudes. Bla-bla-bla-bla, nous vous rappellerons… »
Ah oui ! 12 heures après le résultat de nos tests les autorités compétentes ne sont toujours pas au jus que nous sommes négatifs et donc pas porteurs du virus. Un peu de flip, nous retournons sur notre compte du labo pour revérifier notre négativité à ces tests. Ouf toujours pas de Covid… Début d’après-midi le téléphone sonne, Thérèse répond : « Bonjour Thérèse », bonjour la familiarité surtout ! « C’est l’ARS, nous venons prendre de vos nouvelles à vous et Philippe ! Où en êtes vous ? » Là les oreilles nous en tombent. « Au fait, quand avez-vous côtoyé la personne contaminée ? »
« Bien, euh, mercredi il y a 8 jours, nous avons fait le test hier, une semaine après, nous sommes négatifs ! »
« Ah ! Et bien parfait…Au revoir ! »
Fin de la séquence surréaliste.
Tout cela aurait pu s’arrêter là, mais non, comme on dit : seules les bonnes choses ont une fin.
Samedi matin coup de fil : « Bonjour c’est l’ARS, Thérèse Pitte ? »
« Oui »
« Vous êtes la mère de Jonas ? Pouvez-vous me donner sa date de naissance ? Depuis quand Jonas est-il cas contact ? »
« Euh, mercredi 6, nous avons fait un test Covid ce mercredi qui s’est avéré négatif pour tous… Mais la date de naissance de Jonas est… »
« Bon merci au revoir ! Blip, blip, blip ! »
Même pas eu le temps de donner le fameux numéro de sécu du petit Jonas.
La suite au prochain épisode ? Séquence terminée ? Mais non !
Encore ce comique à répétition dimanche autour de midi, message vocal : « Bonjour c’est l’ARS, vous êtes cas contact, vous devez vous faire tester… Bla-bla-bla, etc »… Nous attendons la suite !
À aucun moment je n’ai pu constater un réel travail de terrain et de collaboration entre l’administration du système de santé et la médecine de ville. Pire : nos médecins traitants ne sont ni informés ni mis au courant de la situation. Et nos pharmaciens ne connaissent rien du schéma de dépistage dans la Cité Mondine, j’imagine la même partout en France.
C’est donc là où vous vous dites comme moi : c’est loin d’être gagné.
Pour conclure : ce petit récit un peu gauche mais édifiant de ma trépidante vie de cas contact éclaire d’une manière pertinente les atermoiements imbéciles d’autorités totalement perdues dans un bain de stupidité.
Et oui vu comme tout cela est géré sur le terrain, rien d’étonnant à voir une une gestion de la crise sanitaire aussi chaotique et inefficace. Admettons une constance dans tout cela : une politique de santé publique au rabais avec coupes budgétaires quoi qu’il puisse arriver de pire !
Je vous avais entretenu (par deux fois il me semble) il y a déjà quelques chroniques d’un petit livre au sujet de la stupidité, vous pourrez donc le retrouver en replongeant dans mes chroniques du lundi sur mon site (je répète, petite auto promotion à peu de frais : Philippe Pitet point com tout attaché et en minuscule). Nous y sommes, bien sûr il y a des crétines et des crétins ayant dépassé depuis longtemps leur seuil de compétence, bien sûr il y a des bandits qui profitent à mort (c’est le mot) de la situation, mais il y a surtout tous ces stupides qui entraînent l’espèce humaine vers le fond du fond, j’ai dit espèce humaine parce qu’en matière de gestion de crise, si certaines contrées s’en sortent un peu mieux que l’Hexagone, je pense qu’il nous faut arrêter d’être cocardières et cocardiers, nous devons taire les cocoricos, en effet les stupides n’exercent pas qu’en France, bien que nous soyons tout de même un peu champions du Monde !
Bon bref : je pensais que la guerre menée contre l’apéro n’était qu’un bon mot, je prends la mesure avec effroi du fait que notre gouvernement tout en « tartarinades » y croit vraiment !
Nous n’allons pas finir d’entendre des inepties pareilles et de nous voir ballotté·e·s de couvre-feu en confinement
Le fameux mot d’ordre donc « dépister, tracer, isoler » de la lutte contre ce méchant petit virus, qui rappelons-le sans rigoler tue entre environ 200 et 400 personnes chaque jour, ce fameux mot d’ordre ne repose sur aucun process cohérent. Quand on pense que nos dirigeants startuppers nationaux font appel à des agences internationales de conseils en communication et des militaires pour gérer des questions de stratégie de santé (privilégier le mot stratégie et oublier le mot santé), on oublie toute idée de processus cohérent et on revient à la 7e Compagnie !
Comme d’autres, même si nous rions jaune, j’ai pris le parti de rire de cette triste indigence. Quoique pas toujours, vu mes énervements de plus en plus fréquents.
Indigence stupide qui arrange fort bien une certaine catégorie de bandits qui nous endort, voire nous enfume, dans les fameuses théories du ruissellement.
Voilà, et pour finir cette chronique du 18 janvier 2021, où je n’ai pas parlé d’art, si ce n’est de l’art de l’entourloupe, je vais juste dire quelques mots sur mon désarroi grandissant concernant ma triste condition d’artistes. Ces stratégies débiles et malhonnêtes de gestion de crise sanitaire vous l’aurez compris, avec la mise à l’écart de toute chose autre que la production industrieuse, singulièrement illustrée par les fameux : « métro, boulot, dodo », détruisent peu à peu toute forme d’intelligence humaine.
Elles écartent la transmission de la culture et du savoir de la vie des citoyen·ne·s. Et en plus d’avoir la peau du peu d’esprit critique collectif qui nous restait, ces stratégies délétères vont finir par avoir la peau des artistes-auteur·e·s, dont je fais partie.
Je ne parle pas des intermittentes et intermittents qui fort heureusement pour elles et eux ont obtenu quelques sursis, je parle de notre condition d’artistes plasticiennes et plasticiens. Alors peut-être, certaines et certains réussissent à s’en sortir, mais je peux vous dire à l’instar de ce que les derniers dessins de l’artiste plasticienne Sophia El Mokhtar [+] nous disent : nous sommes au fond de la tombe et nous savons que nous allons avoir beaucoup de complexités à nous extirper de nos asphyxies respectives. Pour les curieuses et les curieux vous pouvez voir ces dessins sur le compte Facebook de Sophia [+] sous le titre : « Nous on creuse » (rendez-vous sur mon site pour avoir les liens !).
Nous n’en pouvons plus. Et même si nous nous débattons dans des actions désespérées qui tendent à faire un minimum parler de nous et de nos difficultés. Nous ramons à contre-courant pour montrer nos conditions à nos concitoyen·ne·s.
Alors oui c’est vrai qu’à travers la mauvaise publicité faite à l’art contemporain par la grave inconduite d’un des artistes français les plus « bankable », nous aurions pu y voir une campagne gratuite sur notre petit monde de l’art à l’agonie. Non je rigole évidemment !
Car cette histoire n’a rien de drôle, elle est tristement sordide. Je ne vais pas dire plus qu’un peu de dégoût nappe mon esprit envahi par un sentiment de trahison. Difficile à expliquer, d’autres l’ont exprimé bien mieux que je ne pourrais le faire. Comme par exemple Christian Bernard ancien Directeur du MAMCO [+] et du Printemps de Septembre [+], a su le faire avec finesse et qui reste une éminence forte du milieu de l’art contemporain. Pour savoir de quoi je parle, vous pouvez lire cet article de La Tribune de Genève, pour celles et ceux qui m’écoutez à la radio n’hésitez pas à aller sur la Chronique du lundi 18 janvier 2020 de mon site pour suivre le lien afin de la lire, l’URL est là [+]…
Et comme à l’habitude cette histoire va enfoncer encore plus un milieu qui n’en a pas besoin. C’était juste une aparté dans cette chronique, je n’ai pas envie d’en dire plus qu’une seule chose : totale empathie pour les victimes de ces pratiques monstrueuses du charme discret de la bourgeoisie d’un autre temps… Je me comprends et ça me suffit.
Dans les faits, je voulais juste mettre en perspective tout ce que je viens de dire (et écrire). Combien de fois faudra-t-il répéter que les plusieurs dizaines de milliers d’artistes qui font profession dans l’art en France et les centaines de milliers dans le monde sont en grande majorité très loin d’être riches, et surtout ils et elles sont loin de ne naviguer dans les sphères de la haute bourgeoisie, des riches collectionneurs et des frasques attenantes. Pour un artiste qui représente la France à la biennale de Venise, combien sont au RSA ? La façon la plus fréquente de subsister pour l’artiste-auteur·e plasticien·ne n’est pas la vente d’œuvres à « what mille dollars » mais la multiplicité des ressources au sein d’un modèle économique aux contours flous. Aujourd’hui avec la gestion mise en place pour faire face à la crise sanitaire les ressources se tarissent.
Sans lieux de diffusion, sans lieux de résidence, sans possibilité d’atelier à destination du public, sans possibilité d’éditions, sans contacts avec le monde réel, soyons clairs : nous sommes morts. Alors oui il y a eu des aides, mais en France le chiffre est édifiant pas même 10% d’entre-nous ont pu en bénéficier, toutes les aides confondues : fond de solidarité des entreprises, aides du CNAP, autres aides sélectives, etc, et encore depuis mars dernier aucune régularité dans ces dépannages et rustines. De toute façon ces aides ont des critères qui, la plupart du temps, ne sont pas adaptés à notre modèle économique de subsistance précaire. Comment être sereines et sereins et pratiquer dans ces conditions ?
Pour ma part je sais que c’est de plus en plus difficile de sortir du jus de cerveau correct.
Et une forte envie de décrocher me titille, car pour survivre après les annulations et reports en cascade, je suis obligé d’accepter des missions qui me tiennent encore plus loin de mon atelier. Alors, je sais qu’à mon âge je ne le ferai pas, mais j’imagine le désarroi des jeunes artistes qui se retrouvent dans mon cas, sans même pour certaines et certains, la possibilité d’obtenir un RSA s’ils ont moins de 25 ans.
Allez heureusement et comme toujours des super initiatives artistiques sont à l’œuvre pour continuer à questionner et nous faire réfléchir. Ne serait-ce qu’à Toulouse cette semaine le 22 janvier il y a comme tous les 22 de chaque mois depuis décembre 1993 Le Salon Reçoit [+] de l’artiste Laurent Redoules [+], dont on ne peut qu’admirer l’immense courage, qui se tiendra encore une fois malgré une très lourde adversité contre vents et marées et qui présentera, d’après ce que je sais, une proposition curatoriale de l’artiste Jeanne Susplugas [+].
Et ce même jour ainsi que le lendemain (22 et 23 janvier) une autre initiative d’un autre super artiste : Nicolas Puyjalon [+] avec sa Galerie du Placard [+] qui nous proposera les travaux de Bonella Holloway [+] dans une grande mais salutaire confidentialité, inscription obligatoire évidemment.
Me voilà arrivé à la fin de cette chronique, je vous souhaite une belle semaine, et puisque c’est cela et que je suis actuellement revenu dans la Ville Rose, je vais rejoindre mes camarades de jeux de l’Atelier TA [+] pour y aider à terminer notre nouvelle cuisine, car n’oublions pas que selon Robert Filliou [+], le 17 janvier, c’est à dire hier (si nous nous considérons être le lundi 18 janvier), nous avons fêté l’anniversaire de l’art !

La suite la semaine prochaine pour une nouvelle « Chronique du lundi »…
PhP
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